Jean Jaurès : un combat pour la laïcité, la République, la justice sociale et la paix

Arno Munster

Description

L'émergence de Jean Jaurès (1859-1914) à l'horizon politique français et européen de la fin du XIXe et au début du XXe siècle était incontestablement celle d'une figure emblématique dont le charisme faisait de lui la véritable incarnation d'un mouvement socialiste en plein essor et d'un combat inlassable pour la République, l'école laïque et obligatoire, la séparation des Églises et de l'État, la justice sociale et la paix. Le présent ouvrage reconstruit l'itinéraire philosophique et politique du grand homme, philosophe, journaliste, député et "tribun du peuple", dans toutes ses étapes.

Sujets

• Science politique
• Biographie
• Histoire
• Lettres et linguistique

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 juillet 2015
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782336385914
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines
Questions contemporaines
Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Dernières parutions

Alain DULOT, Impasse de l’école. Réflexions sur une institution en panne , 2015.
Cyril BOISNIER, Les sociétés foncières entre finance et ville durable , 2015.
Michel MANAVELLA, L’individu : raison d’être de l’humanité, Pour un anarchisme humaniste, 2015.
Steve GADET, Dieu et la race aux Etats-Unis : Le pouvoir politique de l’Eglise Noire , 2015.
Louise FINES, Le jeu de la collusion, Entre sphères légales et réseaux illégaux , 2015.
Jean PETIT, La bataille de Notre-Dame-des-Landes, éléments de langage , 2015.
Thierry CHARLES, Les nouvelles perspectives de la souveraineté , 2015.
Jean-Christophe TORRES, L’école et les valeurs, Variations sur la difficulté éducative, 2015.
Emilija PUNDZIŪTĖ, Diplomatie de l’arrogance. Le cas de la Russie dans les pays baltes , 2015.
Nicole PERUISSET-FACHE, La bourse ou la vie. Réflexions sur les valeurs contemporaines , 2015.
Jean-Marc DA SILVA, Libéralisme et totalitarisme, 2015.
Alain MESSAGER, Le sabre et la poussière, Essais sur le postmodernisme et la guerre, 2015.
Copyright




















© L'H ARMATTAN , 2015 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
EAN Epub : 978-2-336-73602-0
Dédicace


A Vincent Peillon, en hommage amical. Mes remerciements à Camille Mes remerciements à David Nakache et Xavier Garcia
PRÉFACE
Au mausolée hébergeant les grandes figures du socialisme du XIX e -XX e siècle, Jean Jaurès occupe effectivement une place privilégiée. Si beaucoup de places publiques, des rues, des boulevards et même une station de métro parisienne portent son nom, en France, c’est, incontestablement, parce qu’à cause de l’exemplarité de sa vie, de son engagement, de son courage, il est devenu, depuis sa panthéonisation, en novembre 1924, une icône majeure de la vie politique française et européenne et une figure d’identification du socialisme qui ne cesse d’inciter historiens, hommes politiques et biographes à lui rendre hommage. (La liste des biographies, mémoires et essais consacrés à Jaurès, depuis 1914, commençant avec les hommages de Charles Rappoport et de Victor Basch, et se terminant, pour l’instant avec la grande biographie de Gilles Candar et de Vincent Duclert, publiée chez Fayard, au début de cette année, est si longue qu’elle ne peut être reproduite ici intégralement). Il ne relève donc pas du tout du hasard que la refondation du Parti socialiste, par François Mitterrand, au Congrès d’Epinay, en 1971, avait été placée sous le signe et le portrait de grand rassembleur de la gauche et de toutes les forces du progrès.
Conciliant raison et passion, rêve et sens pragmatique pour les réalités, ce grand visionnaire, ce grand orateur et fondateur de la SFIO (en 1905) dont les Œuvres complètes
(dans l’édition scientifique, commencée, dès l’an 2000, par les soins de Madeleine Rébérioux, comportent pour l’instant sept volumes) unit en effet, dans sa personne, d’une manière exceptionnelle, socialisme, patriotisme et internationalisme ; il représente, comme le soulignait à juste titre Pierre Mauroy, le fondateur de la « Fondation Jaurès », « une pensée toujours en éveil, d’un avenir s’enracinant dans le passé, d’une solidarité qui, dépassant le cadre des frontières nationales, s’étend aux peuples du monde entier. Le défi était grand, à la hauteur du personnage ».
En tant que tel, Jaurès s’impose, aujourd’hui, au moment des commémorations du centième anniversaire du début de la Première Guerre mondiale, coïncidant à 72 heures près, avec le centième anniversaire de son assassinat, non seulement comme un homme politique éminent et courageux qui a lutté jusqu’au dernier moment de sa vie pour le maintien de la paix, en défiant toutes les logiques et combines guerrières des chancelleries et des architectes politiques d’alliances militaires très risquées (qui ont finalement précipité l’Europe tout entière dans la catastrophe de la guerre des tranchées qui a fait 10 millions de morts !), mais aussi comme principal fondateur du socialisme démocratique qui, dans son dialogue critique avec Marx, Jules Guesde, les anarcho-syndicalistes et les bolcheviques, avait aperçu assez tôt les grands dangers que comportait, pour le mouvement socialiste, marxiste et ouvrier, entre autres, la théorie marxiste de la « dictature du prolétariat » et toute autre stratégie insurrectionnelle (blanquiste, léniniste) qui, à ses yeux – et ces précisions pessimistes ont été confirmées par l’histoire sociale et politique du XX e siècle (qui en un sens avait été le grand « laboratoire » des utopies socialistes et marxistes d’émancipation du XIX e siècle) – risquaient de dégénérer (comme cela s’est produit, en Union Soviétique, sous Lénine et Staline) dans une sorte de dictature (de longue durée) des apparatchiks.
C’est à cet homme, républicain, patriote, internationaliste, journaliste, orateur, à ce philosophe

