Anglophobie et politique
279 pages
Français

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Anglophobie et politique , livre ebook

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Description

L'anglophobie historique et si française serait-elle un mythe, une accusation exagérée ? Cette affirmation prend sens quand on mesure le poids politique réel de l'anglophobie et son influence sur les milieux dirigeants français. L'étude d'archives permet d'affirmer que les détenteurs du pouvoir ont été moins réceptifs à ces thèses qu'on ne le présumait. Si les anglophobes sont peu nombreux, l'anglophobie semble un véritable instrument entre les mains des diplomates français et britanniques et sa gestion détermine la nature des alliances de guerre du XXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2010
Nombre de lectures 144
EAN13 9782336255385
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

@ L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296113060
EAN : 9782296113060
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Collection Racisme et eugénisme Dedicace INTRODUCTION PREMIÈRE PARTIE - L’anglophobie historique des milieux dirigeants
Chapitre 1. L’anglophobie, un concept porteur d’histoire Chapitre 2. Nature et géographie de l’anglophobie Chapitre 3. Idées et influence des groupes de pression anglophobes
DEUXIÈME PARTIE - L’imaginaire anglophobe Moments et lieux de fixation de l’anglophobie
Chapitre 4. Anglophobie et hégémonie britannique Chapitre 5. Les anglophobes redessinent la carte du monde Chapitre 6. Les anglophobes refont l’histoire contemporaine
TROISIÈME PARTIE - Francophobie et anglophobie, deux passions complémentaires ?
Chapitre 7. L’anglophobie au miroir de la francophobie Chapitre 8. Les germanophiles britanniques Chapitre 9. Anglophobie et francophobie de gauche
QUATRIÈME PARTIE - L’élaboration d’une politique d’Entente cordiale
Chapitre 10. L’anglophobie française : une relation très « spéciale » Chapitre 11. Une anglophobie mondiale ? L’improbable convergence des anglophobies allemande et française Chapitre 12. Les dirigeants français renouent avec la tradition anglophile
CONCLUSION ANNEXES INDEX DES NOMS ET DES LIEUX SOURCES BIBLIOGRAPHIE CHRONOLOGIE
Anglophobie et politique

