La politique étrangère de l'Inde envers l'Iran

Mélissa Levaillant

Description

Solidaire d'un Pakistan porteur des valeurs islamiques, fâché avec les Etats-Unis, mobilisé contre Israël, avec qui l'Inde approfondit sa coopération, l'Iran n'avait rien pour s'entendre avec le géant de l'Asie du Sud. Pourtant les deux Etats coopérent dans de nombreux domaines. Cette étude se centre sur les éléments qui ont contribué à faire de l'Inde et de l'Iran des partenaires privilégiés.

Sujets

• Politique
• Diplomatie
• Géopolitique
• Relations internationales
• Islam

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 mars 2012
• Nombre de lectures: 44
• EAN13: 9782296483910
• Langue: Français

Extrait

LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE L’INDE ENVERS L’IRAN
COLLECTION L’IRAN EN TRANSITION
Dirigée par Ata Ayati

L’IRAN sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad. Bilan et perspective . Sous la direction de Djamshid ASSADI, 2009.

M. A. ORAIZI, L’Iran : un puzzle ? 2010.

Hassan PIROUZDJOU, L’Iran, au début du XVIe siècle. Préface de Francis Richard, 2010.

David RIGOULET-ROZE, l’Iran puriel. Regards géopolitiques. Préface de François géré, 2011.

L’Iran et les grands acteurs régionaux et globaux. Perceptions et postures stratégiques réciproques. Sous la direction de Michel MAKINSKY, 2012.

Bijan GHALAMKARIPOUR, L’univers mental des Iraniens : Approche sociologique des proverbes et des maximes persans , Préface de Claude Javeau, 2012.
Mélissa LEVAILLANT

LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE L’INDE ENVERS L’IRAN

Entre politique de responsabilité
et autonomie stratégique
(1993-2010)

Préface de Bertrand BADIE

L'HARMATTAN
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-296-96794-6
EAN : 9782296967946
Remerciements
Je tiens à remercier avant tout le Professeur Bertrand Badie, qui a supervisé ce travail de recherche. grace à sa disponibilité et à son exigence, il m’a donné les outils théoriques et méthodologiques pour progresser tout au long de l’année.
Par ailleurs, mes remerciements vont à tous les enseignants, chercheurs et doctorants, qui m’ont reçue et m’ont fait partager leur savoir et leur intérêt pour la politique étrangère de l’Inde.
Je souhaite remercier particulièrement le Centre de Sciences Humaines de new Delhi et son directeur, Basudeb Chaudhuri, qui m’a accueillie lors de mon séjour de recherches en Inde.
Préface
Melissa LEVAILLANT a réussi avec succès une entreprise courageuse, utile et suggestive. Il fallait du courage pour renouer avec une approche de politique étrangère appliquée aux relations bilatérales entre deux etats qui n’offrent a priori aucune facilité documentaire. Plus encore, il fallait aller contre l’évidence : solidaire d’un Pakistan porteur des valeurs islamiques, fâché avec les etats-Unis dont Delhi n’a de cesse de se rapprocher, mobilisé contre Israël avec qui l’Inde approfondit sa coopération, l’Iran n’avait rien pour s’entendre avec le géant de l’Asie du Sud.
Pourtant,l’ouvragequej’ailegrandplaisirdepréfacermontre à l’évidence qu’il en va tout autrement. Certes le bilatéralisme a ses raisons que les réalistes connaissent bien, faites d’intérêts complémentaires, de besoins croisés, d’équilibres géopolitiques.
Mais, au-delà de ces évidences, l’auteur dégage des ferments de coopération plus subtils : un univers symbolique et culturel, en partie commun, qui réunit depuis longtemps deux partenaires que tout devait séparer, mais qu’une histoire longue installe dans la symbiose. Surtout, le jeu complexe d’une puissance dite « émergente » et qui accède à la stature mondiale. Un tel repositionnement qui ouvre à la puissance et l’autonomie débouche paradoxalement sur une sorte de contrainte : être du club des plus grands implique de ne plus être enfermé dans ses alliances, mais d’être pro-actif sur tous les terrains. entrer dans la mondialisation suppose d’ouvrir son propre espace social national au jeu complexe des tensions régionales : une société comptant 130 millions de Musulmans ne peut pas se fermer à un des pôles militants de l’islam. Quelle que soit la force de sa politique de « look east », tournée vers l’ASEAN et le monde extrême oriental, l’Inde ainsi rehaussée et mondialisée ne peut pas se priver d’un effort de pénétration coûteuse- mais décisived’un Moyen Orient devenu cratère du monde. Melissa levaillant montre très bien que le jeu de puissance n’est pertinent aujourd’hui qu’autant qu’il est amendé par la prise en compte des paramètres sociaux, culturels et historiques. Qu’à condition aussi qu’on sache placer les atouts de la nouvelle politique étrangère non plus dans la puissance brute que nous livrent les indicateurs classiques, mais dans ces ressources qu’offrent les nouvelles conjonctures d’une mondialisation complexe, transformant le pluralisme, la transition, voire les contrastes, en une source de capacité diplomatique étonnante. Ni totalement du nord, ni totalement du Sud, riche et pauvre en même temps, souverainiste mais au centre de la mondialisation, l’Inde, contrairement aux vieilles Puissances, a les moyens d’être en bon terme avec tout le monde, à l’instar de ses partenaires de l’IBAS, (Inde, Brésil, Afrique du Sud), moins que le cousin d’Amérique du Sud ou même que le petit cousin africain, mais bien plus que les européens ou les nord-Américains. Cette diplomatie du « grand ecart », ainsi explorée par l’auteur, est une belle contribution aux « nouvelles Relations Internationales ». elle invite à la comparaison, à la compréhension des nouveaux acteurs et des nouvelles donnes qui distinguent notre troisième millénaire. elle fait honneur au Master de Recherche en Relations internationales de Sciences Po Paris, dont ce travail est brillamment issu.

