Le positionnement du Brésil dans le paysage diplomatico-politique africain

Lionel Amahata Kiabega

Description

Le Brésil a lancé une véritable offensive en Afrique à partir de 2003. L'évolution de la coopération avec le Cameroun devrait se lire à travers ce prisme du déploiement stratégique. La relation entre Yaoundé et
Brasilia participe à la revitalisation de la coopération Sud-Sud. Cependant, la politique étrangère brésilienne reste emprunte de pragmatisme et de réalisme. La crise économique qu'a connue le pays après les mandats de Lula Da Silva, couplée aux changements de gouvernement, a entraîné une compression de la résonance de l'influence du Brésil dans cette partie du monde.

Sujets

• Politique
• Géopolitique
• Diplomatie
• Relations internationales

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 10 octobre 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782336883076
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Lionel AMAHATA KIABEGA








LE POSITIONNEMENT DU BRESIL DANS LE PAYSAGE DIPLOMATICO-POLITIQUE AFRICAIN :

L’exemple du Cameroun


Préface du Pr Joseph Vincent NTUDA EBODE
Copyright


























© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
EAN Epub : 978-2-336-88307-6
Dédicace


Pour Brigitte MBEZELE KONO
Préface
La scène internationale est constamment en proie à des bouleversements. Une lecture des relations internationales de 1945 à nos jours permet de rendre compte de l’effectivité de cet état de choses. D’un monde bipolaire au temps de la guerre froide (allant des années 50 aux années 80), dominé par deux blocs : l’Ouest avec comme leader les États-Unis et l’Est avec l’Union Soviétique, on est passé à un monde unipolaire (dans les années 90) avec les États-Unis comme puissance hégémonique.
Actuellement la nature de la scène internationale est plutôt multipolaire. On distingue ainsi plusieurs pôles de puissance, même si les États-Unis gardent toujours une avance dans certains domaines. La multipolarité symbolise la dispersion de l’hégémonie et donc, la perte du monopole du sens par le monde occidental. Cette diffusion des pôles de puissance s’est manifestée par l’émergence de nouveaux centres de décision dont l’influence s’apprécie à l’échelle internationale. C’est le cas des pays émergents comme le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine qui entre autres forment les BRIC. S’agissant du Brésil qui nous concerne ici, ce pays est devenu une puissance sur la scène internationale. Leader en Amérique latine, le Brésil possède plusieurs éléments qui permettent de le classer au rang de puissance : le territoire (environ 8,5 millions de km 2 ), la population (207 660 929 habitants en 2017), l’économie (9 e économie mondiale).
Le Brésil partage avec l’Afrique de nombreuses similitudes liées aux variables géophysiques, climatiques, spirituelles et raciales. Ce qui participe au renforcement du sentiment de fraternité et de solidarité. Ces affinités contribuent aisément à la densification des relations diplomatiques entre le Brésil et les pays africains à l’instar du Cameroun, même si ce dernier ne représente pas un solide allié, comparativement au Nigéria ou à l’Angola. Cet ouvrage entend apporter des outils d’intelligibilité sur la politique étrangère brésilienne au Cameroun. Il décrypte les chaînons de la géopolitique du Brésil en Afrique à l’orée des ambitions brésiliennes.
L’histoire de la politique africaine du Brésil se lit à travers le prisme de la conditionnalité, dans la mesure où elle vacille entre temps forts et temps faibles. Les temps forts s’assimilant à l’ouverture/offensive et les temps faibles, à la vision afropessimiste ou restrictive. Les changements de gouvernement au Brésil ont parfois entraîné des discontinuités dans sa politique extérieure en général, et dans celle en direction de l’Afrique en particulier. C’est suivant cette grille de lecture qu’il faut appréhender les discontinuités des relations diplomatiques brasilo-camerounaises. Si elles ont été établies en 1976, elles ont connu une interruption de la part du Brésil en 1999, pour être rétablies en 2004 à la faveur de la nouvelle ère de la politique africaine brésilienne. C’est sous la férule de Luis Ignacio Lula Da Silva que le Brésil – surfant sur des performances économiques positives et au gré de l’acquisition d’un statut de pays émergent – a mené une véritable offensive diplomatico-politique en direction de l’Afrique. Symbolisée par une « diplomatie de voyage », la politique africaine de Lula a indubitablement densifié l’essence de la coopération afrobrésilienne et a renouvelé les dynamiques de la coopération Sud-Sud. Mais, elle est restée influencée par la situation interne au Brésil. Ainsi, succédant à Lula Da Silva, Dilma Rousseff a pris le pouvoir dans un contexte de récession économique. Bien qu’elle ait inscrit son mandat dans la continuité de l’œuvre de son prédécesseur, sa politique en direction de l’Afrique va connaitre une inflexion.
L’ouvrage de Lionel Amahata analyse donc fort bien la realpolitik brésilienne en Afrique au-delà des discours prônant la fraternité et la solidarité. L’auteur met en joue la diplomatie et la géopolitique dans l’optique de saisir les contours du positionnement du Brésil en Afrique. Il s’investit dans la recherche des enjeux qui sous-tendent l’occupation de l’espace africain par une puissance émergente, tout en analysant les fondements d’une coopération bilatérale en fonction des actions et des interactions qui s’émancipent dans un contexte d’interdépendance complexe. Le positionnement du Brésil dans le paysage diplomatico-politique africain prend son sens dans l’impératif de projection de puissance et de recherche de partenariats stratégiques. Le Cameroun est un Etat qui jouit d’une position géostratégique importante. Situé à la jonction entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, il possède des richesses du sol et du sous-sol et offre en outre des opportunités décisives dans la réalisation des desseins géopolitiques brésiliens ; lesquelles sont abordées et mises en exergue par Lionel Amahata. C’est ce qui fait l’intérêt de ce livre.

