Avec les tirailleurs sénégalais 1917-1919 - Tome 1
516 pages
Français

Avec les tirailleurs sénégalais 1917-1919 - Tome 1 , livre ebook

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516 pages
Français

Description

Ces lettres d'amour et de guerre présentent le récit de la participation de l'adjudant Escholier à l'Armée d'Orient et à l'étonnante épopée qui l'amène, en 1918, des monts de Macédoine aux plaines de Hongrie. Le gradé blanc noue des liens avec les tirailleurs noirs et ce livre pose un regard de plus en plus juste sur les soldats africains et les inscrit déjà dans notre mémoire collective.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 19
EAN13 9782336322100
Langue Français
Poids de l'ouvrage 21 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Raymond Escholier AVEC LES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS 1917-1919 LETTRES INÉDITES DU FRONT D’ORIENT TOME I
Présentation d’André Minet AUTREMENT MÊMESet Bernadette Truno
AVEC LES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS 1917-1919 TOME I
COLLECTIONAUTREMENT MÊMES conçue et dirigée par Roger Little Professeur émérite de Trinity College Dublin, Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc. Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établisse-ments d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contem-poraine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte. « Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur, les autres, c’est la prolongation de notre intérieur.» Sony Labou TansiTitres parus et en préparation : voir en fin de volume
Raymond Escholier AVEC LES TIRAILLEURS SÉNÉGALAIS1917-1919 : LETTRES INÉDITES DU FRONT D’ORIENT Tome I (juin 1917-avril 1918) Introductions de Bernadette Truno et André Minet Texte établi et annoté par André Minet Fac-similés d’autographes et illustrations L’HARMATTAN
En couverture : Portrait de Raymond Escholier, portant l’inscription : « À l’Adj. Escholier / en souvenir de / la campagne de Serbie / Zajecar 25 Nov. 1918 / Stéphane Lamarche ». (Voir tome II, p. 211 et seq.) Collection particulière.
Lettres de Raymond Escholier © Héritiers Escholier, 2013 Appareil critique © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01431-9 EAN : 9782343014319
INTRODUCTIONS de Bernadette Truno et André Minet
Des mêmes auteurs André Minet : La Plume au fusil : les poilus du Midi à travers leur correspondance(en collaboration avec Gérard Bacconnier et Louis Soler), Toulouse, Privat, 1985, 379 p. Grand prix littéraire de la Ville de Toulouse, 1985 – Prix Eugène Colas de l’Académie française, 1986 Quarante millions de témoins,(en collaboration avec Gérard Bacconnier et Louis Soler) in: témoins etMémoire de la Grande Guerre témoignages. Actes du Colloque de Verdun des 12-13-14 juin 1986 réunis par Gérard Canini. Nancy, P.U.N. 1989, pp. 141-169 Le Long Retour des poilus, Castres, Centre National et Musée Jean Jaurès, 1999, 26 p. Louis Birot : un prêtre républicain dans la Grande Guerre, in e Christianisme et politique dans le Tarn sous la III République. Actes du Colloque d’Albi des 19-20 janvier 2000 rassemblés par Philippe Nelidoff et Olivier Devaux, Presses de l’Université des sciences sociales de Toulouse, 2000, pp. 81-89 Louis Birot, Carnets. Un prêtre républicain dans la Grande Guerre, (éditeur scientifique), Albi, F.S.I.T., 2000,XIV+ 332 p. Ainsi que de nombreux articles sur les Poilus du Midi, le Clergé albigeois et les Républicains espagnols, dans les revues :Verdun,Cahiers de la Grande Guerre, Revue du Tarn, Cahiers de la Société Culturelle du Pays Castrais,du Midi Annales , L’Ane, Correspondances ferro-viaires. Bernadette Truno : Ludovic Massé, un aristocrate du peuple, Toulouse, Mare Nostrum, 1996 Patrimoine hospitalier de l’Ariège, Pamiers, Imprimerie Celma, 1997 Latour-de-Carol (en collaboration avec André Balent), Perpignan, Imprimerie l’Erreur des Champs, 1999 Latour-de-Carol : souvenirs retrouvés, Cagnes-sur-Mer, Édition du Grillon, 2002 L’Ariège et les Ariégeois dans les romans de R. et M.-L. Escholier, Foix, CDDP, 2003 Raymond et Marie-Louise Escholier. De l’Ariège à Paris, un destin étonnant, Canet, Éditions Trabucaire, 2004
