Sciences sociales et patrimoines
172 pages
Français

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Sciences sociales et patrimoines , livre ebook

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Description

Cet ouvrage fondé sur les rapports que les sciences sociales entretiennent avec les questions patrimoniales dans nos sociétés modernes, tente de mettre au jour non seulement l'inconscient intellectuel et/ou professionnel que les spécialistes du patrimoine investissent dans la construction et la reproduction des types de patrimoine, mais aussi les effets que ces derniers engendrent sur la compréhension de ce phénomène de plus en plus complexe.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296465053
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

S CIENCES S OCIALES
ET P ATRIMOINES
Couverture : De l’arc plein cintre à l’ogive. Une conception de Thierry C IBLAC . Ingénieur et Docteur en Génie Civil, il est Enseignant-chercheur à L’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette – Laboratoire A RIAM -L AREA .


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55148-0
EAN : 9782296551480

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
E MMANUEL A MOUGOU

Avec la collaboration de
A LAIN B ILLARD et S ERGE B RIFFAUD


S CIENCES S OCIALES
ET P ATRIMOINES

Préface de P HILIPPE C OUGRAND


L’Harmattan
Ouvrages d’Emmanuel AMOUGOU :

Étalements urbains. Critique sociale d’une fatalité urbaine. Préface de Bendicht W EBER , Éditions L’Harmattan, Paris, 2010.
Architecture et Ethnographie au XIX e siècle. Lecture des Conférences de La Société Centrale des Architectes Français, Éditions L’Harmattan, Paris, 2008.
Les Grands Ensembles. Un patrimoine paradoxal, Préface de Francis CUILLIER, Grand Prix de l’Urbanisme 2006, Éditions L’Harmattan, Collection "Logiques Sociales", Paris, 2007.
La Question patrimoniale. De la " patrimonialisation " à l’examen des situations concrètes, (Ouvrage collectif), Sous la coordination de E. AMOUGOU. Éditions L’Harmattan, Paris, 2004.
Le Journal du Siège de Strasbourg. 13 Août – 26 Septembre 1870. Jules-Édouard DUFRENOY (1846-1916), Éditions L’Harmattan, Collection "Graveurs de Mémoires", Paris, 2004.
La construction de l’inconscient colonial en Alsace. Un village nègre sous le froid, Préface de Pierre BOURDIEU, Éditions L’Harmattan, Collection "Logiques Sociales", Paris, 2002.
Propos sur le métissage, destinés aux générations de l’An 2000, Éditions L’Harmattan, Paris, 2001.
La réhabilitation du patrimoine architectural : une analyse sociologique de la domination des notables, Préface de Christian DE MONTLIBERT, Éditions L’Harmattan, Collection "Logiques Sociales", Paris, 2001.
L’Espace de l’Architecture, Avec la collaboration de André KOCHER Éditions L’Harmattan, Collection "Villes et Entreprises", Paris, 1999.
Afro-Métropolitaines : Emancipation ou domination masculine ?, Préface de Jean ZIEGLER, Éditions L’Harmattan, Collection "Études Africaines", Paris, 1998.
Étudiants d’Afrique noire en France : Une jeunesse sacrifiée ? Préface de Christian DE MONTLIBERT, Éditions L’Harmattan, Collection "Études Africaines", Paris 1997.

Chez MENAIBUC :

Symbole et Châtiments. Regard sociologique sur l’inconscient scolaire colonial en Afrique noire francophone, Éditions MENAIBUC, Paris, 2006.

Par-delà la Couleur. Un sociologue " africain " et la Presse en Alsace, Éditions MENAIBUC, Paris, 2006.
Pour mon fils Julien Nicolas A MOUGOU M BALLA ,
– 11ans – qui, depuis quelques années, est séduit par la
richesse des patrimoines architecturaux et archéologiques et
souhaite, plus tard, devenir architecte.

