Le Leurre de l ethnicité et de ses doubles
208 pages
Français

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Le Leurre de l'ethnicité et de ses doubles , livre ebook

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Description

Dans cet ouvrage consacré aux nationalismes de la "périphérie britannique", l'auteur interroge le discours des hommes politiques et des intellectuels acquis à la cause du séparatisme. Il remet en cause la pertinence de la distinction habituelle entre nationalisme ethnique (fondé sur des réalités culturelles) et nationalisme civique (où l'appartenance au groupe dépend d'un appareil constitutionnel partagé par tous les membres, quelle que soit leur culture). Une réflexion sur les notions de nation et d'Etat et de "nation sans Etat".

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 85
EAN13 9782336258324
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection “Racisme et eugénisme”
dirigée par Michel Prum
La collection “Racisme et eugénisme” se propose d’éditer des textes étudiant les discours et les pratiques d’exclusion, de ségrégation et de domination dont le corps humain est le point d’ancrage. Cette problématique du corps fédère les travaux sur le racisme et l’eugénisme. Elle s’intéresse à toutes les tentatives qui visent à biologiser les rapports humains à des fins de hiérarchisation et d’oppression. La collection entend aussi comparer ces phénomènes et ces rhétoriques biologisantes dans diverses aires culturelles, en particulier l’aire anglophone et l’aire francophone. Tout en mettant l’accent sur le contemporain, elle n’exclut pas de remonter aux sources de la pensée raciste ou de l’eugénisme. Elle peut enfin inclure des ouvrages qui, sans relever véritablement de l’étude du racisme, analysent les relations entre les différents groupes d’une société du point de vue de l’ethnicité.
Déjà publié dans la collection “Racisme et eugénisme” :
Michel Prum (dir.) : Les Malvenus, Race et sexe dans le monde anglophone, ouvrage du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme (2003)
Michel Prum (dir.) : Sang impur, Autour de la “race” (Grande-Bretagne, Canada , États-Unis), ouvrage du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme (2004)
Martine Piquet, Australie plurielle, Gestion de la diversité ethnique en Australie de 1788 à nos jours (2004)
Frédéric Monneyron, L’Imaginaire racial (2004)
Michel Prum (dir.) : L’Un sans l’Autre, Racisme et eugénisme dans l’aire anglophone (2005)
Diane Afoumado : Exil impossible, L’errance des Juifs du paquebot Saint Louis , préface de Serge Klarsfeld (2005)
Le Leurre de l'ethnicité et de ses doubles
Le cas du pays de Galles et de l'Ecosse

