L usage de la bombe à fission nucléaire
210 pages
Français

L'usage de la bombe à fission nucléaire , livre ebook

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210 pages
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Description

Faisant suite à la Genèse de la bombe à fission nucélaire, Ce 2e volume se concentre sur l'exploitation militaire du projet nucléaire, c'est-à-dire les bombardements.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296477797
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'usage de labombe à fission nucléaire Projet Manhattan /2
Questions Contemporaines Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland  Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Derniers ouvrages parus Florence SAMSON, Une femme présidente pour la France, 2011. Philippe QUÊME,Monnaie bien public ou « banque-casino » ?,2011. Elsa FOREY, Christophe GESLOT,Internet, machines à voter et démocratie, 2011. Alain ZOLTY,L’espoir citoyen,2011. Hervé CAUDRON,Quand les sagesses nous endorment, 2011.Daniel LAGOT,Le droit international et la guerre, Nouvelle édition, 2011. Frank MISTIAEN,La richesse n’est pas produite ou Essai sur la nature et l’origine de la valeur marchande et la richesse matérielle,2011. Hélène HATZFELD,Les légitimités ordinaires,2011. Riccardo CAMPA,La place, et la pratique plébiscitaire,2011. e Bernard LAVARINI,La Grande Muraille nucléaire du III millénaire, Plaidoyer pour un bouclier antimissiles européen, 2011. Arnaud KABA,Le commerce équitable face aux réalités locales : l’exemple d’une plantation de Darjeeling, 2011. Christian SAVÈS,Éthique du refus. Une geste politique, 2011. Marieke LOUIS,L’OIT et l’Agenda du travail décent, un exemple de multilatéralisme social, 2011. PaulAÏM,Où en sommes-nous avec le nucléaire militaire ?, 2011.Michel ADAM,Jean Monnet, citoyen du monde. La pensée d’un précurseur, 2011.
Julien Pinol
L'usage de la bombe à fission nucléaireProjet Manhattan /2
L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR : Aux mêmes éditions La genèse de la bombe à fission nucléaire Projet Manhattan/1,2011
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55791-8EAN : 9782296557918
Introduction et généralités fugitives
 « Passent les dernières secondes de l`ère pré-nucléaire de l'humanité ». C'est ainsi qu'il reste de bon goût d’évoquer les derniers instants avant l'explosion d'Alamogordo, l'éclair de Trinity, vieux de soixante-six ans, ou par plus d'ignorance encore, Hiroshima le 6 août 1945. Presque un gag. On aurait aussi très bien pu la graver sur une stèle de granit ! Sa formulation, avec un grand trémolo par là-dessus, affirme l'aspect crucial de l'événement, de la même manière que l'on évoquerait, avec cette admiration pour l'esprit humain qui transparaît dans ces mots, les premiers temps où l'homme maîtrisait le feu, symbole si ce n'est de domination de la nature, en tout cas de domestication.  Allons donc ! A ce loisir sentimental, ce jeu de savoir à quelle journée il serait bon d’attribuer le début de l’ère nucléaire, l'on ne saurait trop conseiller de se demander s'il aurait été plus judicieux de choisir plutôt celle du 2 décembre 1942 (l’inauguration de la première réaction en chaîne contrôlée), ou bien plus en amont encore, le jour qui coïncide avec la promenade enneigée de Lise Meitner et d’Otto Frisch, dans les bois suédois en 1938. Le moment où fut réalisée la première fission d’un noyau d’uranium ne conviendrait-il pas aussi ? On pourrait remonter comme cela jusqu'en 1896 à la reconnaissance de la radioactivité, une épreuve déjà toute nucléaire. C'est selon. Les occasions ne manquent pas.  Or, la technologie et ses expérimentations apportent des dates, au contraire des conceptions dont l'évolution est plus diluée dans le temps. D’une épreuve de formulation comme dans un conflit militaire, la bonne fortune est la propriété des plus forts, des plus percutants. A la devanture de bonnes pâtisseries, les yeux sont généralement tournés vers les plus grosses et l’on préféra généralement au gré d’une célébration, le choix d’une grosse explosion à une expérience dont aucun sens ne peut la visualiser, l'entendre ou même la toucher.  