La construction identitaire en Iran
259 pages
Français

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La construction identitaire en Iran , livre ebook

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Description

Depuis le début du siècle dernier, le poids géostratégique de l'Iran a toujours pesé sur l'échiquier international. La révolution islamique l'a précipité d'une manière spectaculaire sur la scène politique du monde. Il couve de graves crises, qu'elles soient nationales ou internationales, que les travaux explorant l'image que les Iraniens se font d'eux-mêmes pourraient permettre de pronostiquer. Cette étude propose de connaître les soubassements idéologiques des comportements politiques, voire culturels des Iraniens.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 35
EAN13 9782296244313
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La construction identitaire en Iran
Comprendre le Moyen-Orient
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud


Firouzeh NAHAVANDI (dir.), Mouvements islamistes et Politique, 2009.
Kazem Khalifé, Le Liban, phœnix à l’épreuve de l’échiquier géopolitique international (1950-2008), 2009.
Barah Mikaïl, La Syrie en cinquante mots clés, 2009.
Jean-Jacques LUTHI, Lire la presse d’expression française en Égypte, 1798-2008, 2009.
Aurélien TURC, Islamisme et Jeunesse palestinienne, 2009.
Christine MILLIMONO, La Secte des Assassins, XI e – XIII e siècles, 2009.
Jérémy SEBBANE, Pierre Mendès France et la question du Proche-Orient (1940-1982), 2009.
Rita CHEMALY, Le Printemps 2005 au Liban, 2009.
Anne-Lucie CHAIGNE-OUDIN, La France dans les jeux d’influence en Syrie et au Liban, (1940-1946), 2009.
May MAALOUF MONNEAU, Les Palestiniens de Jérusalem. L’action de Fayçal Husseini, 2009.
Mohamed ABDEL AZIM, Israël et ses deux murs. Les guerres ratées de Tsahal, 2008.
Michel CARLIER, Irak. Le mensonge, 2008.
Nejatbakhshe Nasrollah, Devenir Ayatollah. Guide spirituel chiite, 2008.
Mehdi DADSETAN et Dimitri JAGENEAU, Le Chant des Mollahs : la République islamique et la société iranienne, 2008.
Chanfi AHMED, Les conversions à l’islam fondamentaliste en Afrique au sud du Sahara Le cas de la Tanzanie et du Kenya, 2008.
Refaat EL-SAID, La pensée des Lumières en Égypte, 2008.
El Hassane MAGHFOUR, Hydropolitique et droit international au Proche-Orient, 2008.
Alireza M ANAFZADEH


La construction identitaire en Iran


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10675-8
EAN : 978229609106758