RAYMOND ESCHOLIER : UN SUPERBE ÉPISTOLIER « J’appartiens à cette “génération du feu” qui naquit à l’ombre de la défaite, parmi les ruines et les incendies de la Commune, avant de connaître le grand brasier de Verdun. Ma grand-mère m’apprenait les cuirassiers de Reichshoffen. On leur disait : il faut sauver la France, c’est de vous seuls que dépend l’avenir. » Raymond Escholier,Souvenirs d’enfance inéditsPlacées sous le double signe de « ses deux grands maîtres » Hugo et Delacroix, les lettres de Salonique, de 1917 à 1919, de Raymond 1 Escholier , constituent un document historique d’une rare qualité humaine et littéraire. Éloquentes ou sobres, denses ou anecdo-tiques, elles nous révèlent un écrivain en liberté, dont le vœu le plus cher est de rassurer Marie, l’assurer de son amour en lui faisant partager sa vie sur le front d’Orient. Cette plongée dans la mémoire familiale du couple où les secrets les plus intimes côtoient les souvenirs les plus heureux, 2 nous livre, pour citer Montaigne à propos des lettres à Atticus , « la palpitation de la vie », « les humeurs privées » de l’écrivain, ses bouillonnements intérieurs, ses joies, ses souffrances, ses admira-tions, ses jugements, sa volonté de fer, une incroyable boulimie de 3 découvertes, une curiosité insatiable. Escholier est un Fregoli , que nous suivons dans ses incarnations successives : à côté de celle de l’époux amoureux aux accents hugoliens, celle du père de famille soucieux de l’instruction de ses fils, du propriétaire qui se préoccupe du domaine de Malaquit, il y a celle du promeneur 1 L’admiration passionnée du conservateur de la Maison de Victor Hugo puis du Petit Palais plonge ses racines dans ses émerveillements d’enfant ainsi qu’il le raconte dans sesSouvenirs. La vie durant, Raymond Escholier s’est attaché à les promouvoir. De 1926 à 1972, sept ouvrages ont été consacrés à Hugo ; de 1926 à 1968, quatre ouvrages à Delacroix qui font encore autorité. 2 Ce chevalier romain lettré et fort riche (109-32 av. J.-C.) est connu par l’amitié qui l’unissait à Cicéron. 3  Léopold Fregoli, acteur italien (1867-1936) doué d’un don de transformation rapide. Il créa des scénarios dans lesquels il remplissait à lui seul jusqu’à 60 rôles, hommes et femmes !
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romantique, découvrant avec extase l’Orient dont il avait tellement rêvé, celle du soldat fier de servir son pays et de supporter « gail-lardement des marches harassantes », celle de l’ami fidèle admiratif de la vaillance du capitaine Ruquet, l’Ariégeois vainqueur de Kravitza, celle de l’homme sensible, tourné vers autrui, si proche de « ses guerriers de bronze ». Étonnant Escholier qui, sur le front donne ordres et conseils, se soucie de peinture, s’adonne à l’aquarelle, dessine, fait le portrait de ses compagnons noirs, lit sans relâche, écrit de même, fait des e projets innombrables pas toujours réalisés, termineLa2 Escouadeet ébauche un deuxième roman de guerre ! e De Setinja, le 5 octobre 1917, Raymond écrit à Marie : «La 2 Escouademarche […]. J’ai jeté les bases du livre humoristique sur 1 les Sénégalais,Les propos de Mamadou Fofana” . C’est mon 2 cuisinier, et sa philosophie vaut celle d’Épicure et de M. Bergeret . […] Mes promenades dans ce curieux et dur pays de Macédoine, mes travaux d’adjudant de bataillon qui vont de l’organisation d’un coup de main à la création d’un corps de ballet bambara et ouolof, et tu auras une idée des occupations multiples du conservateur du Musée Victor Hugo. Joins à cela une promenade nocturne entre Ruquet et Touzac, une lecture de Casanova et des sermons de Bossuet, et