McQuaid impose sa patte
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McQuaid impose sa patte Il est partout. On ne peut y échapper. L'omniprésence de Pat McQuaid s'explique d'abord par sa fonction. A la tête de l'Union Cycliste Internationale (UCI) depuis 2005, l'Irlandais s'est impliqué dans l'ensemble des débats chauds. Du port des oreillettes, à la lutte antidopage en passant par la gestion du cas Armstrong ou le conflit avec les Grands Tours, le très médiatique patron du cyclisme mondial ne lésine pas sur les moyens. Quitte à adopter des postures transgressives. Et c'est là qu'il se démarque de son prédécesseur, Hein Verbruggen. Honni par les uns, soutenu par d'autres, McQuaid ne passe jamais inaperçu. Son parcours ne laissait pourtant en rien présager d'une telle trajectoire. Modeste coureur, il devint champion d'Irlande en 1974, pour ce qui reste son plus beau succès. Par la suite, c'est vers la direction de course qu'il s'est dirigé. Tour du Langkawi, Tour de Chine et le Tour des Philippines : des choix de courses dans des contrées exotiques qui dessinent en creux sa position en faveur de la mondialisation du cyclisme. Avant de porter cette ambition au niveau international, McQuaid occupera successivement le poste de président de la Fédération irlandaise (19961999), représentant de l'Irlande à l'UCI et membre du comité directeur de l'UCI. Verbruggen avait quitté l'UCI sur des soupçons de corruption. Le règne de McQuaid débute sur une controverse à propos des conditions de son élection.

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Publié le 03 mai 2011
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McQuaid impose sa patte

