Gouverner l urgence politique camerounaise
242 pages
Français

Gouverner l'urgence politique camerounaise , livre ebook

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242 pages
Français

Description

Le Cameroun est en panne. L'État est en crise depuis l'indépendance, du fait du sous-développement institutionnel et de l'absence de politiques publiques inclusives. Le Cameroun est à la croisée des chemins, étant confronté à un redoutable enjeu de légitimation. Ce livre ambitionne de dégager des principes à même d'inspirer l'action et d'amener une modernisation des politiques publiques, en renforçant les moyens permettant de gouverner l'urgence politique camerounaise.

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Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2019
Nombre de lectures 17
EAN13 9782140123252
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Stéphane B. Enguéléguélé
GOUVERNER L’URGENCE POLITIQUE CAMEROUNAISE
POINTS DE VUE
GOUVERNER L’URGENCE POLITIQUE CAMEROUNAISE
Points de vue Collection dirigée par Denis Pryen Dernières parutions SAULET SURUNGBA Clotaire,: laRépublique centrafricaine parenthèse Séléka. Chroniques d’une coalition d’obédience musulmane au pouvoir, 2019. TOMPTE-TOM Enoch,Comprendre la violence en République centrafricaine, 2019. SHANDA TONME,Femme, maternité et préjudices sociétaux. Anthropologie des souffrances féminines. Segments d’auto-biographie, 2018. Clotaire SAULET SURUNGBA,La centrafricanité, antidote à la crise, 2018. Jean Clair MATONDO,Congo. Toujours les mêmes, 2018. SHANDA TONME, SINDJOUN POKAM, Thomas TCHATCHOUA & Anselme NZOKO,L’Université des Montagnes poursuit son chemin, 2018. SHANDA TONME,L’obsession du complot bamiléké. Ma rencontre avec Jean Fochivé. Mémoire des années de braise au Cameroun. Fragments d’autobiographie politique,2018. Salah EL GHARBI,La « Cause palestinienne », cette malédiction arabe, 2018. Venant Fali NGALIKPIMA,Cinquante-six ans après, que reste-t-il de Patrice Emery Lumumba ?, 2017. Flory E. KABONGO KAPENDA, L’échec du paradigme de l’État moderne en RDC Le projet d’un pacte social, 2017. Augustin RAMAZANI BISHWENDE,La démocratie doit s’inventer en Afrique, 2017. Augustin RAMAZANI BISHWENDE,Le Kivu balkanisé, Miroir d’une mondialisation mafieuse, 2017. Paulin HOUNSOUNON-TOLIN,Droits de l’homme et droits de la femme,Regard historique, philosophique et politiqueou évidence d’une secondarité, Nouvelle édition,2017. Alphonse NDJATE OMANYONDO N’KOY,L’audace congolaise. Perspectives à partir de l’élection de 2006 en RDC, 2017.
Stéphane B. Enguéléguélé
GOUVERNER LURGENCE POLITIQUE CAMEROUNAISE
Du même auteur Les politiques pénales 1945-1995, L’Harmattan, coll. « Logiques politiques », 1998. La justice « en jeu », L’Harmattan, coll. « Droit Justice », 2001. Justice politiques pénales et tolérance zéro, L’Harmattan, coll. « Questions contemporaines » 2010. États, corruption et blanchiment. Une comparaison Sénégal/Cameroun, L’Harmattan, coll. « Études africaines », 2015.
© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17660-4 EAN : 9782343176604
Une fois dans sa vie, juste une fois, on devrait avoir suffisamment la foi en quelque chose pour tout risquer pour ce quelque chose. André Brink, 1935-2015 « Nous invitons M. André-Marie Mbida et ses collaborateurs à comprendre que le «tribalisme » n’est pas valable en politique et que l’intérêt du Kamerun n’est pas dans la politique de corruption et des oppositions africaines. Nous leur demandons de placer l’intérêt du Kamerun au-dessus des luttes d’influence et des problèmes de personnes. » Ruben UM NYOBE, 27 août 1957
SEPT ANS POUR QUOI FAIRE ? Yaoundé le 16 octobre 2018. L’attention des Camerounais est toute portée sur le Conseil constitutionnel amené à purger les contentieux constitutionnels installés à la suite de l’élection présidentielle qui s’était déroulée neuf jours plus tôt. L’institution dont la mise en place est toute récente siège au palais des congrès de Yaoundé, sur l’une des sept collines qui entourent la cité capitale. On sent bien que le contexte est instable. Il y a bien sûr l’exacerbation d’une diatribe tribaliste et haineuse qui n’a cessé de monter sur les réseaux sociaux, rajoutant de la violence dans un climat social considérablement tendu. Il y a aussi la mort qui rôde dans les zones anglophones : c’est le drame de milliers de Camerounais réfugiés et déplacés, et celui des soldats qui tombent, victimes d’embuscades et de raids, dans une guerre qui s’est maintenant durablement installée. Il y a évidemment les tensions qui ont jalonné la campagne électorale, et qui culminent le lendemain du scrutin. Le 8 octobre, Maurice Kamto, sans se déclarer vainqueur de l’élection, annonçait que la collation des résultats par ses équipes conduisait à le positionner en tête des suffrages : le « pénalty était tiré et le but marqué.» Le candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) invitait le président sortant à organiser de manière pacifique la transition politique voulue par les Camerounais. Cette prise de position ouvrait, sans contestation possible, une crise politique au cœur même d’un contexte volatil, puisque dans l’attente des résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel, le pouvoir, bien que légalement exercé par le président sortant ne pouvait être regardé comme étant légitimement dévolu. La déclaration du président du MRC était suivie assez rapidement par celles d’autres candidats
