Les grands reporters
263 pages
Français

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Les grands reporters , livre ebook

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Description

Les récentes prises d'otages de journalistes français et étrangers ont mis en lumière les terribles conditions de travail des grands reporters. Chaque année, ce sont environ 100 professionnels de l'info qui tombent sur les différents théâtres de guerre et pas une semaine ne passe sans qu'un de ceux-ci soit enlevé, blessé ou emprisonné. En remontant le temps jusqu'aux pionniers (1850), Alexandre Janvier décrit donc l'évolution et les coulisses d'une profession qui fascine toujours les foules.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2008
Nombre de lectures 320
EAN13 9782336260747
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les grands reporters
Du Mythe à la (parfois) triste réalité

Alexandre Janvier
@ L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296046634
EAN : 9782296046634
À Marie-Rose, Alexandra Boulat et Didier Lefèvre ainsi qu’à tous les grands reporters ou membres de la presse décédés, maltraités ou emprisonnés de par le monde.
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace Les maraudeurs de l’info Introduction 1ère PARTIE : - L’ÉVOLUTION À TRAVERS L’HISTOIRE
1. DÉFINITION 2 . LES AGENCES 3. L’ÉVOLUTION DU MATÉRIEL 4 . LES REPORTERS AMATEURS 5 . LES FEMMES REPORTERS 6 . LES REPORTERS INCORPORÉS 7 . LA VIE DANS LES HÔTELS ET LA CONCURRENCE 8 . DERNIÈRES ÉVOLUTIONS DANS LE TRAITEMENT MÉDIATIQUE
2e PARTIE : - LES C ONTRAINTE S
9 . LES DANGERS 10. LES PRISES D’OTAGES 11 . LA PEUR 12. LES FORMATIONS ET LES ARMES
3ème PARTIE : - LES CONSEQUENCES
13. LES REMISES EN CAUSE 14 . LES EMOTIONS ET L’ESTHETIQUE 15. LES DECALAGES 16 . LA PSYCHOLOGIE ET LA RELIGION
4ème PARTIE : - LES COULISSES
17 . LES DOSSIERS 18 . LES VISAS 19 . LES ASSURANCES 20 . LA COMPOSITION DE L’ÉQUIPE 21 . LE FIXER 22 . LES FINANCES 23. LA VIE DE FAMILLE 24 . LA DETENTE 25 . LES FESTIVALS ET LES RÉCOMPENSES
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE Remerciements Médias et communication à l’Harmattan
Les maraudeurs de l’info
Par Jean-Paul Marthoz
Directeur éditorial de la revue Enjeux internationaux
Auteur de Et Maintenant le Monde en Bref. Les Médias et le Nouveau Désordre Mondial, Editions GRIP, Complexe, 2006.
Coïncidence : le 4 juillet, au moment où je rédigeais cette préface, un message de breaking news de la BBC a surgi sur l’écran de mon ordinateur, annonçant la libération d’Alan Johnston, après une captivité de plus de 100 jours à Gaza, apportant ainsi une fin heureuse à un feuilleton qui risquait à tout moment de mal tourner. Si les amis d’Alan pariaient sur un scénario à la Florence Aubenas, une longue négociation suivie d’une remise en liberté, ils savaient aussi, depuis l’assassinat du journaliste italien Enzo Baldoni en Irak en 2004, que les otages occidentaux ne disposaient pas automatiquement d’un visa de retour dans le monde de la raison.
Partout, les rédactions et leurs directions ont dû tirer les leçons de cette nouvelle agression contre le journalisme. Et leurs conclusions – la recherche de l’info mérite-t-elle vraiment qu’on prenne pour elle tant de risques? - compliquent encore davantage une des formes les plus mythiques mais aussi les plus essentielles du journalisme : le grand reportage.
Mythe et (parfois) triste réalité, conclut l’auteur de cette plongée au cœur d’un métier, de ses rêves et de ses techniques, de ses passions et de ses doutes, de ses grandeurs et de ses concessions. Parmi les mille contradictions de cet univers de l’information au milieu duquel bourlinguent avec un inégal bonheur les envoyés spéciaux et les correspondants de guerre, j’en retiens une : ces dernières années, alors qu’un monde de plus en plus globalisé semble à portée immédiate d’un click d’ordinateur ou de caméra GSM, le territoire de l’information s’est ratatiné. Conséquence de la folie des hommes… ou de la rationalité des comptables.
Comme l’affirmait déjà en 1991 Jean-Christophe Rufin dans son livre L’Empire et les nouveaux barbares, les terrae incognitae du Siècle des Découvertes sont réapparues sur la carte du monde. Placées sous la coupe de groupes paramilitaires, de bandes criminelles, ethniques ou religieuses, des régions sont interdites au journalisme. Des provinces tribales du Waziristan (Pakistan) infestées par les Talibans jusqu’aux forêts du Magdalena Medio (Colombie) parcourues par les meutes prédatrices des FARC et des paras, de la péninsule de Jaffna (Sri Lanka) aux villages du Darfour (Soudan), des drames se déroulent à huis clos. Censée ouvrir une ère mondiale de liberté - cette fumeuse “fin de l’histoire” prématurément annoncée par Francis Fukuyama-, la chute du Mur de Berlin a débouché sur une prolifération de barrières, de guérites et de checkpoints.
