Corse, les voies de l avenir
248 pages
Français
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Description

Régulièrement au cœur de l'actualité, la société corse n'en reste pas moins méconnue et incomprise, pire encore, elle désespère parfois l'opinion publique française, lasse de la violence et de la revendication indépendantiste.
Pour la première fois réunis, élus de toutes tendances, universitaires et responsables associatifs abordent avec franchise et dans le détail les grandes questions qui conditionnent l'avenir de la Corse. Loin de la prétendue complexité de la société corse, le lecteur découvrira vingt et une voix claires et déterminées s'exprimer sur la question de l'Indépendance, les aspects institutionnels, économiques, culturels, démographiques, etc.
Cet ouvrage d'entretiens éclaire d'un jour nouveau les enjeux en confrontant les principaux acteurs insulaires aux grands défis de l'avenir. Il permet surtout de faire un vaste tour de table à un moment crucial de l'évolution de l'île.
Un livre qui ouvre le débat et replace la « question corse » dans son véritable contexte français et européen.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2003
Nombre de lectures 395
EAN13 9782296331518
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Corse,
les voies de l'avenirEmmanuel BERNABÉU-CASANOY A
Dominique LANZALA YI
Corse,
les voies de l'avenir
L'Harmattan Hongrie L'Harmattan ItaliaL'Harmattan
5-7, me de l'École-Polyteclmique Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALlE
-RemerciementsNous tenons à témoigner toute notre affection à nos parents,
Françoise et Jean-Pascal Bernabeù, Françoise Lanzalavi, et les
remercier pour leur indéfectible soutien.
Nous tenons également à remercier pour l'aide qu'ils ont bien
voulu nous apporter lors de la rédaction de cet ouvrage:
Géraldine Fombelle, Hélène Fombelle, Sylvia Polverelli, Hélène
Thévenet, Alexandre de Boncourt, Cédric Garoyan et Paul-Marie
Romani.@L'Hannattan,2003
ISBN: 2-7475-4933-X
-Introduction"Si les Corses veulent leur indépendance, qu'ils la
prennent!". Il Y a quelques années, par cette formule lapidaire,
Raymond Barre, ancien Premier ministre de la France, se
proposait de régler la "question corse". Cette déclaration devait
rencontrer dans l'opinion publique française un vif succès, alors
que nombre de Corses vécurent celle-ci comme une offense. Et
ce n'est pas, loin de là, le moindre des paradoxes concernant la
Corse. Plus les médias parlent d'elle et plus l'opinion publique
semble, au mieux n'y rien comprendre, au pire s'en désintéresser.
D'une part, parce que l'image de l'île projetée dans les médias est
déformante et d'autre part, parce que le jeu politique local est très
complexe.
Attentats, assassinats, mafia, incendies, fraudes
électorales sont les représentations les plus répandues concernant
la Corse. Depuis plus de vingt ans c'est la violence,
prétendument endémique dans l'île, qui fait la une de l'actualité.
La société corse qui gagne, celle des initiatives ou de la
solidarité, n'a que très rarement droit au chapitre. Il ne s'agit pas
ici de juger de la véracité des informations relatées par les
médias nationaux. Les assassinats et les incendies ont bien lieu,
l'argent sale existe et la démocratie insulaire emprunte parfois
des voies détournées. Cependant, la Corse évolue en permanence
sous une loupe grossissante car, à bien y regarder, nous
informet-on avec autant d'empressement des activités mafieuses dans le
Var ou les Alpes-Maritimes, des crimes commis à Paris ou à
Marseille? Incontestablement, les angles d'attaque des
journalistes sont souvent stéréotypés et encouragent le ras-le-bol
des continentaux.
Toutefois, l'incompréhension de ces derniers n'est pas
uniquement imputable aux médias. Les hommes politiques corses
eux-mêmes brouillent souvent les pistes. Les prises de position
en désaccord avec les instances nationales de leurs partis et les
jeux d'alliance sont parfois difficiles à déchiffrer pour lesobservateurs extérieurs. Ce fut, par exemple, le cas avec des élus
insulaires de droite qui négocièrent au cours des années 2000 à
2002 avec un gouvernement de gauche des accords rejetés par les
dirigeants de la droite nationale. Certains leaders communistes
insulaires s'élevèrent également contre ces accords, pourtant mis
en œuvre par la gauche plurielle.
