La tragédie syrienne
248 pages
Français

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La tragédie syrienne , livre ebook

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Description

Une analyse approfondie de la crise syrienne démontre que, loin d'être une simple révolte populaire contre un régime tyrannique, le soulèvement est le fait d'une fraction du peuple, essentiellement sunnite, et mue par une soif de revanche depuis l'écrasement des fondamentalistes en 1982. Les minorités se sont tenues à l'écart. Dans ce pays multiethnique et multiconfessionnel, le conflit actuel est redevenu, comme dans le passé, une violente guerre intercommunautaire. En soutenant une coalition d'opposants dominée désormais par des islamistes, l'Occident n'a pas fait le meilleur choix.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2013
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296532380
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Jean-Pierre Estival









La tragédie syrienne

Révolte populaire ou complot international ?
Copyright
Du même auteur chez le même éditeur

Le marché mondial des ressources.
La guerre fait rage , 2009.
Les nouveaux affrontements économiques entre les nations , 2011.
Le duel économique franco-allemand , 2011.
L’Europe face au printemps arabe , 2012.





















© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66206-0
In memoriam
In memoriam
En souvenir de mes anciens étudiants syriens engagés des deux côtés de cette guerre et particulièrement à :
Jamil
qui, de confession chrétienne, est mort lors du siège d’Alep en combattant du côté des forces du régime. Son dernier mail reçu fin juillet était libellé ainsi : « Je ne comprends pas l’Occident qui a pris fait et cause contre le régime actuel. Est-ce un crime que de nous avoir protégés et permis de grandir dans la dignité ? Assad est le seul dirigeant du monde arabe, je dis bien le seul, à avoir protégé les minorités, le seul où les chrétiens ont pu vivre en paix et dans la dignité. Que préparent les Frères musulmans ? Nous faire retourner au XIX e siècle et faire de nous des vassaux aux droits limités dans une Syrie islamisée ? Est-ce cela le combat rétrograde de l’Occident ? Et ton pays la France, je le hais pour n’avoir rien compris, absolument rien, au conflit de mon pays et être en train de livrer notre pays aux hordes barbares d’Al-Qaeda. »
Et aussi à :
Ahmad
qui, de confession sunnite, est mort début décembre dans la banlieue sud de Damas lors d’intensifs bombardements de l’armée du régime. Son dernier mail reçu de lui fin octobre était libellé ainsi : « J’en ai assez de cette dictature et de cette privation de liberté. J’étouffe dans mon pays et je me battrai avec les sunnites, mes frères, jusqu’à la mort pour que ce régime tombe, et le plus vite sera le mieux. Mon pays doit être gouverné par un sunnite et par les principes de l’islam, la religion de nos pères. »
Puisse Dieu, en qui ils croyaient, les réunir.
Citations


