Mémoire sur l esclavage des nègres
138 pages
Français

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Mémoire sur l'esclavage des nègres , livre ebook

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Description

Février 1788 : en France la Société des Amis des Noirs voit le jour, inspirée de la Société anglaise analogue et de nombreuses sociétés américaines. Les écrits contre la traite et l'esclavage colonial se multiplient et ont inévitablement comme conséquence une mise en question des colonies. Un grand fonctionnaire de la Marine, Pierre-Victor Malouet, est convaincu qu'il est de son devoir d'intervenir dans le débat. Il demande que les colonies soient réformées, à commencer par la gestion de la main-d'œuvre servile, en faveur d'un esclavage qu'il définit comme « modéré ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 novembre 2018
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336856216
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
COLLECTION
AUTREMENT MÊMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.
Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.

« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur, les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi
Titres parus et en préparation :
voir en fin de volume
Titre



Pierre-Victor Malouet



MÉMOIRE
SUR L’ESCLAVAGE DES NÈGRES
suivi d’autres textes dont les
NOTES du baron de Vastey



Présentation de Carminella Biondi avec la collaboration de Roger Little
Copyright



En couverture :
« Danse de nègres », in Moreau de Saint-Méry, Recueil de vues des lieux principaux de la colonie française de Saint-Domingue , 1791













© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-85621-6
INTRODUCTION par Carminella Biondi
Du même auteur
Mon frère, tu es mon esclave ! Teorie schiaviste e dibattiti antropologico-razziali nel Settecento francese , Préface de Corrado Rosso, Pise, Editrice libreria Goliardica, 1973
Ces esclaves sont des hommes. Lotta abolitionista et letteratura negrofila nella Francia del Settecento , Préface de Corrado Rosso, Pise, Editrice libreria Goliardica, 1979
Marguerite Yourcenar ou la quête de perfectionnement , Pise, Editrice libreria Goliardica, 1997
La Francia a Parma nel Secondo Settecento , Bologne, CLUEB, 2003
Rêver le monde. Écrire le monde. Théorie et narrations d’Édouard Glissant , Bologne, CLUEB, 2004 (avec Elena Pessini)
Lecointe-Marsillac, Le More-Lack, ou Essai sur les moyens les plus doux et les plus équitables d’abolir la traite et l’esclavage des Nègres d’Afrique en conservant aux colonies tous les avantages d’une population agricole , réédité avec la collaboration de Roger Little, « Autrement Mêmes » 68, Paris, L’Harmattan, 2010
Joseph Lavallée, Le Nègre comme il y a peu de Blancs , réédité avec la collaboration de Roger Little, « Autrement Mêmes » 102, Paris, L’Harmattan, 2014
1789 : les colonies ont la parole. Anthologie , Tome I : Colonies, Gens de couleur ; Tome II : Traite, Esclavage , avec la collaboration de Roger Little, « Autrement Mêmes » 116, Paris, L’Harmattan, 2016
INTRODUCTION
« C’est à regret que je m’élève ainsi contre l’esprit de bienfaisance. »
Vie d’un « grand commis »
Pour dire l’essentiel de la biographie du baron Pierre-Victor Malouet, il suffirait de reproduire la nécrologie publiée dans le Journal des débats du 9 septembre 1814, reprise dans les Annales maritimes et coloniales en 1816 qui, en deux pages (contenant quelques fautes de datation), résume les œuvres et les mérites de la vie d’un « grand commis » au service de la France. L’ incipit laisse déjà présager une destinée peu commune :
Pierre-Victor Malouet, ministre secrétaire d’État au département de la marine et des colonies, chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis, commandant de la Légion d’Honneur, né à Riom au mois de février 1740, est mort le mercredi 7 septembre 1814. Après avoir fait avec distinction ses études à l’Oratoire, il partit, dès l’âge de 18 ans pour Lisbonne, à la suite de l’ambassade du comte de Merle. Il n’avait que 22 ans [en réalité vingt-sept], et déjà il remplissait à Saint-Domingue les fonctions de commissaire de la marine : il […] en sortit avec le grade d’ordonnateur 1 .
Ces quelques lignes résument les étapes d’une vie caractérisée par un intérêt dominant : la marine et les colonies, peut-être à cause de son premier emploi important, celui d’inspecteur des magasins des colonies à Rochefort de 1764 à 1767 (en 1765 il eut une mission temporaire à Bordeaux). Ce fut une expérience fondamentale pour sa formation et pour ses choix futurs, ainsi qu’il le note dans ses Mémoires :
J’avais un accès libre dans tous les bureaux où je voulais prendre des renseignements. Ce fut principalement au contrôle de la marine que se dirigèrent mes recherches. J’y trouvai toute la correspondance de Colbert […]. Je fis l’extrait de tous ses règlements, auxquels tant d’autres ont été si inutilement ajoutés […]. En parcourant tous ces registres, je voyais la progression des idées fausses à mesure qu’elles s’éloignent des bons principes. Je retrouvais la cause des désordres qu’entraînent toujours, dans les opérations administratives, l’instabilité des règles, la variation des décisions, la multiplicité des écritures et l’innovation des formes 2 .
En 1767 il est envoyé à Saint-Domingue en qualité de sous-commissaire de la Marine. Au cours du voyage il compose Les quatre parties du jour à la mer (1783) 3 , petit poème en prose, en quatre chants, qui raconte une journée de navigation. En 1768 il devient ordonnateur (un rôle enviable car il pouvait mandater une dépense publique) par intérim grâce au soutien de l’intendant Alexandre-Jacques Bongars (1766-1771) : « L’intérim de Malouet se prolongea pendant deux ans, et on ne peut se dissimuler que cet exercice du pouvoir le conduisit, dans les derniers mois, à en abuser » 4 . En avril 1768 il épouse la Créole Marie-Louise Béhotte : quelques biographies de Malouet indiquent 1783 comme date de la mort de sa femme, mais il écrit dans ses Mémoires , lors de son départ en exil, le 17 septembre 1792, pour l’Angleterre : « Ma femme se retira à Verberie, chez sa sœur, avec mon fils et ma fille ; et pendant deux ans j’ai tremblé pour leur existence… » 5 . Elle meurt en 1809. Madame Béhotte possédait une plantation de sucre à Saint-Domingue 6 . Ce mariage, suivi de l’achat d’une plantation de café, fit de lui un colon nanti et lui permit d’établir des relations avec des gens qui lui seraient utiles. Il rentra en France en juillet 1773, avec sa famille, à la suite d’une maladie provoquée par le climat tropical, mais aussi à cause des hostilités qu’il avait suscitées en adoptant des mesures qu’il considéra plus tard, lui-même, comme mauvaises, et qui furent à l’origine des difficultés qu’il rencontra au moment de son retour en France, auprès du marquis de Boynes, alors ministre de la Marine (1771-1774). Malouet jugera très positivement son séjour à Saint-Domingue :
C’est […] comme propriétaire et non comme administrateur, que j’aurais voulu vivre à Saint-Domingue. J’aimais beaucoup cette vie aisée, indépendante et occupée, d’un propriétaire sur son habitation. La beauté de la campagne, la richesse de ses produits, les succès d’une bonne culture et ceux d’une bonne police dans la régie intérieure, m’inspiraient le plus grand intérêt 7 .
Il se plaît à ces tableaux idylliques de la vie coloniale, dont il n’ignorait pourtant pas les aspects négatifs.
Après son retour, pour éviter les conséquences de la perte de la faveur de Boynes, à cause de ses démêlés domingois, il obtient, grâce à l’appui de la duchesse de Narbonne, un brevet de secrétaire d’État de la maison de madam

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