« normalien » fortement influencé par la pensée allemande (Luther, Kant, Fichte, Hegel, Lassalle) 1 , à ce fondateur du socialisme démocratique, fondé sur le « réformisme révolutionnaire » (qui a pu inspirer d’autres théoriciens du socialisme, par exemple André Gorz 2 ), que nous consacrons cet essai, dans la ferme conviction et dans l’espoir que les célébrations du 100 e anniversaire de sa mort permettront peut-être au socialisme (soumis en ce moment même à si rude épreuve) et à tous ceux qui s’identifient toujours et malgré tout avec ce combat noble pour la justice, l’égalité, la paix, la solidarité et la fraternité, de reprendre un peu de souffle, de dépasser enfin les divisions qui gênent et de persévérer, en méditant les enseignements politiques de Jaurès et de son combat, dans la voie de la construction d’une société plus juste, plus solidaire et plus égalitaire…

Arno Münster Nice, le 6 juillet 2014
1 Cf. Jean Jaurès, Les Origines du socialisme allemand , [Thèse com- plémentaire, Sorbonne, 1892], préface de Lucien Goldmann, Paris, Maspero, 1960.
2 Cf. André Gorz, Réforme et Révolution, Le Seuil, Paris, 1969.
I. LA VIE D’UN COMBAT POUR LE SOCIALISME COMME MORALE 3
Si ces derniers temps on a souvent pu entendre des critiques amères déplorant, entre autres, le manque de visions de certains qui, bien qu’intentionnés et toujours affirmant leur adhésion aux principes du « progrès » et de « justice », exercent le pouvoir en tant que gestionnaires « pragmatiques » d’une situation économique et sociale à tous égards très difficile qui les incite apparemment à faire des choix et à prendre des décisions parfois difficiles et même injustes et impopulaires, ce reproche ne peut absolument pas être fait à un Jean Jaurès qui, précisément, est entré dans le panthéon de l’humanité et du socialisme comme combattant infatigable et courageux pour la bonne cause et comme visionnaire d’un avenir meilleur de l’humanité auquel il a consacré et – finalement – sacrifié toute sa vie.
C’est sur un seul point précis que tous les biographes et chercheurs qui se sont intéressés au « phénomène » Jaurès concordent : c’est que « le socialisme de Jaurès est un hommage à la démocratie européenne, par son engagement pour la République, sa conception de la nation dans l’internationalisme et sa volonté d’émancipation généralisée de tous les êtres, sans réprouvés ni discriminations 4 ». C’est en ces termes que Gilles Candar et Vincent Duclert, les auteurs de la grande biographie de Jaurès que les éditions Fayard viennent de publie