Fabrication numérique : Actissia Services, 2013
À Ameneh Youssefzadeh

En témoignage d’une grande amitié
Transcription
Introduction
En mars 2007, le département de cinéma de l’Académie des Arts d’Iran protestait devant le secrétaire général de l’UNESCO contre la production et la distribution d’un film américain qu’il considérait comme une insulte à la nation iranienne et une négation de la vérité historique. La lettre a été paraphée par des personnalités iraniennes du monde du cinéma qui demandaient au secrétaire général de cet organisme onusien de réagir contre l’image qu’Hollywood venait de donner avec ce film de l’histoire perse.
Il s’agit d’un film réalisé par Zack Snyder sous le titre « 300 » qui n’est rien d’autre qu’une reconstruction très libre d’un épisode historique d’une des nombreuses batailles qui ont opposé dans l’Antiquité les Grecs et les Perses. Tiré du roman graphique de Frank Miller, 300 donne une vision fantastique de la bataille des Thermopyles en 480 avant Jésus-Christ. Léonidas, devenu roi de Sparte à la suite des épreuves rituelles dont il a triomphé, apprend d’un messager que le roi perse, Xerxès (de la dynastie achéménide), projette d’envahir la Grèce et de soumettre sa cité. Contre l’avis de l’oracle, il part à la rencontre de l’ennemi et avec les 300 hoplites spartiates qui composent sa garde personnelle, affronte la gigantesque armée perse dans le défilé rocheux des Thermopyles. La résistance est héroïque. Léonidas se sacrifie avec ses 300 soldats, causant des pertes considérables aux Perses. Par contraste avec les nobles grecs, les Perses de la période achéménide sont représentés, aussi bien dans la bande dessinée originale que dans le film, comme une horde sauvage et dégénérée.
Depuis sa sortie, le film a fait couler beaucoup d’encre et a provoqué une grande agitation parmi les Iraniens du monde entier. Il a soulevé un débat au sujet de la représentation des Perses dans le contexte international des tensions entre le monde occidental et l’Iran. Pendant qu’en Grèce il battait les records d’audience, à Téhéran, où il n’a jamais eu la permission d’être diffusé, des réunions contestataires avaient été organisées au sein de l’université en présence des personnalités culturelles de la République islamique et la principale chaîne de télévision avait consacré une émission à son sujet. Deux pétitions, lancées sur Internet, ont été paraphées par des dizaines de milliers d’iraniens vivant pour la plupart à l’étranger. Les députés du Parlement iranien et d’autres responsables politiques ont manifesté leur colère demandant au ministre iranien des Affaires étrangères de prendre en main ce dossier. Le conseiller culturel du président iranien a déclaré que par l’intermédiaire de ce film, les États-Unis cherchaient à humilier l’Iran. Le régime iranien a même fait savoir qu’il souhaitait l’interdiction internationale du film voire son retrait immédiat des salles.
À la suite de cette agitation, l’auteur de la bande dessinée, le réalisateur et les producteurs du film ont souligné que le film n’était qu’une version fantastique de la bataille héroïque des Thermopyles et qu’il ne fallait pas le prendre pour une œuvre historique. L’auteur du roman graphique a même condamné la politique internationale des Etats-Unis en affirmant que ce pays se comporte comme un empire en déclin.
La ferveur nationaliste suscitée parmi les Iraniens par ce film a pu rapprocher le régime islamique, du moins pour un certain temps, de la plupart de ses opposants laïques. Cet événement montre que les Iraniens ont réussi, au cours du siècle qui vient de s’écouler, à se construire une véritable conscience historique. Qu’ils soient laïques ou islamiques, ils se font d’eux-mêmes une image collective qu’ils croient tenir de leurs ancêtres et dont la remise en question les exaspère. En tant que nation, ils sont prêts à se mobiliser contre toute déformation de cette image et à réagir contre toute atteinte à leur dignité nationale.
Mais l’image qu’ils se font en général d’eux-mêmes en tant que nation est une image plus ou mois récente. Elle a été essentiellement forgée pendant les deux ou, tout au plus, trois premières décennies du XX e siècle. Puis, grâce à l’enseignement public, elle a été intériorisée par plusieurs générations sous la dynastie Pahlavi (1925-1979). La construction de cette image a été l’œuvre d’une poignée d’intellectuels du début du XX e siècle dont nous parlerons longuement dans ce travail. L’adhésion collective d’une grande partie de l’intelligentsia iranienne du siècle dernier, toutes tendances confondues, à cette image explique sa permanence dans l’imaginaire de la plupart des Iraniens d’aujourd’hui.
Lors de la révolution de 1979, déclenchée contre le régime impérial, personne ne pouvait imaginer que les responsables de la République islamique naissante s’appliqueraient ou, si l’on veut, seraient amenés à entretenir cette image, débarrassée évidemment de sa composante monarchique. Car au fond, la République islamique devait diriger une nation, bien qu’inachevée, et administrer un pays en tant que réalité géographique d’une collectivité nationale censée être une et indivisible.
Quoi que l’on dise, depuis son instauration, le régime islamique a continué à diffuser le culte d’un patrimoine national dont l’essentiel a été défini au début du siècle dernier.
La formation identitaire en Iran a suivi un processus bien particulier. Sur le plan purement théorique, elle s’est concrétisée au moment où le pays traversait une des périodes les plus critiques et les plus chaotiques de son histoire. Nous essayerons d’en décrire certains aspects afin de rendre intelligibles les efforts intellectuels d’une poignée d’hommes qui a réussi à forger et à coordonner les idées fondatrices de cette identité nationale.
En raison de la situation politique particulièrement périlleuse du pays, ces hommes ont été amenés à réfléchir au système politique susceptible de faire naître et de symboliser une nation iranienne qu’ils souhaitaient à l’image des nations européennes.
La formation de cette nation était donc, dans leur esprit, étroitement liée à l’appropriati

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