Niger: le cas du Damagaram
307 pages
Français

Niger: le cas du Damagaram , livre ebook

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Description

Comment les institutions de gestion administrative régionale s'articulent-elles à des espaces sociaux pour construire des espaces politiques essentiels à la mise en oeuvre des politiques publiques dans la perspective de la good governance et espérer optimiser les stratégies de réduction de la pauvreté ? L'auteur appréhende l'influence de la vitrine identitaire du Damagaram dans le fonctionnement des institutions en charge du développement en région.

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Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 67
EAN13 9782296491021
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Niger : le cas du Damagaram
Études Africaines Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa Dernières parutions Kanel ENGENDJA-NGOULOU,Le développement des industries culturelles au Gabon, 2012. Francis NKEA NDZIGUE,La procédure pénale au Gabon, 2012. Moussa BOUREIMA,L’économie agricole au Niger, 2012. Yaya SY,Mémoires d’ancêtres,2012. Essé AMOUZOU,Mouammar Kadhafi et la réalisation de l’Union africaine, 2012. Jean-Pierre LEHMANN,Prophètes-guérisseurs dans le sud de la Côte d’Ivoire, 2012. Melchior MBONIMPA,Guérison et religion en Afrique,2012. Jean-Alexis MFOUTOU,La Langue de la politique au Congo-Brazzaville, 2012.Alhassane CHERIF,Le sens de la maladie en Afrique et dans la migration. Diagnostic, pronostic, prise en charge, 2012. Mahamadou MAÏGA,Les peuples malien et africains : 50 ans d’indépendance ou de dépendance ?, 2012. Sylvain Tshikoji MBUMBA,Le pouvoir de la paix en Afrique en quête du développement, 2012. Hygin Didace AMBOULOU,Traité congolais de procédure civile, commerciale, administrative, financière et des voies d’exécution, 2012. Jean-Nazaire TAMA,Droit international et africain des droits de l’homme, 2012. Khalifa Ababacar KANE,Droit portuaire en Afrique. Aspects juridiques de la gestion et de l’exploitation portuaires au Sénégal,2012.Ibrahim GUEYE,Les normes de bioéthique et l’Afrique, 2012. Jean-Bruno MUKANYA KANINDA-MUANA,Les relations entre le Canada, le Québec et l’Afrique depuis 1960, 2012. Célestin NKOU NKOU,Manuel de gestion simplifiée, 2012.Jean-Pierre MISSIE,Histoire et sociologie de la pauvreté en Afrique, Regards croisés sur un phénomène durable, 2012. André MBATA MANGU,Barack Obama et les défis du changement global. Leçons pour le monde, l’Afrique et la politique étrangère américaine, 2012. Clotaire SAULET SURUNGBA,Centrafrique 1993-2003. La politique du Changement d’Ange Félix Patassé, 2012. Elliott Anani SITTI,Investir en Afrique pour gagner, 2012. Edgard GNANSOUNOU,En finir avec le franc des économies françaises d’Afrique, 2012.