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revendiquant à leur tour la victoire, et celles relativement brutales des soutiens du président sortant, dénonçant un pronunciamiento contraire à la légalité constitutionnelle. Ces derniers, depuis quelques jours, se livraient à des actions tendant à accréditer la parfaite transparence du processus électoral qui avait eu lieu. On a vu des observateurs supposés appartenir à l’organisation Transparency International, saluer la qualité de ce processus, jusqu’à ce que l’organisation vienne formellement démentir tout lien avec les activités de ces observateurs supposés, lesquels apparaissaient en définitive comme des usurpateurs. Les porte-parole du parti majoritaire vont, dans ce contexte, multiplier les initiatives pour tenter de neutraliser la stratégie déployée par Maurice Kamto : brandissant l’arme pénale, exhibant la force de la loi et mobilisant massivement les forces de l’ordre pour contrecarrer toute mobilisation qui viendrait amplifier la crise ainsi ouverte, il s’agissait aussi de réintroduire une forme de routine dans le fonctionnement politique. Il fallait recentrer le processus sur le traitement judiciaire de la dispute électorale. L’attention dont l’audience constitutionnelle est l’objet de la part des Camerounais est donc liée à la juxtaposition dans ce moment de plusieurs saillances. Elle démontre surtout que le Cameroun, qui avait amorcé un processus de démocratisation dans les années 90, se trouve au milieu du gué. 1 La troisième vague de démocratisation a vu l’apparition rapide de nouveaux États épousant les principes de la 1 S.-P. Huntigton,Troisième vague : Les démocratisations du XXème siècle, Nouveaux horizons 1996. S.-P. Huntington,Polical Order in Changing Societies, Yale University Press 2006, The Henry L. Stimson Lectures. Et sur le développementpris comme idéologie : M. Kesselman, « Order or Movement?: The Literature of Political Develop»,ment as Ideology World Politics,26(1), 139-154. doi:10.2307/2009921.
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démocratie libérale, mais plus encore, la généralisation de par le monde de processus électoraux, et des tentatives d’alternances démocratiques au sein d’États jusqu’alors autoritaires. L’évolution de la politique camerounaise à partir de 1990 correspond à ce processus qui a été vécu comme annonciateur de nouveaux espoirs pour les libertés politiques. Dans l’essentiel de ces nouvelles démocraties, « les élections sont en fait devenues une question de vie ou de mort. Si cette lutte à vie ou à mort n’est pas en elle-même une question de règle de conduite, les contestants sont en 2 général conduits aux extrêmes ».La plupart du temps, les processus électoraux mis en place n’ont cependant pas réussi à assurer tout à la fois la légitimité, à imposer le principe de responsabilité politique, et asseoir l’obligation de rendre compte. Les processus démocratiques amorcés n’ont pas permis de conjurer les risques d’escalades violentes dans les disputes politiques. Pour Paul Collier, cette situation tient à ce que la politique dans ces pays a attiré des acteurs au profil parfois douteux, sans que les informations sur les crimes commis par ces challengers puissent être portées à la connaissance des électeurs, notamment en raison de l’absence de liberté de la presse. Cela tient aussi au fait que seuls des acteurs ayant ces profils sulfureux ont intérêt à développer la corruption particulièrement critique pour ces 3 pays . En outre, les positions de pouvoir procurent à ces entrepreneurs politiques une certaine forme d’immunité d’où la lutte acharnée à laquelle ils se livrent pour parvenir au pouvoir. La multiplication des atteintes aux droits de l’homme, la commission de crimes internationaux dans les
2 P. Collier, Wars,Guns and Votes. Democracy in dangerous places, New York London Toronto Sydney New Dehli Aucland, Harper Perennial 2009, 18. 3 P. Collier,Wars,Guns and Votes. Democracy in Dangerous Places, New York London Toronto Sydney New Dehli Aucland, Harper Perennial 2009, p. 27.
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