La violence verbale Tome 1
234 pages
Français

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La violence verbale Tome 1 , livre ebook

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Français

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Description

La violence verbale, fortement invoquée dans les discours publics, questionne les sociolinguistes qui cherchent à en décrire les mécanismes linguistiques et interactionnels mais aussi les effets sociaux et institutionnels. Ce volume fait état à la fois de terrains, d'approches et de manifestations très divers. Qu'elle s'exprime sur les ondes de radio ou même dans l'enceinte du parlement, la violence verbale exprime à chaque fois des rapports de force symboliques, des enjeux de pouvoir et les échecs d'une communication coopérative.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2008
Nombre de lectures 147
EAN13 9782336263618
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Espaces Discursifs
Collection dirigée par Thierry Bulot
La collection Espaces discursifs rend compte de la participation des discours (identitaires, épilinguistiques, professionnels...) à l‘élaboration/représentation d’espaces - qu’ils soient sociaux, géographiques, symboliques, territorialisés, communautaires,... - où les pratiques langagières peuvent être révélatrices de modifications sociales.
Espace de discussion, la collection est ouverte à la diversité des terrains, des approches et des méthodologies, et concerne - au-delà du seul espace francophone - autant les langues régionales que les vernaculaires urbains, les langues minorées que celles engagées dans un processus de reconnaissance ; elle vaut également pour les diverses variétés d’une même langue quand chacune d’elles donne lieu à un discours identitaire ; elle s’intéresse plus largement encore aux faits relevant de l’évaluation sociale de la diversité linguistique.
Derniers ouvrages parus
Karima ZIAMARI, Le code switching au Maroc, 2008..
Didier de ROBILLARD, Perspectives alterlinguistiques, Tome 2. Ornithorynques, 2008.
Didier de ROBILLARD, Perspectives alterlinguistiques, Tome 1. Démons, 2008.
Laurent PUREN et Sophie BABAULT (Sous la direction de), L’Education au-delà des frontières, 2007.
Michelle AUZANNEAU (dir.), La mise en oeuvre des langues dans l’interaction , 2007.
Sigrid BEHRENT, La communication interalloglotte , 2007.
Jeanne-Marie BARBERIS, Maria Caterina MANES GALLO (dir.), Parcours dans la ville, 2007.
Aude BRETEGNIER (éd.), Langues et insertions, 2007.
Christine HELOT, Du bilinguisme en famille au plurilinguisme à l’école, 2007.
Gudrun LEDEGEN (Sous la direction de), Pratiques linguistiques des jeunes en terrains plurilingues , 2007.
Jean-Michel ELOY & Tadhg Ó hIFEARNÁIN (dir.), Langues proches - Langues collatérales, 2007.
Sabine KLAEGER, La Lutine , 2007.
La violence verbale Tome 1
Tome 1 - Espaces politiques et médiatiques

Claudine Moïse
Nathalie Auger
Béatrice Fracchiolla
Christina Schultz-Romain
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296059245
EAN : 9782296059245
Sommaire
Espaces Discursifs - Collection dirigée par Thierry Bulot Page de titre Page de Copyright PREFACE - LA VIOLENCE VERBALE ET L’ORDRE SOCIAL INTRODUCTION - LA VIOLENCE VERBALE, D’UN PROJET À UN COLLOQUE PARTIE 1 - ESPACE POLITIQUE
COUSIN DE CRAPAUD ! FILS DE BŒUF !... DE QUELQUES STRATEGIES APOSTROPHIQUES EN DISCOURS INSTITUTIONNEL DU « PARLER CRU » A L’INSULTE : NIVEAUX DE VIOLENCE DANS LE DISCOURS SEXISTE EN POLITIQUE LA VIOLENCE VERBALE DANS LES CONSEILS D’UNIVERSITE
PARTIE 2 - MEDIA, TRAVAIL ET ESPACE PUBLIC
POUR UN MODELE FONCTIONNEL D’ANALYSE DU DISCOURS D’OPPOSITION : LA TRASH RADIO RAPPELS A L’ORDRE ET SUBERVSIONS ORDINAIRES DANS LE LANGAGE DE CHANTIER CONFLITS LANGAGIERS ET CONFLITS IDENTITAIRES AU SEIN DE REUNIONS DE TRAVAIL EN ENTREPRISE LES DISPUTES DE POLITESSE DANS L’ESPACE URBAIN : QUAND LA POLITESSE TOURNE A LA VIOLENCE PARLURES ARGOTIQUES, INSULTES LA VERITE AU RISQUE DE LA VIOLENCE REMARQUES SUR LA STYLISTIQUE DU RAP EN FRANÇAIS
Références bibliographiques
PREFACE
LA VIOLENCE VERBALE ET L’ORDRE SOCIAL
MONICA HELLER 1

