Controverses institutionnelles en Pays Basque de France
305 pages
Français

Controverses institutionnelles en Pays Basque de France , livre ebook

-

305 pages
Français

Description

Depuis la fin des années 90, divers secteurs de la société civile et une majorité de la classe politique locale revendiquent l'institutionnalisation du Pays Basque en France par la création d'un département ainsi que l'officialisation de la langue basque. Les pouvoirs publiques répondent à ces aspirations par des réformes sectorielles, tout en excluant la partition de l'actuel département des Pyrénées-Atlantiques, constituées des trois provinces historiques basques françaises et du Béarn.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 47
EAN13 9782296252240
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce livre, issu d’une thèse en Anthropologie sociale et Ethnologie, n’aurait vu le jour
sans la confiance, la patience et l’exigence bienvenue de Jean-FrançoisGossiaux,
directeur de recherche à l’Institut Interdisciplinaire d’Anthropologie du Contemporain
(IIAC-CNRS) au sein de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris. Qu’il
reçoive toute l’expression dema reconnaissancepour ses compétences scientifiqueset
son suivi régulier sans lesquels cette étude n’aurait pu aboutir. Mes plus sincères
remerciements vontégalement àDenis Labordepour avoir acceptécettepublication dans
la collection qu’il dirige.Jeluiexprimetoutemagratitudepour sa disponibilité, son
soutienet ses conseilsenthousiastes.
Jeremercieles membres demon jury dethèse(Jean-DanielChaussier, Marie-Vic
Ozouf-Marignier,DejanDimitrijevicetAlainBertho) pour leurs critiques, conseilset
recommandations lesquels m’auront permis de retravailler mon manuscrit initial pour
aboutir au présent ouvrage.
J'adressemes remerciements, pour la sympathie et les conseils ponctuelsqu'ils m'ont
témoignés, àEnric Porqueres iGené, MichelWieviorka, MarcAbélès,Eguzki Urteaga,
XabierItçaina, Manex Pagola, Sébastien Ségas, KattalinGabriel-Oyhamburu,Bernard
Oyharçabal, RicardoEtxepare et MichelDuvert.
Jetiens àexprimer maprofondereconnaissanceà Jean-ClaudeLarronde et Jean-Michel
Larrasquet de la Société d’EtudesBasques (Eusko Ikaskuntza) pouravoir cruen mes
capacités et m’avoir permis de suivre une année post-doctorale en tant qu’Hôte en
Relations Internationalesà l’Université de Genève. Je tiens également à remercier la
Fondation JoséMigueldeBarandiaránpour m’avoir attribué, en 2007, son Prix de
recherche enEthnologie.
Que l’ensemble des acteurs intervenant dans ce travail reçoive ici ma gratitude et ma
reconnaissancepour sadisponibilité.
Enfin, jetiens à remercier detout cœur mes proches pour leurs encouragements.
J’exprime toute ma gratitude à ma mère, Catherine Mathey-Pierre, ainsi qu’à Sarah
Halifa-Legrand pour s’être, à de nombreuses reprises, attachées à la relecture du texte. Je
remerciemon père,Bernard Pierre, pour sonaptitudeimpliciteà transmettresans laquelle
l’idée même de cette thèse n’aurait vu le jour. Je remercie aussi mes grands-parents,
Robert Pierre et Gaxuxa Hiraboure, pour m’avoir chaleureusement accueilli en Pays
Basque et m’avoir de fait rappelé qu’il se peut qu’un «terrarin »eprésente, pour le
chercheur, davantage qu’un objet d’étude ; la proximité n’empêchant en rien l’objectivité,
toujours individuelle, du regard scientifique.

Nere aitatxi zena gogoan,

Préface

Objetéponyme de l’ethnologie, «donnéeanthropologique
1
incontournable», selon Luc de Heusch, l’ethnie tend à se confondre avec la
2
culture, cetteautre« donnée» fondamentale de l’anthropologie. Lelangage
courantaussi bien quecelui des politiqueset celui des institutions
internationales associent les deux concepts jusqu’à les rendre
3
interchangeables .Certainsanthropologueseux-mêmes fondentleurposture
théorique surlepostulatplusoumoins expliciteethnie=culture(voirle
mêmeLuc deHeuschetplus généralementlecourant« primordialiste»,età
l’opposé, les tenants d’une «anthropologie de l’action»etlescontempteurs
4
decesdeux concepts). Lesimplicationsidéologiques etpolitiquesdecette
confusion, projetées surle terrain basque,sontaucœur de l’intrigue (dans
l’acception romanesque du terme) dont Thomas Pierre s’efforce, avec succès,
dedémêlerles fils.

