Congo-Brazzaville état et société civile en situation de post-conflit
165 pages
Français

Congo-Brazzaville état et société civile en situation de post-conflit , livre ebook

-

165 pages
Français

Description

Les réponses que l'Etat et la société civile congolaise ont apportées comme voies de sortie de crise après les conflits qui ont rythmé le Congo dans les années 90, constituent l'ossature de cet ouvrage. Il cerne pour la première fois les conséquences de la guerre de 1997 à 2001, fournit de précieuses informations sur la situation économique, sociale et sanitaire du pays, et s'interroge sur le rôle réel de la société civile congolaise dans la résolution des problèmes de la période post-conflit.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 303
EAN13 9782296199927
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Interdisciplinaire groupe de recherche sur l’Afrique contemporaine
(IGRAC) est une organisation d’enseignants et dechercheurs de l’Université
Marien Ngouabi de Brazzaville dont les objectifs principaux sont la
promotion de la recherche sur l’histoire, les civilisations et les problèmes
contemporains de l’Afrique (politiques, économiques, sociaux et culturels),
la publication de ses travaux de rechercheau niveau national et international
à travers des revues internationales, laconstitution d’un fonds documentaire
et la convention de coopération scientifiqueau plan nationalavec différents
groupes de recherche et au plan international en intégrant des réseaux de
recherche. Son siège est fixé au Département d’Histoire de la Faculté des
lettres et des sciences humaines de l’Université Marien Ngouabi. L’IGRAC
publieannuellement une revue intitulée:LesCahiers de l’IGRAC.
Publication de l’InterdisciplinaireGroupe deRecherche sur l’Afrique
Contemporaine (IGRAC),Faculté desLettres et desSciencesHumaines,
UniversitéMarienNgouabi.
BP: 13244Brazzaville (Congo).
www. web-africa.org/igrac/
e-mail: igrac_congo@yahoo.fr
Comitédepublication
FlorenceBernault (Université duWisconsin,États-Unis),
JosephTonda (UniversitéOmarBongo,Gabon),
Abraham-ConstantNdingaMbo (UniversitéMarienNgouabi),
DominiqueNgoïe-Ngalla (UniversitéMarienNgouabi),
André-PatientBokiba (UniversitéMarienNgouabi),
ScholastiqueDianzinga (UniversitéMarienNgouabi),
JosephGamandzori (UniversitéMarienNgouabi),
Jean-PierreMissié (UniversitéMarienNgouabi),
Joachim-EmmanuelGoma-Thethet (UniversitéMarienNgouabi).
Couverture:Igrac
Mise en page:André-PatientBokibaPRÉFACE
D’UNEGUERREA L’AUTRE
Florence Bernault
Le titre de cette préface évoque la trajectoire particulière de la guerre du
CongoBrazzaville, guerre civile interminable recommencée il ya 15 ans, et dont personne
ne sait encore aujourd’hui si elle a relâché son emprise surle pays. Mais il fait
aussi écho à ma position particulièrepar rapport à cette guerre, à l’histoire du
Congo et aux auteurs de cet ouvrage. Ayant vécu plusieurs moisdans ce paysen
1984-86 et terminé ma thèse de doctorat en 1994, je repartis travaillerau Congo
quelques semaines durant l’été de 1995. J’atterrissais sans le savoir dans une des
quelques entre-deux-guerres froides de ce long conflit commencé en 1993.Lerépit
que les Congolais goûtaient alors était fragile ettout gonflé de violence: ce n’était
certes pas la paix à Brazzaville et dans le reste du Congo, et les«petits faits vrais »
quejerapporteci-dessousn’ont d’autre prétention que de donner de la couleur à
cette étrange période. Durant ce court été 1995, j’aiàpeine entraperçu ce que les
habitantsdu pays avaient souffert depuis 1993 et ce qu’ils allaient continuer à
endurer pendant les dix prochaines années. Mais ce moment a été suffisamment
fort,il m’afait suffisamment peur, pourmeconvaincred’exiler,deuxansplustard,
mes recherches au Gabon. Puis,comme tout un chacun, j’ai connu mes propres
guerresintérieures.Etjenesuispasretournéeau Congo.
Depuis onze ans, j’ai donc abandonné le pays qui m’avait offert mon premier
livre,mes premièresexpériences de recherche en Afrique. Cette préface est pour
moi la possibilité de rendre un peu de ce que j’ai reçu.Le volume qui m’en donne
l’occasion,Congo-Brazzaville: Étatetsociété civileen situation de post-conflit
est,d’une certaine manière, en contraste parfait avec ce texte. Ecrit au cœurde
l’action par des universitaires congolais, il offre un bilan réflexif et scientifique sur
les résultats de la guerre et les perspectives d’avenir du pays. Ce quisuit n’est que