tu auras une idée de mon existence macédonienne ». À lire le volumineux courrier envoyé quasiment tous les jours à Mirepoix, on reste stupéfait. Quelle écriture ! Elle vient naturelle-ment, sans rature, d’une belle plume généreuse et sèche à la fois. Tout est noté, senti, ciselé. Il ne s’agit nullement de réalisme descriptif : en paysagiste romantique, l’épistolier projette ses émotions dans tout ce qu’il voit. Comme chez son maître Victor Hugo, l’imagination d’Escholier est toujours en branle. Les premiers pas sur le sol d’Orient sont passionnants. Trans-paraît dans ses lignes, la découverte ingénue d’une réalité neuve et exaltante. Dans le récit de sa première journée à Salonique envoyé à Marie le 30 juillet 1917, sous ses mots se cachent des trésors d’étonnements. « Tristesse émouvante de ces vestiges turcs, de ces nobles et beaux cimetières aujourd’hui à l’abandon, souvent piétinés par des foules misérables et puis ces mosquées respectées quand elles servent au culte grec, mais le plus souvent violées, 1e EscouadeLa 2 paraîtra en 1924, sous le titreLe Sel de la terre.Les Propos de Mamadou Fofana, sous celui deMahmadou Fofana, en 1928. 2 Héros de l’écrivain Anatole France.
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déflorées, salies par une populace inconsciente… tristesse attirante de ces minces fantômes de soie noire, bleue ou violette, de ses hanouns si craintives, si mystérieuses, si pudiques dans leur sombre tcharchaf, sous le voile noir qui parfois se soulève et laisse voir des yeux d’enchantements. » Comment ne pas songer à deux variations brillamment orches-trées en majeur et en mineur, scandées par le mot tristesse, qui gardent la saveur de l’improvisation ? er Mercredi 1 août 1917, autre vision. « Douceur des nuits orientales, brodées de longs cyprès, irradiées de clair de lune, striées de blancs minarets, enchantées par l’apparition fugitive de petits fantômes délicats, fantômes d’exil craintifs, fugitifs. Mélan-colie de cette poésie ottomane, brisée, piétinée, et qui se resserre sur sa terre elle-même et se renferme jalousement. » Ruisselante d’images, comme un verset biblique, la phrase s’allonge pour peindre le spectacle qui se déroule sous ses yeux émerveillés, avant de se transformer en méditation. Dans ses descriptions orientales, véritables tableaux, à l’instar de Delacroix, pour reprendre la belle formule de Jean-Marc Moura dansDelacroix et les Orientales, Escholier, arrive à « s’élever du réalisme de l’étrange jusqu’à la poésie de l’ailleurs ». Mais c’est dans ses reportages de guerre, lors de son épopée balkanique pédestre, que Raymond donne la mesure de tout son talent. Son vocabulaire est celui du peintre et du sculpteur, son regard n’est plus celui « du parisien du vingtième siècle un peu dilettante », car la guerre est là, attendant « ses martyrs », exaltée par la couleur rouge qui se manifeste de façon obsédante dans les notations fortes et brèves, entraînant dans son sillage, la mort. Escholier « s’acharne à emporter des images de ce pays formidable tout baigné de sang, (on n’y peut pas faire un pas, sans se heurter à des restes humains) », écrit-il à Marie le 31 juillet 1918. Le 11 septembre 1918, il lui confie : « Il me semble avoir le cœur plein de rides. Que d’anxiétés, d’émotions, de tourments intérieurs apporte une telle guerre, l’épreuve la plus formidable qu’ait jamais connue l’humanité ». Le 13 septembre, avant l’attaque, il raconte : « Les divisions serbes montaient derrière les nôtres. Ce sont elles qui doivent porter à l’ennemi le coup mortel. Quelle haine les anime […]. Je ne suis plus le même quand je vois ces choses […] dans la nuit frissonnante, sous la pluie d’étoiles, je partageais tous les sentiments de ces martyrs de la guerre, et mes mots lourds de haine pour l’ennemi répondaient aux leurs, ou les provoquaient ».
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