Bertrand Badie
Introduction
À une époque où l’Inde s’insère dans l’espace mondial, et revendique avec les autres émergents une place aux côtés des pays occidentaux, s’interroger sur sa politique étrangère à l’égard de l’Iran peut surprendre. Depuis la fin de la guerre Froide, la politique étrangère indienne s’est distinguée par la quête des attributs d’une grande puissance. En juillet 2005, la signature d’un accord de coopération nucléaire civile avec Washington illustre la reconnaissance de fait de la politique nucléaire de new Delhi. Le partenariat entre l’Inde et les Etats-Unis signifie une réévaluation globale de la puissance indienne.
Dès lors, beaucoup d’éléments différencient, voire opposent, la plus grande démocratie mondiale et la République islamique d’Iran. On connaît l’antagonisme qui caractérise la relation entre les Etats-Unis et l’Iran depuis la révolution islamique de 1979. Les interventions américaines en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003, et la politique de démocratisation du « grand Moyen Orient », n’ont fait qu’accroître l’animosité du régime iranien à l’égard du « grand Satan ». De plus, la crise du nucléaire iranien depuis 2003 engage désormais l’ensemble de la communauté internationale dans une politique complexe de négociations et de sanctions avec l’Iran, perçu comme une menace à la sécurité internationale.
Et pourtant, l’Iran est un élément constitutif de la redéfinition de la politique étrangère indienne depuis la fin de la guerre Froide. L’Inde et l’Iran partagent un fond historique commun de civilisation et de culture. Ces deux puissances régionales au passé prestigieux, aspirent toutes deux à jouer un rôle à l’échelle internationale, et à agir à l’égal des plus grandes nations. Par sa 9 localisation entre le Moyen Orient, l’Asie Centrale, le monde indien, et le Caucase, l’Iran affecte la politique indienne dans son voisinage proche : au Pakistan, sen Asie Centrale, en Afghanistan. En outre, ses importantes réserves d’hydrocarbures sont convoitées par l’Inde. On observe ainsi au début des années 1990 un rapprochement entre ces deux états, qui ont des intérêts économiques, énergétiques et stratégiques convergents. Nous étudierons les différents facteurs qui déterminent l’évolution de la politique iranienne de l’Inde depuis 1993, en s’interrogeant sur la nature et la portée de cette relation.
En étudiant la politique étrangère de l’Inde envers l’Iran, on évalue le nouveau rôle et le statut de l’Inde dans son voisinage étendu et dans le monde. Il s’agit surtout d’interpréter la relation indo-iranienne au regard des choix stratégiques auxquels est confrontée la puissance émergente indienne. Alors que l’Inde s’est engagée dans la quête de la puissance depuis les années 1990, l’Iran incarne à la fois un partenaire et un obstacle vers l’acquisition de ses moyens. Au carrefour de l’évolution historique de la politique étrangère de l’Inde, et de son insertion dans le système international du XXIe siècle, la trajectoire suivie par la politique étrangère de l’Inde envers l’Iran met à jour les impératifs conflictuels de la politique étrangère indienne.
L’analyse d’une politique étrangère en relations internationales nécessite avant tout de raisonner en termes de registre de puissance. Dans le contexte de l’insertion de l’Inde comme un nouveau pôle de puissance, la politique étrangère de l’Inde envers l’Iran s’explique et s’interprète à partir des carac