Paris, 3 Décembre 2010.
P RÉFACE
Définir le concept de patrimoine, c’est s’attaquer à une notion par essence extensive et fluctuante, non seulement dépendante de la sensibilité des individus, mais aussi de celle de la société qu’ils constituent. Des sensibilités parfois contradictoires, voire carrément antagonistes, qui s’enrichissent l’une de l’autre, s’infuencent, se modifient au fil du temps, mais convergent pour dresser l’inventaire de ce qu’une génération va – doit, devrait ? – léguer aux générations suivantes.
Rien de moins figé et de plus inflationniste en effet que ce legs, tant on a vu la définition s’épanouir et intégrer de nouvelles acceptions, depuis qu’a été admise l’idée qu’un patrimoine historique se préservait et se transmettait dans le cadre de la codification administrative initiée au XIX e siècle.
À l’origine, regard axé sur le passé, le recensement du patrimoine se voulait aussi exhaustif que possible, tout en se limitant volontairement dans ses effets : on ne retenait que les incontestables « chefs d’œuvre » qui témoignaient de ce qu’une civilisation, appréhendée à une époque historique donnée, avait produit d’exceptionnel.
On peut se demander pourquoi cette idée naît à ce moment-là, quand les siècles passés ont été si prolixes en destructions et en reconstructions, sans guère se soucier de préserver un état antérieur, sauf nécessités. Est-ce le clivage induit par la Révolution française et la prise de conscience, au regard des dégradations qui s’opèrent alors, d’un avant et d’un après ? Est-ce plutôt l’intérêt, au regard du progrès technique, pour les prouesses stéréotomiques et l’art de bâtir des Anciens ? Quoi qu’il en soit, constatons qu’en 1804, lorsqu’on installe à Notre-Dame de Paris le décor provisoire du Sacre de Napoléon, nul ne s’inquiète du vandalisme commis sur les structures et décorations gothiques par les architectes de l’Empereur. Or, vingt ans plus tard, lorsqu’on procède à des opérations similaires à Reims pour le sacre de Charles X, c’est un tollé général chez les intellectuels du temps, qui stigmatisent le manque de respect pour l’œuvre des siècles.
Dès les premiers temps de son élaboration, cette vision rétrospective du temps passé est d’abord culturelle, et par là parfaitement subjective. Le recensement patrimonial est un pur produit de l’éducation d’élites formatées dans le moule des humanités classiques et pétries de gréco-romanité.
En plein Romantisme, la notion de patrimoine était donc davantage fondée sur la signification esthétique ou historico-sentimentale d’une œuvre architecturale ou artistique donnée – celle-ci envisagée par rapport à l’ensemble de la production d’une époque –, que sur sa contextualisation sociale. Surtout, elle était dépourvue d’une approche critique sur la valeur de productions plus récentes – donc, dans cette optique, forcément anhistoriques ! Enfin la protection patrimoniale était un acte fort de la puissance publique, dans une époque où l’interventionnisme étatique était mal vécu et par conséquent limité : l’autorité écartait donc systématiquement les œuvres plus mineures.
Cette vision est aujourd’hui obsolète.
Le critère esthétique et la valeur artistique se sont vus, non pas effacés, mais largement complétés par une analyse beaucoup plus sociétale du fait patrimonial. Il ne s’agit plus seulement de constater qu’un édifice a été construit, qu’il est menacé et qu’il participe par son unicité, son exemplarité ou – pardon ! – sa beauté, de l’histoire et du génie de la nation.
Mais pourquoi il l’a été, de telle façon, à tel moment, et pour tel usage …
N’est donc plus seulement patrimoine ce qui, élaboré hier, émeut aujourd’hui et justifie d’émouvoir demain ; c’est aussi ce qui incarne, à un moment T, les valeurs d’une société, comme ses erreurs, ses bégaiements et ses réussites, dans ses dimensions architecturale, paysagère ou urbanistique.
Cela signifie également que le simple critère émotionnel a évolué dans ses contours : l’usine, avec ses chevalets ou ses hauts-fourneaux, porte en soi une valeur sentimentale, différente de celle d’une cathédrale, mais non moindre. Cela signifie enfin que l’œuvre monumentale et unique n’est plus seule prise en compte : le quartier, la ville elle-même ont, à une plus grande échelle, vocation à être considérés comme un fait patrimonial. En quelque sorte, Viollet-le-Duc, à Carcassonne, tend la main, par-dessus plus d’un siècle, à Malraux et ses secteurs sauvegardés, comme aux divers labels décernés par l’UNESCO.
Ainsi, combinée avec la crainte de passer à côté d’un élément patrimonial majeur, perdu pour les générations futures si les protections légales ne sont pas mises en œuvre, cette nouvelle acception inclut non seulement les œuvres survivantes du passé, majeures ou n

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