Françafrique
124 pages
Français

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Description

Voici un témoignage accablant sur la monstruosité des élites politiques héritières du colonialisme français, mais aussi sur l'archaïsme politique en Afrique. Le livre entre dans les arcanes des palais des despotes africains et débusque les pratiques honteuses qu'ils perpétuent en plein XXIe siècle au grand dam des peuples et des droits humains.

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Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 72
EAN13 9782296482524
Langue Français

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Extrait

Françafrique Ces monstres qui nous gouvernent
Points de vue Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga-Akoa
Déjà parus
Nguila Moungounga-Nkombo,Mon combat politique (entretiens avec Jean Saturnin Boungou), 2011. Gaston M’bemba-Ndoumba,L’école d’expression française en Afrique, 2011. Erick Césaire QUENUM et OSWALD PADONOU,Le Bénin et les opérations de paix. Pour une capitalisation des expériences, 2011. Roger Démosthène CASANOVA,Putsch en Côte d’Ivoire, 2011. Ismaël Aboubacar YENIKOYE,Intelligence des individus et intelligence des sociétés, 2011. Pierre N’DION,Quête démocratique en Afrique tropicale, 2011. Emmanuel EBEN-MOUSSI,Le médicament aujourd’hui. Nouveaux développements, nouveaux questionnements, 2011. Koffi SOUZA,Le Togo de l’Union : 2009-2010, 2011. Lucien PAMBOU,Conseil Représentatif des Associations Noires. Le CRAN, de l’espérance à l’utopie, 2011. David GAKUNZI,Côte d’Ivoire : le crime parfait,2011. Djié AHOUE,Et si Ouattara n’avait pas gagné les élections ?, 2011. Emmanuel KIGESA KANOBANA,Dipenda, Témoignage d’un Zaïrois plein d’illusions, 2011. Joseph NELBE-ETOO,L’Héritage des damnés de l’histoire, 2011. Marcel PINEY,Coopération sportive français en Afrique, 2010.
Ernest Nguong Moussavou Françafrique Ces monstres qui nous gouvernent
© L'Harmattan, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56019-2 EAN : 9782296560192
Ils s’appellent :
PREAMBULE
El Hadj Omar Bongo Ondimba (Albert Bernard !) Paul Biya Théodoro Obiang Nguéma Mbazogo Blaise Compaoré Paul Kagame Mouammar Kadhafi Idriss Deby Itno Denis Sassou Nguésso Mamadou Tandja
Ils sont arrivés au pouvoir, soit par la force, soit par des artifices concoctés par des puissances étrangères, mais jamais avec l’assentiment de leurs peuples. Ils ont pillé, assassiné, massacré leurs populations, puis manipulé leurs constitutions et faussé les élections pour perpétuer leurs pouvoirs maléfiques et assouvir leur soif insatiable de richesses. Ils amassent à l’étranger, au détriment de leur propre pays, les fruits de leurs rapines. Depuis les indépendances, les Africains, assis sur d’immenses richesses, s’enfoncent chaque jour d’avantage dans la misère, ou sont contraints à l’exil. Aucun terme ne saurait suffire pour qualifier ces 1 MONSTRES QUI NOUS GOUVERNENT depuis cinquante ans. Fin 2008, les ONGSherpa etTransparency International France déposaient plainte contre les présidents Omar Bongo du Gabon, Denis Sassou Nguésso du Congo-Brazzaville et Théodore Obiang Nguéma Mbazogo de Guinée-Equatoriale avec constitution de partie civile, pour détournement de fonds publics et recel de
1 Monstre : personne qui suscite l’horreur par sa cruauté, sa perversité ; personne qui effraie ou suscite une profonde antipathie ; individu qui a perdu toute humanité.
détournement de fonds publics, dans l’affaire dite des « biens mal acquis ». Le total des biens immeubles incriminés était évalué à près de 400 millions d’euros ! Cette plainte venait d’être jugée recevable et c’était une première, par la juge parisienne Françoise Desset. Mais comme il fallait s’y attendre, le parquet avait fait appel.
