Les micro-Etats européens à l épreuve de la modernité
91 pages
Français

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Les micro-Etats européens à l'épreuve de la modernité , livre ebook

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Description

L'Andorre, le Liechtenstein, Monaco et Saint-Marin sont des États souverains juridiquement reconnus par la communauté internationale, mais dont la petitesse démographique et territoriale les contraint à déléguer certains attributs de leur souveraineté à de plus grandes puissances. Ces micro-États soulèvent spontanément les questions de leur création, de leur légitimité historique et politique, de leur fonctionnement ou encore, de leur viabilité économique. L'adhésion récente des micro-États aux organisations internationales, qui garantit leur pérennité juridique, a pour contrepartie la mise en oeuvre d'un agenda international, en particulier dans le domaine des droits de l'homme. Craignant la dissolution de leur identité, les micro-États résistent à certaines recommandations. Leurs choix politiques peuvent en faire des laboratoires, voire des modèles, face aux défis de la mondialisation.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 septembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336908274
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection « Inter-National » dirigée par Denis Rolland, Joëlle Chassin Françoise Dekowski et Marie-Hélène Touzalin

Cette collection a pour vocation de présenter les études les plus récentes sur les institutions, les politiques publiques et les forces politiques et culturelles à l’œuvre aujourd’hui. Au croisement des disciplines juridiques, des sciences politiques, des relations internationales, de l’histoire et de l’anthropologie, elle se propose, dans une perspective pluridisciplinaire, d’éclairer les enjeux de la scène mondiale et européenne.
Dernières parutions
Jean-Pierre SCHAEKEN WILLEMAERS, Le gaz au-delà de 2050 ?, 2020.
Michel FABRÉGUET et Danièle HENKY (dir.), Les « héros du retrait » dans les mémoires et les représentations de l’Europe contemporaine. Histoire et fictions , 2020.
Philippe LETRILLIART, Americana 1987-2007. Regard sur les sociétés américaines , 2020.
Estelle POIDEVIN, La politique étrangère des États-Unis en Amérique latine : Interventionnisme ou d’influence ? L’OEA comme régulateur ?, 2020.
Jean-Philippe LEGOIS et Jean-Louis VIOLEAU (dir.), Institution universitaire et mouvements étudiants , 2020.
Cyriaque ESSEBA et Réné BIDIAS (dir.), Comprendre les relations internationales contemporaines, 2020.
Imad-eddine HATIMI (dir.), Le management de l’innovation au Maroc, 2020.
Antoine DUTHIL, La patrimonialisation des semences végétales , 2020.
Antoine ULLESTAD, Les frontières extérieures de l’Union européenne. Etude de l’internationalisation du marché intérieur , 2020.
Jean-Luc MATHIEU, L’institution du Défenseur des droits , 2020.
Elodie REMY, Réfugiés : l’hébergement chez des particuliers. Des liens qui rendent libres ?, 2020.
Garik GALSTYAN, L’écologie en Arménie, Le lac Sevan et l’émergence du mouvement écologiste, 2020.
Miguel SUAREZ BOSA, Le port de Casablanca au XX e siècle. Une source de développement pour le Maroc , 2019.
Guy LORANT, Les ambiguïtés de la démocratie participative, De Porto Alegre aux Gilets jaunes, 2019.
Despina TOMESCU, Roumanie histoire d’une identité , 2019.
Copyright













© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-90827-4
Titre

Jérôme Tourbeaux




Les micro-États européens à l’épreuve de la modernité

Enjeux socio-démographiques
Du même auteur
Du même auteur

« L’incidence du système de préférence nationale monégasque sur la construction de l’identité de la population de la principauté de Monaco », Sociétés Plurielles , 2019, n° 3, Presses de l’INALCO

« Micro-états et fragilité démographique », dans Rouvillois F. (dir.), Les micro-États au XXI e siècle , Paris, Les Éditions du Cerf, 2017, pp. 139-157

« Langue et constructions identitaires au Pays Basque », Actes de la recherche en sciences sociales , 2014, vol. 205, pp. 72-89 (avec Béatrice Valdes)

« L’intégration des Portugais du Luxembourg », Archives Européennes de Sociologie , 2012, vol. 53, n° 2, pp. 235-262

« Intégration et frontières sociales au Luxembourg », Revue européenne des sciences sociales , 2012, vol. 50, n° 2, pp. 115-145