Pr Joseph Vincent NTUDA EBODE Professeur Titulaire des Universités Hors Echelles Université de Yaoundé II (Soa) – Université Panafricaine (UA)
Sigles et acronymes
BRIC :
Brésil, Russie, Inde, Chine ;
CAMTEL :
Cameroon Telecommunications ;
CEEAC :
Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale ;
CEMAC :
Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale ;
CENEEMA :
Centre National d’Etudes et d’Expérimentation du Machinisme Agricole ;
CEPLAC :
Comissão Executiva de Planejamento da Lavoura Cacaueira ;
CSNU :
Conseil de Sécurité des Nations Unies ;
ECOSOC :
Conseil Economique et Social des Nations Unies ;
FAO :
Food and Agriculture Organization ou Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture ;
FMI :
Fonds Monétaire International ;
FMN :
Firme Multinationale ;
IDE :
Investissement Direct Etranger ;
IDH :
Indice de Développement Humain ;
IRAD :
Institut de Recherche Agricole pour le Développement ;
MERCOSUR :
Marché du Cône Sud ou Mercado Comun del Sur ;
MINAGRI :
Ministère de l’Agriculture ;
MINEDUC :
Ministère de l’Education Nationale ;
MINEE :
Ministère des Mines, de l’Eau et de l’Energie ;
MINEFI :
Ministère de l’Economie et des Finances ;
MINEPAT :
Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire ;
MINEPIA :
Ministère de l’Elevage, des Pêches, et des Industries Animales ;
MINESUP :
Ministère de l’Enseignement Supérieur ;
MINETFOP :
Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle ;
MINPOSTEL :
Ministère des Postes et Télécommunications ;
MINREST :
Ministère de la Recherche Scientifique et Technique ;
MINREX :
Ministère des Relations Extérieures ;
OCDE :
Organisation de Coopération et de Développement Economiques ;
OMC :
Organisation Mondiale du Commerce ;
OMD :
Objectifs du Millénaire pour le Développement ;
OMS :
Organisation Mondiale de la Santé ;
ONU :
Organisation des Nations Unies ;
OUA :
Organisation de l’Unité Africaine ;
PAS :
Plan d’Ajustement Structurel ;
PED :
Pays En Développement ;
PIB :
Produit Intérieur Brut ;
PMA :
Pays Moins Avancé ;
PNUD :
Programme des Nations Unies pour le Développement ;
PPTE :
Pays Pauvres Très Endettés ;
RDC :
République Démocratique du Congo ;
SDN :
Société Des Nations ;
SODECAO :
Société de Développement du Cacao ;
UA :
Union Africaine ;
UE :
Union Européenne ;
UNICEF :
Fonds des Nations Unies pour l’Enfance ;
ZLEA :
Zone de Libre Echange des Amériques.
Introduction
C’est une lapalissade que d’affirmer la propension du visage du monde au changement ou à la mutation. Il est effectivement d’un évident truisme de relever que l’aspect configurationnel de la scène internationale fait montre d’un certain dynamisme au niveau de la polarité de la dominance des acteurs. La trajec