Les élites postcoloniales et le pouvoir politique en Afrique subsaharienne
314 pages
Français

Les élites postcoloniales et le pouvoir politique en Afrique subsaharienne , livre ebook

-

314 pages
Français

Description

Pourquoi l'Afrique subsaharienne semble-t-elle résister au développement ? Comment rendre compte du fait que se soient consolidés des régimes politiques forts alors même que les Etats postcoloniaux d'Afrique subsaharienne demeurent si faiblement institutionnalisés ? Quels rôles jouent les élites du politique dans la persistance du sous-développement de leurs propres pays ? Voici une contribution au débat scientifique sur les causes de la défaillance des Etats en Afrique subsaharienne.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 50
EAN13 9782296219915
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Elites Postcoloniales

Et Le Pouvoir Politique En Afrique Subsaharienne

La politique contre le développement

© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanado.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-07811-6
EAN : 9782296078116

MATHIEU PETITHOMME

Les Elites Postcoloniales

Et Le Pouvoir Politique En Afrique Subsaharienne

La politique contre le développement

A Alicia et Sophie,

A mes parents

Je dédie ce livre
A la jeunesse africaine…

AVANT-PROPOS

L’écriture d’un ouvrage estfondamentalement une entreprise de longue
haleine où s’entremêlentla conception initiale duprojet, la rédaction de
premiers chapitres, laprésentation desprincipaux arguments au sein de
conférencesnationalesetinternationales, la réécriture decertains chapitreset
l’apparition d’idéesnouvelles,contribuant à améliorerlerésultatfinalaufur
et àmesure du temps.Depuismespremiers voyagesenAfrique
subsaharienne pourdespériodesde deux à troismoisen2002 au Togo,Bénin
et Ghana, jusqu’àl’édition finale dece manuscriten octobre2008àl’institut
universitaire européen deFlorence, le projet a bénéficié de nombreuses
discussionsentrecollègues, d’échangesd’argumentsetd’expériences
personnelles.L’écriture decetouvragea réellement commencé en2005 dans
lecadre d’unMasterenrelationsinternationales àl’université d’Amsterdam.
Le projetinitialcomptait alors seulement trois chapitresprincipaux qui
servirentdebaseaudéveloppementdumanuscrit.Les conseilset
commentairesd’Henk Overbeek, de BenCrum, deBastianVanApeldoorn,
deKees vanKersbergen etdeTanja Albertsfurentalorsprécieux, de même
queceuxde mescollèguesRafaelMattielo,MassimilianoMaugeri etMilo
Laureij notamment.Parlasuite, le premierchapitre fut rédigé
enaoûtseptembre2006 à Paris, puisles chapitres sixet septpostérieurement au
coursde l’année.L’ensemble de l’ouvrage futl’objetde nombreuses
révisions suiteauxcommentaires, encouragementset suggestionsdes unset
desautres.L’ensemble deschapitresontprogressivementété présentésau
sein deconférencesnationalesouinternationales, parmi lesquellesil est
ère
possible deciterlaCI Graduateonferencede l’ECPR àl’université
ème
d’Essexenseptembre2006, leIV congrèsdes associationsfrancophones
ème
descience politiqueà Montréal en mai2007, laXII conférence
paneuropéenne des relationsinternationalesdeTurin enseptembre2007, le
colloque «l’Afrique en perspectivesorganisé parl’Association desétudiants
africainsdeFranceà Paris-Dauphine en novembre2007, la conférencesurles

7

mouvementspacifiquespendantlaGuerreFroide organisée parla London
ème
School ofEconomicsen janvier 2008, ouencore laVI conférencesurle
développementdeLaHague en juin2008.Il estimpossible deciter
l’ensemble despersonnes ayant contribué positivement à améliorerles
différents chapitresdumanuscritfinal, mais quetoutes soient remerciées.

8

Décembre2008
Florence,
Mathieu Petithomme

20s];=~-s2;0

yl ="]l2yyl0-M=My>"sls F;hs-;y;02ly

M0 Q~Mhs2;0

ourquoi l’Afriquesubsahariennesemble-t-ellerésisterau
P
développement?Commentpeut-on expliquer que le niveaudevie
général despopulationsdu sous-continentait si peuprogressé depuisles
indépendances?Comment rendrecompte dufait quesesoientconsolidésdes
régimespolitiquesforts,voireautoritairesdansde nombreuxcas,alorsmême
que lesÉtatspostcoloniauxd’Afriquesubsaharienne demeurent si faiblement
institutionnalisés ?Quels rôlesjouentlesélitesdupolitique dansla
persistance du sous-développementde leursproprespays ?Le débat
scientifique portant surlesÉtatsdéfaillantsestaujourd’huiassez répanduau
1
sein des travauxdescience politique etdesociologie.Ladéfaillance des
Étatsn’estpas un phénomène propreàl’Afriquesubsaharienne, mais
l’importance decelui-ci etlaforte prédominance dece processusau sein de
lasous-région justifieune focalisationsurcelle-ci.Suivantlesdonnéesdu
Programme desNationsUniespourle développementhumain (PNUD),en
2002,unetrentaine d’Étatsdéfaillantspouvaientêtre identifiésdansle
monde, laplupartd’entre euxétant situés surlecontinentafricain.Il estclair
que ladéfaillance, lafaillite desÉtatsn’estpas seulement un processus
existantenAfriquesubsahariennecommevoudraient tropsouventle faire
croire lesapprochesdéterministesexpliquantlesous-développementen
termesculturels.Homogénéiserlesmultiples cultures subsaharienneset
prétendreque l’«hommeafricain»résisteraitnécessairement au
développementne peutêtreque le prétexte d’un discours raciste et
xénophobequitrahit une méconnaissance des ressourcesnombreuses tant

