Les Grands imbéciles
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Les Grands imbéciles , livre ebook

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Description

Dans cet essai, Pierre Vadeboncoeur met en scène une galerie de personnages publics ayant mis leur ingéniosité au service de la bêtise. Ce sont les grands imbéciles. Il s’agit de politiciens, d’entrepreneurs et de savants dont l’intelligence abdique devant les tâches qui lui incombent, et dans les mains desquels la raison est une arme pointée contre l’esprit public. En politique internationale, messieurs Bush et Cheney en sont de beaux spécimens. Monsieur Harper fait bonne figure en politique nationale, en compagnie de tous ceux qui, à gauche comme à droite, ont perdu le sens des réalités politiques et historiques du pays. Pour les Québécois, c’est cependant le retour du politicien provincial qui offre la variété la plus troublante du genre. Incarné à merveille par Mario Dumont, ce type de politicien, déplore l’auteur, présage un « retour à la nullité d’antan », avec sa démagogie, sa veulerie et ses compromissions. C’est, en outre, à l’exorcisme d’un tel revenant que nous convient la plume et la sagacité de Pierre Vadeboncoeur. On retrouvera avec joie dans ce recueil de courts textes la fougue, la profondeur et l’élégance des analyses politiques d’un essayiste dont la réputation n’est plus à faire. L’Académie des lettres du Québec honore Pierre Vadeboncoeur de sa plus haute distinction, la médaille de l’académie. Elle souligne ainsi la contribution de Pierre Vadeboncoeur à l’essor de l’essai comme genre littéraire au Québec. «L’essayiste, souligne Yvan Lamonde au sujet de l’auteur primé, qui valorise tant l’intuition du départ et qui maîtrise si bien l’expression analytique du propos, ne pouvait mieux pratiquer le genre et lui donner ses lettres de créances.»

