L influence des guerres de libération sur la révolution des oeillets
245 pages
Français

L'influence des guerres de libération sur la révolution des oeillets , livre ebook

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245 pages
Français

Description

Ce livre aborde les questions relatives aux guerres d'indépendance qui s'étaient déroulées dans les colonies portugaises d'Afrique en 1960. En y faisant aussi la genèse de la révolution portugaise de 1974, l'auteur veut surtout montrer les liens étroits entre cet événement et les luttes de libération en Afrique. Le Portugal refusait de se plier aux décisions de l'ONU. Par conséquent, les mouvements de libération comme le PAIGC, le FRELIMO, le MPLA et l'UNITA ne disposaient que de la lutte armée.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296491342
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’INFLUENCE DES GUERRES
DE LIBÉRATION
SUR LA RÉVOLUTION DES ŒILLETS
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96535-5 EAN : 9782296965355
Abou Haydara
L’INFLUENCE DES GUERRES DE LIBÉRATION SUR LA RÉVOLUTION DES ŒILLETS
Préface de Pedro Pires
L’Harmattan
Racines du Présent Collection dirigée par François Manga-Akoa
En cette période où le phénomène de la mondialisation conjugué au développement exponentiel des nouvelles technologies de l’information et de la communication contracte l’espace et le temps, les peuples, jadis éloignés, se côtoient, communiquent et collaborent aujourd’hui plus que jamais. Le désir de se connaître et de communiquer les pousse à la découverte mutuelle, à la quête et à l’interrogation de leurs mémoires, histoires et cultures respectives. Les générations, en se succédant, veulent s’enraciner pour mieux s’ouvrir dans une posture proleptique faite de dialogues féconds et exigeants. La collection»« Racines du Présent propose des études et des monographies relatives à l’histoire, à la culture et à l’anthropologie des différents peuples d’hier et d’aujourd’hui pour contribuer à l’éveil d’une conscience mondiale réellement en contexte.
Dernières parutions
Yves-Marcel IBALA,Chroniques du Congo au cœur de l’Afrique.Suivi de La saga de Tsi-bakaala : Le sabre du destin,2012. MANDA TCHEBWA Antoine,Musiques et danses de Cuba, 2012. MANDA TCHEBWA Antoine,Résistances et quête des libertés à Cuba, 2012. MANDA TCHEBWA Antoine,Les rencontres fondatrices à Cuba, 2012. MANDA TCHEBWA Antoine,Aux sources du jazz noir, 2012. Ange DIAWARA - Jean-Baptiste IKOKO - Jean-Claude BAKEKOLO -Jean-Pierre OLOUKA,Autocritique du M22,2011. ROCHE Christian,les anciennes possessions50 ans d’indépendance dans françaises d’Afrique noire, 2011. CHATAIN Jean, EPANYA Augusta, MOUTOUDOU Albert,Kamerun, l’indépendance piégée. De la lutte de la libération à la lutte contre le néocolonialisme, 2011. LABURTHE-TOLRA Philippe,Les seigneurs de la forêt, 2009. MORGEN Curt von,A travers le Cameroun du Sud au Nord(deux volumes), 2009. FOTSO DJEMO Jean-Baptiste,Le regard de l’autre. Médecine traditionnelle africaine, 2009. ADLER Alfred,La mort est le masque du roi,2008. BARRY Boubacar,La Sénégambie du XVe au XIXe siècles,2003.
Ce livre est dédié à tous ceux qui ont sacrifié leurs vies pour libérer leurs peuples
Préface
C’est avec un grand honneur et un plaisir réel que j’accepte de collaborer avec Abou HAYDARA, professeur à l’UCAD de Dakar, dans son projet de revisiter l’histoire de la décolonisation portugaise. Je me réjouis d’écrire la préface de son livre non seulement en tant qu’Africain fier du passé de son continent, mais surtout parce que j’ai été moi-même acteur et témoin de premier plan en ma qualité de membre fondateur du PAIGC, aux côtés de son fondateur et prestigieux leader, mon camarade et frère de combat, Amilcar Cabral.
Je remercie l’auteur de m’avoir offert l’occasion de rendre un hommage respectueux et mérité aux précurseurs de la libération nationale dont les sacrifices ont permis aux peuples des ex-colonies de vivre aujourd’hui dans la liberté. Chez nous, malgré les difficultés liées aux variations politiques du contexte régional et international, nous avons réussi à élaborer les voies qui conduisent à l’État de droit inclusif, à la démocratie pluraliste et au développement, tout en cherchant à rester fidèles à nos idéaux. Le Cap Vert, que j’ai eu le privilège de diriger en tant que leader de Parti, Premier ministre et dernièrement en qualité de Président de la république, s’est fait pionnier en Afrique en matière de démocratie. Il est souvent cité en exemple parmi les pays les plus stables politiquement. Il a fait des émules en Afrique et il suscite de l’admiration au niveau international. C’est le résultat du combat complexe et ardu que nos prédécesseurs et nous-mêmes, avons mené durant les années 60 et même au-delà.
