Les marxistes dans la théorie des conflits internationaux
169 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Les marxistes dans la théorie des conflits internationaux , livre ebook

-

169 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cet ouvrage est consacré aux principaux théoriciens marxistes. Il s'attache à montrer, dans une première partie, comment les pères fondateurs et les premiers théoriciens marxistes (Marx, Engels, Lénine, Trotsky, Kautsky, Luxembourg, Liebknecht, Jaurès, Bernstein, Bauer) ont abordé la domination mondiale du capitalisme, et quelles approches ils ont élaborées sur la paix et la guerre. Dans une seconde partie, l'auteur traite de l'Ecole de la dépendance (Celso Furtado, André Gunder Frank, Fermando Henrique Cardoso) et des néomarxistes (Immanuel Wallerstein, Robert Cox, Stephen Gill, Eric Hobsbawm) pour évaluer les travaux critiques qu'ils ont menés sur les partages violents du monde.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2018
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336855585
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Josepha Laroche Les marxistes dans la théorie des conflits internationaux
À ma mère, Bernadette Laroche et à JJA © L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr EAN Epub : 978-2-336-85558-5
Collection Chaos International administration@chaos-international.org Dirigée par Josepha Laroche Comité de lecture Thomas Lindemann, Frédéric Ramel, Jean-Jacques Roche, Catherine Wihtol de Wenden Responsables éditoriaux Bruno Van Dooren et Valérie Le Brenne Désordre, violences, chaos… ainsi est-on tenté de qualifier ce qui se joue aujourd’hui sur la scène mondiale. Ce chaos international laisse l’observateur souvent démuni, sinon désemparé, devant ce qui semble se dérober à l’entendement. La collectionChaos Internationaloffre à ses lecteurs des grilles de lecture qui permettent de dépasser une simple approche événementielle et descriptive des relations internationales. Dans un style clair et accessible, ses ouvrages analysent les nouveaux enjeux transnationaux et restituent le processus de mondialisation dans sa complexité. Av e cChaos International, les éditions L’Harmattan s’engagent à publier sur les grands enjeux internationaux, des recherches claires et accessibles aux non-spécialistes, sans pour autant céder sur l’essentiel, à savoir la qualité épistémologique des ouvrages. Turmoil, violence, chaos ‒ these are the words we are inclined to use when characterizing the current state of world affairs. Faced with today’sInternational Chaos, we often react with bewilderment ‒ indeed with hopelessness ‒ before a perplexing reality seemingly impossible to grasp. In response, theInternational Chaos Seriesoffers readers an indispensable framework of analysis that goes beyond the simple descriptive approach to international events. Clearly written and accessible to the non-specialist, this series critically investigates the opportunities and risks of the new transnational order and reappraises the complex process of globalization. With the focal point ofInternational Chaos on today’s most pressing international dangers, the publishers at L’Harmattan promise a series that is both accessible to general readers and grounded in the most recent and empirical research. http://www.chaos-international.org/
