Séries et politique
268 pages
Français

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Séries et politique , livre ebook

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Description

Les séries américaines plongent les publics dans des univers médiatiques qui déforment la démocratie réelle et qui font l'éloge de héros abandonnés, de personnages en crise, ballottés au gré de conflits psychologiques ou physiques que leur impose leur quotidien précaire. Les spectateurs s'exposent dès lors aux messages explicites et implicites contenus dans ces récits. Comment la fiction contribue-t-elle alors à façonner l'opinion ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296467101
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SÉRIES ET POLITIQUE

Quand la fiction contribue à l’opinion
Champs visuels
Collection dirigée par Pierre-Jean Benghozi,
Raphaëlle Moine, Bruno Péquignot et Guillaume Soulez

Une collection d’ouvrages qui traitent de façon interdisciplinaire des images, peinture, photographie, B.D., télévision, cinéma (acteurs, auteurs, marché, metteurs en scène, thèmes, techniques, publics etc.). Cette collection est ouverte à toutes les démarches théoriques et méthodologiques appliquées aux questions spécifiques des usages esthétiques et sociaux des techniques de l’image fixe ou animée, sans craindre la confrontation des idées, mais aussi sans dogmatisme.

Dernières parutions
Sussan SHAMS, Le cinéma d’Abbas Kiarostami. Un voyage vers l’Orient mystique, 2011.
Louis-Albert SERRUT, Jean-Luc Godard, cinéaste acousticien. Des emplois et usages de la matière sonore dans ses œuvres cinématographiques, 2011.
Sarah LEPERCHEY, L’Esthétique de la maladresse au cinéma, 2011.
Marguerite CHABROL, Alain KLEINBERGER, Le Cercle rouge : lectures croisées, 2011.
Frank LAFOND, Cauchemars italiens. Le cinéma fantastique, volume 1, 2011.
Frank LAFOND, Cauchemars italiens. Le cinéma horrifique, volume 2, 2011.
Laurent DESBOIS, La renaissance du cinéma brésilien (1970-2000), La complainte du phoenix, 2010.
Laurent DESBOIS, L’odyssée du cinéma brésilien (1940-1970), Les rêves d’Icare, 2010.
Guy GAUTHIER, Géographie sentimentale du documentaire, 2010.
Stéphanie VARELA, La peinture animée. Essai sur Emile Reynaud (1844-1918), 2010.
Eric SCHMULEVITCH, Ivan le Terrible de S. M. Eisenstein. Chronique d’un tournage (1941-1946), 2010.
David BUXTON, Les séries de télévision : forme, idéologie et mode de production , 2010.
Corinne VUILLAUME, Sorciers et sorcières à l’écran, 2010.
Eric BONNEFILLE, Raymond Bernard, fresques et miniatures, 2010.
Marie-Jo PIERRON-MOINEL, Modernité et documentaires. Une mise en cause de la représentation , 2010.
Cécile SORIN, Pratiques de la parodie et du pastiche au cinéma, 2010.
Daniel WEYL, Souffle et matière, 2010,
Delphine ROBIC-DIAZ, L’Art de représenter un engagement personnel, 2010.
Frédérique Calcagno-Tristant, L’image dans la science, 2010.
Marguerite CHABROL, Alain KLEINBERGER, Casque d’Or : lectures croisées, 2010.
Joseph Belletante


SÉRIES ET POLITIQUE

Quand la fiction contribue à l’opinion
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55475-7
EAN : 9782296554757

Fabrication numérique : Socprest, 2012
À Henri et Madeleine Baudin ;

À Guy et Annick Belletante ;

À Marion.
Remerciements
Ce travail est tiré de ma thèse de doctorat commencée en 2003, soutenue le 1 er juillet 2008 à l’Université Lumière Lyon 2.

Je tiens à ce titre à remercier Jacques Gerstlé, Brigitte le Grignou et Marc Lits pour leurs réflexions et leurs critiques stimulantes, ainsi que Jean-Louis Marie pour son encadrement à toute épreuve et le confort intellectuel qu’il aura installé entre nous à travers les nombreuses séances communes d’« élaboration » au cours des huit dernières années universitaires.

Je voudrais aussi exprimer ma gratitude à Guillaume Soulez pour ses remarques de lecture et son appui dans cette démarche interdisciplinaire.

Merci au Laboratoire Triangle de l’ENS-LSH, qui m’aura permis de présenter mes recherches devant de nombreux publics, et à mes amis docteurs et doctorants d’avoir partagé cette quête sans fin avec générosité et bienveillance.