Mahamadou Danda Niger : le cas du Damagaram Développement régional et identités locales
© L’HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96078-7 EAN : 9782296960787
Avant-propos
La présente thèse dont nous avons cru devoir amorcer la préparation alors que nous exercions comme fonctionnaire de l’Etat nigérien, n’a pas une orientation militante. Elle est le fait, au départ, d’une décision personnelle et d’un effort intellectuel qui s’appuient sur l’outillage conceptuel des sciences du politique acquis et développé lors de nos formations à l’Université Laval au Canada et à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux IV en France. Elle procède à la fois d’une préoccupation professionnelle née du rôle que nous avons joué dans la réalisation de l’étude du Schéma Directeur du Développement Régional (SDDR) de Zinder réalisé en 1996. Il s’agit, par cette contribution, d’apporter une dimension sociopolitique aux composantes classiques du SDDR en tant qu’instrument de planification économique et spatiale, et permettre ainsi de mieux saisir la dynamique identitaire du Damagaram. La présente recherche est le fait aussi, d’un observateur qui scrute la réalité Zindéroise depuis 1971, date de ma première affectation dans cette région, mais à distance géographique de celleci parce qu’éloigné de la vie politique quotidienne de cette contrée. Il faut cependant nuancer ce qui précède car nous n’entretenons pas un pur rapport d’extériorité avec notre objet d’étude. En effet, mon épouse est originaire de la capitale régionale du Damagaram et ses parents y vivent toujours. Ce qui explique que nous nous y rendons fréquemment en dehors des simples missions professionnelles ou d’intérêt strictement intellectuel. Une étude des sciences du politique centrée sur le territoire, l’action publique et le pouvoir local au Niger, vient ainsi contribuer à la connaissance du domaine car, la littérature en science politique concernant le Niger 1 « accuse un déficit d’études politiques globales ».Les travaux contem porains dans ce domaine sont donc à leur début alors même que la question de l’identité des territoires et de politiques de développement local revêt
1 Claude Raynaud et Robert Buijtenhuijs, 1990, p.2, cité par Nassirou Bako Arifari, Dynamique et forme de pouvoir politique en milieu rural Ouest africain : étude comparative sur le Bénin et le Niger, EHESS, Marseille, France, 1999, p.39. Nassirou note que les quelques travaux portant sur la thématique du pouvoir local concernent surtout l’institution de la chefferie traditionnelle ou administrative que leurs auteurs abordent surtout sous l’angle macro évoquant notamment son rôle dans le cadre des luttes partisanes avant les indépendances (Fuglestad 1975, Salifou 1977, Djibo 1992), ou s’intéressant aux aspects structurels et institutionnels généraux en relation avec l’organisation administrative et territoriale du pays (Guillemin 1982 et 1983 ; Séré de Rivières 1967).
aujourd’hui une actualité certaine avec le processus de démocratisation et de décentralisation en cours depuis plusieurs années. Cette problématique est d’un intérêt tout particulier aujourd’hui, par le simple fait que les différentes politiques de développement menées jusquelà par les régimes qui se sont succédés au Niger depuis l’indépendance, incitent à de nouvelles 2 orientations voulues ou imposées par les impératifs de lagood governancequi se traduisent par une politique de l’État minimum et la promotion de nouvelles formes de mobilisation et de participation populaires au niveau local, notamment en milieu rural. L’étude d’une région du Niger (Le Damagaram) envisagée dans le cadre du présent travail, et qui vise à rechercher l’impact de son identité dans le succès ou l’échec des politiques publiques, pourrait contribuer, non seulement à améliorer les dispositifs institutionnels de conception et de mise en œuvre des politiques publiques au niveau régional et local, mais aussi à optimiser les stratégies de réduction de la pauvreté par des actions de 3 proximité , participatives et décentralisées. Ce type d’actions, dans le contexte nigérien, procède des interventions conformes aux aspirations des populations, conçues, mise en œuvre et évaluées avec elles. À cet effet, Pierre Sadran note d’ailleurs que « la proximité est censée résumer ce qu’il y a de meilleur en politique : l’écoute du citoyen, spécialement celui de la France « d’en bas », le sens du « terrain », le goût de l’action concrète etc ; Toutes choses que symbolise efficacement la figure du Maire, seul élu à conserver crédit et prestige aux yeux d’une opinion qui n’a que méfiance et dédain pour ses représentants ». La proximité permet ainsi d’assurer la vitalité de la démocratie, même si, par ailleurs, Pierre Sadran relève que la proximité c’est aussi« le repliement sur des valeurs qui ne sont ni celles de la République, ni celles de l’Humanisme ». Aussi, les actions de proximité représententelles dans le contexte nigérien, en termes d’approche de développement, une rupture avec celles initiées d’en haut dans le cadre d’une planification et d’une gestion centralisées des politiques publiques en l’absence de véritable décentralisation. Fondamentalement, décentraliser revient à positionner les territoires (lieux d’actions par excellence) comme acteurs de leur propre avenir alors qu’ils n’étaient, jusqu’à l’adoption d’une véritable réforme décentralisatrice (juin 2002), que des espaces sur lesquels l’Étatappliquait une politique très peu différenciée. En d’autres termes, la nouvelle réforme place les territoires ainsi délimités, devant la question de leur projet par la prise en compte des données qui leurs sont propres et dans 2 World Bank, 1992 ; Bratton et Hyden 1992, cité par Nassirou Bako Arifari, op.cit., 1999, p. 41. 3  Selon Pierre Sadran (Pierre Sadran, La politique de décentralisation du Gouvernement RAFFARIN.  Version abrégée de la conférence du 19 décembre 2002, Angers, CNFPT ; ENACT, 2002), en analysant l’allocution de JeanPierre Raffarin devant les maires de l’AMF, on s’aperçoit que le motproximitélui même fait l’objet de 16 occurrences et que 32 syntagmes y font directement référence (le terrain, la base, le contact, etc.).