Le livre de M.HAYDARA est un essai sur les guerres de libération qui se sont déroulées dans les colonies portugaises d’Afrique en 1960. Il est intitulé L’influence des guerres de libération sur la révolution des œillets. Comme le titre l’indique, il aborde aussi les circonstances relatives à la chute de la dictature au Portugal en 1974. En étudiant ainsi les relations conflictuelles entre le Portugal et ses colonies africaines, M.HAYDARA touche des repères essentiels dans l’histoire politique de ces pays. L’on sait que les luttes de libération ont permis aux pays africains lusophones d’acquérir leur indépendance. À la même période également, une dictature vieille de 48 ans disparaissait au Portugal. Les éclaircissements que le livre donne sur cette période sont d’une grande importance pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique lusophone, histoire encore mal connue par les Africains en général. Mais, je m’empresse de dire que l’intérêt de cette étude est surtout lié au fait que M.HAYDARA procède à une approche nouvelle sur cette question. En effet, pour la première fois, disons-le, un auteur aborde la décolonisation portugaise en établissant une relation de cause à effet entre les luttes de libération et la révolution portugaise du 25 avril 1974. Autrement dit, la chute du régime fasciste est une conséquence directe des luttes de libération.
Cette affirmation ne surprend pas de la part d’un chercheur comme M.HAYDARA, spécialiste des pays lusophones et dominant parfaitement la langue portugaise. Par conséquent, il s’exprime sur le sujet en connaisseur.
Pour des raisons qu’on peut comprendre facilement, l’historiographie portugaise de la genèse du 25 avril se limite presque exclusivement au soulèvement des capitaines en Métropole. Or, comme le démontre M.HAYDARA, le « Mouvement des capitaines » est né en Afrique et notamment en Guinée, durant la guerre. Il y eut bien sûr plusieurs causes, mais en considérant les difficultés des armées portugaises dans les contrées d’Afrique, force est de constater que la révolution des capitaines a été essentiellement conditionnée par un facteur d’ordre militaire. La thèse défendue par M.HAYDARA est d’autant plus plausible qu’elle est étayée, entre autres, par des témoignages on ne peut plus fiables, puisqu’ils émanent d’autorités portugaises ayant participé physiquement à la guerre. Parmi elles, des généraux comme José Matos Gomes qui a servi au Mozambique. Il y a surtout les militaires qui ont fondé le « Mouvement des capitaines », et qui ne sont pas des moindres puisqu’il s’agit d’Otelo Saraiva de Carvalho, de Salgueiro Maia ou de Duran Clemente, pour ne citer que ceux-là. Il y a eu également de grands journaux portugais comme leDiário de Notíciasqui, à cette époque, affirmaient que la révolution portugaise a eu comme berceau l’Afrique.
Cette dimension nouvelle que les essais historiques traditionnels n’avaient pas encore intégrée, confère une grande originalité à l’ouvrage de M.HAYDARA.
Mais avant de faire quelques réflexions sur le sujet, je voudrais insister sur l’importance de ce genre d’ouvrage. En effet, le devoir de mémoire recommande aux intellectuels de rappeler aux nouvelles générations leur passé. Un peuple qui n’a pas d’histoire est un peuple sans âme, dit-on. Le présent s’appuie sur le passé pour se projeter vers le futur. Tout peuple a donc besoin de symboles pour assumer son devenir. La mémoire collective se fonde sur les faits du passé ; elle reste dynamique quand ces faits sont revêtus de gloire et incarnés par des personnages illustres. De ce point de vue, le parcours de la Guinée, du Mozambique et de l’Angola est parsemé de gloire puisque des peuples entiers se sont battus pour se libérer du joug colonial. Ils y sont parvenus par le sang. Par conséquent, il y a tout lieu d’être fier de ce passé car, tout le monde en conviendra, il n’y a pas de geste plus noble que celui d’un peuple qui se sacrifie pour conquérir sa liberté et pour recouvrer sa dignité.
Il se trouve que les jeunes d’aujourd’hui semblent ignorer leurs repères historiques et n’ont plus qu’un souvenir fugace des héros de la libération nationale. Les politiques nationales en matière d’éducation ne s’orientent pas
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encore de façon systématique vers les sujets ayant trait à l’Afrique. Le contenu des programmes ne tient pas compte de façon rigoureuse des réalités africaines. Les problèmes d’édition y sont pour quelque chose, certes, mais il n’y a pas encore une politique digne de ce nom, dirigée vers la réhabilitation et la revitalisation de la pensée africaine. On ne note pas une volonté résolue d’orienter la recherche vers la réappropriation de notre histoire. Les colonisations européennes se ressemblent du point de vue de l’idéologie qui les a sous-tendues et des intérêts qu’elles ont défendus. Elles se sont surtout appesanties sur quelques vecteurs tels que la négation ou l’amoindrissement de la personnalité historique africaine, l’assimilation et l’acculturation. Les séquelles sont encore visibles, puisque la conscience culturelle africaine reste encore dominée par les normes occidentales. De la sorte, le système européen constitue encore la référence dans beaucoup de pays d’Afrique. Or, ce système a été basé, tout au moins jusqu’à la veille des indépendances, sur une philosophie qui nie l’existence de l’Afrique en tant que sujet historique. Par ailleurs, la valorisation des langues africaines et la diversification culturelle telle qu’encouragée par l’UNESCO n’ont pas encore enregistré un grand succès. Tout cela aurait pu, en effet, permettre de donner encore plus d’intérêt à notre histoire, à nos valeurs africaines tout court. Cela est d’autant plus nécessaire que l’union des pays d’Afrique à laquelle nous croyons et pour laquelle nos pairs se sont battus, repose justement sur le panafricanisme dont la variante est aujourd’hui la renaissance culturelle.
