Machine diplomatique française en Haïti
224 pages
Français

Machine diplomatique française en Haïti , livre ebook

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Description

Suite à la coupure de 1941-1945, c'est une véritable machine diplomatique française qui s'installe et fonctionne en Haïti. L'action de la France dans ce pays ne couvre pas seulement la diplomatie proprement dite et n'est pas que le résultat des efforts de la représentation française en Haïti. L'élite haïtienne et le clergé catholique sont beaucoup plus actifs et efficaces que les diplomates. Voici examiné le type d'influence que la France cherche à maintenir en Haïti de 1945 à 1958.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 86
EAN13 9782296483231
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

La Machine diplomatique française en Haïti (1945-195)
Illustration : Le pavillon français à l’exposition internationale du bicentenaire de la ville de Port-au-PrincePhoto : Paul CoubaCourtoisie : Association Haïti Patrimoine
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-55979-0 EAN : 9782296559790
Wien Weibert Arthus La Machine diplomatique française en Haïti (1945-195)
En mémoire de Delphonse Calixte Et des autres victimes du séisme du 12 janvier 2010
INTRODUCTION Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, la présence française à l’étranger connaît un développement considérable. Désirant avoir un poids important sur l’échiquier international, la France développe son réseau diplomatique et étend sa présence dans le monde. Son objectif est d’accroître son rang dans le concert des nations. Même si la République française n’est pas considérée comme une puissance victorieuse de la guerre, même avec une économie en crise et une démographie réduite au lendemain des conflits, certains éléments comme sa géographie, son histoire et son empire colonial lui donnent une influence réelle qui sert de base à sa diplomatie. La France, recherchant son rang de grande puissance et préservant ses intérêts nationaux, siège dans toutes les institutions internationales et installe ou renforce sa représentation diplomatique aussi bien sur le plan régional que bilatéral. Haïti et la France entretiennent des rapports suivis mais inégaux e depuis le 17 siècle. En 1697, conformément au Traité de Ryswick, l’Espagne, qui possède l’île d’Hispaniola depuis sa découverte par Christophe Colomb le 5 décembre 1492, cède le tiers occidental à la France. Cette terre, peuplée majoritairement d’esclaves noirs embarqués d’Afrique mais aussi de colons blancs et de métis, devient la colonie la plus prospère de la France de l’Ancien régime. En 1793, deux ans après le premier soulèvement des esclaves de Saint-Domingue, la Convention abolit l’esclavage. En 1802, Napoléon Bonaparte envoie des expéditions rétablir l’esclavage à Saint-Domingue et en Guadeloupe. La guerre qui éclate entre l’armée coloniale et celle des esclaves consacre la er défaite de la France à Saint-Domingue. Le 1 janvier 1804, les esclaves, après avoir chassé les maîtres, proclament l’indépendance de l’île qui retrouve son nom indien Ayti, ce qui signifie terre montagneuse. La France, malgré sa défaite militaire, pose des conditions financières pour la reconnaissance de la nouvelle nation. Après des négociations conduites par les représentants des deux pays, Haïti accepte de verser à la France une indemnité de 150 millions de
francs-or pour la reconnaissance de son indépendance. Le 17 avril 1825, le roi Charles X signe l’ordonnance par laquelle la France « octroie » son indépendance à Haïti. En 1838, la « dette de l’indépendance » est ramenée à60 millions de francs-or et accompagnée d’énormes avantages douaniers. Haïti accepte de se courber aux exigences françaises afin de sortir de son isolement diplomatique. La France revient dans l’île, en partenaire. Et depuis, sa présence ne cesse de s’accroître. Ses intérêts en Haïti sont conservés même durant l’occupation américaine de 1915 à 1934. Au cours de cette période, elle arrive à trouver un accord avec les États-Unis pour que l’île occupée ne perde pas sa langue officielle, le français, au profit de l’anglais, la langue de l’occupant. L’histoire récente montre le poids encore considérable de la République française en Haïti. La France accueille l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier sur son sol dès sa chute en 1986, elle joue un rôle fondamental dans l’isolement diplomatique des militaires qui renversent le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide en 1991, elle arrive par la suite à obtenir la démission et le départ d’Aristide en 2004, elle apporte une réponse active aux désastres du séisme du 12 janvier 2010 et Nicolas Sarkozy se rend à Port-au-Prince le 17 février 2010 pour ce qui est la première visite d’un chef d’État français en Haïti. Le choix de la période allant de 1945 à 1958 est le fruit d’un constat : la plupart des études réalisées sur les relations entre les e e deux pays couvrent le 18 siècle et le début du 19 siècle, périodes de la colonisation française, de l’esclavage, de la Révolution des esclaves de Saint-Domingue (actuel Haïti) et de la reconnaissance monnayée de l’indépendance d’Haïti. Quelques travaux de e recherches, soigneusement menées sur la fin du 19 siècle touchant ainsi la pratique du paiement de la dette et ses conséquences sur l’économie haïtienne, méritent d’être retenus. Les ouvrages de Ghislain Gouraige (1955),L’indépendance d’Haïti devant la France,de Jean-François Brière (2008), et Haïti et la France 1804-1848. Le rêve brisé, passent en revue cette période cruciale des relations entre la France et son ancienne colonie. Cette période débute par la non-acceptation de l’indépendance des Haïtiens et la peur de ces derniers d’une attaque des Français pour aboutir au paiement de l’indemnité haïtienne à la France pour la reconnaissance de l’indépendance. Itazienne Eugène, dans son
