La pensée politique africaine contemporaine

Phambu Ngoma-Binda

Description

Créée en 1963, l'Union Africaine a fêté ses cinquante ans d'existence. Il s'agit d'une pensée à la fois individuelle et collective, portée par des personnalités fortes et par la communauté politique africaine. Ce livre en retrace les articulations essentielles, en évalue l'apport dans les efforts africains de conquête de prospérité et de vie heureuse, et suggère des pistes pour une pensée politique susceptible de plus d'ancrage, et de plus de force libératrice.

Sujets

• Politique
• Philosophie et théologie
• Science politique
• Philosophie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 novembre 2013
• Nombre de lectures: 105
• EAN13: 9782336328928
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

P. NgomaBinda

La pensée politique africaine contemporaine

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La pensée politique africaine contemporaine

La pensée politique africaine contemporaine

Études africaines Collection dirigée par Denis Pryen Dernières parutions Stéphane ESSAGA,Droit des hydrocarbures en Afrique,2013. Kouamé René ALLOU,La bourgeoisie municipale d’Afrique romaine, 2013. Lambert MOSSOA,L’appareil éducatif en Centrafrique, 2013. Joseph EROUMÉ,Kadhafi, la gloire du vaincu, 2013. Roger MONDOUÉ et Yves-Abel NGAGNGUEM FEZE (eds),Identités nationales, postcoloniales ou contemporaines en Afrique. Réflexion en hommage aux 50 ans de l’Union africaine, 2013. Patrice LIBONG BADJAN,Réformes institutionnelles de la CEMAC. Jeu des acteurs, intérêt des États, 2013. Albert SANON,Yele pe être homme, Initiations traditionnelles et éducation corporelle au Burkina Faso, 2013. Claudine-Augee ANGOUE,La dialectique du politique et du religieux, Pour une anthropologie du pouvoir au Gabon, 2013. Godwin TETE,Autopsie du développement pernicieux. Le cas du Togo,2013. Etanislas NGODI,Le mouvement Nsilulu dans le pool ou les combattants de Saint Michel, Congo-Brazzaville,2013. Etanislas NGODI,Oppositions démocratiques du Congo-Brazzaville,2013. Paul MALUMBA (dir.),Gestion durable des agro-systèmes en milieu tropical humide, 2013. Anne-Marie KOFFI KOUADIO BLA,La Côte d’Ivoire en crise face au droit international, 2013. Mwamba TSHIBANGU, Alexis KABAMBI,Étienne Tshisekedi, la trajectoire vers la présidence, 2013. Barthélémy NTOMA MENGOME,La Bataille de Libreville. De Gaulle contre Pétain : 50 morts, 2013. Alfa Oumar DIALLO,Bien enseigner en Afrique, oui, mais avec qui et comment ?, 2013. Régine NGONO BOUNOUNGOU,La réforme du système pénitentiaire camerounais. Entre héritage colonial et traditions coloniales, 2013. Augustin TCHAMENI,Évolutions contemporaines du régionalisme africain, 2013. Antoine NGAKOSSO,Réformes fiscales en Afrique. Le management du changement, 2013. Jean-Baptiste NKULIYINGOMA, Rwanda : le pouvoir à tout prix, 2013. Alain Laurent ABOA, Hilaire DE PRINCE POKAM et Aboubakr TANDIA, Démocratie et développement en Afrique : perspectives des jeunes chercheurs africains, 2 volumes, 2013.