Un des facteurs qui rend difficile l’intégration culturelle est d’ordre linguistique. En matière de politique éducative, il constitue le premier obstacle pour accéder aux sources historiques authentiques. Le résultat est que l’enseignement de la colonisation française ou portugaise reste un parent pauvre respectivement dans les universités lusophones et francophones d’Afrique. À part les sites historiques qui servent plutôt de repères touristiques, un grand effort est encore à faire pour mieux divulguer notre passé historique. Pour cela, il nous faut un personnel qualifié maitrisant aussi bien le français, le portugais et même l’anglais.
L’autre difficulté, c’est que les grands centres de documentation et de recherche sont généralement situés dans les pays du Nord. Or, ces sources sont dominées par l’idéologie européenne. Et on constate malheureusement que la coopération universitaire entre pays africains lusophones et pays africains francophones ou anglophones reste encore très limitée, voire inexistante. Le cas du Sénégal est cependant prometteur, car son entrée dans la CPLP (Communauté des Pays de Langue Portugaise) constitue un bel exemple. Cela peut et doit contribuer à rendre plus efficace cette coopération culturelle par laquelle chaque pays donne et reçoit de l’autre. Il est souhaitable que dans les universités africaines, le système d’enseignement intègre l’étude de la décolonisation portugaise. Cette nécessité est justifiée par plusieurs raisons. L’on sait que la perte du Brésil en 1822 provoqua une
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crise interne au Portugal qui voulait à tout prix sauver la face en utilisant l’Afrique si nécessaire. Vu sa faiblesse en tant que puissance coloniale, ce pays eut recours de façon plus systématique à une main-d’œuvre manuelle, non mécanisée. Les activités de colonisation étaient donc réalisées à partir de la force du travail humain. Vu également sa faiblesse militaire, les possessions territoriales du Portugal ont fait l’objet d’une très forte convoitise de la part des autres puissances européennes. Pour sauvegarder ses colonies, il a donc dû participer, à côté des puissances coloniales et d’autres prétendants, à la tragique Conférence de Berlin en 1885. C’est là que fut décidé le partage artificiel du continent africain, en fixant, au mépris de tout ce qui existait avant, des frontières arbitraires, dont les conséquences néfastes sont encore très vivaces.
Dans la course aux matières premières africaines provoquée par la révolution industrielle, le Portugal n’était pas en mesure de faire face, tout seul, à l’exploitation de ses colonies. C’est la raison pour laquelle il a sollicité la collaboration des pays capitalistes plus riches. Cette exigence s’est davantage manifestée en 1960 quand il faisait face à trois fronts de guerre. À partir de ce moment, les luttes de libération prenaient un caractère international puisque les compagnies internationales avaient le souci de sauvegarder leurs propres intérêts face aux menaces des nationalistes. La construction du barrage de Cabora Bassa au Mozambique ou l’exploitation du pétrole et du diamant en Angola constituent des exemples très illustratifs. Il y a aussi le fait que ces colonies étaient devenues indirectement, sans l’avoir souhaité, le théâtre du conflit Est-Ouest.
Rappelons surtout que l’indépendance des colonies portugaises a été acquise par la violence des armes. Elle a fait des milliers de morts africains et portugais, laissant des séquelles psychologiques et sociales encore visibles de part et d’autre. Elle a mobilisé presque toutes les instances internationales qui soutiennent les droits de l’homme. Ce fut notamment le cas de l’ONU et de l’OUA. Même l’Eglise Catholique, alliée traditionnelle du régime portugais, avait pris ses distances quand le pape Paul VI avait reçu à Rome en 1970 les leaders nationalistes Amilcar Cabral, Marcelino dos Santos et Agostinho Neto.
La commémoration du cinquantenaire des indépendances africaines vient de révéler à quel point le public africain francophone ignore les réalités historiques de l’Afrique durant les années 60. Par exemple, les sondages faits sous forme de micro-trottoir dans différents pays africains, montrent des lacunes sur la connaissance des processus des indépendances et des mouvements anticoloniaux et de leurs principaux acteurs. Ce phénomène est encore plus manifeste quand il s’agit du domaine lié à la décolonisation des colonies portugaises d’Afrique et ses grands hommes. Les médias n’en ont pas beaucoup parlé. L’accent a été plutôt mis sur le cas des pays d’Afrique
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