« Il n’y aura pas de vainqueurs en Syrie. Nous sommes confrontés aujourd’hui à la sombre possibilité d’une guerre civile de longue haleine qui détruira le riche maillage de communautés intimement liées. »
(Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations-Unies, dénonçant la poursuite des combats)
« Le conflit ne connaîtra pas de vainqueurs, mais seulement des vaincus s’il perdure. »
(Pape Benoît XVI présentant ses vœux aux ambassadeurs du monde entier accrédités auprès du Saint-Siège, début 2013).
Avant-propos
« Dans nos pays arabes, nous n’avons jamais connu la démocratie, ni dans notre histoire politique ni dans notre histoire culturelle. Au lieu de faire des pas pour dépasser cet état de choses, on s’enlise. Et toutes les forces européennes et occidentales favorisent l’enlisement des Arabes à cause des intérêts économiques. La France aussi, malheureusement, en soutenant des fondamentalistes en Tunisie, au Yémen, en Syrie ou en Irak. Et pourtant, la France est un pays de culture, d’ouverture sur l’autre. Je peux comprendre que l’Angleterre ou les États-Unis soient du côté du pétrole, et de l’argent, mais la France, elle ne doit pas être comme les autres ! »
Adonis 1
Selon les Phéniciens, l’eau des rivières près de Beyrouth avait pris la couleur rouge du sang d’Adonis tué par vengeance par le dieu mythique Aurès. Étrange prédilection pour le sort tragique de cette région du monde, berceau de notre civilisation, sans cesse meurtrie au cours des siècles, et dont l’Histoire s’est écrite jusqu’ici dans un interminable bain de sang. C’est vrai de ces deux pays frères, le Liban et la Syrie, qui, pendant longtemps, n’ont constitué qu’une seule et simple entité politique. La Syrie d’aujourd’hui n’a pas dérogé à ce funeste destin.
Que reste-t-il aujourd’hui de la Syrie que j’ai connue et où j’ai travaillé pendant de longs mois au sein d’une ONGI ? C’était pourtant il y a si peu de temps. Cependant, à la vue des champs de ruines actuels et des destructions massives en tous genres, il me semble qu’il s’agit de plusieurs siècles. J’ai eu la chance de connaitre ce beau pays si attachant et dont les peuples très variés qui le constituent sont parmi les plus raffinés du monde arabe. Ils sont héritiers d’une grande Histoire. De Damas, je me souviens de la vie artistique et littéraire qui y régnait, des prestigieuses universités où venaient étudier de nombreux étudiants arabes appartenant à des pays qui se disent aujourd’hui « ennemis » de la Syrie actuelle. À cette époque, même les étudiants américains désireux d’apprendre l’arabe avaient déserté Le Caire pour Damas qui était sur le point de devenir la ville de référence de l’enseignement de l’arabe international. Il y avait une vie intellectuelle dense et attachante dans cette ville multiethnique et multiculturelle, unique dans le Moyen-Orient actuel trop autocentré sur la seule culture islamique. La langue française y était très appréciée. Non seulement pas mal d’intellectuels parlaient notre langue, mais ils l’aimaient, surtout ceux qui avaient reçu une éducation dans une école privée ; ces écoles étaient nombreuses dans ce pays qui se définissait comme laïque et ouvert à la diversité des cultures et des religions. La langue française était d’ailleurs enseignée dans nombre de collèges et lycées d’État, et parfois en première langue. En tant qu’assistant, j’avais reçu, de la part du gouvernement syrien, une demande officielle d’élargissement et d’approfondissement de coopération universitaire visant à accroitre le nombre d’assistants français en Syrie, demande que j’avais transmise à l’époque au Ministère des Affaires étrangères à Paris et qui ne fut jamais honorée. La télévision d’État, dans ses programmes internationaux, ne manquait pas de diffuser un bulletin en français en plus de celui diffusé en anglais. Lors de conférences, à Damas, il n’était pas rare d’aborder des spécialistes syriens parlant français. Les femmes avaient pris dans la société civile un poids évident qui honorait ce pays qui se qualifiait pourtant d’arabe. Depuis 1973, la nouvelle Constitution garantissait l’égalité de statut pour les femmes. Dans la première version de la Constitution de 1973, il avait été même permis à un non-musulman d’accéder à la magistrature suprême, situation unique dans un pays arabo-musulman contemporain. Mais la pression des Frères musulmans avait réussi par la suite à faire annuler cette ouverture libérale.
Certes, nul n’ignorait, parmi les étrangers, que la minorité alaouite avait pris le pouvoir et régnait sur le pays. Nul n’ignorait non plus que les dissidents politiques, souvent de confession sunnite, pouvaient y être pourchassés, torturés, emprisonnés et même éliminés. C’était l’autre face cachée du régime. Une première rébellion organisée par les Frères musulmans dans Hama en 1982 avait entrainé une répression sanglante qui avait abouti à la mort de près de 20 000 personnes. Nul ne l’ignorait comme nul n’ignorait le fait que si révolte il devait y avoir, elle proviendrait d’abord de Frères musulmans qui avaient une revanche à prendre sur l’Histoire. Les Frères musulmans et les salafistes étaient devenus l’obsession du régime bassiste et l’inverse est vrai. Cette peur du régime à l’égard des islamistes se traduisait par des contrôles, des surveillances et par la difficulté d’exprimer une opinion contraire à celle du parti baasiste, parti unique qui se qualifiait pourtant comme progressiste et socialiste, et il est vrai que sur certains points la Syrie était progressiste eu égard aux sociétés moyenâgeuses ou rétrogrades qui caractérisaient les régimes et la vie sociétale de nombreux pays arabes. L’Unive

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