Politique de la réconciliation
57 pages
Français

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Politique de la réconciliation , livre ebook

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Description

Réconciliation nationale, pardon, relations transfrontalières, sécurité régionale, telles sont les thématiques dont traite ce livre. En un contexte où des États en sortie de crise ou en état d'urgence politique sont en quête de pacification, il est proposé de sortir de la vision idéaliste de la réconciliation ainsi que des consciences de fautes qui biaisent les dispositifs de pardon.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2019
Nombre de lectures 17
EAN13 9782336867618
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Séverin YAPO







POLITIQUE DE LA RÉCONCILIATION
Copyright
Déjà parus chez le même éditeur :
SPIRITUALITÉS CHRÉTIENNES ET CONTEMPORAINES
Un dialogue ajourné
Février 2018
PENSÉES POUR MYRIAM Poésie
Janvier 2018
SPIRITUALITÉS ANTIQUE ET CHRÉTIENNE EN DIALOGUE
Thomas d’Aquin, héritier spirituel d’Aristote
Novembre 2013





© L’HARMATTAN, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-86761-8
INTRODUCTION
Une politique de la réconciliation, qui s’établit sur une vision originaire du pardon et ayant pour visée une Afrique sécurisée est-elle possible dans l’actuelle Côte d’Ivoire ? Cette question se subdivise en quatre demandes. Commençons par la première ! Qui se libelle comme suit : pourquoi lorsqu’on pose la question de la réconciliation en des termes idéalistes, qui annexent la philosophie chrétienne par exemple à la conceptualité grecque antique, la réconciliation semble-t-elle impossible à réaliser ? Pour pouvoir répondre spécifiquement à ce problème de philosophie politique, nous nous proposons de remonter aux sources naturalistes de la pensée idéaliste, chez G.W.F. Hegel notamment. Celui-ci semble se tailler un Christ formaliste dont la logique réconciliatrice est subordonnée à une Modernité révolutionnaire qui culmine en son moment français de 1789. Aussi, soupçonnant dans la conciliation originairement grecque la médiation impensée dans laquelle Hegel insère un Christ censé en manifester le moment post hellénistique par mimétique répétition de la morale socratique, nous nous appuierons sur la méthode husserlienne du jugement issue des Méditations cartésiennes pour développer une critique du concept de la réconciliation qui chez Hegel semble n’en rester qu’à l’étape d’idée, incapable qu’elle semblera d’accéder à la phénoménologique évidence d’une conciliation originaire requérant une logique autre qu’idéaliste, autre que métaphysique donc.
Or, ce n’est pas seulement le concept moderne de la réconciliation qui ploie sous le poids du fardeau de la métaphysique. En l’époque actuelle, qui semble autant se recevoir de la conceptualité idéaliste, si les processus de réconciliation ont du mal à aboutir, ce défaut semble provenir d’une pensée métaphysique de la faute. Celle-ci pourrait se placer au fondement des politiques contemporaines du pardon telles celles établies sur l’ Ubuntu sud-africain – que nous ne développerons pas ici – dont la logique relève d’un communautarisme qui a pour défaut de déresponsabiliser les élites politiques. La métaphysique de la faute s’établit sur une logique des oppositions sur-humaines se traduisant en politiques de partis. On comprend que, surtout là où elles se réclameront d’un projet de réconciliation « terrestre », ces politiques découlent d’un légalisme métaphysique. De telles politiques, qui rechignent à revendiquer explicitement leur détermination axiologique, sont d’ordre moins anthropologique que théologique, portées vers un idéal véhiculé par une philosophie de nature encore morale, qui fait de cet idéal un certain bien à rétablir. Pour Cyrille B. Koné (2010, p. 166), « si on ne peut faire de la réconciliation une « affaire de morale » du fait qu’elle vise le vivre-ensemble, il reste que le projet de refondation de la cité ne peut être crédible que si on se fixe un nouvel horizon fondé sur la recherche du bien ». La portée fondamentalement morale de ces processus de la réconciliation, qui procède de leur articulation sur cette logique de la faute que nous expliciterons par la suite, et relève du paradigme durkheimien de l’idéal sociologique d’une « solidarité sociale » comprise comme « phénomène […] moral » (E. Durkheim, 1991, p. 28), semble s’éclairer à l’aune de leur inscription dans un cadre philosophique une fois encore explicitement idéaliste. Il nous semble que l’idéalité recelée par ces processus constitue la cause fondamentale de leur congénitale impertinence. Idéalistes, « la plupart des processus nationaux de réconciliation en Afrique n’ont pas atteint l’objectif d’unité parce que les recommandations des commissions sont restées au stade de vœux » (Cyrille B. Koné, 2010, p. 168). Les théoriciens de la réconciliation « terrestre » à fondement céleste, métaphysique et moral, ont voulu « [qu’elles puissent faire] l’objet […] d’une loi [ou] d’un principe d’action » (idem). L’on ne voit pas alors que l’aspect contraignant des lois issues des travaux de ces commissions et résultant de leurs recommandations ont le défaut de sous-estimer le fait que la logique de la faute qui porte toute philosophie morale est couplée à une logique de la contrainte « morale », de la violence « immorale » constitutive de son essence ; une essence qui apparaît la partie cachée qu’elle traîne telle une ombre pourtant visible, par la conscience phénoménologique, au moins. Par où, comme loi, la pensée du sujet et de l’objet, cette pensée de la dualité étant le propre de la métaphysique qui, depuis le monde des Idées, scinde la société en partis, fait des politiques contemporaines de la réconciliation des succédanées d’une moderne morale de la cécité sociale. C’est ainsi que ces politiques contribuent « malgré » elles à une perpétuation des (op) postions de partis qu’exacerbent les « morales » de la division du peuple qu’elles distillent insidieusement dans tout le corps social.
Dès lors, comment passer du moderne être-en-faute qui, moral et métaphysique, se donne en une politique du pardon que son établissement sur les contemporaines (op) positions de partis rend socialement inféconde, à un être-ensemble qui, amicalement donné, se profilera, au sens de Martin Heidegger, dans la poétique ouverture de l’étant-humain à ce qui, pour être politique, apparaîtra, en notre sens, don par-delà la faute jusque-là liée aux (op) positions de partis ? Ainsi se profile notre deuxième problème spécifique. L’étude voudrait, à ce sujet, proposer comme réponse l’aurore d’une politique contemporaine du pardon, dont le caractère phénoménologique s’offrira comme accueil et transmission de la grâce d’une naissance de chacun à sa conscience la plus proprement politique advenant, non plus d’une surpuissance politique ou transcendentalement étrangère à l’humain, mais via l’immanence d’un auto-engendrement de soi comme engendrement de l’infini des membres de sa nation dans l’apparaître du don de sa propre vie pour les siens, ses compatriotes.
Un tel don sacrificiel de soi pour les siens, procédant avant tout d’un engagement communautairement exemplaire, les intellectuels et autres élites africains s’étant généralement faits, jusqu’à un passé récent, hommes politiques, ne sont-ils pas les mieux placés pour le réaliser – troisième problème spécifique – ? Aussi chaque élite africaine se voit-elle comme interpelée par la question suivante : pourquoi sur le continent, l’élitiste « intelligentsia » semble-t-elle ne pas pouvoir sortir d’une domination politique et théologique dont le contexte philosophique du Discours de rectorat de M. Heidegger par exemple semble analogiquement restituer des traits culturels ? En guise de réponse, nous faisons signe vers les sources idéalistes platonico-allemandes d’une domination ethnoculturelle et théologique endogène et exogène dont, tout comme les Juifs allemands en 1933, le peuple africain constitue de nos jours la victime. Pour notre part, voyant dans la dia-logique culturelle le modèle philosophique de rapports interculturels libérateurs entretenus entre l’Allemagne et son voisin français, puis entre les Juifs et la philosophie-poétique heideggériano-hölderlinienne, nous invitons à en faire le socle de rapports (intra et inter) culturels exempts de toute domination entre l’Afrique et son ex-métropole et entre les « philosophes » africains et « leur propre » peuple.
Dernier élément de notre question de recherche : à supposer, toutefois, que perdurent des forces d’asservissement du continent africain rendant encore problématique tout projet d’une véritable ré

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