Ahmed Sékou Touré
268 pages
Français

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Ahmed Sékou Touré , livre ebook

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Description

Le deuxième tome de cette biographie débute avec l'élection de Sékou Touré comme député à l'Assemblée nationale, se poursuit avec ses activités de syndicaliste africain, il détaille ensuite sa marche vers le pouvoir, avec son rôle à la tête du vice-conseil du gouvernement de la Guinée établi par la Loi-Cadre Defferre, avec le retour aux affaires du général de Gaulle, le face-à-face entre les deux hommes à Conakry, le rejet du peuple guinéen de la Communauté française, la proclamation de l'indépendance et les débuts du nouvel Etat, ainsi que l'établissement des premiers liens avec les pays communistes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 234
EAN13 9782336252957
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296095281
EAN : 9782296095281
Sommaire
Page de Copyright Page de titre CHAPITRE 20 - 2 janvier 1956 Sékou Touré élu député français CHAPITRE 21 - 15 février 1956 Sékou Touré rompt avec la CGT et crée la CGTA CHAPITRE 22 - 16 janvier 1957 Sékou Touré et la création de l’UGTAN CHAPITRE 23 - 9 mai 1957 La marche vers le pouvoir CHAPITRE 24 - 1 juin 1958 De Gaulle n’obtient pas la voix de Sékou Touré CHAPITRE 25 - 25/26 août 1958 De Gaulle à Conakry CHAPITRE 26 - 28 septembre 1958 C’est “NON” CHAPITRE 27 - 29 septembre 1958 Les difficiles lendemains du référendum CHAPITRE 28 - 1er Octobre 1958 L’incompréhension de Paris CHAPITRE 29 - 2 octobre 1958 La Guinée indépendante s’organise CHAPITRE 30 - 2 octobre 1958 Premier pays du monde communiste à le faire, la Bulgarie reconnaît la Guinée
Ahmed Sékou Touré (1922-1984)
Président de la Guinée de 1958 à 1984

