Le fusil et l olivier
259 pages
Français

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Description

Parcourez l'histoire du concept de "droits de l'Homme" depuis la construction de l'Europe dans un climat dictatorial encore bien présent jusqu'au triomphe des droits de l'Homme et de la démocratie.

Les discours commémoratifs contemporains évoquent une intégration européenne axée dès l’origine sur la défense des droits de l’Homme. L’« Europe des droits de l’Homme » et l’« Europe économique » empruntèrent pourtant des voies séparées.

Ce livre d'histoire politique retrace le processus de convergence de ces deux pans majeurs de la construction européenne à travers l’évolution des relations entretenues par ces organisations internationales avec les dictatures méditerranéennes.

EXTRAIT

La notion moderne de « droits de l’Homme » naît donc avec la création des Nations unies et est liée au développement d’une justice universelle après la guerre. Pour Samuel Moyn, auteur de The Last Utopia, un ouvrage de référence fondamental sur l’histoire des droits de l’Homme dans l’après-guerre, les droits de l’Homme étaient au départ un slogan utilisé par Washington pendant le conflit pour justifier la cause des Alliés. Selon cet auteur, les droits de l’Homme ont à l’origine une valeur rhétorique et restent à la marge des préoccupations politiques de l’époque : il faudra attendre les années soixante-dix pour les voir se développer dans la politique internationale. En 1945-1948, les droits de l’Homme sont, toujours selon Moyn, idéologiquement assimilés à la tendance personnaliste de la pensée politique catholique et doivent leur présence dans le droit international à l’hégémonie politique des démocrates chrétiens en Europe occidentale à l’époque. Mark Mazower explique que la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948 est née d’un consensus idéologique au sein des Nations unies : l’emploi d’un langage générique et utopique servait à éviter tout développement réel des droits qu’elle prescrivait et la déclaration est tout au plus un code de bonnes intentions. L’Union soviétique n’hésita d’ailleurs pas à signer la déclaration et à reconnaître son autorité morale à l’époque. L’essor des droits de l’Homme à partir des années soixante-dix coïncide avec une nouvelle forme de globalisation ; le centre de l’activisme politique n’est plus représenté par l’Organisation des Nations unies (ONU), mais par les organisations non gouvernmentales. Promues depuis les espaces publics nationaux, ces dernières exercent depuis une influence croissante sur les agendas de la politique internationale.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Victor Fernandez Soriano est docteur en histoire de l’Université libre de Bruxelles, où il fut assistant à l’Institut d’études européennes et à la Faculté de philosophie et lettres. Formé à l’Universidad Complutense de Madrid et à la Scuola Normale Superiore di Pisa, il a aussi été chercheur à la Humboldt Universität zu Berlin. Ses recherches portent sur la politique internationale postérieure à la seconde guerre mondiale et en particulier sur les questions touchant aux enjeux des droits de l’Homme.

Informations

Publié par
Date de parution 13 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782800416793
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0117€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le fusil et l’olivier
Les droits de l’Homme en Europe face aux dictatures méditerranéennes (1949-1977)
VICTOR FERNANDEZ SORIANO