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2015
Nombre de lectures 2
EAN13 9782895966128
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Déjà parus dans la collection «Lettres libres» :
– Francis Dupuis-Déri, L’éthique du vampire
– Francis Dupuis-Déri, L’armée canadienne n’est pas l’Armée du salut
– Jacques Keable, Les folles vies de La Joute de Riopelle
– Duncan Kennedy, L’enseignement du droit et la reproduction des hiérarchies
– Robert Lévesque, Près du centre, loin du bruit
– Pierre Mertens, À propos de l’engagement littéraire
– Jacques Rancière, Moments politiques. Interventions 1977-2009
– Pierre Vadeboncoeur, La justice en tant que projectile
– Pierre Vadeboncoeur, La dictature internationale
– Pierre Vadeboncoeur, L’injustice en armes
©Lux Éditeur, 2008 www.luxediteur.com
Dépôt légal : 3 e trimestre 2008 Bibliothèque nationale du Canada Bibliothèque nationale du Québec
ISBN (ePub) : 978-2-89596-612-8
ISBN (papier) : 978-2-89596-068-3
Ouvrage publié avec le concours du Conseil des arts du Canada, du programme de crédit d’impôts du gouvernement du Québec et de la SODEC . Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada ( FLC ) pour nos activités d’édition.
À Jean-Roch Boivin
AVANT-PROPOS
La propagande est partout et prend des formes diverses, y compris celles par lesquelles elle se glisse à l’insu de ceux qui de bonne foi la véhiculent gracieusement et sans s’en rendre compte, journalistes, chroniqueurs, commentateurs, ou simples diffuseurs de nouvelles, dans la presse écrite ou parlée.
L’un des moyens dont dispose le pouvoir pour sa propagande consiste à laisser porter son message par l’information et par les commentaires indépendants qu’elle suscite. Un certain mimétisme inconscient assure alors ce service involontaire. Dans votre discours se retrouve le discours de l’État, caché dans l’examen même que vous en faites. Tout y est, qu’il y ait discussion ou non. Le message gouvernemental, enveloppé, se rend ainsi jusqu’au lecteur ou à l’auditeur. Le journalisme tend d’ailleurs habituellement vers le centre et chemin faisant il abandonne tout esprit critique aigu. Il se garde des extrêmes et, par une conséquence inattendue, il gomme donc aussi l’extrémisme des gouvernements. Tout cela suffit pour que les thèses et points de vue officiels continuent de circuler et contribuent à infléchir de cette manière l’opinion. Vous êtes des agents et des bénévoles mais vous n’en avez pas la moindre idée.
On ne s’en aperçoit pas en effet, mais maints comptes rendus et analyses de l’actualité reproduisent en partie la pensée du pouvoir et aident à la répandre.
Pour illustrer ce phénomène, je choisis ici l’exemple de l’Irak et de l’Afghanistan. J’écoute parfois avec étonnement des experts exposer des vues qui, entrelardées pourtant d’observations critiques, contribuent à maintenir dans l’opinion un certain relativisme assez lâche dont profite le discours officiel. La guerre d’Irak, à cause du terrorisme avec lequel Bagdad n’avait pourtant rien à voir, mais dont les médias parlaient en faisant ainsi écho au gouvernement, parut longtemps légitime aux États-Unis. Les discours de Bush étaient reproduits pour l’essentiel, même si, au mieux, ils étaient commentés.
Le cas de l’Afghanistan est plus trompeur encore. L’impérialisme en œ uvre dans ce pays passe comme une lettre à la poste aux yeux de l’Amérique et de l’Europe. On n’en parle tout simplement pas.
Or, de quoi s’agit-il en réalité? Il y avait là-bas, dit-on, un certain foyer de terrorisme, admettons. Passe-t-on des frontières sous prétexte d’aller détruire ça? Le droit international ne le permet pas. On sait par ailleurs la raison véritable de cette guerre: le pétrole à amener par pipeline à travers le pays. Que s’est-il passé en réalité? Une invasion, une occupation et l’installation d’un gouvernement fantoche à Kaboul, présidé justement par un suppôt des intérêts pétroliers. C’est joli.
Cette opération impérialiste est présentée couramment par les gouvernements et par la presse comme une «mission». Mission! Mission! Tout le monde semble avoir adopté ce mot-là et l’idée. Employé à satiété par les médias, les politiciens et les gouvernements, le mot a fait fortune. Il substitue à la réalité juridique et politique une image vertueuse frauduleuse et qui prend toute la place.
Le discours public entérine l’idée selon laquelle la mainmise occidentale et surtout américaine sur l’Afghanistan est non seulement légitime mais méritoire! Naturellement l’on se défend en évoquant – après coup – la tyrannie des talibans, comme, en Irak, l’odieux régime de Saddam Hussein.
L’altération des réalités est insensible et efficace. Nos soldats sont là-bas, envahisseurs qui se croient missionnaires, innocents qui au surplus s’imaginent défendre notre pays au bout du monde. La propagande accumule des images, soldats à Kandahar, visites de ministres à proximité du front, journalistes à la rescousse, «reportages» de ces derniers sur place, envoyés là, soi-disant pour «couvrir» pendant quelques jours le conflit – journalisme éclair dans les fourgons de l’armée – un aller-retour, le temps de pouvoir rapporter trois ou quatre séquences de films pour la télévision, utilisées pour la propagande en vue d’habituer psychologiquement le public à la présence de nos troupes là-bas, où le sort du monde et du Canada va bientôt se décider, n’est-ce pas?
Banaliser cette guerre, la légitimer, tandis qu’on glisse, à travers tous ces messages orientés, une politique orgiaque de dépenses militaires, véritable hold-up de fonds publics à coups de dizaines et de dizaines de milliards, sous le sourire du faux jeton Harper, voilà comment entre autres on conditionne l’évolution des mentalités, voilà la propagande. Les médias, les échanges d’opinions et ainsi de suite, feront le reste.
Le but est atteint. Le fait de la guerre, bien que discuté, s’insinue dans l’opinion. Le langage officiel a maintenant droit de cité parmi nous, refusé mais accepté, parfois combattu mais affermi aussi. La mission! L’Occident serait donc allé se battre pour les Afghans? Vraiment? Jusqu’où peut-on porter cette contre-vérité ridicule?
Sartre parle de «la tendance à entériner l’événement accompli, simplement parce qu’il est accompli». Voilà une constante exploitée par la propagande. Celle-ci compte sur une opinion publique plus ou moins distraite, plus ou moins passive, paresseuse, inattentive. L’opinion publique peut évoluer inconsciemment. On table sur cette évolution possible et même probable.
Il y a aussi l’habitude du public à se satisfaire d’idées moyennes. Les moyennes tirent toute chose vers un certain milieu, donc vers le bas. Le pouvoir est conscient de cela. Le public s’apprivoise et il finit par incliner dans un sens contraire à ses positions initiales, qui jusque-là se situaient à gauche puisqu’elles étaient contre la guerre. Même la débauche de dépenses militaires, stupéfiantes, ruineuses, un scandale, ne semble pas ameuter le public. C’est un signe.
La propagande vise précisément cette indifférence latente pour marquer des points. Il s’agit d’imposer progressivement une politique impopulaire pour le moment mais à laquelle les gens finiront par s’habituer. Cette stratégie a pour effet de dissoudre en partie les résistances. Le pouvoir, lui, tout au contraire, possède deux avantages: la lucidité, vertu d’administrateur, et une forte volonté. Il est conséquent. La partie n’est pas égale. Les commentateurs, tout à leurs études, ne signalent pas ce danger très présent.
Qu’est-ce que font les dirigeants? Comment procèdent-ils? Ils entretiennent l’inertie des masses. Ils ne contrarient pas manifestement l’opinion; ils lui laissent en apparence son autonomie. C’est très subtil. Ça finit par marcher.
Les moyens employés par la propagande sont indirects. Celle-ci dispose de maints moyens, mais ils ne sautent pas aux yeux. Une grande part du travail se fait d’ailleurs dans les coulisses. Le pouvoir laisse pourrir l’opinion. Il la conditionne mais selon la tendance qu’elle a de se dégrader toute seule. Cela se fait à petites doses et avec beaucoup de duplicité.
Voici où je veux en venir. Je souligne toute cette médiocrité. La propagande suit le chemin que cel

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