Modernité
235 pages
Français

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Description

En rétablissant la vérité sur des périodes idéalisées de notre passé et en acceptant les leçons de l'Histoire, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, Claude Fouquet dresse une étude chronologique des avancées et des régressions de la marche vers la modernité, c'est-à-dire vers l'Etat de droit démocratique, libre et affranchi de la peur. Il conclut sur des propositions concrètes afin de moderniser notre société actuelle au niveau national comme à l'échelle européenne.

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Publié par
Date de parution 01 mai 2009
Nombre de lectures 61
EAN13 9782336276595
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRINCIPAUX OUVRAGES DE CLAUDE FOUQUET
Délires et Défaites, une histoire intellectuelle de l’exception française, Albin Michel, 2000.
Antimanuel de Sociologie, L’Harmattan, 2002
Julien, la mort du monde antique, avec Pierre Grimal, L’Harmattan, 2009
Couverture : Matilde de Canossa
Antonio Villa, copie d’une peinture perdue de Parmigianino
Modernité Source Et Destin

Claude Fouquet
© L’Harmattan, 2009 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan l@wanadoo.fr
9782296080867
EAN : 9782296080867
Sommaire
PRINCIPAUX OUVRAGES DE CLAUDE FOUQUET Page de titre Page de Copyright I - L’HÉRITAGE ANTIQUE II - CHRISTIANISME ET LIBERTÉ III - LUMIÈRES ET OMBRES IV - VOUS N’ÊTES PAS RESPONSABLES V - LIBERTÉ TOUJOURS RECOMMENCÉE VI - TERREUR CONTRE MODERNITÉ Questions Contemporaines
I
L’HÉRITAGE ANTIQUE
« Enfin le christianisme avait une particularité par laquelle il était unique au monde : cette religion était aussi une Église, une croyance exerçant une autorité sur ceux qui la partageaient, appuyée sur une hiérarchie, un clergé supérieur en nature au laïcat et un cadre géographique. »
Paul Veyne. 1