Le 8 juin 2009, les autorités gabonaises annonçaient officiel-lement le décès d’Omar Bongo, décès qui alimentait déjà la chronique des médias plusieurs jours auparavant. A cette occasion les Gabonais apprenaient avec stupéfaction que lors de son accession au pouvoir, Omar Bongo était en fait un agent des services secrets français. Ainsi par un tour de passe-passe dont il avait le secret, Jacques Foccart, le grand architecte de la 1 Françafrique avait placé à la tête de ce pays, un de ses appointés. Cette information très discrète du vivant d’Omar Bongo, éclaire d’un jour nouveau les faits que nous relatons, mais aussi et surtout, la relation que nous trouvions ambiguë entre lui et la France. Le fossoyeur du Gabon étant aux ordres de l’ex- colonisateur, on comprend pourquoi la France est intervenue à maintes reprises, politiquement et même militairement pour maintenir un pouvoir infâme et prédateur, rejeté par toutes les populations gabonaises. On comprend mieux pourquoi en 1990 par exemple, à la suite de manifestations du peuple, descendu dans la rue exiger le départ du dictateur, les troupes françaises n’ont pas hésité à le maintenir au pouvoir par la force. Le cas du Gabon est-il unique ? Certainement pas. Par ces agissements la France porte une grande part de responsabilité dans le triste sort que connaissent les populations africaines francophones. Pour couronner le tout, le président Sarkozy et l’ex- président Chirac se sont rendus au Gabon à l’inhumation de leur « ami ». Or durant 42 ans de pouvoir, plutôt que de servir son peuple, Omar Bongo l’a asservi pour servir ses maîtres. De ce fait, il est devenu l’ennemi du peuple. Ne dit-on pas que les amis de nos ennemis sont nos ennemis ? Il n’y aurait qu’un pas à franchir pour déduire que la France soit l’ennemi de l’Afrique. Nous ne le franchirons
1 La Françafrique : le plus long scandale de la RépubliqueFrançois-Xavier par Verschave, Paris, Stock, 1998.
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pas, car nous sommes convaincus que la grande majorité des français n’ont pas été au courant des agissements de leurs dirigeants. Cette circonstance doit les interpeller et leur faire prendre conscience du drame qui s’est déroulé depuis des décennies, et se déroule encore en Afrique. Le peuple Français doit maintenant s’approprier ce sujet. Nous sommes convaincus que sa morale ne l’accepterait pas, pour ne pas le rendre alors complice de ce que certains de ses dirigeants font subir aux peuples Africains depuis longtemps. La disparition de ce dinosaure de la Françafrique ne nous dédouane pas de la rédaction de ce livre, car il est important que les jeunes générations africaines soient instruites de ce passage sombre de leur histoire. Et nous sommes convaincus que les historiens s’en saisiront pour l’approfondir et l’enseigner aux peuples africains afin qu’ils en tirent toutes les conséquences. La disparition d’Omar Bongo fut suivie d’une période de transition chargée d’incertitudes et d’appréhensions pour le peuple Gabonais. Durant cette période, la présidente par intérim selon la constitution, Francine Rogombé, a raté l’occasion historique de faire basculer le destin de ce pays vers la démocratie. Vinrent ensuite des élections tristement contestables et très contestées qui virent l’avènement au pouvoir du fils d’Omar Bongo, Ali Ben Bongo Ondimba ! Après le cas Kabila en République Démocratique du Congo, puis Eyadema au Togo, est-ce l’instauration de monarchies dynastiques en Afrique ? En avril 2008, Paul Biya le président du Cameroun, déjà âgé de 77 ans, après maintes manipulations de la constitution qui lui ont permis de rester 28 ans au pouvoir, pendant lesquels il n’a fait que mener son peuple vers l’abîme, concoctait un énième tripatouillage, qui lui permettrait cette fois d’être président à vie, et d’être couvert d’immunité en cas de départ, pour les crimes et délits commis durant ses mandats. Jusqu’où ira cet homme ? Nous croyions que le Cameroun avait atteint le fond du trou, et qu’il ne pouvait plus que rebondir. Ne le voilà-t-il pas en train de creuser dans le fond du trou ?