Reste aussi qu’introduire une coupure dans l'histoire des hommes est un calcul bien arbitraire; chaque action marquant sensiblement une différence entre le passé et le futur. Inévitable. Il demeure pour ceux qu'un choix semble primordial, à le pratiquer. Je les laisse seuls, se divertir ainsi.  Plus qu'aucune autre investigation de la physique tant théorique qu'expérimentale, l'évolution des recherches nucléaires se confond à un certain moment avec ce qu'il est coutume de retenir de l'histoire plus qu'autre chose: la guerre. Replonger dans une période qui se préluda de manière éclatante au milieu des années 30, reste de ce fait, malheureusement,
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inévitable. L'histoire de l'élaboration des premières bombes à fission nucléaire correspond d’une première estimation, aux six années de guerre où les bataillons du genre humain ont accompli de véritables prouesses. Et dire que la fin de la Première Guerre mondiale, empotée des réunions diplomatiques qui la suivirent entre 1919 et 1921 fut censée mettre un point final aux guerres entre ces pays ! Après l'horreur de 14-18, il paraissait en effet inconcevable que la paix puisse être de nouveau un terrain à conquérir. Plusieurs dizaines de millions de morts devaient quand même bien servir à quelque chose ! Ce fut sans compter que rien chez l'homme ne semble suspendre sa disposition à concevoir des affrontements.  Détourner le Projet Manhattan des autres intrigues passées et contemporaines qui lui sont attachées est renvoyer sa chronologie à une fable, l'affranchir des tempéraments qui lui ont permis de naître, et j’ose même prétendre, de la signification de son existence. Songez que vider l'évolution de cette guerre pour quelque raison que ce fût incombait en premier lieu à estropier notre récit de l’utilisation de son éminent vecteur aérien : l’avion, le bombardier.  Il serait par ailleurs simpliste de ramener la seule inédite hardiesse technique d'importance au domaine nucléaire, venu in extremis d'ailleurs, apporter sa contribution au catalogue. En rien, les honneurs de l'innovation furent réservés à l’énergie nucléaire. Les divers antibiotiques, la découverte de l’ADN, le napalm, l'amélioration des systèmes de radar ainsi que l'apparition des moteurs à réaction ou des fusées balistiques et bien d'autres inspirations encore, encombrent la liste. De nouvelles données logistiques, e en évolution depuis la troisième décennie du XX siècle avec les plus récentes recherches et découvertes, ont été mobilisées afin de transformer une nouvelle fois la guerre.  Très vite après le mois d’août 1945, la vision d'une guerre nucléaire, encore plus terrible que celle vécue et juste terminée, présageait tout simplement une destruction mutuelle, la fin du monde et de son illustre goupilleur : l'homme. Ce qui paraissait improbable devenait envisageable: la destruction totale à portée de main.  L’hiver nucléaire a de quoi effrayer ! En effet, aucune défense ne semble possible. La diffusion de cendres et de poussières au-dessus de nos terres, occasionnée par une multitude d’explosions, une masse d’une telle épaisseur qu’ils produiraient une nuit et un refroidissement de la planète, n’est souhaitée par personne. Ainsi une guerre ne satisferait plus uniquement le massacre, la fin d’une armée, d’une ville ou même d’une population, mais celle de l’humanité ! A partir de ce constat, un conflit tout neuf et d’une dimension continentale ressemblerait à un suicide.  Dans ses conséquences pour le pays qui en a disposé le premier, si très peu de décisions militaires et technologiques ne furent égales dans leur importance future à l'utilisation de l'arme atomique sur le Japon, aucun fait de guerre entre 1939 et 1945 n’a assurément concédé à son seul rappel,
