L Europe à contre-pied : idéologie populiste et extrémisme de droite en Europe centrale et orientale
376 pages
Français

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L'Europe à contre-pied : idéologie populiste et extrémisme de droite en Europe centrale et orientale , livre ebook

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Français

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Description

Plusieurs dimensions du populisme est-européen le rendent intéressant. La période de tolérance après 1989 lui a permis à la fois de puiser aux références ultranationalistes historiques et de postuler au pouvoir politique. De nombreux pays d'Europe centrale gardent et diffusent une expérience récente de la conflictualité, et connaissent des tensions avec les minorités ethno-religieuses, notamment les Roms. Enfin les exigences de l'intégration euro-atlantique ont imposé un gel de façade de ces tensions, qui ont éclaté après l'adhésion de ces Etats à une Europe presque sans frontières.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2015
Nombre de lectures 78
EAN13 9782336383590
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Cahiers
d’Études
Hongroises
et Finlandaises












L’Europe à contre-pied :
idéologie populiste et extrémisme de droite
en Europe centrale et orientale









L’Harmattan
Copyright

























© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73370-8
Cahiers d’Études Hongroises et Finlandaises
20/2014

Revue publiée par le Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Finlandaises
de l’Université de la Sorbonne Nouvelle-Paris3

Sous la direction de
TRAIAN SANDU

RÉDACTEUR EN CHEF
Judit Maar



COMITÉ SCIENTIFIQUE
Andras Blaho, Catherine Durandin, Marie-Madeleine Fragonard, Francesco Guida, Jukka Havu, Jyrki Kalliokoski, Victor Karady, Ilona Kassai, Ferenc Kiefer, Antoine Marès, Stéphane Michaud

COMITÉ DE LECTURE
Ivan Bajomi, Marie-Claude Esposito, Peter Balogh, Eva Havu, Mervi Helkkula, Alain Laquièze, Judit Maar, Marc-Antoine Mahieu, Jyrki Nummi, Patrick Renaud, Traian Sandu, Harri Veivo