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CHAPITRE I Gabon : El Hadj Omar Bongo Ondimba Le dinosaure de la Françafrique
Ce n’est pourtant pas en raison de sa longévité dans l’exercice du pouvoir que nous lui décernons la palme d’or et le situons au premier plan de la liste des monstres qui nous gouvernent. En 2008, Omar Bongo fêtait sans complexe ni pudeur, à grands coups de milliards de francs CFA, son quarante deuxième anniversaire au pouvoir. De par le monde, seul Fidel Castro a fait mieux. Ce n’est pas non plus à cause de son rôle prépondérant au sein de la Françafrique dont il fut, dès le commencement, et jusqu’à son décès, l’un des principaux acteurs. Mais bien à cause de ses frasques et de ses pratiques nauséabondes du pouvoir. Il faudrait plus qu’une encyclopédie en plusieurs tomes, si l’on voulait les consigner dans ce qui deviendrait le manuel de la honte de l’histoire contemporaine de l’Afrique. Mégalomanie Cleptomanie Mythomanie Schizophrénie Tous ces mots en « nie » pour ce petit bout d’homme (Il mesurait moins d’un mètre soixante dix et compensait par des chaussures à talons bien hauts), ne font-ils pas qu’il soit qualifié d’égérie des mots en « nie », auxquels il faudrait certainement ajouter quelques « ismes » tels que : Népotisme ? Narcissisme ?
I. Une ascension fulgurante…sur mesure !
Lorsque Monsieur Léon Mba, premier président du Gabon indépendant décède le 28 décembre 1967 dans des conditions assez troubles, Albert Bernard Bongo, devenu vice-président, sans jamais avoir été élu, mais par des dispositions constitutionnelles concoc-tées sur mesure par Jacques Foccart, accède au pouvoir.Jacques Foccart est ce conseiller particulier dont le Général De Gaulle s’était affublé et qui durant plusieurs décennies, a géré dans une totale opacité, à l’abri de tout regard officiel, les relations de la France avec l’Afrique. D’entrée de jeu, avec ce dernier, Omar Bongo inaugure ce qui va finir par être dénommé la « Françafrique », véritable nébuleuse où il est de plus en plus question de sollicitudes particulières accordées à tel ou à tel autre dirigeant pour des intérêts spécifiques et même spécieux, plutôt que pour le développement de l’Afrique .En effet depuis le mois de mai 1967, la région du Biafra est en guerre de sécession contre le pouvoir central du Nigeria, lui reprochant de ne pas lui faire suffisamment profiter de la manne pétrolière dont son sous-sol est le principal pourvoyeur. (Sous d’autres formes cette revendication perdure encore à ce jour). Le gouvernement central pour réduire la sécession, instaure un blocus total de la région. La France, pour des raisons stratégiques liées justement à l’exploitation pétrolière par ses sociétés, avait pris fait et cause pour le Biafra. Elle tenta de briser le blocus d’abord par l’intermédiaire du Cameroun, frontalier du territoire Biafrais. Le chef de l’Etat camerounais Ahmadou Ahidjo, refusa très malicieusement d’entrer dans ce conflit qui l’aurait mis en porte à faux avec son puissant voisin de l’ouest. Pour sa part, sans en avoir véritablement le choix, Albert Bernard Bongo se plie au diktat de Paris, et finit par faire du Gabon la base arrière de la France pour ses interventions militaires au Biafra. La guerre du Biafra qui a duré de 1966 à 1970, grâce à l’intervention inopportune de la France, a coûté à ce pays près d’un million de morts. La communauté internationale avait condamné sans réserve cette duplicité. Puis survint en 1978 la grande crise du pétrole. Les économies de nombreux pays sont mises en difficulté. Il est de bon ton de fricoter à cette époque avec les émirs des Etats pétroliers du golfe.
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