L’IDÉE DE PROGRÈS
Nous ne connaissons pas la direction de l’évolution. Pour s’adapter les organismes deviennent différents, plus grands ou plus petits, pas forcément meilleurs. Évolution et progrès ne sont pas synonymes. La seule direction unanimement reconnue par la communauté scientifique est une croissante complexité. Y a-t-il une autre direction ? Nous ne le savons pas, même si nous ressentons un besoin de croire au progrès. Relativement nouvelle est l’idée que l’humanité puisse progresser. Sombres et désespérantes étaient, en effet, les premières productions de l’esprit humain dont les traces nous soient parvenues : les épopées des premières civilisations, qu’il s’agisse de Gilgamesh, roi sumérien du 3 ème millénaire, ou des héros d’Homère.
L’Egypte ancienne, les Grecs, les Romains, ont construit d’impressionnants monuments. Mais ont-ils inventé la modernité ? Serait-elle née en Chine, en Inde ou au Moyen-Orient ? Quand donc l’histoire a-t-elle pris le tournant décisif de la modernité? Selon le philosophe britannique Anthony Giddens, conseiller politique de Tony Blair, elle aurait émergé en Europe au 17 e siècle, mais il estime que « les semences du nihilisme étaient là, dans la pensée des Lumières, dès le début. » 2 Je propose de remonter beaucoup plus haut dans le passé, aux origines de la pensée, ne serait-ce que pour déterminer ce qui n’est pas la modernité.
L’histoire a d’abord débuté comme légende, la légende de Gilgamesh, celle de Troie et des héros d’Homère, celle du roi Arthur. La modernité suppose la croyance au progrès, qui n’est pas de tous les temps. Le destin du monde peut, en effet, être perçu soit comme un cercle, soit comme une ligne droite. L’approche circulaire est la plus ancienne. C’est celle des Grecs et des Romains, pour qui l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. L’âge d’or était derrière nous et nous étions en décadence. Tout se dégradait, le climat comme les mœurs. O Tempora, O Mores ! Dès le temps de la République, les Romains se croyaient en déclin. Cette conception du monde n’a jamais complètement disparu, et elle resurgit périodiquement. Nietzsche a écrit de belles pages sur l’Éternel Retour et la moderne théorie du big bang suppose un système circulaire, car, après l’expansion, il y aura la contraction, et un nouveau big bang .
Le destin du monde comme ligne droite est apparu pour la première fois au Proche-Orient. La ligne droite est la flèche du temps qui est irréversible. Il y a un avant et un après. Avant et après la création du monde. Avant et après l’alliance entre Dieu et le peuple élu. Dans le Nouveau Testament, il y a avant et après le Christ, dont le retour marquera la fin des temps. Quand on demandait à saint Augustin ce qu’il y avait avant la création du monde, il répondait que Dieu avait aussi créé le temps. Le judaïsme a introduit la notion de progrès. Judaïsme et christianisme ont enseigné la noblesse du travail et l’éminente dignité de l’homme.
Au contraire, les premières oeuvres de l’esprit écrites sur des briques revêtues de caractères cunéiformes, les épopées mésopotamiennes de Gilgamesh au troisième millénaire, puis de Keret au second, glorifient la guerre et ignorent le travail. Il semble alors que l’homme n’ait le choix que d’être prédateur ou proie. Mieux vaut donc être prédateur, et malheur au vaincu ! Douze tablettes de l’épopée de Gilgamesh ont été retrouvées à Ninive, en Irak, sur la rive gauche du Tigre, en face de Mossoul, dans les ruines du palais du roi assyrien Assourbanipal, mort en 626 av. JC. Roi d’Ourouk au pays de Sumer, au sud de l’Irak, Gilgamesh est un guerrier qui s’impose par la force et ne craint pas de défier les dieux, puisqu’il refuse d’épouser Ishtar, déesse de l’amour. Il veut même s’égaler aux dieux en cherchant dans une herbe miraculeuse le secret de l’immortalité, car après la mort l’au-delà est terrifiant et sans espoir.
Du second millénaire date l’épopée de Keret, retrouvée sur des tablettes d’argile, en fouillant l’antique Ougarit, en Syrie, au nord de l’actuelle Lattaquié. Comme Gilgamesh, Keret est un guerrier. Il a épousé la fille du roi d’Edom, ou Idumée, pays situé entre Mer Morte et Mer Rouge. Le roi David vainquit les Iduméens, et on appelait Kérétiens les soldats de sa garde. Des fouilles ont révélé qu’à l’époque mycénienne résidaient à Ougarit des commerçants grecs qui ont certainement connu l’histoire de Keret, où il est question d’une belle jeune femme dans une ville assiégée, comme dans la Troie de l’Iliade.
Homère a-t-il existé ? Personne ne le sait, mais il est probable que l’épopée homérique est l’aboutissement d’une longue tradition orale. Pour déclamer les seize mille vers de l’Iliade, il faut au moins six veillées. Des aèdes, dont c’était la raison d’être, ont pu consacrer leur vie à mémoriser des chants anciens qui furent plus tard écrits. Pendant plus de mille ans, ces poèmes ont servi de base à l’éducation des jeunes Grecs, puis des Romains jusqu’à la chute de l’empire. Ils ne sont guère édifiants. Ils glorifient des hommes qui vivent de guerres et de rapines, tuent, mutilent et violent, insultent les cadavres, et réduisent hommes, femmes et enfants en esclavage. Ajax déflore Cassandre sur l’autel d’Athéna. Achille tue des enfants, et Ulysse jette le bébé d’Andromaque du haut des murs de Troie. Le lecteur cherche en vain à savoir comment vivaient alors ceux qui créaient les richesses : cultivateurs, artisans et commerçants. La morale de ces épopées est que l’énergie humaine n’est utilisée glorieusement que dans la guerre, et non dans le travail. En plein 20 e siècle, la philosophe Simone Weil (1909-1943) communiste, pacifiste, juive et chrétienne, est encore fascinée par Homère, quand elle écrit L’Iliade ou le Poème de la force . Première phrase : « Le vrai héros, le vrai sujet de l’Iliade, c’est la force. »
L’Énéide de Virgile est une suite donnée à l’Odyssée, à l’époque d’Auguste et à son initiative. Comme l’Odyssée, l’épopée débute par une aventure maritime. Rescapé de Troie, Énée, comme jadis Ulysse, erre en Méditerranée, avant d’aborder à Carthage et finalement aux bouches du Tibre. C’est alors qu’Énée, jusque-là fuyard douloureux, incertain de sa vocation et amoureux de Didon, reine de Carthage, se transforme en un terrible guerrier. Selon le grand latiniste Pierre Grimal, mon maître et ami, les six derniers chants de l’Énéide sont en réalité une nouvelle Iliade. « Dans la seconde moitié de son poème, Virgile a rencontré, après avoir défini la mission civilisatrice, philosophique de sa patrie, l’autre visage de Rome, celui de la violence et de la guerre. » 3 Tout comme le monde d’Homère, celui de Virgile est cruel et sans pitié. Guerrier solitaire, comme Achille, Énée n’est, explique Grimal, que le jouet des Dest

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