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autant d'oppositions entre les opinions sur sa logique. Quel autre événement de la Seconde Guerre mondiale, dont la plupart des gens ne connaît du déroulement que l'image qu'on lui transmet à l'école ou en prime time, quel autre événement disais-je, mis à part les camps de la mort nazis, a-t-il fait couler plus d'encre et donné lieu à des jugements et des histoires si divers que les explosions au-dessus d’Hiroshima et de Nagasaki ?  Deux pages ont suffi et voilà que viennent symboliser cette période deux différentes applications exterminatrices, réunies comme des opérations de massacre. Bien qu'il soit sans doute illusoire de vouloir supprimer une pratique encore mieux fréquentée en groupe que seul, qui consiste sans arrêt à demander des comptes et à juger l’Histoire, exhortons nos esprits à ne point comparer ces deux tragédies, à mon sens incomparables.  Car autant l’affirmer tout de suite : si hypothétique que cela puisse paraître aujourd’hui, on peut prétendre que n’importe quelle autorité ayant acquis en premier cette disposition technologique (nucléaire), un tant soit peu sous pression, aurait tôt ou tard pris la même décision, si le gouvernement américain n’en avait été l’inaugurateur. Certes, aucun autre phénomène que la Seconde Guerre n’eut une influence si profonde sur la fabrication de la bombe au point d’entraîner l’abandon de son report, mais nous pourrions assurer que tôt ou tard, une semblable arme aurait vu le jour.  Néanmoins, plus qu’aucune autre, le progrès de cette science et de sa technologie, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a pas fait plaisir à tout le monde ! Et pour ce qui est d’Hiroshima et Nagasaki atomisés, les successifs anniversaires de leurs bravoures n'ont en effet pas de quoi réjouir !  On peut comprendre qu'après avoir vu les mauvais côtés du nucléaire, cette science qui peut renvoyer celle de jadis à des allures de contes de fée, il soit difficile de le célébrer. Le secret de la matière fut révélé de telle manière qu'un sentiment d'effroi gagna davantage les esprits que le ravissement. Tant dans ses domaines scientifiques que ses domaines industriels, il a pour carte de visite, qu'on le veuille ou non, la naissance du péril atomique et l'apothéose technologique des bombardements de l'année 1945. Le philosophe Heidegger, quelque peu technophobe, nous l’avait écrit à ce sujet, sans tous nous convaincre pour autant: « Le trait caractéristique le plus 1 évident de l'âge atomique, est la bombe atomique ».  Si les inconvénients et les avantages de l’utilisation de cette énergie dépassent le seul cadre de leur utilisation militaire, la plupart des considérations ordinaires au sujet du nucléaire sont nées à ces dates explosives. Les populations prirent l’habitude de juger ce qui se rattache à cette technologie en fonction des attentats sur les deux villes japonaises, avant que d’autres incidents viennent les remplacer. Car comme si cela ne suffisait pas, le principe fondamental de l'alchimie de la peur du nucléaire ne réside plus uniquement sur un acte de malveillance, mais également sur une défaillance, un désastre industriel. Ainsi soumis, l'accident peut débarquer à l'improviste ! Faut-il en conclure à une faillite des conceptions utopiques de
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la science nucléaire ? Et ne confondons-nous pas par cela deux choses, la science en elle-même et l’industrie ou l’armée qui l’exploite ? Ne ferait-on pas preuve d’ignorance en cloisonnant le domaine nucléaire exclusivement à la « fission industrielle », en négligeant d’autres aspects plus fondamentaux que les données ont développés ? Une cascade d’interrogations continuerait sans relâche. L’élaboration de l’arme nucléaire s’écarterait alors de vaines élocutions vouant aux gémonies le développement de la physique et la complexité de notre monde.