« L’évolution démographique en Andorre est-elle compatible avec le maintien de son identité culturelle ? », Espace, Populations, Sociétés , 2011, n° 2, pp. 279-290
À ma micro-famille, Béa, Lolo, et Ando
Introduction
Le continent européen se compose d’une multitude d’États dont la dimension, démographique ou territoriale, peut sensiblement varier de l’un à l’autre. Certains sont parfois qualifiés de « micro » en raison de leur superficie réduite – quelques centaines de km², voire de taille communale – ou à cause du faible effectif de leur population – qui se compte généralement en dizaines de milliers d’habitants. Ces micro-États, lorsqu’ils ne sont pas ignorés ou tout simplement inconnus, tant du grand public que des autres États, interpellent l’imaginaire et soulèvent spontanément certaines questions : comment s’explique leur création ? Ont-ils une légitimité historique et/ou politique ? Comment sont-ils parvenus à préserver leur souveraineté ? D’ailleurs, sont-ils de véritables États souverains ou des protectorats de puissances plus grandes ? Fonctionnent-ils de la même manière que ces derniers ? Comment s’organisent-ils administrativement et politiquement ? Sont-ils viables économiquement ? Peut- on les réduire à des paradis fiscaux ?
Depuis toujours, en Europe, de petites entités territoriales indépendantes politiquement en côtoient d’autres de taille plus grande. Avant de devenir des empires, les cités grecques et la Rome antique ont été des micro-États 1 .
Du X e au XII e siècle, la féodalité confiait l’autorité politique de territoires de taille variable à des seigneurs plus au moins autonomes. Lors de la transition du Moyen Âge vers l’époque moderne, de petits territoires autonomes se sont temporairement maintenus au sein du royaume de France, de plus en plus absolutiste : la seigneurie normande d’Yvetot ne perd par exemple sa souveraineté qu’en 1555 ; la vicomté de Turenne n’est vendue à Louis XV qu’en 1738 ; la principauté de Boisbelle fut cédée au roi en 1766 ; ou encore Bidache, petit village navarrais, dont le statut de principauté souveraine perdure du XVI e siècle jusqu’à la Révolution française 2 .
Au sein du Saint Empire romain germanique – et au gré de ses vicissitudes – se forment et subsistent une multitude de petites structures étatiques autonomes, notamment dans sa partie allemande, telles les villes libres ou les principautés dotées de l’immédiateté impériale, c’est-à-dire directement subordonnées à l’Empereur. En Italie, le conflit entre les guelfes et gibelins – partisans respectifs du pape et de l’empereur – s’accompagne de la constitution de cités-États souveraines dont certaines vont connaître de substantiels succès économiques et militaires, à l’image des républiques de Gênes ou de Venise. Du XIII e au XVI e siècle, treize cantons suisses se regroupent pour s’opposer à l’autorité que l’empereur détient sur ces petits territoires.
Au cours de la formation de grands royaumes (tel celui de la France d’Ancien Régime), puis lors de la naissance des États-nations (notamment l’Allemagne et l’Italie du XIX e siècle), les micro-États disparaissent peu à peu de la carte de l’Europe, de gré ou de force, en intégrant et se diluant dans des entités territoriales de taille plus grande. Les petits territoires apparaissent alors vulnérables face à l’appétit de domination et de conquête de leurs puissants voisins. Ils semblent également peu adaptés à la modernisation de l’économie née de la révolution industrielle.
Pour son développement économique, la société moderne nécessite en effet la destruction des anciennes communautés dont les membres sont étroitement liés par une solidarité traditionnelle. Les travailleurs doivent quitter leur communauté paysanne pour rejoindre les centres de production industrielle urbains. Pour maintenir la cohésion entre ces individus, déracinés et détachés de leurs anciennes traditions, les États produisent un cadre national dans lequel ils peuvent se construire une nouvelle identité commune et réorganiser leur vie sociale. Or, les penseurs du XIX e siècle associent la réussite économique et politique de ce modèle de l’État-nation aux territoires de grande taille 3 .
De petites entités souveraines – tant du point de vue de leur superficie que de leur population – se sont pourtant maintenues en Europe jusqu’à aujourd’hui. Le nombre d’États reconnus par la communauté internationale, dont une multitude de très petits, s’est même considérablement accru dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le nombre d’États membres de l’Organisation des Nations unies est en effet passé de 51 en 1945 à 193 depuis 2011. Parmi eux, on dénombre de si petits territoires que leur viabilité politique et économique, compte tenu des ressources naturelles, financières ou humaines limitées dont ils disposent, est interrogée par des spécialistes de diverses sciences humaines et sociales 4 . Pour certains, les plus petits États – désignés « micro-États » – sont considérés comme des aberrations et des survivances anachroniques de la phase de construction des grands États-nations. Leur taille réduite, leur singularité juridique, leur organisation politique or

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