1
Bayart,J.F.,“L’Historicité de l’Étatimporté”, inBayart,J.F. (ed.),La Greffe de l’État,
Paris: Karthala, 1996, p.11-39;Evans,P.“TheEclipse oftheState?Reflectionson
StatenessintheEraofGlobalization”,World Politics, 50(3), 1997, p.62-87;Zartman,I.W.
“Introduction: PosingtheProblem ofStateCollapse”, inZartman,I.W. (ed.),Collapsed
States: TheDisintegrationandRestoration ofLegitimateAuthority,London: Lynne
Rienner, 1995, p. 1-14.
9

humaines que matérielles que possède lecontinentnoir.Dans unecertaine
mesure, l’ÉtatColombien parexemple peutêtreconsidérécomme défaillant
danslesensoùdepuisplusieursdécennies, le gouvernementcentral est
incapable d’exercer son monopole légitime de laviolencesur sonterritoire,
étant sanscesse défié parlarébellion marxiste desFARCquisecantonnent
danslajungleamazonienne.LeSriLanka, les républiquesd’AsieCentrale,
laYougoslavie dudébutdesannées1990, l’Afghanistan ou Haïti,suivantdes
degrésdiversetdesmodalités toujoursparticulières, peuvent tousêtre
considérés comme des Étatsdontle gouvernement central ne parvientplus
ou seulementdifficilement àexercer sonautorité politique.
Le processusde défaillance de l’État s’exprimeselon desintensitéset
des trajectoires sociopolitiquesdifférenciées.Alors que les caslesplus
extrêmespeuvententraînerladisparitioncomplète de l’autorité politique
médiatisée parle gouvernement central, ladéfaillance peut aussiconduireun
gouvernementformellement souverainàêtre incapable danslapratique
politique,àexercer sa souverainetésur sonterritoire.En d’autres termes,
alors que l’Étatexiste entermesjuridiquesetbénéficie d’unereconnaissance
internationale, la capacité desélitesaupouvoiràexercereffectivementle
pouvoirpolitique,àdéfinirdespolitiquespubliquesetàlesmettre en
pratique, estplus que limitée.Nousconsidéronsladéfaillance de l’État
comme étant un processuspolitiqueconduisantàlaprogressive perte de
viabilité des structuresde l’État, etce,au traversdetrajectoirespouvantaller
2
d’une faible institutionnalisationàdescasplusextrêmesde faillites totales.
Les trajectoires, lesdynamiques sociopolitiquespouvantengendrerlaremise
encause de l’existence de l’Étaten lui-mêmesontmultiplesetnesuiventpas
nécessairementlalogique d’uncontinuum.Plutôtladéfaillance oula
désintégration des structuresétatiques s’inscritdansdescontinuités
historiquesmaispeutaussiconnaître des ruptures.Ladéfaillance desÉtats
postcoloniauxesticicomprisecomme leurmanque d’institutionnalisation,
entraînant unerelative incapacitéà assurerlasécurité de leurscitoyens,tant
dupointdevue physique, enraison dufaible monopole de laviolencesurle
territoire étatique,qu’humaine, en fonction parexemple de lapersistance de
niveauximportantsd’insécuritéalimentaire oude l’absence desatisfaction
desbesoinshumainsessentiels.Mêmesi ladéfaillance d’unÉtatdemeure
difficilementmesurable empiriquementde partlamultiplicité des trajectoires
politiquesetl’hétérogénéité desdynamiquesdeconstruction de l’État
postcolonial enAfriquesubsaharienne, lescrisespolitiquesetéconomiques

2
Menkhaus,K.,“StateCollapse inSomalia: SecondThoughts”,ReviewofAfricanPolitical
Economy, 97(1),2003, p. 405-22; Little,P.D.,Somalia: EconomyWithoutState, Oxford:
JamesCurrey,2003.
10

récurrentesetpersistantes queconnaissent une majorité d’Étatsafricains
renforcentlanécessité d’une plusgrandethéorisation, d’une plusimportante
systématisation desfacteursengendrantlatendanceàlarésolution du
sous3
développementau sein ducontinent.
Il n’existe pas une maisplusieursAfriques,tantleshéritages
différenciésdespériodesprécolonialesetdesdominationscolon

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