François Mitterrand le Nivernais
330 pages
Français

François Mitterrand le Nivernais , livre ebook

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330 pages
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Description

C'est en 1946 que le Charentais François Mitterrand investit le Morvan, vieille terre de protestation, réfractaire au pouvoir central. Victime collatérale du tremblement de l'année 1968, rejeté, c'est dans son département qu'il reprend assise, se ressource, construit son projet. La Nièvre devient pour lui un champ d'expérimentation, de maturation où se construisent les orientations futures loin des conflits et des intérêts nationaux des organisations politiques.

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Publié par
Date de parution 01 mai 2011
Nombre de lectures 105
EAN13 9782296461680
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

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Extrait

FRANÇOISMITTERRANDLENIVERNAIS1946-1971 La conquête d’un fief
Jean BATTUTFRANÇOISMITTERRANDLENIVERNAIS1946-1971 La conquête d’un fief
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-54937-1 EAN : 9782296549371
Sommaire Avant-propos...............................................................................................7PREMIERE PARTIE : S’INCARNER DANS UN TERRITOIRE ..........11Chapitre 1 : La Nièvre, département au visage pluriel ..............................13Chapitre 2 : Une terre de Gauche ..............................................................23Chapitre 3 : François Mitterrand, le perturbateur......................................33Chapitre 4 : 1959, l’installation à Château-Chinon ...................................69Chapitre 5 : Nouvelle donne pour le syndicalisme enseignant nivernais ..87Chapitre 6 : SFIO et CIR s’observent sur fond d’unité socialiste ...........101Chapitre 7 : Vivre mai 1968 dans la Nièvre avec les instituteurs du SNI109DEUXIEME PARTIE : CONSTRUIRE L’UNITE SOCIALISTE ........123Chapitre 1 : Analyse générale de la situation nationale en 1969.............125Chapitre 2 : Une nouvelle militance bouscule le terrain nivernais..........131Chapitre 3 : Election présidentielle : l’unité socialiste contrariée ...........163Chapitre 4 : Avec Mitterrand, en dissidence ...........................................189Chapitre 5 : La légitimité du mouvement socialiste nivernais ................215Chapitre 6 : L’expérience du cercle d’études pour l’unité socialiste ......235Chapitre 7 : Epinay : un aboutissement, une rupture...............................251ANNEXES ..............................................................................................273BIOGRAPHIES ......................................................................................309BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................315TABLE DES ILLUSTRATIONS ...........................................................319INDEX ....................................................................................................321REMERCIEMENTS................................................................................327
Avant-propos La rédaction de ma thèse « Itinéraire militant d’un instituteur socialiste 1 nivernais » soutenue le 19 mai 2009 à l’Université de Paris 13 ouvre pour moi la possibilité de répondre par la rédaction de cet ouvrage à une demande du conseil général de la Nièvre qui souhaitait que soit reprise historiquement la présence de François Mitterrand dans la Nièvre depuis son arrivée en 1946. Face à cette responsabilité, j’ai dû éviter de tomber dans une relation romancée utilisée de nombreuses fois par les biographes attitrés de François Mitterrand. De 1946 à 1964, date de l’élection de François Mitterrand comme président du conseil général, j’exploite les documents d’archives départementales et surtout nationales rassemblés déjà, des publications diverses et des témoignages de personnes sur cette période intense de la conquête de son fief. Pour donner une cohérence à la rédaction, je choisis de m’appuyer sur l’action des instituteurs qui se trouvent être, par leur engagement massif à la SFIO dont ils animent les sections, ses principaux adversaires. À partir de 1958 jusqu’en 1965 l’opposition à de Gaulle, à la Constitution et son appui sur les communistes placent François Mitterrand dans une position dynamique dont le souffle a quelques difficultés à s’imposer sur le terrain nivernais. Elle se développe cependant favorablement grâce au soutien de beaucoup de ses amis rassemblés depuis longtemps autour de lui et celui des représentants locaux du PCF, instruits pour suivre cette ligne par leur direction nationale. Mon engagement à partir de 1963 à la tête de la section départementale du Syndicat national des instituteurs (SNI) recueille l’héritage de méfiance de mes prédécesseurs à l’égard de celui toujours considéré comme un intrus. Je suis amené à travailler avec le président du conseil général du département qu’il est devenu en 1964, face aux bouleversements entraînés dans le département par la suppression des écoles de campagne et le regroupement des élèves aux chefs-lieux de cantons. J’ai autour de moi une nouvelle génération d’instituteurs qui, touchée par la guerre d’Algérie, a pris ses distances avec Guy Mollet et la SFIO. Le SNI devient pour ces jeunes militants leur véritable parti socialiste. Ils s’interrogent quant à une collaboration suivie avec François Mitterrand et vont longtemps hésiter avant de lui apporter un appui. Les événements de 1968 dans la Nièvre sont le révélateur d’une nécessité d’engagement politique pour les militants syndicaux qui gravitent autour de moi. La Fédération de la gauche socialiste (FGDS), qui avait entrepris de mener la rénovation socialiste, vole en éclats et François Mitterrand, son président se