Commelesmalentendus, lesconfusionspeuvent être fécondesou, àtout
lemoins,utiles.Ellespeuvent être utilespolitiquement, pour élargir l’assise
des alliances ou, à l’inverse, pour stigmatiser l’adversaire et verrouiller le
débat.Ellespeuvent êtrepertinentes scientifiquement,en déparasitantla
démonstration deconsidérations subalternes. Leurpertinence scientifique,
cependant,estinversementproportionnelleà leur utilitépolitique.Autrement
dit, c’est lorsque la confusion des notions règne dans le champ politique que la
distinction des concepts s’impose le plus comme une nécessité heuristique.

1
L. De Heusch,Postures et impostures. Nations, nationalismes, etc., Bruxelles, Editions Labor,
1997.
2
La section 38 du Comité national de la recherche scientifique, qui a en charge l’anthropologie,
s’intitule officiellement« Sociétés et cultures : approches comparatives ».
3
Un exemple de cette confusionau niveaudes institutions internationales:le Conseilde
l’Europe, dans une Recommandationde1997, demande auComité des ministres «deprendre en
comptelaculture aroumaine[…]notammentencequiconcernele« laboratoire desminorités
ethniquesdispersées »[soulignépar moi].
4
Cf.ThierryB"onnot «Prendresimplementles choses au sérieux de ce qu’elles sont…" »,in
L’Homme191,2009:«[…] l’ethnologie culturaliste […] fait de la culture ou de l’ethnie des
facteursexplicatifsdescomportements humains »,p. 241,ou,ibid., cette citationde Vincent
Descombes:«Bazinappelle"hypothèse ethnologique" touteprétentionà expliquer les
comportements des hommes par un facteur commun (qu’on l’appelle"ethnique","culturel" ou
autrement) ».

12

Controverses institutionnelles en Pays Basque de France

Or, une ethnie n’est pas une culture, un groupe ethnique n’est pas un
groupeculturel. Pourpreuve: on peut se reconnaîtredansdeux (voire
plusieurs) cultures, alors qu’on ne peut «appartenir» qu’à un seul groupe
ethnique. Il s’agit là de deux ordres différents de réalité. Les acceptionsdu
motculturesontinnombrables,etleconceptlui-mêmeaétécritiquécomme
5
trop «réifiant». Sans entrer dans ce débat et en s’en tenant à la définition
minimale, àsavoir unensemblecohérentdenormesetdesymboles, ilest
certainquelerapport d’un individu à une culture ne peut être dit
6
d’appartenance que par commodité de langage. La métaphoredela culture
commetexte(Geertz)estdecepointdevueparticulièrementéclairante.
Quelle que puisse être la prégnance d’un système culturel, l’individu conserve
à l’égard de celui-ci un certain degré d’extériorité et donc de capacité d’agir
7
(agencyL) .edéterminisme exercéparles structures socialesnepeutêtre
ramenéàun déterminismeculturel.

En revanche, les termes d’appartenance dans lesquels s’exprime
l’ethnicité ne correspondent pas à de simples commodités de langage, mais ont
de réelles implications, et notamment celle d’enfermer les acteurs dans une
logique d’inclusion/exclusion.Celle-cirepose elle-mêmesur unelogiquede
l’autreetdu semblable extrêmement simple: celuiquiest semblableà mon
semblable estmonsemblable, celuiquiest un autrepourmonsemblable est
un autre pour moi. En d’autres termes, dans l’ethnicité, l’altérité l’emporte sur
l’identité. Ou encore, le principe d’exclusion prime sur celui d’inclusion. De là
il découle que l’appartenance à un groupe ethnique (l’identité ethnique, au
sensfaibledu termeidentité)estfondamentalement uneappartenanceassignée
de l’extérieur. Ce qui veut dire qu’un individu nepeutéchapperà cette
identification–on nechoisitpas son appartenance ethnique eton nepeutla
récuser. (Levingtièmesiècleabonde enexemples tragiquesoùlesindividus
n’ont puéchapperàleurdestinethnique).Cequi veutdire aussi, en «amont»,
queles groupesethniques, d’une certainemanière,sontdessinés, définis,
façonnésdel’extérieur.Ainsi,leur nom – l’ethnonyme–estgénéralement
exogène et, conséquencelogique, ilestleplus souventpéjoratif.Une
stigmatisation despluscourantesest relative au langage.L’Autre, bien sûr,
parleuncharabiaincompréhensible et lorsqu’il s’essaie àlalangue

5
Pour une critique de l’usage de la notion de culture par les anthropologues, cf.A.Bensa,La fin
de l’exotisme. Essais d’anthropologie critique, Paris,AnacharsisEditions, 2006. Pour une
critique de l’anthropologie critique et la défense de la notion de cul

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