P. Ngoma Binda La pensée politique africaine contemporaine

Préface d’Elikia M’Bokolo

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QUELQUES OUVRAGES DU MEME AUTEUR Démocratie, femme et société civile en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2012. Leçons de marketing politique, Kinshasa, Cedesurk, 2011. Théorie de la pratique philosophique,Paris, L’Harmattan, 2011. Démocratie et participation à la vie politique, Johannesburg, Osisa, 2010 (directeur). Principes de gouvernance politique éthique,Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant, 2009. Introduction à la pensée politique congolaise, Kinshasa, Ifep, 2009. Justice transitionnelle en RD Congo, Paris, L’Harmattan, 2008. La pensée politique africaine, Bruxelles, IUAR, 2007. ère La participation politique éd. 1995). , Kinshasa, Ifep, 2005 (1 Philosophie et pouvoir politique en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2004. Une démocratie libérale communautaire pour la RDC et l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2001. Justice, démocratie et paix en RDC, Kinshasa, Ifep, 2000 (dir.). Rôle de la femme et de la famille dans le développement, Kinshasa, Ifep, 1999. Religion et paix sociale, Kinshasa, Ifep et Firp, 1997 (dir.). La tolérance politique, Kinshasa, Ifep, 1996 (co-dir.). La participation politique, Kinshasa, Ifep et FKA, 1995. La philosophie africaine contemporaine, Kinshasa, FCK, 1994. Zamenga Batukezanga, Kinshasa, Saint Paul Afrique, 1990. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [e-mail] [e-mail] ISBN : 978-2-343-00705-2 EAN : 9782343007052

PREFACE

Voici le livre d’un Africain vivant en Afrique qui vient fort à pro- pos dans cette espèce de désordre qui semble caractériser le début du ème XXI siècle. Au niveau mondial, partout, apparemment, les vieux discours idéologiques qui ont dominé les deux derniers siècles sem- blent délégitimés et aucun des nouveaux ne paraît recueillir une adhésion suffisamment large et forte pour représenter une véritable alternative. Aux autres échelles–régionales, voire conti- nationales, nentales–propositions de réponse aux nouveaux défis de notre les temps ne manquent pas. L’Afrique, dans ce contexte, fait figure, à tort, de parent pauvre. La plupart des Africains eux-mêmes en sont persuadés. Il suffit, pour s’en convaincre, de suivre les débats afri- cains sur certains thèmes majeurs. Ainsi, par exemple, les stratégies déployées en vue de construire l’Union Africaine, sur les ruines de l’Organisation de l’Unité Africaine, se donnent explicitement ou implicitement pour modèle celles qui ont conduit à l’Union Euro- péenne, oubliant la profondeur chronologique et la continuité argu- mentative du projet d’unité africaine qui remonte, pour le moins, au milieu du XIXe siècle, bien en amont de la colonisation, à l’heure où l’Europe épuisait son énergie dans l’affrontement meurtrier de natio- nalismes concurrents et hostiles. De même, pour imaginer l’avenir du développement de ses sociétés, l’Afrique semble se contenter de reprendre à son compte les petites recettes improvisées et à court terme de la mondialisation capitaliste. Produit par les combats et les révoltes des peuples africains, l’effondrement des despotismes, si longtemps soutenus et justifiés par les puissances étrangères, semble paradoxalement n’être que le résultat de pressions et de conditionna- lités de ces mêmes puissances et ne pouvoir déboucher sur autre chose que la démocratie libérale et représentative alors que celle-ci est vivement critiquée au sein même des Etats occidentaux qui préten- dent la promouvoir en Afrique. Philosophe, enseignant chercheur, citoyen connu pour ses enga- gements intellectuels et politiques face aux conflits armés en RD Congo et pour la reconstruction durable d’un espace sociopolitique équilibré, juste et apaisé dans ce vaste pays africain, Phambu Ngoma- Bindaest l’une des personnes les mieux indiquées pour s’engager dans la synthèse critique qu’il nous livre aujourd’hui. Son ouvrage, La pensée politique africaine contemporaine est une œuvre toute per- sonnelle, qui n’obéit à aucun genre imposé. Les historiens y trouve- ront les repères de leurs travaux, les sociologues et les politologues de quoi alimenter et enrichir leurs analyses, les philosophes de nouvelles provocations à la réflexion, tous les citoyens et hommes d’action enfin