1  Jean BATTUT,Itinéraire militant d’un instituteur socialiste nivernais,de doctorat, thèse Université Paris 13, dir. Jacques Girault, professeur émérite, 2009
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trouve mis à l’écart par Guy Mollet et le parti socialiste SFIO. Il prend assises dans son département pour reprendre son souffle. La rencontre avec nous s’opère. De 1969 à 1971, nous répondons en tant que militants politiques de base au mouvement de reconstruction de l’unité socialiste que l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 1965 initie. Il s’agit pour lui de reprendre le rassemblement des éléments épars de la gauche non communiste pour construire un nouveau parti socialiste mis effectivement en place dans la Nièvre en juin 1969 et qu’il place sous notre responsabilité. Je traite dans la seconde partie de cet ouvrage de cette période peu connue, à partir essentiellement de mes Archives personnelles dont la légitimité d’exploitation m’a été donnée par une rencontre, le 17 février 1994, de celui qui est devenu président de la République. J’évoque celle-ci dans ce qui suit. Le 17 février 1994, François Mitterrand me reçoit à l’Elysée. Je lui avais confié le manuscrit du livre que nous étions en train d’écrire, Christian Join-Lambert, Edmond Vandermeersch et moi, sur les événements concernant la querelle à propos de l’enseignement privé qui avait 2 amené la démission d’Alain Savary en 1984 . Le président de la République, penché sur ses dossiers, lève les yeux vers moi, me tend la main la paume tournée vers le ciel comme il le faisait autrefois, d’une manière un peu distraite mais amicale : «Vous avez quel âge Battut ? ». Je lui dis : « Il y a 4 jours, j’ai eu 61 ans » ; avec un petit sourire entendu, il me répond : « Eh ! bien nous avons toujours 16 ans de différence », remarque accompagnée d’une espèce de joie comme s’il émettait une petite plaisanterie qui avait son poids, exorcisme par rapport à l’âge, en soulignant la distance qu’il y avait entre nous… et la proximité qui était la nôtre les années passant et les destins divergeant. C’était là une référence à l’action que nous avions menée ensemble dans la Nièvre pendant 20 ans, de 1960 à 1980, surtout dans une époque bien particulière de janvier 1969 au congrès d’Epinay des 11-12-13 juin 1971. Deux années et demie où nous avions entrepris de construire effectivement l’unité socialiste dans le département. Cette construction s’était manifestée par l’installation de structures originales : la fédération de la Nièvre du parti socialiste nouveau (PSN) puis du mouvement socialiste nivernais (MSN) entre adhérents de la Convention des institutions républicaines (CIR) et les nouveaux engagés que nous avions rassemblés avec ma petite équipe de militants. Il nous confiera la direction de ces structures après la rupture avec le parti socialiste SFIO du congrès d’Alfortville le 4 mai 1969. Il en sera ainsi jusqu’au congrès départemental de l’unité socialiste, réuni à Saint-Saulge, aux marches du Morvan, le 7 juin 1971, pour préparer le congrès d’Epinay. Deux années et demie de travail en commun… de militantisme pourrait-on dire, deux ans et
2  Jean Battut, Christian Join-Lambert, Edmond Vandermeersch,1984 La guerre scolaire a bien eu lieu,éd. Desclée de Brouwer, 1995.
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demi qui, je l’ai constaté, n’ont jamais été remarqués par les nombreux biographes de Mitterrand. C’est pour cela que je considère la question que j’allais lui poser au cours de l’audience du 17 février 1994 comme essentielle. La voici : « J’ai rassemblé un certain nombre de documents sur cette période. Que dois-je en faire ? » Réponse de François Mitterrand : « Il faut préserver tout cela »… De fil en aiguille et chemin faisant la réflexion s’est développée sur la destination qu’on pourrait donner à cet ensemble. J’ai été orienté d’abord sur les Archives de l’Elysée. Puis très vite cette idée a été abandonnée et François Mitterrand a voulu que ce soit les Archives départementales de la Nièvre qui reçoivent ces documents. Ce sont ceux-là mêmes que j’ai décidé de faire vivre 3 dans la deuxième partie de cet ouvrage . 4 Puisse cet ouvrage contribuer à justifier ce qu’écrivait Raymond Barrillon : « L’histoire admettra, si elle n’est pas trop injuste, que de l’année 1965 au septembre 1971 François Mitterrand aura, avec des fortunes diverses selon les moments, voué toute son énergie, toute sa foi et tout l’acharnement qu’il peut y avoir en un homme à la réalisation d’un grand dessein : l’unité de la gauche considérée dans son ensemble et le regroupement des diverses tendances. »
3 Archives départementales de la Nièvre, Fonds Jean Battut, militant socialiste 74 J (A. D. 74 J). Toutes les notes à venir se référant à ce fonds, apparaissent dès lors sous la forme A. D. 74 J.4 Raymond Barrillon,Le Monde,15 juin 1971.
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