Déjà parus Josepha Laroche(Éd.),Passage au crible de la scène mondiale. L’actualité internationale 2017, 2018. Josepha Laroche,La Deuxième Guerre mondiale au cinéma. Le jeu trouble des identités, 2017 Josepha Laroche (Éd.),Passage au crible de la scène mondiale. L’actualité internationale 2016, 2017. Josepha Laroche,Les réalistes dans la théorie des conflits internationaux, 2016. Josepha Laroche,La brutalisation du monde. Du retrait des États à la décivilisation, 2016. Josepha Laroche (Éd.),Passage au crible de la scène mondiale. L’actualité internationale 2014, 2015. Moustafa Benberrah,La Tunisie en transition. Les usages numériques d’Ennahdha, 2015. Josepha Laroche,La Grande Guerre au cinéma. Un pacifisme sans illusions, 2014. Josepha Laroche (Éd.),Passage au crible de la scène mondiale. L’actualité internationale 2013, 2014. Florent Bédécarrats,La microfinance. Entre utilité sociale et rentabilité financière, 2013. Josepha Laroche et Yves Poirmeur (Éd.),Gouverner les violences. Le processus civilisationnel en question, 2013. Michel-Olivier Lacharité,Les Compromis médiatiques de MSF au Yémen. Retour d’expériences, 2013. Josepha Laroche (Éd.),Passage au crible de la scène mondiale. L’actualité internationale 2012, 2013. Josepha Laroche (Éd.),Passage au crible de la scène mondiale. L’actualité internationale 2011, 2012. Josepha Laroche (Éd.),La loyauté dans les relations internationales, 2011. Josepha Laroche (Éd.),Passage au crible de la scène mondiale. L’actualité internationale 2009-2010, 2011. Dorota Dakowska et Elsa Tulmets (Éds.),Le Partenariat franco-allemand. Entre européanisation et transnationalisation, 2010. Thomas Lindemann,Sauver la face, sauver la paix. Sociologie constructiviste des crises internationales, 2010. SérieSynthèses. Josepha Laroche (Éd.),Un Monde en sursis. Dérives financières, régulations politiques et exigences éthiques, 2010. Alexandre Bohas,Disney. Un capitalisme mondial du rêve, 2010. Jean-Loup Samaan,La RAND Corporation (1989-2009). La reconfiguration des savoirs stratégiques aux États-Unis, 2010. Annelise Garzuel,L’Allemagne aux Nations Unies. Une diplomatie modeste, 2009. Hervé Pierre,Le Hezbollah, un acteur sur la scène internationale, 2008. Auriane Guilbaud,Le Paludisme. La lutte mondiale contre un parasite résistant, 2008. Josepha e Laroche, Alexandre Bohas,Canal + et les majors américaines, 2 éd., 2008. Cyril Blet,Une Voix mondiale pour un État. France 24, 2008. Guillaume Devin (Éd.),Faire la paix, 2005. Léa Durupt,Notation et environnement, 2005.
Introduction
Aujourd’hui d’usage courant, le terme deconflitvient du latinconflictusqui signifie, heurt, choc, lutte et attaque. À l’origine, il évoquait une séqu ence de lutte armée, de combat entre deux ou plusieurs personnes, organisations ou puissances qu i se disputaient un pouvoir. Par extension, il s’applique à présent à toute opposition survenant entre des parties en désaccord, l’une souhaitant imposer ses positions et sa volonté au détriment de l’autre. Dans ce type de configuration, chaque acteur essaie de briser la résistance de son opposant, éventuellement par le recours à une violence physique ou symbolique, comme la menace, l’intimidation ou le chantage. Cela implique donc un rapport de force ; la finalité des hostilités consistant à modifier ce dernier, voire à l’inverser. Notons qu’un conflit peut éclater pour des raisons très différentes et avoir pour objet des allocations matérielles ou des valeurs symboliques telles que la puissance, la reconnaissance ou le prestige. C’est pourquoi il est mentionné dans tous les champs lexicaux : on parle de conflits économiques, financiers, interpersonnels, religieux , ethniques, familiaux, conjugaux ou professionnels. Autant dire que son spectre d’expression s’avère très vaste, car il s’observe dans tous les aspects de l’action humaine et ne se limite naturellement pas au domaine politique. D ansSociologie des