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ce qu’ils ont de spécifique. Ceci est un aspect nouveau pour le système politicoadministratif nigérien qui, audelà de la réorganisationinstitutionnelle descompétences des acteurs publics réalisée par la nouvelle loi de décentralisation, confie à la région la préparation de son projet de territoire qui suppose entre autres, la réalisation d’un diagnostic (bilan des atouts – handicaps, etc.), l’analyse du contexte global dans lequel elle évolue et la tendance probable de cette évolution, et la détermination des stratégies possibles qui peuvent en résulter. Autrement dit, le renforcement de l’échelon régional par son érection en collectivité territoriale va changer les logiques de gestion administrative du développement pour un nouveau type de partenariat.Le présent travail tentera aussi d’enrichir la réflexion visant à parfaire l’encadrement de la gestion du développement régional et local au Niger, en partant du diagnostic du rôle des principaux acteurs politico administratifs en région. Le concept d’acteur est pris ici au sens de la sociologie nordaméricaine, c’est à dire sous l’angle empiriste, objectiviste et 4 compréhensif que dessine le clivage Dahl / Hunter . Autrement dit, nous tenterons de saisir le rôle des acteurs des politiques publiques dans le Damagaram selon des logiques décisionnelles et / ou réputationnelles. A travers cette recherche, il s’agit d’appréhender les vecteurs d’explication des capacités territorialisées de mobilisation, de consensus et 5 de représentation des intérêts au niveau du Damagaram administratif . La présente recherche vise aussi à aider à la compréhension des spécificités de l’échelon régional en termes d’identité, à travers la mise en œuvre des politiques publiques en général et des expériences de développement 6 régional de Zinder en particulier.
4  Les travaux de Dahl et de Hunter ont, notamment, porté l’accent sur les « élite », comme détenteurs déclarés ou clandestins du pouvoir et comme acteur de la décision. 5 Nous employons ici la notion de "Damagaram administratif" pour désigner l’espace du département de Zinder tel que défini dans le cadre de l’organisation administrative régionale et locale du Niger issu de la loi du 17 juillet 1964. Cette notion s’oppose à celle du "Damagaram primitif» employée par André Salifou dans le cadre de sa thèse "Le Damagaram ou le Sultanat de Zinder au XIXè siècle", 1972. 6 Le département de Zinder couvre 157.108 km2 de superficie. Sa population est estimée à 1.410.797 hts en 1988.
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Introduction
Selon les estimations de l’Institut National de la Statistique (INS) de Niamey, le Niger Comptait quinze millions deux cent mille habitants en 2010 d’une population à 99% musulmane sur un territoire couvrant 1.267.000 Km2. Le taux d’accroissement annuel moyen de la population est estimé à 3,3%. 97,4% de la population du Niger vit sur moins du 1/3 de la superficie du pays dans la bande sud agricole. En l’espace de 24 ans, la population nigérienne a plus que doublé. Si une telle tendance persiste, les Nigériens seront 22,5 millions en 2025. La densité de population au niveau national est de 8,5 habitants au km2 avec des disparités d’une région à une autre : elle atteint 100,1 habitants au km2 dans le sud du Damagaram (région de Zinder) contre 0,5 habitant au km2 pour la région d’Agadez illustrant ainsi un déséquilibre de peuplement. Du point de vue de l’urbanisation, 16,2% de Nigériens vivent dans les 40 centres urbains que compte le pays et plus de la moitié des urbains vivent dans les trois plus grandes villes du pays dont Zinder avec 170.574 habitants (2001), Maradi (147.038 habitants) et Niamey (674.950 habitants). Depuis l’indépendance, l’histoire politique du Niger a connu de nombreux soubresauts. Une instabilité politique a contrarié, à de nombreuses reprises, le fonctionnement régulier de l’État et a généré une certaine fragilité institutionnelle et de multiples pertes de repères administratifs. Il en est résulté un manque de permanence et de réelles incertitudes notamment au 7 niveau des pratiques du travail gouvernemental . De 1960 à 1974, le Niger a été dirigé par un parti unique, le Parti Progressiste Nigérien/Section du Rassemblement Démocratique Africain (PPN/RDA) auquel a succédé un régime d’exception instauré par le Conseil Militaire Suprême (CMS) issu du coup d’État militaire, et qui a assuré la direction des affaires du pays de 1974 à 1988. L’adoption de la deuxième constitution en 1989 a légitimé l’avènement de la deuxième République et la création du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD), partiÉtat qui a dirigé le pays jusqu’en juillet 1991 avec la tenue de
7  Le travail gouvernemental est défini comme étant l’ensemble de méthodes et procédures relatives à l’organisation et au fonctionnement des pouvoirs publics. Il est essentiel dans la conduite des affaires d’un pays. Il conditionne l’efficacité de l’action gouvernementale conformément aux règles définies par la constitution.