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mémoireLa Naissance des relations diplomatiques entre la France et Haïti (1825-1834), soutenu en 2003 à l’Université Paris 8, s’intéresse à la genèse des relations interétatiques entre l’ancienne métropole et son ancienne colonie. Gusti-Klara Gaillard (1990), dans son ouvrageL’Expérience haïtienne de la dette extérieure, apporte les connaissances indispensables autour du prêt contracté par Haïti à la France ajoutés aux énormes avantages commerciaux servant au paiement de la « dette de l’indépendance ». Benoit Joachim (1979),Les racines du sous-développement en Haïti, et François Blancpain (2001),Un siècle de relations financière entre Haïti et la France (1825-1922), permettent d’avoir une appréciation d'ensemble et expose les problèmes économiques incontournables à la compréhension d'Haïti, sachant que dès la reconnaissance monnayée de l’indépendance et jusqu’au début du e 20 siècle la France a été l’unique créancier et le plus important partenaire commercial d’Haïti. Cependant, très peu de chercheurs ont jusqu’ici réalisé des études approfondies sur l’histoire des relations franco-haïtiennes à e partir de la deuxième moitié du 20 siècle. Il y a seulement deux documents de référence qui couvrent cette thématique. Le premier est la thèse d’histoire de Gusti-Klara Gaillard,Les ressorts des intérêts français en Haïti dans l’entre-deux-guerres (1918-1941), soutenue en 1991 à l’Université Paris 8, un excellent travail de recherche sur la diplomatie française en Haïti, notamment dans son volet économique. Cette étude qui, dans l’intitulé, se termine juste au moment de la rupture des relations diplomatiques entre la France et Haïti, mais qui en réalité se prolonge juste vers la fin des années 50, permet de contextualiser les recherches autour de la période 1945-1958 et de noter ce qui change au moment du rétablissement des relations franco-haïtiennes. Elle est utile à la compréhension de la période de l’après-guerre parce que les accords signés entre 1945 et 1952 sont discutés bien avant la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Le second est le rapport de Régis Debray (2004) qui dirige une commission mise en place par le ministre français des Affaires étrangères pour étudier les relations franco-haïtienne à l’occasion du bicentenaire de la révolution haïtienne. Ce document intituléHaïti et la France. Rapport à Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, est une centaine de pages bien construit qui présente les relations
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franco-haïtiennes dans le passé et le présent en mettant l’accent sur les perspectives d’avenir. Ce document très utile permet de parcourir assez rapidement les trois siècles de relations entre la France et l’île de la Caraïbe. Son point faible vient du fait qu’il n’est pas le fruit d’un réel travail scientifique même si au sein du comité qui a travaillé à sa réalisation, on retrouve d’excellents penseurs et fins connaisseurs des relations franco-haïtiennes. Concrètement, on peut noter un vide historiographique sur les relations diplomatiques entre la France et Haïti de 1945 à nos jours. Mais en dépit de ce vide, la France n’est pas moins présente dans cette nation de la Caraïbe de manière active et à des niveaux différents. Notre objectif est de mesurer les champs et les limites de cette présence par l’analyse minutieuse des relations entre les deux pays. C’est dans ce cadre que cet ouvrage sur la diplomatie 1 française en Haïti tire son origine . La notion « machine diplomatique », inventée par Jean-Baptiste 2 Duroselle , traduit un système, composé de pièces différentes, dans lequel existe une concordance spécifique entre ce qui se fait par les différents organes, en amont et en aval. Autrement dit, l’emploi de la notion de machine diplomatique désigne l’utilisation de « l’ensemble des structures politico-administratives au service de 3 la politique étrangère d’un pays ». Cet intitulé, en rapport à cet ouvrage, tire son sens dufait que l’action de la France dans l’île de la Caraïbe ne couvre pas que la diplomatie proprement dite, au sens des relations intergouvernementales. Au cours des recherches effectuées, il est facile de mesurer le poids de l’économie dans la présence française en Haïti. Il ne s’agit pas d’échanges économiques. Il est surtout question d’un marché français en Haïti développé dans les domaines éducatif, agricole, technologique et militaire. Les autres aires touchées par la France relèvent beaucoup plus de la coopération. À cela, il faut ajouter la politique culturelle 1  Nous devons cet intitulé à Robert Frank, notre professeur d’Histoire des relations internationales à la Sorbonne, qui a vulgarisé dans ses séminaires la notion de « machine diplomatique ». 2  Jean-Baptiste Duroselle consacre un chapitre à « La Machine diplomatique » dans son ouvrageLa décadence, 1932-1939,« Politique étrangère de la France, 1871- collection 1969 », Paris, Imprimerie nationale, 1979. 3 Robert Frank, « La machine diplomatique culturelle française après 1945 », inDiplomatie e et transferts culturels au XX siècle, Relations internationales, No 115, automne 2003, p. 326.
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