Didier Revest
www.librairieharmattan.com Harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747598293
EAN : 9782747598293
Sommaire
Collection “Racisme et eugénisme” Page de titre Page de Copyright Remerciements Introduction : le fond de l’affaire I — Langue, territoire et institutions spécifique trois éléments relatifs II — Quelles conséquences pour le nationalisme ? (critique de l’idéal civique) III — La question de l’identité : représentations et enjeux IV — Les limites du concept de « nation sans Etat » En guise de conclusion : par-delà l’Angleterre, l’Ecosse et le pays de Galles Epilogue Index
i fy ngwraig i fy mhlant
Remerciements
Le présent ouvrage n’aurait probablement pas vu le jour avant longtemps sans les encouragements de MM. Michel Lemosse et André Muraire, mes deux anciens collègues du département d’Etudes anglaises de l’Université Nice-Sophia-Antipolis, aujourd’hui professeurs émérites. Ils m’ont en effet prodigué le meilleur des conseils, à savoir celui de ne pas renoncer à tenter de défendre un point de vue avec objectivité, même au risque d’être accusé de révisionnisme. Qu’ils en soient ici remerciés comme il se doit.
Je remercie tout aussi vivement M. André Guillaume, professeur honoraire à l’Université Paris-IV, pour son travail assidu de relecture, ses précieuses remarques et, plus généralement, son grand enthousiasme pour une question qu’il connaît bien, comme en témoigne son bel ouvrage de 1987 intitulé L ’ Irlande - Une ou deux nations ?.
Toute ma gratitude va en outre à M. Michel Prum, professeur à l’Université Paris-VII, qui a lui également accepté, dans des délais assez courts, de passer mon travail au crible avant de gentiment m’en proposer la publication chez L’Harmattan.
Je voudrais pour finir remercier deux amis : Michel Darribehaude, maître de conférences à l’Université du Sud (Toulon-Var), pour m’avoir aidé, tâche particulièrement ingrate, à traduire les citations tirées des ouvrages et articles spécialisés rédigés par leurs auteurs en anglais, ainsi que Robert Boetto, ancien professeur de lettres classiques et maître ès droit, pour une ultime relecture.
« - (...) On se débarrasse des Anglais et tout le monde est content, mon vieux. Tout le monde. Les propriétaires, les ouvriers. Même les cochons, parce qu’ils seront morts pour l’Irlande. (...)
- Et il se passe quoi après ?
- Après quoi ?
- Après leur départ.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
Mais nous étions arrivés devant chez Donnelly, et je n’eus jamais de réponse. »
(Roddy DOYLE, A Star Called Henry, London: Vintage, 2000 [1999], p. 179)
« Si ma théorie de la relativité est prouvée, l’Allemagne me revendiquera comme Allemand et la France déclarera que je suis un citoyen du monde. Mais si ma théorie est fausse, la France dira que je suis un Allemand et l’Allemagne déclarera que je suis un Juif. »
(Albert EINSTEIN, Discours en Sorbonne [date ?])
« L’Histoire justifie ce que l’on veut. »
(Paul VALERY, « De l’Histoire », in Œuvres, tome II, La Pléiade, 1960, p. 935)
Introduction : le fond de l’affaire
Quels arguments avance-t-on traditionnellement en Ecosse et au pays de Galles lorsqu’on entend montrer que l’union avec l’Angleterre (c’est-à-dire le fondement même de l’Etat-nation britannique) existe au détriment des divers intérêts (économiques, sociaux, culturels) de ces deux régions qui constituent ce que l’on appelle aussi « la périphérie britannique » ? On déclare que le Parlement de Londres étant majoritairement anglais du fait de réalités démographiques indéniables (les habitants de l‘Angleterre 1 représentent en effet quelque 83 % de la population totale 2 ), les régions excentrées ont du mal à se faire entendre et donc à faire voter des lois qui leur soient favorables. En un mot, le centre (c’est-à-dire Londres, siège du gouvernement et du Parlement de Westminster, et, par extension, l’Angleterre du Sud, zone la plus densément peuplée du royaume, pour ne pas dire, en définitive, toute l’Angleterre) passe avant le reste. Pour reprendre les termes de Gwynfor Evans (1912-2005), qui a présidé Plaid Cymru (= « Le Parti du pays de Galles », c’est-à-dire le Parti nationaliste gallois) de 1945 à 1981 :
Westminster est en fait le symbole même du total assujettissement du pays de Galles, la manifestation la plus forte de cette britannicité, c’est-à-dire anglicité, qui tue notre pays. Sa place centrale dans l’histoire de l’Angleterre étaye la puissance de la Grande-Bretagne. Dans les énormes tableaux accrochés à ses murs on ne montre que l’histoire anglaise et l’anglais est la seule langue que l’on y parle 3 .
Même son de cloche chez Paul H. Scott (ancien diplomate, essayiste, membre du Scottish National Party [SNP], c’est-à-dire le Parti nationaliste écossais, depuis les années 1930) : « Sans son propre gouvernement, on n’existe tout simplement pas et on peut voir ses intérêts négligés — ils le sont d’ailleurs systématiquement. » 4 On résume parfois cette situation en parlant de « colonialisme intérieur » 5 .
Il semble que le rapport de force politique dans le pays, au cours, notamment, des années 1980, n’ait fait que renforcer les clivages. En effet, les régions britanniques ont vu leurs spécificités et prérogatives plus ou moins niées :
Les gouvernements conservateurs successifs ont marginalisé l’administration aux échelons inférieurs, abolissant des pans entiers de la démocratie locale ou régionale, ou leur ôtant leurs prérogatives. (Cette situation a été) rendue plus délicate encore par le fait que les conservateurs, un parti qui se dit national, sont devenus de plus en plus le parti de la seule Angleterre, d’une Angleterre, qui plus est, rurale et méridionale. Après les législatives de 1997, il n’y avait plus un seul député conservateur en Ecosse et au pays de Galles, ni dans les grandes conurbations d’Angleterre (hormis Londres). Cette mise sur la touche des instances administratives locales au bénéfice du gouvernement central durant les années Thatcher, conjuguée au rôle des quangos (organisations semi-publiques nommées par le gouvernement), qui ont privé les communités locales de la possibilité de répondre de leurs actes, a engendré, dans les diverses régions, une prise de conscience accrue du gouffre existant entre, d’un côté, ceux qui, à Londres, prennent les décisions [ 6 1 et, de l’autre, la population dans le reste du Royaume-Uni - gouffre qui est à la fois géographique et idéologique. 7

En ces temps de décentralisation (« dévolution » en anglais), mise en place par le gouvernement Blair en 1997-1999 (création d’un parlement à Edimbourg et d’une assemblée régionale à Cardiff), le discours autonomiste devrait inévitablement être en pe

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