Merci enfin à mes parents et à mes proches qui m’ont toujours épaulé et encouragé au fil des pages et des images traversées, parfois à contre-courant.
Introduction
Qui se sépare de son Dieu se séparera aussi de ses autorités terrestres
Heinrich Heine


Dans son ouvrage paru en 1998, Avoiding Politics {1} , la chercheuse américaine Nina Eliasoph a tenté d’analyser les différentes formes d’apathie que pouvait emprunter la parole politique des individus. Il ressort principalement de ce travail que l’absence d’engagement et d’intérêt pour le politique observé dans le langage des personnes interrogées, le plus souvent dans un cadre associatif, ne provient pas uniquement d’un individualisme triomphant ou bien d’un repli identitaire contextualisé. Si les citoyens évitent de parler de politique, ou maintiennent le débat dans l’étroitesse de leur quotidien immédiat, c’est aussi pour aménager à l’intérieur de la discussion un espace où l’espoir d’une action politique plus juste serait prédominant. Puisque la réalité sociale les rend méfiants face aux personnels politiques, alors la stratégie d’évitement, d’« évaporation » (Eliasoph, 2003, p.241) du sujet leur permet de contourner ce qu’ils considèrent comme un échec démocratique pour imaginer, entre silence et lutte, d’autres moyens d’envisager de véritables résolutions à leurs problèmes concrets.
Face à la complexité des discours et l’autonomie des publics dans la production des opinions développées, l’auteur pose ainsi la question des sources nécessaires à l’élaboration des jugements et des opinions concernant le politique. En effet, s’il existe un évitement circonstancié des sujets politiques plus ou moins volontaire, comment les individus recueillent-ils suffisamment d’informations pour jouer leur rôle d’électeur quand la société leur en offre la possibilité lors des scrutins locaux ou nationaux ? Et où les citoyens vont-ils chercher les ressources, les représentations à mobiliser lors des élections ?
La plupart des chercheurs spécialisés dans l’étude de la participation électorale en Europe ou aux Etats-Unis s’accordent pour pointer une diminution tendancielle de celle-ci dans les pays occidentaux, diminution qui porterait la marque d’un « désintérêt » pour le politique (Sniderman, 1998, p. 127), et qui impliquerait a fortiori une « transformation » des rapports classiques de socialisation qu’entretiendraient les citoyens avec leurs institutions politiques (Birnbaum, 1975, pp. 56 et 58).
Où surprendre alors la source de denrées politiques qui fondent l’opinion publique en dehors des sphères publiques (institutions, lieu de travail) ou privées (discussions en famille, entre amis), si ce n’est dans le discours médiatique, et au premier rang de celui-ci, dans la télévision, si célèbre, à ses débuts, pour avoir accru l’intérêt des téléspectateurs à l’égard de la chose publique {2} (Kaase, Newton, 1995, p.141).
Il faut croire que les sociétés ont bien changé désormais à l’heure où le chemin des isoloirs est régulièrement délaissé tandis que ces mêmes spectateurs s’adonnent plus que jamais au loisir télévisuel {3} .
Cette affirmation se doit toutefois de prendre en compte la multiplicité des rapports au politique (comme un ensemble de pertinences) et le caractère des jugements politiques individuels (plus ou moins « robustes {4} », intéressés, changeants, volatils), tous les individus n’utilisent pas la télévision pour se nourrir d’informations politiques, et ceux qui le font mêlent ce paysage de représentations à d’autres terrains diffuseurs de représentations politiques.
Si l’on en croit les études d’audience récentes (Institut Médiamétrie, rapport annuel 2009), les dernières analyses concernant les pratiques télévisuelles des spectateurs en Europe et en Amérique du Nord (Institut Nielsen, rapport annuel 2008), l’individu moyen, âgé de 4 ans et plus, consomme aujourd’hui entre 3 heures et 4 heures de télévision par jour (jusqu’à 6 heures en moyenne pour un adolescent américain entre 12 et 17 ans). Nielsen annonce en parallèle que le nombre de postes de télévision a supplanté le nombre d’individus dans les foyers américains à la fin de 2006. Un ménage américain compte 2,73 postes de télévision pour 2,55 personnes en moyenne d’après ces recherches. La moitié des foyers américains possède au moins trois téléviseurs, et seulement 19% n’en ont qu’un seul.
La situation s’est inver

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