Chronique d une exécution
73 pages
Français

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Chronique d'une exécution , livre ebook

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Français

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Description

Arrêté en mai 2011 par la police new-yorkaise, Dominique Strauss-Kahn devait-il être présenté d'entrée comme coupable, forcément coupable ?




Dans cette Chronique d'une exécution, Ivan Levaï, journaliste, président de l'association Presse-Liberté, témoigne des dérives d'un système médiatico-judiciaire dans lequel le lynchage d'un homme de pouvoir riche et puissant précède le procès.




Ni avocat ni procureur mais lié à la famille de l'ancien ministre devenu directeur général du Fonds monétaire international, l'auteur s'efforce de dépasser le temps de l'émotion pour mieux souligner un nouvel échec de la justice des hommes.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 novembre 2011
Nombre de lectures 135
EAN13 9782749124292
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ivan Levaï
CHRONIQUE D’UNE EXÉCUTION
COLLECTION DOCUMENTS
Couverture : Élodie Saulnier. Photo de couverture : © Gys Danny/Photo News/Gamma. © le cherche midi, 2011 23, rue du Cherche-Midi 75006 Paris
Vous pouvez consulter notre catalogue général et l’annonce de nos prochaines parutions sur notre site : www.cherche-midi.com « Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
ISBN numérique : 978-2-7491-2429-2
du même auteur
Casse-croûte électoral , Gallimard, 1973.
La République des mots , Michel Lafon, 2001.
Les 577, des députés pour quoi faire ? , avec Paul Quilès, Stock, 2001.
Vous devriez mettre une cravate bleue , Michel Lafon, 2002.
Cité Rouge avec Christiane Ben Barek, Anne Coudin, Patrick Robin Éditions, 2006.
Israël, mon amour , Seuil, 2006.
Et pourquoi pas ? Entretien avec François Michelin , avec Yves Messarovitch, Grasset, 2006.
Peut-il y avoir une spiritualité sans Dieu ? , avec Jacqueline Costa-Lascoux et Paul Lombard, Éditions de l’Atelier, 2006.
À mes petits-enfants, Louise, Pauline, Jasmine, Mathieu, Romain.
Nous traversons le présent les yeux bandés.
Tout au plus pouvons-nous pressentir et deviner ce que nous sommes en train de vivre.
Plus tard seulement, quand est dénoué le bandeau et que nous examinons le passé, nous nous rendons compte de ce que nous avons vécu et nous en comprenons le sens.
Milan KUNDERA , Risibles amours
Avant-propos

