Avril 2005
109 pages
Français

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Avril 2005 , livre ebook

109 pages
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Description

Le dimanche 24 avril 2005, quelques semaines après le décès du dictateur Gnassingbé Eyadéma, les électeurs togolais sont appelés aux urnes pour élire un nouveau président. De l'ouverture des bureaux de vote au dépouillement, tout est mis en oeuvre par le régime pour assurer la victoire de Faure Gnassingbé, le propre fils du dictateur. Les Togolais s'insurgent contre la fraude, le pays est en état de siège et les images des exactions de l'armée togolaise font le tour du monde. Ce rapport fournit des éléments concrets d'appréciation et d'analyse sur ce coup d'état électoral.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2005
Nombre de lectures 46
EAN13 9782336256597
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747587396
EAN : 9782747587396
Avril 2005 : Le choix volé des Togolais
Rapport sur un coup d'Etat électoral perpétré avec la complicité de la France et de la communauté internationale

Survie
Au peuple togolais, en lutte pour récupérer sa liberté
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace Introduction Avant propos - La démocratie des bêtes sauvages Première partie - Eyadema père et fils, une continuité putschiste
Le Togo du clan Eyadema, un coup d’État permanent La mort du père, le putsch du fils
Deuxième partie - La campagne électorale et le scrutin du 24 avril
Le coup d’État électoral du 24 avril Les observateurs de la société civile, principaux témoins crédibles de la mascarade Pour se rapprocher des scores réels... Le rôle prépondérant de l’armée togolaise Missions et démissions diplomatiques Comment Chirac fit de Faure le président du Togo Après le scrutin
En guise de conclusion... Annexes ÉLECTIONS TOGO : REFUSER LA MASCARADE ELECTORALE Bibliographie Liens utiles
Introduction
Le 24 avril 2005, les électeurs togolais étaient appelés aux urnes pour élire un nouveau Président, deux mois et demi après le décès de Gnassingbé Eyadema, un dictateur « ami de la France » (selon Jacques Chirac), mais ennemi de son peuple - pour qui il incarna pendant 38 ans la tyrannie, la violence et la corruption.
Cette élection était censée conclure une période de succession troublée par un premier coup de force de l’armée togolaise, laquelle avait d’abord tenté d’installer par la force le fils du dictateur, Faure Gnassingbé, avant de renoncer, face aux pressions internationales. Les semaines suivant le scrutin n’ont fait qu’accroître la tension. La répression violente des initiatives de l’opposition politique togolaise (manifestations, réunions) s’est soldée par plus d’une dizaine de tués et des centaines de blessés.
Le jour de l’élection, alors que de nombreux observateurs de ce scrutin constatent un vote massif du peuple togolais en faveur du candidat de l’opposition unie, le pouvoir en place, à l’issue d’une vaste opération de manipulation, donne la victoire à Faure Gnassingbé. Au Togo, c’est l’explosion. Les démocrates comprennent qu’on leur a encore volé la victoire. Le monde entier les abandonne à ce triste sort, les chancelleries s’en remettant à l’avis partial (car influencé par la France) de l’organisation régionale CEDEAO.
Au Togo, dans les pays voisins, en France, un front du refus se met en branle. Convaincus que la vérité doit être connue sur ce qui s’est passé au Togo, que la fraude électorale doit être démontrée, des journalistes, des représentants d’ONG et d’organisations religieuses, des militants des droits de l’Homme, se rencontrent, communiquent par téléphone, échangent leurs écrits, manifestent. Un combat les rassemble, celui de la lutte contre l’impunité.
Ce rapport met en lien leurs textes, articles, déclarations et autres documents. Produits pendant cette période, ils fournissent des éléments concrets d’appréciation et d’analyse sur les événements togolais. Y ont été ajoutés quelques textes de synthèse.
Rédigé rapidement pour pouvoir être publié avant que l’attention ne retombe — et pour aider à ce qu’elle ne retombe pas —, ce document obéit à la nécessité de rendre disponibles au plus tôt les tenants et aboutissants de cette crise politique et diplomatique majeure, qui pourrait affecter durablement l’essor démocratique du continent africain.
Les contributeurs:
Ligue Togolaise des Droits de l’Homme, Commission diocésaine Justice et Paix de Lomé, Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), Kangni Alem, Benjamin Chevillard (revue Indésens), Clément Boursin (ACAT-France), Franck Ekon (Le Togolais.com ), Thomas Loudenot et Charlotte Merle (Citoyens Sans Frontières), Ardiouma Sirima, Fabrice Tarrit, Comi Toulabor (CEAN, Sciences-Po Bordeaux), François-Xavier Verschave, Abdourahman Waberi
Coordination : Fabrice Tartit