Directeur de la collection « Histoire, conflits, mondialisation » Pieter Lagrou
Dans la même collection
Tsuyoshi Hasegawa, Staline, Truman et la capitulation du Japon. La course à la victoire, 2014.
Filippo Focardi, L’Italie, alliée ou victime de l’Allemagne nazie ?, 2014.
Dick van Galen Last, Des soldats noirs dans une guerre de blancs (1914-1922). Une histoire mondiale. 2015.
 E D I T I O N S D E L ’ U N I V E R S I T E D E B R U X E L L E S 
Le fusil et l’olivier
Les droits de l’Homme en Europe face aux dictatures méditerranéennes (1949-1977)
VICTOR FERNANDEZ SORIANO
Publié avec l’aide financière du Fonds de la recherche scientifique – FNRS © 2015 by Editions de l’Université de Bruxelles Avenue Paul Héger 26 − 1000 Bruxelles (Belgique) E-ISBN 978-2-8004-1679-3 D/2015/0171/11 editions@ulb.ac.be www.editions-universite-bruxelles.be
Sur l’auteur
Victor Fernandez Soriano est docteur en histoire de l’Université libre de Bruxelles, où il fut assistant à l’Institut d’études européennes et à la Faculté de philosophie et lettres. Formé à l’Universidad Complutense de Madrid et à la Scuola Normale Superiore di Pisa, il a aussi été chercheur à la Humboldt Universität zu Berlin. Ses recherches portent sur la politique internationale postérieure à la seconde guerre mondiale et en particulier sur les questions touchant aux enjeux des droits de l’Homme.
À propos du livre
« Il n’y a pas d’oranges fascistes. Il n’y a que des oranges » : cette phrase du ministre français des Affaires étrangères, Georges Bidault, prononcée devant l’Assemblée nationale française, en 1948, lors d’un débat sur l’Espagne franquiste, résume à elle seule les relations établies par les Etats fondateurs des Communautés européennes avec les dictatures d’Europe du sud au cours des trois décennies qui suivent la seconde guerre mondiale. Les discours commémoratifs contemporains évoquent une intégration européenne axée dès l’origine sur la défense des droits de l’Homme. L’« Europe des droits de l’Homme » et l’« Europe économique » empruntèrent pourtant des voies séparées, l’une, sous la forme d’un Conseil de l’Europe consacré pour l’essentiel à la protection des droits de l’Homme mais dépourvu de force de dissuasion et l’autre, au travers de Communautés européennes dotées de pouvoirs réels mais peu réceptives aux préoccupations non économiques. Ce livre retrace le processus de convergence de ces deux pans majeurs de la construction européenne à travers l’évolution des relations entretenues par ces organisations internationales avec les dictatures méditerranéennes. Si la démocratie et les droits de l’Homme devinrent, avec le temps, des composantes essentielles du processus d’intégration européenne, ils le durent en grande partie aux réseaux de solidarité internationale et à l’activisme d’acteurs politiques déterminés à prouver qu’il existait bien des « oranges fascistes ».
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Table des matières
Remerciements
I NTRODUCTION
Les droits de l’Homme en Europe, une autre histoire de la construction européenne
Exporter des marchandises et des droits : l’idée d’une politique étrangère européenne
Les dictatures méditerranéennes, des voisins gênants au sud d’un continent polarisé
C HAPITRE I . – La quête du politique. L’émergence des droits de l’Homme dans l’agenda européen (1949-1964)
L’irruption des droits de l’Homme dans l’agenda international
L’Europe des droits de l’Homme ?
Les droits de l’Homme et la création des Communautés européennes
L’association, un partenariat politique ?
Les origines de la notion d’« association » dans le droit international
Les associations du Royaume-Uni à la CECA et de la Finlande à l’AELE
L’association à la CEE comme étape avant l’adhésion : la Grèce et la Turquie
L’accord d’Athènes
L’accord d’Ankara
L’association à la CEE comme relation postcoloniale : les PTOM et les EAMA
L’association à la CEE comme relation économique : l’échec de l’Autriche
Premiers projets de politique étrangère européenne
Le rapport Birkelbach (1961)
Les plans Fouchet (1961-1962)
Le mémorandum Saragat (1964)
C HAPITRE II . – Le dictateur qui voulait être européen. Les négociations entre la CEE et l’Espagne franquiste
L’Espagne franquiste et le nouvel ordre international (1945-1960)
Les perceptions européennes de la dictature franquiste
La demande espagnole d’une association « à la grecque » à la CEE (1962)
La question espagnole au Conseil de l’Europe (1960-1964)
L’affaire du Congrès de Munich de juin 1962
La négociation d’un accord préférentiel avec l’Espagne (1964-1970)
C HAPITRE III . – Un coup d’Etat européen. La construction européenneconfrontée au régime des colonels en Grèce
Le coup d’Etat du 21 avril 1967 à Athènes
L’impact international du coup d’Etat grec
Le « facteur étranger »
Les réactions publiques face au putsch grec
La Grèce, un partenaire légitime des organisations européennes (1967-1974) ?
La Grèce des colonels et le Conseil de l’Europe
La Grèce des colonels et l’OTAN
L’association de la Grèce à la CEE au pilori (1967-1974)
C HAPITRE IV. – La démocratie et les tomates. L’évolution vers une politique communautaire des droits de l’Homme (1969-1977)
Le triomphe des droits de l’Homme
La Communauté européenne et les droits fondamentaux (1969-1977)
Les arrêts de la Cour de justice européenne
La coopération politique européenne
La déclaration commune sur les droits fondamentaux de Luxembourg (1977)
La question portugaise à l’heure des guerres coloniales (1969-1972)
La CEE face à la brutalité du franquisme finissant (1970-1975)
La Grèce, le Portugal et l’Espagne démocratiques aux portes de l’Europe
C ONCLUSION
Notes
Sources et bibliographie
Aperçu des fonds documentaires consultés
Bibliographie par axe thématique
Politique internationale et droits de l’Homme
L’Espagne et l’Europe
La Grèce et l’Europe
Le Portugal et l’Europe
Index des noms
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Remerciements
Ce livre doit beaucoup aux personnes qui en ont lu les premières versions et dont les commentaires l’ont beaucoup amélioré. Nous exprimons toute notre reconnaissance à Pieter Lagrou, qui a dirigé la thèse dont l’ouvrage s’inspire : ses idées et ses conseils nous ont été très précieux tout au long de son élaboration. Notre gratitude va aussi aux professeurs Tom Buchanan de l’Université d’Oxford, Antonio Moreno Juste de l’Universidad Complutense de Madrid ainsi que Justine Lacroix, Irene Di Jorio et Kenneth Bertrams de l’Université libre de Bruxelles, qui ont fait partie du jury de notre thèse. Nous remercions vivement Matthieu Trouvé, qui a évalué une version postérieure du manuscrit. Stéphanie Gonçalves, Marie-Christine Pollet, Mazyar Khoojinian, Cécile Lecomte, John Nieuwenhuys et Géraldine Hertz ont eu l’amabilité et la patience de relire et de corriger le manuscrit. Enfin, Carlos López Gómez, Francisco Mena Parras, Samia Beziou, Japhet Anafak Lemofak, Ornella Rovetta, Jihane Sfeir, Alix Heiniger, Gaëlle Dusepulchre, Achille Bela, Vanessa Núñez Peñas, Sigfrido Ramírez Pérez, Thomas Kostera, Alan Granadinos, Véronique Pouillard et Cécile Vanderpelen-Diagre y ont beaucoup contribué indirectement lors de conversations stimulantes. ← 7 | 8 →
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Introduction
Le 12 octobre 2012, l’Union européenne (UE) devint le quatre-ving

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