Fabrice Serodes
Collection Racisme et eugénisme
dirigée par Michel Prum
La collection « Racisme et eugénisme » se propose d’éditer des textes étudiant les discours et les pratiques d’exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d’ancrage. Cette problématique du corps fédère les travaux sur le racisme et l’eugénisme, mais aussi sur les enjeux bioéthiques de la génétique. Elle s’intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d’oppression. La collection entend aussi comparer ces phénomènes et ces rhétoriques biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l’aire anglophone et l’aire francophone. Tout en mettant l’accent sur le contemporain, elle n’exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l’eugénisme. Elle peut enfin inclure des ouvrages qui, sans relever véritablement de l’étude du racisme, analysent les relations entre les différents groupes d’une société du point de vue de l’ethnicité.
Parmi les vingt-deux ouvrages déjà publiés dans la collection :
Diane Afoumado : Exil impossible, préface de Serge Klarsfeld (2005)
Amandine Ducray, Les Sitcoms ethniques à la télévision britannique de 1972 à nos jours (2009)
Lucienne Germain et Didier Lassalle (dir.), Les Relations interethniques dans l’aire anglophone (2009)
Cécile Perrot, Michel Prum et Thierry Vircoulon, L’Afrique du Sud à l’heure de Jacob Zuma (2009)
Michel Prum (dir.) : Ethnicité et Eugénisme (2009)
Michel Prum (dir.) : Race et corps dans l’aire anglophone (2008)
Michel Prum (dir.) : La Fabrique de la « race (2007)
Michel Prum (dir.) : Changements d’aire (2007)
Michel Prum (dir.) : De toutes les couleurs (2006)
Michel Prum (dir.) : L’Un sans l’Autre, (2005)
Michel Prum (dir.) : Sang impur (2004)
Michel Prum (dir.) : Les Malvenus (2003)
A Inès
et à ma mère.
INTRODUCTION
La persistance de l’anglophobie, son retour chronique dans l’actualité font partie des particularités françaises les plus ancrées 1 . Comparée aux autres images que nous avons des étrangers, la vision de l’Anglais est sans doute celle qui reste la plus négativement connotée sur le long terme 2 . Le terme même d’ « anglophobie » décrit un sentiment fort, une rancœur tenace, une « haine systématique », « aversion », « horreur ». Cela pourrait n’avoir guère d’importance, si les hommes politiques eux-mêmes ne s’en mêlaient. L’anglophobie des dirigeants est plus grave, car elle peut conduire à des crises diplomatiques, voire à un conflit armé. Nous nous proposons d’en comprendre les raisons, et d’analyser si elle a un impact avéré sur l’élaboration de la diplomatie française.
L’anglophobie fait pleinement partie des « forces profondes », qui influent sur les relations internationales 3 . Elle doit son importance à la durée exceptionnelle du différend historique qui oppose les deux pays. L’étude des préjugés anglophobes a déjà été faite. Elle est certes amusante, mais peu instructive ; elle ne permet guère de comprendre les décisions politiques. L’anglophobie ne nous intéresse pas en elle-même, par son contenu, mais dans son contexte 4 . Cet ouvrage se propose de faire une histoire de l’anglophobie démarquée des catalogues traditionnels dressant l’inventaire de l’ensemble des différends que les deux nations voisines entretiennent depuis des siècles. Ceci suppose non de se borner à constater, comme le font les journalistes, un « fossé » culturel, une relation « ambiguë », ou une « entente glaciale » entre les deux pays, non de projeter une même anglophobie supposée immuable sur mille ans de relations internationales, mais d’en comprendre les raisons profondes, d’en saisir l’évolution en un demi-siècle crucial, marqué par les conquêtes coloniales et la menace militaire allemande. Retracer l’histoire de l’anglophobie ne revient pas à refaire une histoire des idées politiques, car l’anglophobie n’est ni une idée, ni une idéologie constituée, mais davantage une réaction critique à une politique officielle.
Outre l’histoire, les différentes sciences humaines sont d’un secours ponctuel. La psychologie permet d’analyser ce sentiment sur le plan individuel 5 . L’anglophobie désigne certains comportements, notamment en période de crise, les dirigeants ne gardant pas toujours leur sang-froid. A plus long terme, elle aide à comprendre pourquoi certains préjugés, certaines façons de penser persistent en temps de paix. Des études récentes ont mis en évidence que les stéréotypes ne sont pas de pures inventions, mais qu’ils contiennent une part de vérité 6 . Ils sont réducteurs dans la généralisation qui en est faite : les Britanniques sont plutôt insulaires, les Français plutôt individualistes. La marge d’erreur des clichés, qui inclut de nombreuses situations vécues par les dirigeants, les met en décalage avec la réalité sociale du pays visé. Les critiques contre l’Anglais finissent par en dire davantage sur leurs auteurs que sur leur objet 7 . Elles deviennent une manière de se mettre en valeur, de se défendre.
Sur le plan collectif, la sociologie peut aider à comprendre la réaction des différents milieux dirigeants. On peut distinguer au moins deux groupes. Les dirigeants constituent un milieu a priori favorable au Royaume-Uni. Ces derniers constituent une élite sociale, souvent formée dans les mêmes écoles, notamment à l’École libre des sciences politiques, plutôt anglophile, ayant une petite expérience de l’étranger, pratiquant peu la langue, mais partageant une culture politique libérale assez répandue. Ils sont rejoints, dans le domaine économique, par certains libéraux, partisans du libre-échange.
D’autres catégories sont plus hostiles. Les petits patrons, défenseurs de l’agriculture et du « tarif Méline » se trouvent en concurrence avec le Royaume-Uni 8 . Mais ce sont surtout les militaires qui se trouvent confrontés à l’ennemi héréditaire. Ils sont réputés conservateurs, comme le révèle l’affaire Dreyfus, et plus particulièrement enclins à l’antisémitisme. Les marins transmettent une histoire anglophobe de génération en génération. Les coloniaux défendent jalousement le territoire colonial et relaient leurs exigences à la Chambre. Il faut se garder cependant de tout déterminisme. Le rôle des individus dépasse celui des groupes : les grands hommes, politiques, diplomates ou militaires déjouent les pronostics. L’opinion que se forgent les dirigeants leur est souvent propre, liée à une histoire personnelle, à des anecdotes biographiques, des histoires de famille ou des rencontres.

I. La singularité des relations franco-britanniques : des conflits qui laissent des traces durables
En comparant l’a

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