conflits, Julien Freund le définit ainsi : «un affrontement ou un heurt intentionnel entre deux êtres ou groupes de même espèce qui manifestent, les uns envers les autres, une intention hostile ; en général à propos d’un droit, et qui pour maintenir, affirmer ou rétablir le droit, essaient de briser la résistance de l’aut re éventuellement par le recours à la violence, * laquelle peut, le cas échéant, tendre à l’anéantissement physique de l’autre ». Avec l’individualisme méthodologique, il est abordé sous un tout autre angle. En effet, lorsque Raymond Boudon s’interroge sur la logique du conflit social, il s’appuie sur la théorie des jeux et s’intéresse en fait à l’interprétation des situatio ns conflictuelles à laquelle se livrent les acteurs sociaux. Tandis que Michel Crozier, spécialiste de la sociologie des organisations ‒ industrielles, bureaucratiques ‒, met l’accent sur un affaiblissement des relations interpersonnelles qui résulte de 1 la structure bureaucratique de l’organisation . Dans celle-ci, les individus cherchent à satisfaire leurs propres objectifs, en utilisant les tensions induites par la dépersonnalisation des relations existant dans l’entreprise. Profitant ainsi des zones d’ince rtitude dues au comportement de leurs collaborateurs proches ou lointains, ils manipulent ces dernières dans une sorte de jeu collectif en cascade ; chacun s’efforce alors d’accroître sa pro pre latitude d’action en affaiblissant celle de ses collègues. Mais cette conception qui majore fortement la part d’autonomie attribuée aux différents intervenants, en vient parfois à sous-évaluer l’intensité du conflit. Georg Simmel le caractérise, quant à lui, comme une opposition pouvant aller de la simple dissension à la dissidence, en passant par le combat violent et jusqu’à l’affrontement le plus extrême, voire l’anéantissement de l’adversaire. Autrement dit, le penseur allemand construit ce concept de telle sorte qu’il puisse rendre compte aussi bien d e processus microsociologiques ‒ différends interpersonnels, amoureux, professionnels, etc. ‒ que de phénomènes macrosociologiques tels que des guerres entre États ou des combats opposant des ethnies. Considérant que ce qui lie les hommes les uns aux autres, réside dans la concurrence, il souligne que celle-ci mène bien souvent à la conflictualité, qu’elle le porte même en elle. Cepe ndant, contre toute attente, celle-ci doit être appréhendée tout à la fois comme un facteur de socialisation et de régulation, car elle concentre en effet les forces et efface les frontières entre les groupes. Elle peut parfois même renforcer également la cohésion sociale. Ce faisant, le sociologue souligne la fonctionnalité, voire la positivité du conflit qui est, selon lui, facteur d’équilibre social dans la mesure où il contribue à l’invention de nouvelles normes communes élaborées par et pour les parties en situation d’adversité. Simmel n’hésite pas à écrire à cet égard : «Il n’est pas vrai de dire que l’on obtiendrait une vie collective plus riche et 2 plus pleine si l’on pouvait éliminer les énergies d estructrices et répulsives, les conflits » . En publiant en 1956,Les Fonctions du conflit social, Lewis Coser reprend intégralement cette analyse, l’enrichissant par ailleurs de concepts freudiens p our prendre en compte la dimension psychoaffective présente dans tout différend. Contr e le sens commun et grâce aux perspectives ouvertes par son prédécesseur, ce sociologue américain montre à son tour à quel point la coercition et la dimension conflictuelle représentent des éléments sociaux bien plus essentiels que le consensus ou la simple stabilité.