Association Survie 210, rue Saint-Martin 75003 Paris www.survie-france.org
Avant propos
La démocratie des bêtes sauvages
par Kangni Alem 1 et Abdourahman A. Waberi 2

Il ne fait pas bon être Togolais au lendemain des élections présidentielles du 24 avril 2005 (ni Djiboutien après celles du 8 avril 2005 qui virent Ismaël Omar Guelleh, neveu de l’ancien président Hassan Gouled Aptidon, se succéder à lui-même) : honte, humiliation, sentiment d’impuissance, esprits en déshérence, voilà l’essentiel des états d’âme ressentis par un peuple se sentant victime d’une double mascarade, locale et internationale.
Seulement, voilà, l’exemple des élections frauduleuses qui ont porté au pouvoir le putschiste repenti ( ?) Faure Gnassingbé, fils de feu Eyadema Gnassingbé., « ami personnel » d’un certain Jacques Chirac, cet exemple caricatural de ce que d’aucuns appellent la Realpolitik ou la politique françafricaine risque de devenir la norme des successions politiques dans les années à venir, exactement comme autrefois les coups d’État militaires dans les nouvelles républiques du continent. Et l’on susurre déjà, tout en touchant du bois, les noms des acteurs appelés à jouer leurs rôles dans les épisodes à venir de ce nouveau feuilleton bon pour les Nègres et les Bicots : le fils Bongo au Gabon, le fils Biya au Cameroun, le fils Moubarak en Égypte, le fils Wade au Sénégal !? À moins que...
La réception critique des événements togolais soulève la même question partout. Et si le déni de la démocratie aux Africains était une fois de plus la vérité la mieux partagée du monde ? Car, enfin, depuis les années 1990 — pour s’en tenir à cette chronologie qui correspond à ce que les chercheurs appellent la « démocrature » 3 —, comment naissent et meurent les conflits locaux ? Comment la Côte-d’Ivoire, jadis proclamée stable et prospère, a-t-elle basculé dans la guerre civile, l’ingouvernabilité ?
La question devrait être également posée à Monsieur Kofi Annan, l’actuel Secrétaire Général de l’ONU, celui-là même qui, au sortir du génocide rwandais, s’était confondu en excuses et regrets devant sa posture aveugle de politique formaliste, d’administrateur sourd aux appels de l’officier canadien, le Général Roméo Dallaire. Au Togo, comme en Côte-d’Ivoire ou à Djibouti, le changement de régime au sortir d’une dictature fait tanguer le navire d’État, et divise les populations locales, et l’on se plaît à écouter, presque effaré, les satisfecit des uns et des autres, devant ce qui est plus qu’une mascarade : un hold-up mafieux. En somme, un coup d’État permanent.
Et l’on raconte partout, que la France, plus précisément Chirac, soutient les assassins des peuples en Afrique francophone, envoie au Togo les agents secrets de la DGSE faire disparaître les traces de la fraude électorale. Une nouvelle, au passage, qui provoqua chez les insurgés togolais le regret ouvertement exprimé, lors des troubles qui ont suivi la proclamation des résultats, de n’avoir pas osé trucider un seul ressortissant français, une seule tête blonde ne serait-ce que pour l’exemple ! Après tout, ceci aurait-il tellement choqué le monde ? L’anthropophagie et le déficit démocratique ne sont-ils pas l’apanage des bêtes sauvages ?
Quand à deux jours du scrutin qui consomme la fracture en deux du Togo, le ministre de l’Intérieur François Esso Boko a supplié les diplomates étrangers et la presse internationale de relayer sa proposition, à savoir l’arrêt d’un scrutin électoral qualifié de dangereux, et la formation d’un gouvernement de transition au Togo avec des sensibilités issues de tous les courants politiques, afin de réécrire la Constitution et de repartir sur des bases politiques saines, personne n’a voulu sauter sur l’occasion pour reposer la question de la succession d’Eyadema ; pour étranges que soient les circonstances du libelle (coup d’État raté ? subterfuge pour se tirer d’un mauvais pas sans représailles ?), toujours est-il que même la parole de l’ambitieux ministre Boko, organisateur reconnu des fraudes pour le compte du RPT, n’a rencontré que le silence !
Le silence. Les puissants du jour le

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