La nouvelle revue de l Inde N° 4
150 pages
Français

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Description

Au sommaire de ce quatrième numéro de La nouvelle revue de l'Inde, notamment : une interview de Pierre Fournier, Consul Général de France à Pondichéry ; Cyber-terrorisme - la guerre par d'autres moyens ; Guerre cybernétique - l'Inde se prépare ; Changement climatique et stratégies en Asie du Sud. Rubrique économie : Jacques Attali livre un article sur "La microfinance en Inde". Rubrique culture : Comment comprendre la peinture indienne ? ; Les grottes d'Eléphanta ; Coup de projecteur sur Kollywood.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 127
EAN13 9782296715400
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉDITORIAL
Il existe une connivence secrète entre l’Inde et la France : nous aimons Bollywood, le curry, le yoga et les Français se rendent de plus en plus nombreux en Inde. Il n’y a pas si longtemps l’Inde faisait référence chez nous : Diderot, Voltaire, Malraux et d’autres encore, reconnaissaient que sa civilisation, sa culture, sa spiritualité, sa philosophie, ses sciences, ont influencé cette planète. Ne dit-on pas que le sanskrit serait la mère de nombreuses langues ? Le zéro, le yoga ou les échecs, ne nous viennent-ils pas de là-bas ?
Aujourd’hui cependant, nous ne sommes que les onzièmes investisseurs en Inde, loin derrière les États-Unis, le Japon, ou même la Belgique. L’Inde, qui pourtant est à la croisée de l’Asie centrale et constitue le seul tampon face à la tentative d’hégémonie chinoise, ne figure jamais ou rarement dans la pensée géostratégique de nos hommes politiques.
Il y a là une contradiction qui s’explique difficilement. Nous ne possédons pas par exemple la même affinité pour le peuple chinois, sa culture, ou sa littérature. Mais nous investissons dix fois plus en Chine qu’en Inde et nous nous gardons bien d’offenser les Chinois au sujet du Tibet, alors que nous n’avons pas la même sensibilité pour le Cachemire.
Pourtant « l’autre » géant d’Asie offre des conditions de travail bien supérieures à celles de son voisin chinois : l’Inde possède par exemple un système juridique qui protège les contrats (ce qui n’est pas le cas en Chine), l’Anglais est parlé dans tout le pays, (idem) et depuis soixante ans, tous les séparatismes, révoltes, excès, ont déjà bouillonné à la surface sans affecter la trame démocratique de ce pays, preuve s’il en est de la stabilité future de l’Inde, qui assure sécurité et rentabilité aux investissements étrangers.

© Photo : Yves Pons
Vivant en Inde depuis plus de quarante ans, ayant parcouru ce pays de long en large de par l’exercice de mon métier de journaliste, je me suis souvent posé la question : pourquoi la France et l’Inde s’aiment-elles depuis si longtemps, mais ne se rencontrent-elles jamais ?
Ceci est un peu le dilemme de la Revue de l’Inde : nous avons produit quatorze numéros de qualité – dix avec les Belles Lettres, quatre avec L’Harmattan – on nous aime, on apprécie la qualité de la Revue, mais nous sommes toujours à la recherche du succès et d’un lectorat conséquent.
François Gautier

Écrivain, journaliste et photographe,
François Gautier a été durant huit ans
le correspondant du Figaro en Inde et en Asie.
Il est l’auteur de plusieurs livres sur l’Inde :
Un autre regard sur l’Inde (Le Tricorne, 1999)
Swami, PDG et moine hindou (J. P. Delville, 2003)
La caravane intérieure (Les Belles Lettres, 2005)
Des Français en Inde (France Loisirs, 2008)
P olitique
© Photo : Yves Pons
Pierre FOURNIER CONSUL GÉNÉRAL DE FRANCE À PONDICHÉRY
INTERVIEW
par Arunima Choudhury
et Jean-Yves Lung