 Ces pages, que les descriptions avec tant d’interrogations composent, n’auraient pu voir le jour sans la source d’informations et de réflexions que recèlent les ouvrages cités dans la bibliographie sélective qui achève la lecture de ce livre. A vrai dire, il aurait été plus exact de placer cette liste au début de l’ouvrage afin d’en illustrer le prélude avec justesse. Cela dit, loin d’avoir été le seul écueil à l’ouvrage, la lecture des témoignages et des 2 archives n’en a pas été pour le moins imposant, vous l’imaginez .  Il est un fait qu'après coup, de manière générale, chaque protagoniste obtient la possibilité de dire plus clairement ce qu'il pensait à l'époque ou ce qu'il a également pu dire. Or, combien d'épisodes ont été laissés au bon vouloir des écrits de leurs générateurs, préférant bien souvent la simplification à la complexité. Bien souvent, on ne peut garantir que l'esprit n’a pas été en mesure d'étendre son contrôle sur les données historiques. Pour certains, cela revenait à rédiger eux-mêmes leur autobiographie ; pour d’autres, à manipuler leurs papiers personnels, telle une abordable collection dont on veut épargner aux bons éléments de côtoyer le bas de gamme. Les maladies de la mémoire ne brillent pas seulement par l'étourderie ou le défaut de souvenirs ! Sans compter que par je ne sais quel souci de conformisme, certains documentaires portent au rang de vérité sacrée des informations simplement supposées ou tout bonnement perfides qu'ils n’ont, en estimant leur bonne foi, pas pris le temps de vérifier. De plus, on ne peut l'oublier, il y a, de plus, ces nombreux récits acrobatiques, véritables préceptes, qui presque au même degré que ce qu'ils critiquent, reproduisent les hypothèses au gré des besoins. Aussi fut-ce pour leur donner une forme plus attirante que l'on se mit à parader une arrogante indication sur la page de couverture en dessous du sujet: « toute la vérité ». Quelle vérité, chers lecteurs, se suffirait d’un livre pour y être enfermée ?  Ces considérations, qu'il fallait peut-être se résoudre à exposer, visant à situer le récit de la naissance de la bombe beaucoup moins dans la simple utilisation américaine contre le Japon que dans un panorama plus étendu, je les ai écrites ici en espérant qu'elles ne vous quitteront pas au fil des pages.  Adjectifs et expressions à l’appui ou point, en aucun cas, je n’aurais envie de dire au lecteur comment penser, comme l’emploi du présent ne voudrait et ce, malgré ses défauts, renvoyer le déroulement temporel à un certain déterminisme.
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Redites et retour sur le Projet Manhattan
 Le président états-unien, élevé dans le sérail des affaires publiques, vient de manifester sa détermination au plus haut de la tribune du Congrès : « La route de Tokyo est difficile. Il est plus long d'y aller qu'à Berlin, dans tous les sens du terme. La capitulation allemande ne signifiera pas la fin de la guerre contre le Japon. Au contraire, la lutte sera âpre et coûteuse dans le Pacifique ». Ce genre de phrase, Franklin Delano Roosevelt s’en est fait une spécialité. La radio est là pour nous déguiser en témoins.  La neige de janvier 1945 tombe, silencieuse, sur le toit des laboratoires américains. Il arrive que cet étrange écho sonore possède de quoi refondre nos humeurs les plus sombres. La pétarade générale et le fracas des bombes ne sont pas encore terminés; il nous reste heureusement ce genre de tonalité. Et net de comptes !  Bien loin des endroits du monde où l'on a tôt fait de vous coller une balle, au cœur de cette concentration d'énergie, à coup de calculs, de réunions et de tournevis, aujourd'hui, Los Alamos a résolu ses problèmes : la confection théorique de deux types d’armes nucléaires, adaptées aux propriétés de l’uranium et du plutonium.  Ceux qui l'ignoraient le savent à présent, dans l'art de maîtriser l'énergie nucléaire et la fission de l'atome, les longues études sur l’uranium (principalement son isotope 235) et le plutonium, ont occupé intensément nos matières grises de Chicago à Berkeley en Californie, en passant inévitablement par le laboratoire principal du Projet Manhattan, Los Alamos, au Nouveau-Mexique.  