SECRÉTARIAT

Centre Interuniversitaire d’Études Hongroises et Finlandaises
1, rue Censier
75005 Paris
Tél. : 01 45 87 41 83
Fax : 01 45 87 48 83
Traian SANDU Paris 3 – Sorbonne Nouvelle
INTRODUCTION : FASCISME, POPULISME : QUI EMPRUNTE À QUI EN EUROPE MÉDIANE ?
La récente victoire du parti de la gauche radicale Syriza en Grèce s’est accompagnée d’une alliance avec le parti des Grecs indépendants, souverainiste et eurosceptique – et a été accueillie avec satisfaction par Marine Le Pen. Ce choix peut s’interpréter de manière contradictoire pour la définition du populisme. Soit, de façon traditionnelle, il serait toujours un simple style et une coquille vide accueillant n’importe quelle idéologie sous une forme d’appel direct et mobilisateur au peuple, ce que prouverait la ductilité d’alliances sans grande importance quant au mélange des idées. Soit, dans une vision renouvelée face à la radicalisation du débat politique, l’ethno-nationalisme serait la seule véritable solution de succès donc, en réalité, de fond idéologique du choix populiste.
Ainsi, deux des meilleurs spécialistes français du populisme concluaient il y a peu, au vu de ses dernières mutations, dans ce sens du nationalisme radical teinté de racisme – pour Dominique Reynié 1 –, et même d’une utopie rédemptrice de la nation transformée en véritable religion politique – pour Pierre-André Taguieff. 2 Non seulement ils ne se référaient plus uniquement à la définition du populisme comme simple réceptacle de toute idéologie se réclamant du peuple seul légitime politiquement contre les élites, mais ils lui assignaient un corpus d’idées, de sentiments et une fonction exigeants.
Cette définition du populisme comme ultranationalisme rédempteur relevant de la religion politique ressemble d’abord à un prêté pour un rendu des études fascistes aux études sur le populisme. 3 En effet, deux des définitions les plus connues et discutées des approches modernes du fascisme sont celles d’« une forme palingénésique [renaissante] d’ultranationalisme populiste » de Roger Griffin 4 et d’une religion politique d’Emilio Gentile. 5
Pourtant, les mêmes spécialistes du populisme constatent l’évolution doctrinale des partis populistes occidentaux, désormais acquis apparemment à la défense des valeurs libérales issues de la révolution française et attribuées au monde occidental, radicalement opposées à la tradition d’un Islam supposé les ignorer. Cette distinction nette entre les deux civilisations n’est pas censée comporter de projet expansionniste violent, ni d’éliminationisme brutal, ni même de hiérarchisation essentialiste ethno-raciale, comme à l’époque du fascisme historique, mais seulement une différenciation civilisationnelle. Celle-ci est issue paradoxalement des mouvements égalitaristes des années soixante – qui affirment le droit à l’égal développement des cultures dans leur ancrage territorial –, récupérés par la Nouvelle Droite d’Alain de Benoist une décennie plus tard sous la forme du droit de l’occident chrétien à l’exclusivité sur « son » territoire. 6 Il s’agit-là d’une intégration de l’ethno-populisme au sein d’une théorie plus ancienne de la tendance « normale », primordiale et fondamentale à l’exclusion de l’étranger exercée par tout groupe constitué. 7 Or cet exclusivisme territorial et de valeurs est difficile à revendiquer dans un monde aussi mobile – hommes et idées – depuis de longues décennies, et alors que ces mêmes formations n’ont pas toujours défendu les valeurs dont elles s’attribuent maintenant la défense – notamment en matière de libéralisme des mœurs ou de défense du pluralisme politique. Cette nouvelle respectabilité du populisme occidental est donc considérée soit comme un nouvel habillage du racisme ethnique et sociologique contre des immigrés au statut déprimé 8 , soit comme une récupération de thèmes nationaux qui autoriserait l’intégration éventuelle des formations populistes au jeu politique gouvernemental. 9
L’ultranationalisme est-européen aurait ainsi pris le chemin inverse du populisme occidental, ce qui fait converger leurs positions dans les paysages politiques respectifs. Il bénéficiait d’une relative impunité dans le vide juridique et l’incurie politique envers l’extrémisme de droite après 1989, là où son homologue occidental était ostracisé et poursuivi ; il a convergé vers davantage d’encadrement législatif et a connu un certain rejet partisan sous le poids de l’européanisation et de la pression américaine 10 , alors que son alter ego de l’ouest bénéficiait d’une réception de plus en plus amène. Il a puisé plus directement aux sources du fascisme historique après sa réhabilitation postcommuniste, en passant par la récupération discrète et filtrée du national-communisme, alors que l’épuration du fascisme à l’ouest obligeait ses héritiers de se replier sur des attitudes de détachement face au monde moderne (« apolitéisme » de Julius Evola ou pessimisme radical d’Émile Cioran) ou différentialistes (Alain de Benoist).
Plusieurs dimensions de l’extrême-droite est-européenne la rendent alors intéressante à une définition plus générique du populisme par l’idéologie. D’abord, malgré la répression accrue depuis peu, elle serait davantage en position pour se réclamer à la fois de références ultranationalistes historiques et d’un succès politique des mouvements de masse qui les adoptent : l’articulation du radicalisme des idées nationalistes et d’un large appel au peuple en vue de massifier l’organisation assure l’appropriation de ces idées par la société. En outre, de nombreux pays d’Europe centrale et orientale gardent une expérience récente de la conflictualité, à commencer par les guerres nationalistes de Yougoslavie et les sentiments divers qu’elles ont pu faire naître, y compris dans les pays environnants ; le même espace ajoute des tensions avec les minorités nationales, et surtout la minorité transnationale qui tend à détrôner le bouc-émissaire traditionnel juif, les Roms – problème également exporté vers l’ouest, pour le plus grand bénéfice des populismes occidentaux.
Enfin, de façon pénétrante, deux chercheurs ont montré les voies détournées prises par les nationalismes centre-européens face à l’européanisation et à l’aplanissement forcé des conflits imposés par les intégrations euro-atlantiques, notamment en Pologne et en Hongrie. 11 Ainsi, dans bien des pays centre-européens, l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN est apparue dans un premier temps comme une obligation intangible et a fait l’objet d’un consensus forcé droite/ gauche. Cette convergence aurait, selon les auteurs, déplacé le débat politique vers la question nationale, que certains partis

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