On l’aura compris ces différentes analyses n’ont pas été forgées pour aborder spécifiquement les relations internationales. Cependant, elles n’interdisent pas, loin s’en faut, d’y faire appel avec le plus grand profit heuristique. D’autant plus qu’en incorporant de nouveaux paramètres ‒ représentations, affects, jeux, dimension cognitive ‒ elles permettent d’échapper au positivisme le plus étroit et d’envisager, ce faisant, des aspects plus larges de la conflictualité internationale. Le premier volume de notre série dédiée à la théori e des conflits internationaux, a traité du 3 paradigme réaliste . Rappelons que ce dernier a exercé une suprématie sur l’ensemble des Relations Internationales durant de nombreuses décennies. Apparue dans les universités américaines de la côte Est aux lendemains de la Première Guerre mondiale, la théorie réaliste s’est constituée en réaction à 4 l’idéalisme et au moralisme wilsonien . Avec ce présent ouvrage, centrons-nous maintenant sur le cadrage théorique des marxistes. À la différence des réalistes qui définissent les unités politiques en situation de rivalité et insistent sur l’équilibre entre puissances, les penseurs marxiste s considèrent que les conflits internationaux n’existent pas en tant que tels. Logiquement, ils ne les retiennent donc pas comme objets d’étude. À leurs yeux, ces affrontements relèvent d’une logiqu e économico-sociale et non psychologique ou politique. Pour les pères fondateurs de la théorie marxiste, il importe avant tout d’étudier et de mettre en exergue la domination mondiale du capitalisme, la seule qui leur apparaisse déterminante (première partie). Ils prennent ainsi comme critère discriminant le mode de production* économique et comme unité pertinente d’analyse, la classe sociale et non l’individu ou l’organisation politique, telle l’empire, la cité, la nation ou l’État. Dans ce cadre, il s’ensuit que les conflits tiennent fondamentalement aux luttes que se livrent les e e classes à l’échelle mondiale. Or, à la fin du XIX siècle et au début du XX , les marxistes considèrent que ces confrontations trouvent leur raison d’être dans la logique impérialiste du système capitaliste (chapitre 1). C’est pourquoi Marx* et Engels* en ont historicisé les différentes étapes pour mieux déconstruire et dépasser ce dernier. Mais il revient surtout à Lénine* et Trotsky* d’avoir théorisé les combats politiques à mener pour détruire le capital ismein concreto,ne l’oublions jamais, le car, marxisme est aussi une praxis*. Certains détracteurs y voient même une orthopraxie. Ceci explique que l’œuvre et le parcours souvent contradictoires du dirigeant Kautsky* aient donné lieu à tant d’attaques virulentes émanant des socialistes. Pour lutter contre l’impérialisme* inhérent au mode de production capitaliste, dépeint comme spoliateur et belligène, soulignons le statut controversé du pacifisme au sein même de la doctrine marxiste (chapitre 2). En effet, il semble paradoxal que dans les années qui suivirent la fondation du marxisme, il se fût trouvé des marxistes ‒ comme Ro sa Luxemburg* et Karl Liebknecht* ‒ pour s’affirmer pacifistes, voire antimilitaristes. Certes, le pacifisme se développa tout d’abord dans les milieux démocrates et républicains, avec notamment la création en Angleterre de la Peace Society en 1816 et la formation en France de la Ligue internat ionale de la paix et de la liberté durant l’année 1867. Mais ce courant de pensée gagna ensuite les socialistes qui appelèrent les travailleurs à s’unir contre les guerres ; ces dernières ne faisant qu’occulter le seul et vrai combat qui valait à leurs yeux : 5 la lutte des classes* . Pourtant, à l’avant-garde du mouvement pacifiste, le député français, Jean Jaurès*, se montra un ardent patriote et un socialiste convaincu tout au long de sa vie. Cependant, il théorisa un pacifisme patriotique et internationaliste qu’il lui fut impo ssible de faire adopter dans ses propres rangs. Sans majorité politique pour qu’il fût véritablement défendu et mis en œuvre à l’échelle nationale, ce choix politique lui attira nombre de critiques jusqu’à lui coûter la vie. S’agissant du socialiste allemand, Eduard Bernstein*, le révisionnisme marxiste qu’il incarna face à ses camarades, et dont il se fit le chantre au sein du SP D (Parti social-démo crate d’Allemagne), le conduisit à adopter des orientations très hétérodoxes, perçues par certains comme antimarxistes. Tantôt favorables à l’engagement dans le conflit mondial, tantôt au contraire résolument pacifistes, elles traduisaient bien les liens ambigus tissés au fil du temps entre le pacifisme et le marxisme. Ambiguïté que l’on retrouve aussi chez l’austromarxiste Otto Bauer*, l e théoricien de la question nationale, qui recommandait aux marxistes de ne pas réduire les co nflits nationalitaires à leur dimension économique. Après la Deuxième Guerre mondiale, la théorie marxiste a bénéficié d’un regain d’intérêt auprès des populations récemment décolonisées et plus enco re auprès des mouvements de libération nationale. Elle a représenté pour eux une matrice de références, une grille explicative, et parfois
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents