Les coulisses de l aide internationale en République démocratique du Congo
184 pages
Français

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Les coulisses de l'aide internationale en République démocratique du Congo , livre ebook

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Description

L'aide internationale est trop souvent considérée depuis les hautes sphères de la théorie économique et des conférences internationales. Inversant le regard, cet ouvrage donne la parole aux "petites mains" des ONG, à ces praticiens qui, sur le terrain, au quotidien, s'efforcent de mettre en application les projets d'aide. La République démocratique du Congo fournit un cadre parfait d'observation, tant ce pays-continent apparaît comme un laboratoire à ciel ouvert où l'aide internationale fait figure de "charité mal ordonnée" qui doit d'urgence se remettre en cause.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 265
EAN13 9782336263298
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo.fr
9782296117433
EAN : 9782296117433
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Introduction Construire la paix par le bas : l’expérience du Life & Peace Institute aux Kivu La réinsertion des enfants soldats : quand la main qui donne est plus forte que celle qui reçoit Un humanitaire à deux vitesses La sous-traitance de l’aide et ses effets pervers : l’exemple de l’assistance aux refoulés d’Angola Concurrence chez les opérateurs de l’aide : ONG versus sociétés de consultance A research NGO operating in the shadows Conclusion Changer le système de l’intérieur Les auteurs
Les coulisses de l'aide internationale en République démocratique du Congo

Thierry Vircoulon
ifri
L’Ifri est, en France, le principal centre indépendant de recherche, d’information et de débat sur les grandes questions internationales. Créé en 1979 par Thierry de Montbrial, l’Ifri est une association reconnue d’utilité publique (loi de 1901). Il n’est soumis à aucune tutelle administrative, définit librement ses activités et publie régulièrement ses travaux. L’lfri associe, au travers de ses études et de ses débats, dans une démarche interdisciplinaire, décideurs politiques et économiques, chercheurs et experts à l’échelle internationale.
Avec son antenne à Bruxelles (Ifri-Bruxelles), l’Ifri s’impose comme l’un des rares think tanks français à se positionner au cœur même du débat européen.
Le rôle du programme Afrique subsaharienne de l’Ifri est de diffuser et de rendre accessible une vision rénovée et actualisée de l’Afrique en valorisant les richesses méconnues de la production académique française et internationale.
Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que la responsabilité des auteurs.
Introduction
Thierry Vircoulon
« Les Africains nous posent facilement un problème existentiel car leur faillite n’est que le miroir de la nôtre ».
Lars Bonnevie, Botswana Blues
Ce livre est l’aboutissement d’un séminaire organisé à l’IFRI le 12 juin 2009 et intitulé « Démocratisation, développement et réformes de gouvernance : le travail de la communauté internationale vu par le bas en République démocratique du Congo ». L’objectif de ce séminaire était des plus simples : réunir des ONG internationales qui effectuent un travail de terrain en RDC et réfléchir aux problèmes auxquels elles sont confrontées au quotidien. Sous l’égide de l’IFRI, des ONG provenant de traditions et d’horizons intellectuels très différents ont présenté leurs activités et leurs difficultés devant un public à la fois réceptif, curieux et avide d’échanges.
Ce séminaire a mis en évidence la gamme d’interventions très variée des organisations non gouvernementales. Le temps où ONG était synonyme d’action humanitaire est révolu : leurs activités dépassent le domaine de l’humanitaire auquel l’opinion publique les associe habituellement. A partir de l’aide médicale d’urgence, les ONG ont investi d’autres domaines conceptuellement très éloignés de leur paradigme de départ : l’appui à l’administration, les programmes de démobilisation-désarmement-réinsertion (DDR), la lutte contre le recrutement des enfants soldats, la coordination de l’aide, la diplomatie non gouvernementale, les médiations de paix, la surveillance des trafics, etc. De ce point de vue, la RDC où la démocratisation, la pacification et les réformes de gouvernance font partie des priorités de l’aide internationale révèle l’extension du champ d’activité des ONG depuis vingt ans : les pays post-conflit, où les agendas de la lutte contre la pauvreté, de la démocratisation, de la pacification et des réformes de gouvernance se superposent, constituent aujourd’hui le terrain de prédilection des ONG internationales (une centaine d’entre elles sont actives en RDC, dont une trentaine d’origine belge).
Le point commun entre les ONG internationales présentes à ce séminaire était d’être des opérateurs de l’aide , des spécialistes de la mise en œuvre de l’aide internationale dans leurs domaines respectifs, aussi différents soient-ils. Le Comitato Internazional del Sviluppo dei Populi (CISP), une ONG de développement italienne, devait coordonner la mise en œuvre de l’aide d’urgence pour les refoulés d’Angola victimes de violences ; RCN Justice & Démocratie, une ONG belge active dans la région des Grands Lacs et d’autres pays post-conflit (Haïti, Soudan, etc.), est financée par plusieurs agences de développement pour soutenir l’appareil judiciaire congolais ; Life and Peace Institute, une ONG/ think tank d’origine suédoise qui a fait ses débuts dans le « peacebuilding » en Somalie, forme des associations locales à la « transformation des conflits » dans l’Est congolais. Ces opérateurs de l’aide d’un type spécifique sont particulièrement nombreux, actifs et visibles dans les contextes post-conflit car les bailleurs ne peuvent ni octroyer de l’aide budgétaire à des administrations nationales en déconfiture ni déployer une assistance technique sur un terrain parfois incertain, voire dangereux – comme le rappellent Steven Spittaels et Jeroen Cuvelier en évoquant les problèmes sécuritaires auxquels International Peace Information Service (IPIS) est confronté. Dans la mesure où le système institutionnel est encore trop faible et où les coopérations rechignent à s’impliquer directement, les ONG deviennent alors naturellement l’acteur vers lequel se tournent les agences de développement pour la fourniture de leur assistance sur le terrain. Il s’ensuit une « ONGisation » de l’aide internationale qui est trop souvent ignorée et minimisée.
La perspective sur l’aide internationale à la reconstruction qui était le sujet central de ce séminaire n’est ni celle des chercheurs ni celle des planificateurs chers à William Easterly 1 . C’est celle plus incarnée, plus concrète, plus terre à terre de ceux qui mettent en œuvre l’aide internationale, des « petites mains du développement ». S’il n’est pas rare d’entendre les gourous du développement exposer les théories, en revanche il est plus rare d’entendre les acteurs de terrain exposer les problèmes de l’aide internationale. Par un paradoxe étrange, ceux qui savent le plus sont ceux qui ont le moins la parole. L’objectif de ce séminaire était d’inverser l’ordre de la parole au profit de ceux qui mettent en pratique au quotidien les projets d’aide, ceux qui doivent faire descendre les grandes idées développementalistes ou humanitaires du ciel sur la terre, du monde éthéré des concepts aux réalités du terrain.
L’approche des praticiens de l’aide jette un éclairage – parfois brutal – sur des problèmes qui sont trop souvent tus ou uniquement débattus entre professionnels : la sous-traitance, la concurrence entre opérateurs de l’aide, les difficultés du « partenariat » entre les organismes internationaux et nationaux, l’impact de l’action locale, etc. Tels sont les principaux problèmes qui, vus du terrain, caractérisent la mise en œuvre de l’aide, amputent souvent son efficacité et la discréditent parfois auprès de ses supposés bénéficiaires.
Le modèle dominant pour la fourniture de l’aide est actuellement celui de la sous-traitance 2 . Qu’elles soient bilatérales, multilatérales ou onusiennes, les agences de développement ne font quasiment plus de mise en œuvre directe : elles recourent pour cela à des opérateurs de natures variées, dont les ONG. Au vu de ses résultats sur le terrain congolais, ce modèle doit être sérieusement interrogé. Dans le domaine de l’aide au développement comme dans d’autres 3 , l’externalisation compte de nombreux effets pervers qui semblent consubstantiels à cette logique d’action : dilution des responsabilités, déperdition de fonds, opacification financière, coûts de coordination élevés, perte de maîtrise décisionnelle et de connaissance du terrain, risques de corruption, etc. L’architecture institutionnelle d’un programme onusien d’aide aux refoulés d’Angola illustre jusqu’à l’absurde les effets pervers de la sous-traitance. Ce pr

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