L avenir de la laïcité au Québec
294 pages
Français

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L'avenir de la laïcité au Québec , livre ebook

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Description

La présence de symboles religieux dans l'espace public suscite la controverse depuis une vingtaine d'années en Europe. Le débat s'est transporté au Québec il y a dix ans environ. Au coeur de la polémique, le hijab ou le voile suscitent les passions qui occasionnent de vives tensions sociales. Pour certains, il permet d'extérioriser sa foi personnelle, pour d'autres, il symbolise l'oppression des femmes, associé alors le plus souvent à l'intégrisme et à la montée d'un islam plus radical qui combat les valeurs démocratiques occidentales. La laïcité est-elle la solution à ces problèmes ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2015
Nombre de lectures 56
EAN13 9782336385532
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright




















© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73564-1
Titre
Pierre Hurteau











L’AVENIR DE LA LAÏCITÉ AU QUÉBEC PLURALISME RELIGIEUX ET ESPACE PUBLIC
ABRÉVIATIONS
AQ
Arrêts du Québec
CA
Cour d’appel
CDPDJ
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
CE
Conseil d’État
CEDH
Cour européenne des droits de l’homme ; Convention…
CFA
Recueils des arrêts de la Cour fédérale du Canada (appel)
CFPI
Cour fédérale du Canada (première instance)
CLSC
Centre local de services communautaitres
CS
Cour supérieure
CSC
Cour suprême du Canada
DLR
Dominion Law Reports
DORS
Décrets, ordonnances et règlements statuaires – Gazette du Canada
JCP
Juris Classeur Périodique
JORF
Journal officiel de la République française
LRC
Lois refondues du Canada
LRQ
Lois refondues du Québec
PL
Patrologia Latina
QCTDP
Tribunal des droits de la personne – Québec
RCS
Recueils des arrêts de la Cour suprême du Canada
RJQ
Recueils de jurisprudence du Québec
RRQ
Règlements refondus du Québec
SSR
Série des Traités du Conseil de l’Europe
Trib.gr.inst.
Tribunal de grande instance
INTRODUCTION
La place que devrait occuper la religion dans l’espace public du Québec, après plusieurs années de discussion sur les accommodements raisonnables – avant, pendant et après la Commission Bouchard-Taylor 1 – demeure une question de plus en plus irrésolue. Le projet de loi 94 intitulé Loi établissant les balises encadrant les demandes d’accommodement dans l’administration gouvernementale et dans certains établissements , initié par le gouvernement Charest en 2010, puis le projet de loi 60 présenté par le gouvernement Marois en 2013, Charte affirmant les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrant les demandes d’accommodement , n’ont jamais franchi toutes les étapes nécessaires à leur adoption.
Ces dernières années, les massacres génocidaires au nord de l’Irak et les violences particulièrement atroces comme les décapitations d’otages étrangers par les jihadistes de l’État islamique (EI), de même que l’apparition du jihad au Sahel – Niger et Mali, mais surtout Boko Haram au Nigéria – alimentent dans le monde occidental un sentiment de crainte envers une possible radicalisation des factions intégristes au sein de l’islam.
Plusieurs événements ont révélé très clairement la guerre globale que l’islam radical veut livrer contre les démocraties occidentales sur leur propre terrain. Pensons ici aux attentats de Boston par les frères Tsarnaev en 2013, à la fusillade par Michael Zehaf-Bibeau au Parlement canadien en octobre 2014, précédée de l’attentat de Martin Rouleau à St-Jean-sur-Richelieu quelques jours auparavant, aux attentats de Paris en janvier 2015 contre Charlie Hebdo par les frères Kouachi et aux fusillades de Copenhague le mois suivant. Il faut reconnaitre que l’Europe et l’Amérique sont devant une menace terroriste réelle et non simplement appréhendée. Ces pays se mettent donc à la recherche de mesures de sécurité capables de mettre en échec sur leur territoire les desseins assassins de ces commandos jihadistes, souvent des jeunes convertis à l’islam et recrutés sur les réseaux sociaux par des groupuscules associés aux idéologies extrémistes d’al-Qaïda, des talibans ou de l’EI.