Connaissiez-vous l’Inde avant de prendre vos fonctions ici ?
Disons que je pratique l’Asie depuis longtemps. J’ai une formation en langue chinoise et ma carrière s’est déroulée principalement dans l’Asie « confucéenne » : le monde chinois – Chine, Taiwan et Hong Kong, et aussi le Japon. L’Inde était un rêve d’enfance. J’y suis venu à plusieurs reprises avant ce poste, à titre prive ou professionnel. Ce fut le coup de foudre dès la première fois, en 1986 je crois.
Pourquoi l’Inde ?
Je voulais échapper à une sur-spécialisation chinoise, élargir mes perspectives. En Inde, je ne me sens d’ailleurs pas en Asie, du moins telle que je l’ai connue en Chine et au Japon. Sans doute parce que l’on trouve ici des échos de notre propre culture indo-européenne, le sentiment d’un berceau commun. Entre l’Europe et le continent asiatique, il y a le sous-continent indien, avec sa spécificité, comme une troisième entité géographique, humaine et culturelle. En tous les cas, je ne me suis jamais senti étranger en Inde.
Pourquoi Pondichéry ?
Je connaissais déjà un peu les dossiers indiens car je travaillais au ministère sur des dossiers transversaux qui touchaient toute l’Asie. Deux postes se sont avérés disponibles, Delhi et Pondichéry, j’ai demandé en priorité le second, car c’est un consulat général avec de larges compétences, qui touche tous les domaines de la présence française, son rayonnement aussi bien politique, qu’économique et culturel. Et puis la population française y est très diverse, active, en pleine transformation : à Chennai, le nombre de nos compatriotes a doublé au cours des trois dernières années, tandis que la population historique des français de Pondichéry à plutôt tendance à décroître. C’est d’ailleurs une constante depuis 1963.
Dites-nous les bons et les mauvais côtés de Pondichéry.
Les bons cotes, c’est la diversité justement de cette population, qui est un facteur de richesse, et le mauvais côte, c’est peut-être le cloisonnement de ces différents cercles, qui se côtoient sans vraiment se rencontrer ni même se connaître. Quand la connaissance fait défaut, ce sont les préjugés et les clichés qui viennent combler le vide. Néanmoins cette ville a un énorme potentiel. Pondichéry pâtit encore chez nous de son image de belle endormie sur la côte du Coromandel. Mais il s’y passe beaucoup de choses, ça bouge et nous participons à notre manière à ce mouvement de renouveau pondichérien, à travers de nombreux projets, à commencer par un renforcement de la présence économique française.
Cela veut dire quoi d’être aujourd’hui un Pondichérien français ?
Pondichéry est constitué de cercles différents, de populations, d’identités, d’histoires, qui coexistent sans vraiment se mélanger. Chacun contribue à sa manière au dynamisme de cette ville. Le Consulat a accès à tous ces cercles. J’ai à ce titre une place privilégée et je me rends compte qu’il y a une grande diversité dans la façon de vivre l’identité franco-pondichérienne, à mi-chemin entre la communauté de destin qui fonde l’identité française et une singularité irréductible et sans doute nécessaire. Ce n’est pas en coupant les racines que l’on fait pousser les plus beaux arbres.
Lorsque les Pondichériens s’exportent en France, apportent-ils une certaine indianité à l’Hexagone, ou bien se fondent-ils dans la masse ?
Les Français de Pondichéry ne s’exportent pas, ils sont partie intégrante du tissu national et ne me semblent pas constituer, en métropole, une communauté recluse, bien au contraire. Pour le reste, le quartier indien de Paris, je devrais dire tamoul, est principalement constitue de populations originaires du Sri Lanka.
L’argent dépensé à Pondichéry et en Inde dans les consulats, les Alliances françaises, est-il justifié ?
Les Français en Inde ont les mêmes droits et devoirs que leurs concitoyens, où qu’ils vivent. Les citoyens n’ont pas un coût, ils ont des droits et des devoirs, c’est tout. Les Alliances Françaises en Inde sont excédentaires et génèrent des bénéfices. Elles connaissent une croissance exponentielle du nombre d’Indiens désireux d’apprendre notre langue. Nous manquons plutôt de formateurs, que ce soit à Pondichéry, Coimbatore, ou Chennai. La demande s’accroît aussi dans les universités. Au reste, les entreprises françaises emploient dans ce pays 170 000 indiens et le chiffre est en augmentation rapide. La connaissance du français est un plus qui permet d’ouvrir des portes aux jeunes diplômes. Enfin sur le plan des coûts, il est bon d’en finir avec quelques fantasmes : l’administration des Affaires étrangères (hors contributions obligatoires aux organismes internationaux), représente 0,75% du budget de l’État. C’est très peu. La diplomatie coûte peu. Le parc immobilier s’autofinance et ne coûte quasiment rien au contribuable. Et l’activité visas rapporte de l’argent.
Ne va-t-on pas plutôt vers une diplomatie européenne qui ne laisserait qu’une marge de manœuvre étroite à la diplomatie nationale ?
Il est vrai que le traite de Lisbonne a élargi les compétences de la diplomatie européenne, néanmoins un certains nombre de services relèvent du niveau national, à commencer par l’état-civil. &

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