Le débat politique en Corse a cette particularité de
croiser deux axes de référence. On trouve en abscisse, le
traditionnel axe droite-gauche et en ordonnée un axe plus
atypique nationaliste-républicain. Pour les républicains,
l'attachement de la Corse à la France ne fait aucun doute. Les
discours des "légitimistes" à la nation française reposent sur les
grandes épopées napoléoniennes, l'empire colonial, la Première
Guerre mondiale et bien sûr la Résistance des maquis corses qui
libérèrent l'île à l'automne 1943. En dehors de ces références
historiques, l'attachement à la France est également dû au
formidable exutoire que fut cette grande nation pour une île
longtemps vouée à l'émigration. En la matière, la fonction
publique, véhicule des idéaux républicains, et la "coloniale" ont
sans doute plus intégré de Corses que tous les discours. Enfin, il
faut bien le reconnaître, le lien avec la France fut aussi fondé sur
un certain mépris de l'Italie.
A l'inverse, les nationalistes récusent l'appartenance de
plein droit de la Corse à la France. Selon leur grille de lecture, le
peuple corse aurait été colonisé, exploité, disséminé et nié au
cours de plus de deux siècles de relations franco-corses. D'après
les indépendantistes et certains autonomistes, l'heure est venue
pour les Corses de faire valoir leurs droits, leur culture, leur
langue et de promouvoir un modèle corse de développement.
Aussi, deux cent cinquante ans après Pascal Paoli, qui de 1755 à
1769, dirigea un Etat corse indépendant, certains rêvent de voir
l'île s'ériger en nation souveraine. Mais les références
historiques brouillent encore un peu plus le débat. Car, si
Napoléon est le totem des défenseurs de la Corse dans la
République française et Paoli celui des nationalistes, qui peut
oublier que Paoli fut accueilli en héros par les révolutionnaires
français et qu'ayant volontairement uni la Corse à la France, il
8siégea à la Convention? De même, Bonaparte, avant d'être
chassé de Corse par Paoli, fut un de ses plus fervents
admirateurs.
Aussi, l'opinion publique française peut facilement se
perdre sur l'échiquier politique corse et les simplifications vont
bon train. En réalité, si les camps des républicains et des
nationalistes sont formés de noyaux durs, la majorité des Corses
navigue entre les deux pôles. Elle tente de concilier des idées de
droite ou de gauche avec les avantages de disposer pour l'île
d'une vaste autonomie tout en conservant un lien étroit avec la
République française. Trop souvent les analystes remarquent que
les indépendantistes sont ultra minoritaires et que finalement la
"majorité silencieuse" est républicaine. Cependant, les
mouvements nationalistes ont pris de l'ampleur et sont désormais
bien implantés dans l'île. En 1992, sur la base d'un programme
commun avec les autonomistes, ils ont déjà réuni près d'un quart
des suffrages. En 1999, à l'occasion des dernières élections à
l'Assemblée de Corse, Corsica Nazione, composée notamment
d'une formation proche du FLNC-Canal historique, a rassemblé
16,77 % des suffrages exprimés, soit un peu plus de 20.000 voix,
alors que ses dirigeants avaient refusé de condamner les assassins
du Préfet Erignac. De plus, le nationalisme corse ne se cantonne
pas à une simple expression politique. Sa présence aux premiers
plans de la vie culturelle, associative et syndicale révèle son fort
enracinement.
Aujourd'hui, la Corse est à un tournant de son histoire,
aussi faut-il bien en saisir tous les enjeux. Même si les accords de
Matignon, qui avaient débuté en 1999, ne verront jamais le jour,
ils auront au moins permis de changer la nature des relations
entre les élus insulaires et l'Etat. Pour la première fois depuis
longtemps, la question corse a été évoquée sans a priori, dans le
cadre d'un débat au grand jour. La politique de décentralisation
menée par le gouvernement Raffarin et son ministre de l'intérieur
Nicolas Sarkozy marque, sur ce dossier, une continuité dans la
politique de l'Etat. Ainsi, la loi du 22 janvier 2002, votée à l'issue
du processus de Matignon, a été mise en œuvre par le
gouvernement suivant et le Plan Exceptionnel d'Investissement
9de deux milliards d'euros sur quinze ans a été maintenu. Un
phénomène qui mérite d'être souligné car, jusqu'à présent,
chaque nouveau gouvernement adoptait une politique en rupture
avec son prédécesseur.
Ainsi, dans les années 1960 et jusqu'aux événements
d'Aléria en 1975, l'Etat français refusa de voir l'émergence du
sentiment national corse. L'envoyé spécial de Valéry Giscard
d'Estaing dans l'île, Libert Bou, affublé du titre de président de la
mission interministérielle pour l'aménagement et l'équipement de
la Corse, fit rapidement comprendre les limites de son mandat

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