Fidèle à sa coutume de ne point compliquer son exposé, l’Histoire générale ne retiendra que les réussites que l’on promet à présent. Le gouvernement américain n’eut pourtant jamais l’air passionné des recherches nucléaires et de son armement entre 1939 et 1941. Ce ne sont pas les quelques réunions du comité inauguré après la missive de Szilard et d’Einstein auprès de Roosevelt, quelques semaines avant le déclenchement de la guerre en Europe, qui nous feraient changer d’avis. L’intervention d’une délégation britannique, venant alarmer la lenteur des premières investigations américaines, le changement de propriétaire en France puis l’attaque sur Pearl Harbor et les postes armés en Extrême-Orient, ont finalement réglé la chose. Roosevelt se résigna alors à devoir conclure les promesses adressées par les physiciens et les ingénieurs de son gouvernement au sujet de l’énergie nucléaire, son utilisation pour la propulsion sous-marine et surtout la confection de nouvelles bombes. A chaque ouvrage, un petit cérémonial a apporté depuis, un camouflage nominatif pour la secrète mission des
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investigations. La discrétion est déjà fort répandue à l’armée et chez les politiques, mais cela n’est rien comparé à la confidentialité qui entoure le sujet qui nous intéresse. Le Congrès n’est, pour preuve, témoin de rien encore.  La compréhension scientifique du phénomène de fission, inaugurée par Lise Meitner en relation avec le laboratoire d’Otto Hahn à Berlin, a attendu le 2 décembre 1942 pour se concrétiser une première fois, après d’innombrables expériences, qu’une somme colossale d’individus ont alimentées. L’année 1942 s’est en effet achevée à l’université de Chicago par la réalisation du premier réacteur nucléaire, la pile CP-1, le tas de graphite et d’uranium accompli par l’équipe autour d’Enrico Fermi. D'une entreprise qui s’est éloignée de tout ce qui est gratuit, les usines de productions et leur cité adjacente se sont alors édifiées à l’ombre de toutes publicités. Le recrutement du personnel fut considérable. Alors que cet hiver semble être le dernier avec lequel l’Europe devra supporter la froideur avec son délire, l’effectif du projet atomique américain atteint aujourd’hui plus de 100 000 personnes. Bien plus des trois quarts, soit la main-d’œuvre ouvrière, ne savent pas pour autant ce à quoi leur travail aboutira au terme de la chaîne des prestations, dont le centre est Los Alamos au Nouveau-Mexique.  A la tête de ce laboratoire-là, figure Robert Oppenheimer, que le général Leslie Groves avait plébiscité au poste de chef scientifique en septembre 1942. Ces deux-là, pour l’instant, n’ont qu’une très vague idée des plaisirs que pourra connaître leur pays grâce à leurs talents bien distincts. Certains de leurs plus hauts chefs verront en eux des hommes providentiels.  En 1941, une somme inégalée de Prix Nobel et de physiciens éminents prirent ainsi place dans le grand album des glorieux habiles que forment les inventeurs et leurs objets. L’urgence, malgré les conditions et les salaires, somme toute respectables des civils physiciens à Los Alamos, est restée constamment à la hauteur de l’exigence. Evoluant sans cesse de problèmes en résolutions, le travail fut très vite épaulé par la venue d’un contingent de génie militaire et celui des physiciens anglais, autrefois attachés à leur propre programme nucléaire qu’ils n’ont pu poursuivre, l’Allemagne nazie si proche et menaçante.  Si la citadelle irrévélée du Nouveau-Mexique est de surveillance militaire, son exploitation est sous administration civile. Elle est coordonnée par la section Physique de l’Université californienne Berkeley, où se tient le papa du cyclotron Ernest O. Lawrence. Que l’armée ait admis cela, avec une tendresse peu commune, ne nous fait pas oublier qu’une fois la confection des premières bombes faite, la chose accédera au degré strictement militaire pour pouvoir mettre en pratique ses théories chères à son génie.
 La confection finale de l’arme est certes, depuis 1942, un fait intentionnel, qui naît d'un milieu technique de plus en plus imposant, et il s’ensuit de cette sollicitation une certaine continuité qui à chaque instant, a su se dépêtrer de
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