N ous avons tous oublié la fin du monde. Ce devait être au dernier jour du XX e siècle. Or, que s’est-il passé le 31 décembre 1999, veille du premier anniversaire de l’euro ? Rien. Pas la moindre panne d’ordinateur. À peine quelques voitures brûlées sous les feux d’artifice des Champs-Élysées... Et, annoncée dans une totale indifférence, la première défaillance du système bancaire grec.
« Broutille », commente Françoise Giroud dans C’est arrivé hier , chronique de l’année publiée chez Fayard, dans laquelle la journaliste, longtemps directrice de L’Express , prend sans trop de regrets congé du XX e siècle.
Rien non plus à la même date du jeudi 31 décembre sur mes agendas. J’y découvre, en revanche, aux pages week-end de la dernière Toussaint du millénaire, cette mauvaise nouvelle soulignée de rouge : « Scandale de la MNEF. Anne en voyage au Vietnam. L’appeler. Démission de DSK. » Assez pour revisiter cet été, douze ans plus tard, le bref commentaire de « Françoise » dans son journal de novembre.
« Dominique Strauss-Kahn annonce qu’il a démissionné. Il est tendu, manifestement ému. En politique, la roche Tarpéienne est près du Capitole. Pas seulement en politique, d’ailleurs, on ne devrait jamais l’oublier. Mais voir cet homme dont nul ne conteste le talent et l’envergure abattu en plein vol, et si bêtement, quel gâchis ! Cela fait mal pour lui et, il faut le dire, pour le pays qu’il devait servir. »
Bis repetita placent et, mesure pour mesure, je pourrais sans changer un mot reprendre ces quelques lignes de la journaliste, trop tôt disparue, pour les appliquer au DSK 2011, victime de lui-même, mais plus encore de la précipitation de la police et de la justice américaines.
J’y ajouterais une seule ligne pour saluer les services que le Français rendit, quatre années durant, dans l’intérêt de tous, et pas seulement celui de son pays, à la direction générale du Fonds monétaire international. Ce qu’ont bien voulu reconnaître publiquement Christine Lagarde, son successeur, et la majorité des fonctionnaires de l’institution lors de la visite d’adieu que leur rendit fin août un DSK enfin totalement libre et blanchi.
Mais fallait-il s’en tenir là et faire court sur « l’affaire » en question quand, hormis quelques exceptions notables, les médias ont fait si long en mêlant si souvent le bon grain et l’ivraie de l’information ? Fallait-il reproduire en France les errements de la grande presse américaine ? Celle qui fut si longtemps un modèle pour nos universités et nos écoles de journalisme. Le débat est ouvert. Comme on peut l’ouvrir aussi sur la pertinence de cette chronique consacrée à un homme condamné à la mort politique avant d’avoir été jugé.
Devais-je pour autant écrire et publier ces pages en défense alors que l’on connaît ma proximité avec Dominique Strauss-Kahn, son épouse et les enfants nés dans nos deux familles depuis longtemps si heureusement reconstruites ?
Devais-je me taire à France Inter, la radio qui m’emploie depuis deux décennies, et sur quelques médias qui crurent utile et nécessaire de m’inviter pour témoigner ?
J’ai hésité tout d’abord, puis j’ai considéré qu’il eût été lâche de renoncer au temps de la révélation d’un scandale qui bouleversait non seulement la société française, mais aussi, quoique différemment, ma famille élargie. Celle-ci, contrairement à ce qui s’écrit, se murmure et se dit même à haute voix sur certaines radios du Midi, n’est ni tribu, ni clan et encore moins lobby. Seulement un groupe rassemblé au fil des années par le hasard des rencontres sentimentales ou amicales. Bref, c’est une famille française comme les autres, trop puissante sans doute, trop présente à l’écran, trop riche à l’évidence de ses personnalités largement connues à l’étranger.
Certes, si le nez de Cléopâtre avait été plus court, et si le grand-père d’Anne Sinclair avait été vermicellier comme le père Goriot ou marchand de savons odorants comme César Birotteau, au lieu de faire commerce des tableaux de peintres à double s (Matisse, Picasso, Pissarro), le fait divers new-yorkais eût occupé moins de place dans les conversations de salon et dans les grands journaux occidentaux.
Fallait-il enfin, partant d’une intime conviction qui en vaut bien d’autres, affirmer dès le 14 mai de l’incroyable nouvelle, comme je l’ai fait, que DSK n’était pas homme à forcer une femme pour la soumettre à son plaisir ? Violeur, lui, et mari d’Anne Sinclair ? Violeur et beau-père attentif pour nos fils ? Impossible, impensable, incohérent.
En commençant cette Chronique d’une exécution sur une certitude aussi absolue, je risquais, certes, quelques quolibets, quelques accusations de beaufitude machiste, voire de partialité nourrie de candeur imbécile, mais pas davantage.
Il y eut bien quelques cris dans les journaux attendus, lors de mes passages à l’antenne. Mais je savais que les confrères seraient pour la majorité d’entre eux honnêtes, et les politiques, de gauche, de droite, du centre, parfaitement compréhensifs.
J’entends bien les remercier de cette attitude indépendante des sentiments qu’ils pouvaient formuler vis-à-vis de DSK, avant et après les « révélations » du 14 mai.
De la même façon, je leur suis reconnaissant d’avoir compris d’emblée le caractère personnel de ma démarche.
Dominique Strauss-Kahn, sa femme, ses avocats, leurs amis, personne ne m’a mandaté pour parler. Nul ne m’a demandé quoi que ce soit. Au contraire, ils auraient plutôt évoqué le silence qui protège.
Quant à mes patrons de France Inter, s’ils m’ont offert de choisir entre l’expression ou le silence radio afin de m’éviter toute gêne à l’antenne, ils n’ont jamais critiqué mes revues de presse du week-end ; comptes rendus forcément consacrés, cette saison, en partie ou en totalité, à une affaire d’une brutalité singulière qui a fait autant de bruit et suscité autant de couvertures de magazine que la chute des tours du World Trade Center.
Alors, me dira-t-on, pourquoi ce livre supplémentaire ? Tout n’a-t-il pas été dit sur les mystères réels ou supposés du Sofitel de New York, sur DSK et Anne Sinclair ? Tout et son contraire ?
Je me suis interrogé, d’autant que, certains jours, l’actualité

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