la Conférence Nationale Souveraine (CNS) et l’adoption par référendum d’une nouvelle constitution (la troisième) consacrant le multipartisme et la démocratie. Aussi, le fonctionnement des nouvelles institutions démocratiques s’était il opéré depuis 1993, dans un climat sociopolitique tendu, ponctué par des grèves suivies des travailleurs, des crises scolaires et estudiantines et des conflits de compétence graves apparus en 1995 au sein du pouvoir exécutif notamment entre le Chef de l’État, Mahamane Ousmane et son premier Ministre, Hama Amadou. La persistance de ces conflits, la politisation et la paralysie de l’administration publique, le blocage de l’action gouverne mentale et la détérioration continue du climat social favorisée par les effets récessifs de la dévaluation du franc CFA de 1994, ont débouché sur un coup d’État militaire, le 27 janvier 1996 et l’instauration d’un régime d’exception dirigé par le Conseil de Salut National (CSN). 8 Avec l’avènement de la quatrième République , le manque de répit significatif sur le front social, occasionnant des fréquents remaniements ministériels et une cascade quasi annuelle de changements des membres du gouvernement, traduisait la persistance d’une certaine nervosité du point de vue du climat politique. La montée brusque de la tension politique à la suite des élections locales de février 1999 a été l’occasion d’un nouveau retour des militaires sur la scène politique par l’entremise du Conseil de Réconciliation Nationale (CRN) qui a assuré la transition et l’avènement de la cinquième République dont le deuxième Président démocratiquement élu a été investi le 22 décembre 1999. Par ailleurs, au cours de l’année 2009, le Niger a été plongé dans une 9 crise politique aigüe née des manipulations constitutionnelles et du démantèlement des institutions démocratiques issues de la Constitution de la Cinquième République sous le mandat du Président Mamadou Tandja arrivé à expiration. Cette crise a été exacerbée par le Référendum Constitutionnel controversé du 4 août 2009, conjointement reprouvé par une frange importante de nigériens et de la communauté internationale. Ainsi, l’échec du dialogue internigérien et des différentes médiations nationales et internationales, l’isolement continu du pays par la communauté internationale et la dégradation du climat politique et social née de la
8 La quatrième République a vu le jour avec l’adoption de la quatrième constitution en Mai 1996. 9  Cette crise politique a été particulièrement marquée par l’utilisation à des fins politiques de l’appareil judiciaire ; les violations des Droits Humains, notamment à travers l’emprisonnement et le harcèlement de nombreux citoyens ; les violations de la liberté de la presse ; les velléité de remise en cause de l’Unité Nationale ; l’informalisation de l’Etat et les menaces sur la paix sociale ; la détérioration continue des relations avec les partenaires au développement ; le refus de tout accompagnement international, de tout compromis et de toute médiation proposés par les Etats voisins et institutions régionales et sous régionales ; le rejet en bloc, par le pouvoir en place, de toutes les propositions de sortie de crise formulées par le Médiateur de la CEDEAO.
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