Cet ouvrage collectif soulève une des questions classiques de la sociolinguistique : quel est le rôle des pratiques langagières dans la construction de la réalité sociale ? Plus précisément, il pose la question du rapport entre la langue et l’ordre social.
Dire « la violence verbale » est, en effet, une façon condensée de renvoyer aux attentes des locuteurs face à l’interaction, à tous les niveaux. Le concept sous-entend que des pratiques langagières, en l’occurrence à l’oral, peuvent être ressenties comme violentes, c’est-à-dire comme des infractions contre la personne en tant qu’individu et en tant que membre d’une collectivité. Qui dit infraction, dit ordre.
La première fois que j’ai entendu le terme, c’était par le biais de la directrice de cet ouvrage, Claudine Moïse, lorsqu’elle m’a appris qu’elle avait entamé une enquête sociolinguistique concernant la violence verbale en milieu scolaire. J’étais curieuse ; la formulation ne m’était pas familière. Chez nous, au Canada, quand on parle de violence à l’école on parle de couteaux, de bâtons de baseball, plus rarement, heureusement, d’armes à feu. Le concept le plus proche serait le taxage (bullying en anglais), soit une forme très spécifique de violence entre élèves qui passe par diverses formes de coercition, y inclus langagière.
J’ai donc accompagné Claudine une fois à l’école en question. Tous les membres du corps professoral que nous avons rencontrés avaient des histoires à rattacher au concept; pour eux et pour elles, il renvoyait à des expériences très concrètes et spécifiques qu’ils et elles étaient capables de raconter. Et toutes ces expériences relevaient de l’ordre social, soit en termes de la non collaboration avec des routines institutionnelles, ou à un autre niveau la non collaboration avec les routines interactionnelles. L’exemple qui pour moi demeure l’exemple clé c’était le refus d’un élève ni de s’asseoir « à sa place » ni de répondre aux interpellations de sa professeure ; la situation a éclaté, selon la professeure, lorsque l’élève a finalement répondu avec un « pardon ? ». Ce « pardon ? » dans sa forme semble parfaitement polie ; pour comprendre pourquoi il est ressenti comme violence par la professeure il faut évidemment remonter aux attentes quant aux liens entre l’ordre interactionnel (répondre à une interpellation), l’ordre spatial (« s’asseoir à sa place », l’ordre temporel (s’asseoir et parler au « bon moment ») et l’ordre institutionnel, et donc finalement au sens social de l’institution elle-même, et ce dans son contexte social, culturel et historique : il faut tenir compte des histoires interactionnelles des participant-e-s, mais aussi du fait qu’un phénomène observable compte pour une professeure dans une ZEP en France comme violence, tandis que pour ses homologues ailleurs il pourrait être interprété autrement. Se faire devancer dans une queue relève de l’insupportable dans certains contextes, et de la normalité totale ailleurs, où l’on se demanderait simplement comment on n’a pas réussi à être assez vite soi-même.
Donc la « violence verbale » est un terme connoté, à saisir uniquement dans son sens situé, c’est-à-dire dans le contexte de la question à savoir ce qui compte comme violence et pour qui. Derrière la question se trouve aussi celle de savoir de quelles formes d’ordre social il s’agit, et quel est le rôle spécifique de la langue dans la construction et la reproduction (et donc la résistance et la transformation) de cet ordre.
Les contributions à ce volume démontrent clairement que ce rôle est multiple. En ne regardant que les formes de construction linguistique et discursive de ce qui compte comme violence, et celles de leur mise en jeu interactionnel, on peut constater à quel point la violence verbale nécessite la mobilisation de ressources langagières complexes. Mais il ne faut pas, à mon avis, se limiter à l’ordre linguistique et son lien avec l’ordre interactionnel. Ces formes d’ordre sont profondément imbriquées dans des formes qui dépassent le ici et le maintenant. L’élève de l’école de ZEP doit avoir une compréhension de son rapport en tant que jeune minoritaire avec une institution étatique de sélection sociale ; et ses pratiques font sens non pas seulement dans l’immédiat d’une salle de classe un jour d’hiver, mais dans l’inscription de son groupe dans la société française.
Le défi théorique, analytique et méthodologique pour nous c’est de trouver comment saisir ces liens, comment les observer, comment découvrir quels processus langagiers apparaissent — et pour quelles raisons - qui permettent aux acteurs de travailler à la reproduction ou à la contestation (voire la destruction) de formes spécifiques d’ordre social. Pour ne donner qu’un exemple, le format I-R-F (Initiative, réaction, feedback), considéré comme dominant dans l’apprentissage en salle de classe, n’a de sens qu’au sein d’une idéologie du savoir qui le situe dans la tête des individus (plutôt que, par exemple, dans l’espace conversationnel d’un groupe), et qui associe l’ordre social avec une certaine répartition du contrôle de la séquentialité interactionnelle, en l’occurrence le droit du ou de la professeure à répartir les tours de parole, ce qui relève d’une certaine idéologie de l’apprentissage. Le savoir lui-même, dans ce contexte, s’exprime par la performance ; et ce qui compte comme performance légitime ou valorisée relève

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