Un climat de peur ne sert pas toujours l’objectivité et conduit parfois à des rapprochements incorrects ou injustes. On confond alors laïcité, lutte à l’intégrisme et mesures de protection contre l’extrémisme violent. Il faut savoir distinguer entre ces aspects pour bien analyser une situation et apporter le remède approprié. En janvier 2015, le cafouillage autour de la demande de permis de l’imam Hamza Chaoui pour ouvrir un centre communautaire à Montréal démontre bien l’absence de clarté des concepts utilisés pour analyser une situation 2 . La lutte antiterroriste va-t-elle jusqu’à interdire les prêches d’un imam qui ne croit pas en la démocratie, l’égalité des sexes, et taxe les homosexuels de pervers ? Jusqu’où vont la liberté de religion et la liberté d’expression ? En l’absence de motifs fondés sur la sécurité et l’ordre public, les idées intégristes peuvent-elles de soi justifier le refus de construire une mosquée ou un centre communautaire ? L’espace public ne doit-il pas être un espace ouvert où la critique de toutes les idéologies est rendue possible ?
Retournons un moment aux origines de ce que plusieurs ont appelé « la crise des accommodements raisonnables ». Mario Dumont, le chef de l’action démocratique du Québec (ADQ), sonne l’alarme à l’automne 2006, notamment par la parution d’articles dans le Journal de Montréal. Il met en question la générosité des Québécois qui cèdent devant les minorités religieuses, mettant en péril notre identité nationale et nos valeurs communes.
La stratégie dumontiste appelle au réveil de la majorité conçue comme victime : « On ne peut pas défendre notre identité avec un genou à terre 3 . » Au-delà de ses motivations ou calculs politiques, la réaction de Dumont faisait sans doute écho à un certain ras-le-bol de la population devant la médiatisation anecdotique de certains comportements d’exception liés à des pratiques religieuses alléguées.
Rappelons ici quelques événements qui ont contribué à créer un climat de crise à partir du printemps 2006. La décision de la Cour suprême du Canada en mars 2006 qui accorde au jeune sikh de Montréal, Gurbaj Singh Multani, le droit de porter le kirpan à l’école 4 . Aux yeux de la Commission Bouchard-Taylor, là se situe le point de départ d’une « période d’ébullition », caractérisée par la multiplication d’opinions médiatiques sur des événements révélant au plein jour des comportements au sein de certaines minorités religieuses qui sont perçus comme des privilèges abusifs, portant atteinte aux valeurs de la majorité 5 .
Quelques exemples suffiront ici pour étayer notre propos. L’affaire des vitres givrées du YMCA de l’arrondissement municipal du Parc a fait couler beaucoup d’encre. Le YMCA avait consenti, de gré à gré, à givrer les vitres de ses salles d’entrainement à la demande de la communauté hassidim Yetev Lev dont la synagogue jouxtait les salles d’entrainement. Le geste avait pour but d’empêcher le regard des jeunes adolescents y étudiant la Torah de pouvoir se porter sur des femmes en tenue sportive 6 .
Plusieurs autres controverses concernent des interdits alimentaires. Dans certaines situations les interdictions ont conduit à l’application généralisée de l’interdit par exemple le bannissement du porc dans certaines garderies ou encore l’application de règles alimentaires cacher pendant le Pessah (Pâque juive) au Centre de réhabilitation juif de Laval, ou encore l’interdiction faite aux employés de l’Hôpital juif Sir Mortimer Davis de consommer de la nourriture préparée à l’extérieur des cafétérias de l’hôpital afin de préserver l’observance de la cacherout, et ainsi éliminer tout contact avec des aliments considérés impurs ou qui ne peuvent être mélangés 7 .
D’autres événements concernent des demandes individuelles pour que l’interdit alimentaire puisse être observé, telle la demande d’un père musulman de fournir une nourriture sans viande à ses deux fils en Centre de la petite enfance (CPE) afin de s’assurer qu’ils ne consomment pas de porc 8 , ou encore l’installation à l’hôpital Ste-Justine d’un réfrigérateur pour permettre à la clientèle hassidique d’y garder des aliments cacher . D’autres événements ont heurté la conscience populaire parce qu’elle y a vu une forme de ségrégation sexuelle allant carrément à lR

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