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des pistes pour esquisser et proposer de nouvelles trajectoires pour le futur collectif de l’Afrique. Le singulier affiché dans le titre–La pensée politique africaine–en surprendra sans doute plus d’un, tant la plupart des gens sont habi- tués à se représenter une Afrique foisonnant (et probablement aussi souffrant) de diversité, éclatée dans ses paysages, ses langues, ses peuples, « tribus » et « ethnies », ses ressources et, bien entendu, les options rivales, antagonistes et conflictuelles de ses dirigeants : Les cinquante Afriques,comme l’ont dit deux bons connaisseurs du con- tinent. Pour Ngoma-Binda, l’unité de cette «pensée» tient d’abord à ce à quoi elle répond : non pas à un défi contraint dans quelques limites temporelles serrées, mais à une provocation majeure, générali- sée, étalée sur plus de deux siècles. Il s’agit, pour lui, de prendre en charge « les idéologies politiques qui ont germé en Afrique au contact des Africains avec les affres de la colonisation et du colonialisme », en tant que « résistance à ladomination politique, à l’effacement culturel et à l’exploitation économique de l’Afrique par l’Occident», et dont l’ambition ultime, avouée ou non, est «la réorganisation des rapports entre l’Occident qui domine et l’Afrique qui suffoque». Le cœur desa réflexion est donc bien l’enjeu central et fondamental de l’Afrique d’aujourd’hui, «la problématique du sous-développement et du développement» dans ses multiples déclinaisons. Ce n’est pas dire, évidemment, que hors de ce « contact», survenu d’ailleurs non pas comme une vague submergeant tout sur son passage, mais effectué en des séquences temporelles éclatées, les Africains n’aient pas pensé! Ce n’est pas non plus conforter le lieu commun usagé qui voudrait que, jusqu’à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, les Africains n’aient pas conçu, connu, produit et expérimenté des idéologies poli- tiques! C’est de tout le contraire qu’attestent, entre autres indicateurs, la durée et la vigueur des débats, dont il est l’un des protagonistes, sur « la philosophie africaine ». Mais, les « systèmes idéologiques de l’Afrique précoloniale» ne s’inscrivent pas au centre de ses préoccu- pations, quoiqu’ils apparaissent régulièrement dans l’usage qu’en font les idéologues contemporains et dans la critique qu’il énonce de cet usage, souvent limité à l’explosion spectaculaire et momentanée de slogans manipulateurs.

Préface

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Ce « contact» avec l’Occident ne s’inscrit pas dans une «conjonc- ture», au sens où l’entendent les historiens, ou dans un moment passager de « la mondialisation», dont les contraintes s’imposeraient identiquement à tout le monde : il se déploie, au contraire, dans une « longue durée », dont les séquences chronologiques sont comme un renforcement continué du projet central d’exploitation et de domina- tion.C’est pourquoi les différences circonstancielles et localisées, qui apparaissent dans l’expression de la pensée africaine, n’entament nullement son unité profonde. Bien sûr, il n’y a pas que l’Occident. On voit bien, sans que cela soit cependant explicité de manière systé- matique, que l’Afrique s’est aussi mise et est restée en attention, en observation et en écoute, face aux autres parties du monde, dont les idéologies se sont trouvées en antagonisme avec celles de l’Occident, comme bien sûr le communisme, présent en Afrique sous le nom de « socialisme scientifique », ou qui se sont posées en confrontation avec lui, au Moyen Orient, en Asie orientale, aux Caraïbes et en Amérique du sud, partout où l’Occident a cherché ou a réussi, plus ou moins durablement,à s’imposer en dominateur. Quelles qu’en soient les formulations, l’unité de la pensée politique africaine résiderait ainsi en ce que ses expressions se révèlent toutes être l’élucidation raisonnée d’un même cri tumultueux de refus de la mort, car celle-ci est intimement liée aux multiples formes de la do- mination occidentale : ce cri exprime, en même temps, la volonté assumée et réalisée, au prix fort, de continuer à vivre dans la dignité. Ce qui distingue ces formulations, c’est donc «le point d’ancrage» (politique, culturel et économique), que chacune privilégie dans les réalités éprouvées d’un système de domination généralisée, et le mode d’articulation que chacune organise entre les différents points d’ancrage. On comprend ainsi que la première formulation étudiée soit la pensée politique, organisée de longue date autour de l’idée de liberté et de l’idée d’unité: liberté individuelle et collective, dont on suit les cheminements des Amériques à l’Afrique, de l’esclavage et de ses effets jusqu’aux sursauts continus en faveur de la démocratie, de l’unité de la «race» à l’unité du continent. Cette pensée politique ne manque pas de tensions ni de contradictions. Comment, par exemple, articuler le projet, si ambitieux qu’il peut en sembler utopique,