Il est partout. On ne peut y échapper. L'omniprésence de Pat McQuaid s'explique d'abord par sa fonction. A la tête de l'Union Cycliste Internationale (UCI) depuis 2005, l'Irlandais s'est impliqué dans l'ensemble des débats chauds. Du port des oreillettes, à la lutte antidopage en passant par la gestion du cas Armstrong ou le conflit avec les Grands Tours, le très médiatique patron du cyclisme mondial ne lésine pas sur les moyens. Quitte à adopter des postures transgressives. Et c'est là qu'il se démarque de son prédécesseur, Hein Verbruggen. Honni par les uns, soutenu par d'autres, McQuaid ne passe jamais inaperçu. Son parcours ne laissait pourtant en rien présager d'une telle trajectoire. Modeste coureur, il devint champion d'Irlande en 1974, pour ce qui reste son plus beau succès. Par la suite, c'est vers la direction de course qu'il s'est dirigé. Tour du Langkawi, Tour de Chine et le Tour des Philippines : des choix de courses dans des contrées exotiques qui dessinent en creux sa position en faveur de la mondialisation du cyclisme. Avant de porter cette ambition au niveau international, McQuaid occupera successivement le poste de président de la Fédération irlandaise (19961999), représentant de l'Irlande à l'UCI et membre du comité directeur de l'UCI. Verbruggen avait quitté l'UCI sur des soupçons de corruption. Le règne de McQuaid débute sur une controverse à propos des conditions de son élection. Son principal adversaire, Darshan Singh, le soupçonnait d'avoir bénéficié de fonds secrets. Le Malaisien a porté plainte. En vain. Soutenu par la Fédération espagnole, Gregorio Moreno l'accusait de "manipulation du processus électoral". Sans plus de réussite. Selon eux, le comité directeur de l'UCI aurait favorisé l'élection de McQuaid. Faisant fi de ces accusations, McQuaid entame sa présidence en s'inscrivant dans la droite ligne de Verbruggen. Car en matière de développement du cyclisme, l'Irlandais va faire sien l'héritage du Néerlandais. Mondialisation, indépendance de l'UCI, Pro Tour : tout cela existe au moins à l'état de projet quand il prend ses quartiers à Aigle (Suisse). Il va donc s'attacher à poursuivre le mouvement. "Le cyclisme a un avenir en Amérique du Nord et en Océanie, c'est une évidence, avance- t-il. L'Amérique du Sud, on y travaille beaucoup en prévision des JO de Rio en 2016 et je crois au retour des Colombiens. En Afrique, le niveau s'est élevé, mais le moteur c'est l'Asie." Les multiples projets qu'il a lancés en Chine, en Russie, ou en Amérique du Sud vont dans ce sens. C'est précisément sur ce sujet que McQuaid va s'attirer les foudres des responsables du cyclisme européen. "C'est un mauvais procès de prétendre qu'on veut tuer le cyclisme européen, argue l'Irlandais. Certaines courses sont centenaires, on les respectera. Mais notre devoir est également de regarder le marché mondial (...) Le Tour de Californie concurrence le Giro. Nous voulons travailler avec les organisateurs des grands Tours pour lutter contre le dopage. Je pense qu'on peut réduire la durée du Giro et de la Vuelta. Le Tour lui, on ne peut pas y toucher. C'est la plus grande course du monde, notre vitrine." Plutôt sur la même ligne que son prédécesseur, lequel affirmait en 1988 que le "dopage fausse sans doute les compétitions", McQuaid ne fait pourtant pas l'unanimité sur ce sujet. Ils sont nombreux à lui reprocher de pratiquer un double jeu. Sa volte-face et ses prises de position alambiquées lors des championnats du monde 2007 ont contribué à dessiner les contours de cette image sulfureuse. En prenant la défense de Paolo Bettini, qui avait refusé de signer lacharte de l'UCI, en affirmant l'absence de preuve à l'encontre de Michael Rasmussen ou en lavant de tout soupçon Patrik Sinkewitz et Alexandre Vinokourov, McQuaid a jeté le trouble sur ses convictions. Dès lors, le doute s'est installé. Sur le cas Armstrong, qui a versé 100 000 dollars à l'UCI en 2005, il botte en touche. "Je ne dis pas qu'Armstrong est coupable, car il faut attendre le procès. Mais je suis sûr que le cyclisme est plus propre qu'il n'a jamais été. C'est le plus propre des sports". Une position consensuelle qui ne tiendra qu'un temps. Et lorsque le patron de l'UCI ose distinguer deux approches en matière de dopage, le torchon brûle. "Il existe aujourd'hui un schisme entre deux cultures. La culture anglo-saxonne et ce que j'appellerais la culture mafieuse de l'Europe occidentale (Belgique, France, Italie, Espagne, Ndlr). Cette culture de l'Europe occidentale, d'une certaine manière, je ne dirais as qu'elle excuse le dopage mais par la façon qu'ils ont d'aborder la vie, ils acceptent certaines pratiques. La culture anglo-saxonne qui inclurait les Pays-Bas, l'Allemagne, l'Angleterre, le Danemark fonctionne totalement à l'inverse. Il me semble important qu'au final le point de vue anglo-saxon l'emporte. Si ce n'est pas le cas, ce sport est mort." Doux avec les nouveaux arrivants, et cassant avec les nations historiques du cyclisme. Cette forme de préférence n'a été que modérément appréciée par les représentants de la "vieille Europe". Il faut dire que le point de vue de l'Irlandais résiste assez mal à l'analyse approfondie des cas de dopage. Les Pays-Bas et l'Allemagne n'ont pas échappé à la patrouille. Bien au contraire. L'Australie, par l'intermédiaire de ses pistards, y a été très largement confrontée. Et que dire des Etats-Unis avec les cas Hamilton ou Landis pour ne citer qu'eux. Censé être le garant de l'unité du cyclisme, McQuaid s'est permis d'opposer les pays les uns aux autres. Autre sujet sur lequel il fait en revanche face à un front uni : les oreillettes. En décrétant leur interdiction sur l'ensemble des courses non World Tour, le président de l'UCI prenait un risque. Menaces de boycott, chantage en provenance des représentants des équipes n'ont pas tardé. "Les menaces de mesures "drastiques" et les ultimatums ne mèneront nulle part et ne feront qu'envenimer les choses". Mais là aussi, il s'est autorisé une sortie osée : "Etes-vous réellement libres dans l'expression de votre opinion ?", s'est-il interrogé, laissant entendre que l'opposition à la suppression des oreillettes était surtout le fait des directeurs sportifs. "Vous n'avez pas hésité à associer vos directeurs sportifs à un combat qui est devenu le leur avant même qu'il soit le vôtre. Je dis qu'ils se sont appropriés le débat parce que l'UCI est persuadée que le véritable enjeu ne concerne pas les radios, mais bien le pouvoir et le contrôle. L'UCI est consciente des démarches entreprises par certains managers pour mettre en place une ligue privée, le World Cycling Tour, excluant l'UCI." Cette guerre ouverte n'est qu'un symptôme. Après plus de cinq ans de présidence, McQuaid n'est pas encore arrivé au terme de sa mission.

"L'UCI est consciente des démarches entreprises par certains managers pour mettre en place une ligue privée, le World Cycling Tour"

"Notre devoir est de regarder le marché mondial..."

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