Aussi brutalement que le règne des kalachnikovs, la soumission croissante du journalisme aux règles de l’économie et de la course aux dividendes a changé les priorités de l’information. En dépit de la prétendue consécration officielle des droits de l’Homme comme l’aune et le décodeur universels des tumultes contemporains, il y a effectivement sur la planète des mondes inutiles, une hiérarchie et une concurrence des victimes, des pays et donc des personnes qui ne comptent pas, ou si peu, au moment de déterminer le menu du JT, le thème de la cover ou la manchette de la “une”.
Dans ce contexte trouble et insécurisé, les journalistes ont également cédé de trop larges pans de leur territoire à d’autres pourvoyeurs de l’information. Les enquêteurs des ONG de défense des droits de l’Homme, les médecins et secouristes humanitaires, et parfois même les nouveaux missionnaires, pénètrent dans des régions où la presse ne se rend plus, sauf en compagnie de militaires des Nations unies ou d’escortes officielles.
Entraînés sans bouée dans les torrents des breaking news, les journalistes sont de plus en plus des cibles faciles, des sitting ducks (canards au repos), pour les spin doctors et les minders, ces agents omniprésents de la grande et prospère industrie de la communication stratégique et de la diplomatie publique. La vérité est, dit-on, la première victime de la guerre, comme si cet adage excusait tout. Lors de la ruée vers Bagdad, une grande partie de la “bonne presse” américaine a démontré que le journaliste peut être une victime consentante, avide de servitude volontaire.
Le résultat de ces concessions est désolant. Dans l’imagerie populaire, entre les emballements médiatiques et les grands déballages qui inévitablement leur succèdent, entre les affirmations péremptoires et les media culpa media maxima culpa, le “grand reportage” évoque trop souvent la frime et le bidonnage et se reconnaît davantage aux vestes kakis multi-poches et au gilet pare-balles qu’à l’exactitude et la pertinence de l’information. Les parachutages de célèbres présentateurs de télévision, la mèche gominée et le verbe assuré, sous les spots, “au cœur des ténèbres”, ont caricaturé le genre.
Même si certains de ses meilleurs praticiens cultivent la flamboyance, les journalistes ont appris que le grand reportage est d’abord une école de la découverte et donc de la modestie. Être sur le terrain, à l’écoute des gens et surtout des petites gens, a traditionnellement été le meilleur antidote aux manipulations et aux simplifications. “J’avais longtemps cru, écrivait John Simpson, célèbre bourlingueur de guerre de la BBC, que l’essence du bon reportage consistait à montrer aux gens que les sujets qu’ils croyaient trop compliqués pouvaient en fait être simplement et facilement expliqués. Aujourd’hui, je suis persuadé qu’il consiste à faire comprendre aux gens que les grandes questions du jour sont généralement très compliquées et que des réponses simples et improvisées – ramenons les troupes à la maison, écrasons les insurgés, faisons quelque chose - sont souvent le signe de l’impatience et de l’ignorance, et non de la compréhension”.
Les mains dans le cambouis, les pieds dans la gadoue, au milieu des champs de mines, le grand reportage s’oppose par définition au manichéisme, à cette obsession de désigner sans nuances les bons et les mauvais qui trop souvent maquille la réalité et, en fin de compte, entache le sentiment d’humanité. L’ancien correspondant du New York Times à Saigon, David Halberstam, récemment décédé, fut irremplaçable lors de la guerre du Vietnam non pas, comme le croyaient les adversaires de la guerre, parce qu’il critiquait l’“Empire américain”, mais bien parce que dans sa recherche de la vérité, il témoignait simplement, rigoureusement, de ce qu’il voyait, “disant tristement la vérité triste, ennuyeusement la vérité ennuyeuse” (Charles Péguy). Exposant sa “part de vérité”, celle qui dérange. Contre les raccourcis idéologiques et les aveuglements patriotiques.
Face aux tragédies qui ravagent des sociétés happées dans la spirale de

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