La citoyenneté à travers la géographie
80 pages
Français

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La citoyenneté à travers la géographie , livre ebook

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Description

Depuis 1900, le mot de citoyenneté s'est exprimé d'abord dans le cadre des États-nations, puis sous de multiples formes de cosmopolitisme, soit par des communautés digitales organisées en réseau, soit par la conscience de l'unité de la planète devant les problèmes écologiques, soit à travers l'héritage d'une pensée anarchiste. En Europe, des démarches citoyennes violentes et sporadiques peuvent devenir synonymes d'actions contre l'État, révélant une crise du dialogue social. L'information statistique et graphique permet un élargissement de la sphère publique, et lui donne les moyens d'un dialogue permanent avec l'État et d'une capacité d'analyse critique, ce qui est la définition de la citoyenneté. L'existence dans le monde de populations qui vivent dans une situation de demi-citoyenneté ou d'absence de citoyenneté nous rappelle qu'un bon fonctionnement de la citoyenneté est une exigence pour le maintien de la démocratie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2020
Nombre de lectures 7
EAN13 9782336914749
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Questions contemporaines Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud, Bruno Péquignot et Xavier Richet
Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.
Dernières parutions
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Philippe CONTE, La vraie révolution sera spirituelle. Comprendre pour agir , 2020.
Titre


Yves Guermond









LA CITOYENNETÉ À TRAVERS LA GÉOGRAPHIE
Copyright

























© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-91474-9
La citoyenneté n’est plus ce qu’elle était…
Il n’y a pas de terme plus employé avec des sens différents et des arrière-pensées différentes que celui de citoyenneté. Pour les puristes la référence est la cité grecque du 5 ème siècle avant notre ère, dans une petite collectivité où les décisions étaient prises par l’assemblée des citoyens. On pouvait dire alors, en reprenant la phrase célèbre du discours de Périclès à la fin de la première guerre du Péloponnèse (Thucydide 2000 ), « qu’un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile ». Cette époque a fortement marqué la civilisation occidentale, particulièrement au siècle des Lumières, où elle est apparue à la fois comme le modèle d’organisation d’une société libre et démocratique, mais aussi comme une structure fragile à sauvegarder. « Quand le nœud social commence à se relâcher et l’Etat à s’affaiblir, quand les intérêts particuliers commencent à se faire sentir et les petites sociétés à influer sur la grande, l’intérêt commun s’altère et trouve des opposants… et la volonté générale devient muette », écrit Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat Social . Pour Lynn Staeheli (2010) la citoyenneté semble se définir mieux par ce qu’elle n’est pas que par ce qu’elle est, « et pourtant comme une catégorie juridique, comme une revendication, comme une identité, comme un outil dans la construction de la nation, et comme un idéal, elle persiste comme sujet de débat, de recherche et de politique ».
Avec la généralisation des Etats-Nations au 19 ème siècle la citoyenneté apparaît comme la « vertu civique » indispensable, dans le sens où elle traduit l’attachement à la nation dont on est membre, et la volonté d’agir pour la développer et la faire progresser. La littérature géographique européenne des années 1900 illustre cette mise en valeur de l’Etat national pour renforcer les comportements citoyens. Après cette époque de développement des antagonismes nationaux, la reconstruction qui a suivi la Seconde Guerre mondiale a conduit les géographes à s’engager au service de l’Etat dans l’aménagement du territoire. Ils y ont eu l’impression, peut-être l’illusion, pendant un certain temps, de participer efficacement à une construction citoyenne. Plutôt que de faire la guerre, on aurait pu dire alors, en déformant quelque peu les propos d’Yves Lacoste (1976), que « la géographie ça sert, d’abord, à faire des citoyens ».
A la fin des « Trente Glorieuses » (Jean Fourastié. 1979) la citoyenneté ainsi comprise a été remise en question par les crises économiques et sociales et la contestation de l’ordre établi. Cette contestation a pu être qualifiée elle aussi de « geste citoyen » car, contrairement à ce que peuvent être les « sujets » d’un roi absolu ou d’un dictateur, les vrais citoyens sont ceux qui se dressent contre un pouvoir injuste ou incompétent. Cette nouvelle forme d’action citoyenne, qu’expriment les ouvrages géographiques au tournant du 20 ème et du 21 ème siècle, est sans doute différente de celle des « pères de la nation », mais elle est de la même veine, puisqu’il s’agit de soutenir l’Etat en le rénovant, au besoin par la révolte.
Les choses prennent une tournure plus radicale, quand des couches plus nombreuses de la population mettent en doute la conception même de la citoyenneté, en prenant conscience de l’existence d’une sorte de caste limitée de citoyens qui trustent toutes les fonctions de responsabilité et les financements qui leur correspondent. Dans ce fonctionnement élitiste, une masse importante de population reste à l’écart aussi bien des processus de décision dans la cité que des possibilités de les contester pacifiquement. Il s’en suit des mouvements de protestation organisés sur des thèmes spécifiques, structurés sur le plan local, au milieu desquels la notion de citoyenneté se désagrège peu à peu, en s’écartant souvent du processus démocratique.
A la contestation de l’Etat sur le plan économique et social, et donc d’une citoyenneté au service de l’Etat, s’est agrégée une sorte de renversement des priorités, plaçant l’Etat dans une position relative par rapport à des croyances religieuses supposées universelles, ou à la conviction d’une unité de l’espèce humaine, appelée à se mobiliser dans une action collective pour la sauvegarde de la planète. Qu’ils soient orientés vers la supranationalité, ou plus radicalement vers le cosmopolitisme, ces mouvements rendent douteuse la citoyenneté dans un cadre national, au profit d’une évolution vers l’attitude de « citoyen du monde ».
Si cette attitude émerge dans le monde le plus favorisé, elle ne doit pas faire oublier pourtant que, dans une large fraction du monde, une partie de la société se trouve mise à l’écart de façon institutionnelle du privilège même de la citoyenneté, et qu’elle revendique, comme l’écrit Hannah Arendt (1958), « le droit d’avoir des droits », c’est-à-dire le droit d’appartenir à une communauté politique où l’on soit jugé sur ses actes et sur ses idées, sans considération de statut. Dans le langage juridique et administratif des Etats, la citoyenneté est définie comme « l’attribution de droits par un pouvoir politique, en compensation d’un certain nombre de devoirs vis-à-vis de ce pouvoir », ce qui est la définition officielle donnée par le site gouvernemental français vie-publique.fr. De nombreuses populations (les Kurdes par exemple) n’ont pas de citoyenneté nationale, et la réclament. Que dire aussi des immigrants qui déchirent leurs passeports et qui se voient refuser l’hospitalité en Europe ou ailleurs, comme si la Terre était autant de chasses gardées ? Ce qui était considéré comme une vertu civique, dont on pouvait s’enorgueillir dans l’ancienne Grèce, est devenu une aumône que les plus pauvres implorent. Les formes géographiques de la citoyenneté sont bien le marqueur essentiel du lien qui existe entre une société et l’espace qu’elle occupe. Elles sont au cœur de toute réflexion géographique.
CITOYENNETE ET NATIONALISME
Le début du XX e siècle en Europe
Benedict Anderson (2006) estime que le c

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