André Lewin
CHAPITRE 20
2 janvier 1956 Sékou Touré élu député français
Une occasion inespérée permet au PDG de faire enfin son entrée dans la vie politique nationale. Début novembre 1955, le président du Conseil Edgar Faure dissout inopinément l’Assemblée nationale française ; des élections générales ont lieu le 2 janvier 1956. Dès l’annonce de ces élections, le PDG convoque à Mamou, les 12 et 13 novembre 1955, sa première conférence territoriale pour établir sa liste de trois candidats. Sékou Touré (23 voix sur 23), Saïfoulaye Diallo (18 voix sur 23) 1 et Louis Lansana Béavogui (13 voix sur 23) sont désignés, soit un Malinké, un Peul et un Forestier. Pour éviter toute manipulation (et bien que l’administration locale fasse cette fois-ci preuve d’une réelle neutralité 2 ), le PDG envoie des représentants dans les commissions de distribution des cartes d’électeurs (pour la première fois, le suffrage est vraiment universel: il y a 975.119 inscrits contre 472.837 seulement deux ans auparavant), puis des scrutateurs dans les 804 bureaux de vote.
Outre la liste PDG-RDA (qui bénéficie aussi de l’investiture de l’UDSR française), trois autres listes briguent les suffrages des électeurs : Ibrahima Barry dit Barry III conduit de nouveau celle de la Démocratie Socialiste de Guinée (DSG, soutenue également par la SFIO française) composée également de Chaïkou Baldé et d’El Hadj Kane ; Barry Diawadou mène celle du Bloc Africain de Guinée (BAG, appuyé par les Radicaux français) 3 , sur laquelle figurent également Koumandian Keita et Mamba Sano ; il y a également une liste “Union Forestière” composée de Jean-Pierre Farah Touré, Antoine Fassa Kamano et François Guilavogui. Le 13 décembre, le jour même où débute la campagne électorale officielle, l’ensemble des candidats conclue un accord par lequel ils s’engagent à éviter tous les affrontements violents 4 .
Les résultats confirment la massive implantation du PDG à travers la Guinée : plus de 61 % des suffrages, contre 26 % au BAG, et 9 % à la DSG ; 87 % des voix en Guinée Maritime, ce qui est d’autant plus remarquable que la liste ne comporte aucun Soussou, 76% des voix en Haute Guinée où le PDG a obtenu le plein appui de notabilités civiles ou religieuses comme Karamoko Talibi Kaba ou Cheikh Fanta Mady (qui a disparu le 8 septembre 1955), 68 % des voix en Guinée forestière et 41 % en Moyenne Guinée, région qui reste moins acquise aux thèses et aux méthodes de Sékou Touré, en dépit de la présence de Saïfoulaye Diallo et de nombreux autres cadres peuls à ses côtés.
Au soir du scrutin, Sékou Touré et Saïfoulaye Diallo sont proclamés élus 5 , cependant que Diawadou Barry, bien que battu par le PDG dans son propre fief de Dabola, garde son siège 6 . Sékou Touré et Saïfoulaye, qui attendaient les résultats à Labé, redescendent vers Conakry en une marche festive de cinq jours. Dans plusieurs localités (Siguiri, Beyla, Dubréka), des militants du PDG détenus sont libérés, dans cette dernière localité en présence de Sékou. Le 10 janvier, la plupart des élus africains (ceux du RDA et des Indépendants d’Outre-mer) se retrouvent à Abidjan pour tenter de créer un intergroupe africain, comme il en existait déjà un depuis quelques mois au Conseil de la République ; mais le poids des élus du RDA, qui désirent dominer ce groupe, empêche la constitution d’un regroupement formel. Le RDA reste donc dans la nouvelle assemblée apparenté à l’UDSR, dont Sékou Touré devient secrétaire général adjoint du groupe parlementaire 7 .
Dès son arrivée à Paris, Sékou Touré se présente aux services de l’Assemblée nationale, où il remplit son dossier de député français. Nom de famille : Touré ; prénom : Sékou ; marié sans enfants. Il donne comme date de naissance le 9 janvier 1922 (date qu’il contestait pourtant parfois devant certains interlocuteurs) et comme lieu de naissance Faranah, comme profession comptable, et pour domiciles le 7ème boulevard à Conakry et le 24 rue de Tanger à Paris (téléphone : NORD 19 83). Mais il signale également comme adresses secondaires le 6 rue Clément à Paris et le 10 Boulevard Carnot à Villemomble 8 .
Son dossier contient aussi un télégramme du procureur de la République de Guinée adressé en “Priorité absolue-Extrême urgence” au Juge de paix à compétence étendue de Dabola, et demandant à ce magistrat de lui adresser (pour vérification de ses conditions d’éligibilité aux élections législatives) un extrait de casier judiciaire concernant “Touré Sékou, né le 9 avril 1922 à Faranah, de feu Touré Alpha et de Dossou” 9 ; la réponse télégraphique porte : “bulletin n° 2 : néant”, ce qui prouve que les condamnations de 1950 et de 1955 ne figurent pas à son casier 10 .
Sékou Touré fait alors l’apprentissage de la vie de député ; certains affirment même que Guy Mollet songea à le nommer secrétaire d’État dans son cabinet ; d’autres Africains lui furent préférés 11 . Sékou Touré et ses collègues du RDA 12 (dont il est maintenant vice-président) sont apparentés depuis quatre ans déjà au groupe parlementaire UDSR (Union Démocratique et Sociale de la Résistance), animé par François Mitterrand et dont font partie également René Pleven - qui en est le doyen - et Roland Dumas 13 ; mais il se lie aussi avec des parlementaires d’autres groupes, impressionnés par sa fougue et son incontestable talent oratoire : Gaston Defferre, Pierre Mendès-France, Jean de Lipkowski, André Bettencourt 14 . Il excite parfois la curiosité de certains élus, mal informés des réalités coloniales : “J’ai été frappé, après ma première intervention (au Palais Bourbon), d’entendre des collègues, qui s’entretenaient avec moi, s’étonner de mon bon français. Et lorsque je parlais de la Guinée, certains me demandaient s’il s’agissait de la Nouvelle-Guinée.” 15
Son élection comme “Député du Territoire de la Guinée Française” (c’est l’appellation officielle) est validée le 3 février 1956. Sékou devient membre de la commission du travail et de la sécurité sociale (le 31 janvier 1956), puis, à sa demande expresse et cela n’étonne personne, membre de la commission des territoires d’Outre-mer (le 8 juin 1956).
En 1956 et 1957, Sékou intervient onze fois devant l’Assemblée et dépose quatorze amendements, tous relatifs aux problèmes politiques, administratifs, économiques ou sociaux de l’Outre-mer. Le Journal Officiel relève également qu’il interrompt à plusieurs reprises le ministre de la France d’Outre-mer Pierre-Henri Teitgen, lorsque le 20 mars 1956, celui-ci annonce un changement total d’orientation, d’esprit et d’objectifs de la politique française pour l’Outre-mer et une renonciation à l’assimilation, préfigurant ainsi ce qui allait devenir, sous le gouvernement suivant, la Loi-cadre Defferre. A la même époque, Sékou Touré évoque discrètement l’indépendance, en extrapolant la signification du mot “émancipation”, que l’on trouve dans le texte de la Constitution de 1946 : “Qui dit émancipation parle de personnalit

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