l’ombre oblique, l’étroit reflet d’une subjectivitéextérieure surces événements
complexes.
*
* *8 FLORENCE BERNAULT
Routeset peurs
En juillet et août 1995, je restai six semaines au Congo-Brazzaville, basée à
Brazzaville, d’où je partis faire plusieurs incursionsau sud-ouest dans le Pool,à
Pointe-Noire et au nord de la capitale jusqu’à la Léfini. Les transports étaient très
difficiles. Pourrallier Pointe-Noire, je voyageai dans un train bourré de militaires
en armes, chargés de surveiller les abords des gares et de repousser d’éventuelles
attaques de miliciens. À l’aller (cinq cents kilomètres), le trajet dura presque 24
heures. Au retour, je volai dans un Antonov brinquebalant pourvu d’un équipage
russe. Les compagniesnationalesétant en faillite, demultiplessociétésde transport
privées recyclaient alorsles rebuts de l’aviation soviétique. Quant aux routes, elles
étaient plus incertaines encore, régulièrement soumises à des barrages de milices
et, plus prosaïquement, à la dégradation des voies. Partie un matin pour trois jours
d’enquêtes dans le Pool, où j’espérais visiter d’anciennes prisons coloniales, mon
voyage se termina abruptement. Au retour d’une journée à Boko, je fus
immobilisée dans une station de police de Kinkala avec mon compagnon de
voyage, RogerD., et interrogée surmon intérêt suspect pour la prison locale.
Relâchée un moment par le policier en faction, je ruminai unmoment
surl’opportunité de détruire en cachette les plans quej’avais relevés quelques heures
auparavant dans la prison de Boko et consignés dans la voiture de Roger. J’y
renonçai finalement et attendis, moral en berne, que l’on statue surmon sort.
L’atmosphère aux alentours, dont nousentendions les bruits indirects dans la cour
du poste, semblait électrique. Nousapprîmes plus tard quela ville recevait ce
jourlà la visitede l’épouse du président Lissouba, venue présider un événement sportif.
Capitale du Pool, Kinkala était la base de l’opposition au régime en place,
opposition légale et clandestine (partiMCDDI, Mouvement Congolais pour la
Démocratie et le Développement Intégral, de Bernard Kolélas et bandes Ninjas), et
restait sous haute surveillance politique et militaire. D’autres violences couvaient,
qui expliquaient aussilanervosité des policiers. Une statue d’André Matsoua,
martyr du Pool et résistant anticolonial des années 1940, venait d’être profanée sur
la place publique. Notre arrestation inopinée nous permit d’entrevoir le suspect
juste appréhendé à son arrivée au poste de police.Pieds nus, tête baissée, mains
menottées, il disparut en trébuchant dans le sous-sol du poste de police.J’ignore
1quel sort lui fut réservé .
À la tombée du jour, dans un cortège strident de voitures officielles, le préfet de
région vint au poste nous rendre nos papiers et nous donner ordre de partir
immédiatement de la ville. Roger D. et moi avions emmené avec nous deux
1. Deux articles et une photo du suspect furent publiés dans la presse locale: Hervé
Wadiafwa,«La statue de Matsouaa étédémolie », La Rue meurt n° 092 du 3 août 1995,
p. 5 ; et du même :«Qui veut tuer l’âme du Pool? », La Ruemeurt, n° 093,10-16 août
1995,p.8.D’UNE GUERRE L’AUTRE 9
voyageuses, laissées, quelques minutes avant notre arrestation,dans unquartier
périphérique de Kinkala pour visiter leur famille. Malgré le risque d’enfreindre les
ordres d’évacuation immédiate et l’angoisse d’une seconde arrestation, il fallait les
retrouver et les rembarquer avec nous versBrazzaville. Nous pûmes heureusement
localiser rapidement les deux femmes et quitter la villesansencombre.Les cris de
colère et d’incrédulité de nos passagères, indignées de la naïveté quinous avait
poussésàprendre contact avec la police locale pour demander des renseignements
surlaprison, meparurent undouxchantdeliberté.Deretour danslacapitale, après
une courte nuit en bivouac, je décidai de faire connaître ma présence àl’ambassade
de France. Jamais cette démarche n’aurait traversé mon esprit lors de mes séjours
précédents. Le fonctionnaire qui me reçut siffla entre ses dents sur les effets de
moninconscience, pimentant ses commentaires du récit de la récenteexécution
d’un otage français par un groupe de miliciens sur terrain ennemi. Ce genre de
tactique, m’expliqua-t-il, permettait de jeter l’opprobre surles factions adverses

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents