POLITIQUE ET RELIGION EN IRAN CONTEMPORAIN
251 pages
Français

POLITIQUE ET RELIGION EN IRAN CONTEMPORAIN , livre ebook

-

251 pages
Français

Description

Amir Nikpey réussit à renouveler l'approche entre islam et politique ainsi que celle de l'étude des origines intellectuelles de la révolution islamique en Iran. Il montre comment l'idéologisation de l'islam aboutit en fait à une sécularisation sociale et intellectuelle. Il apporte une contribution importante à la réflexion sur les processus de sécularisation, sur les liens entre culture et religion et plus généralement sur l'importance de la philosophie de la religion en sociologie politique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2001
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296215702
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Amir Nikpey
POLITIQUE ET RELIGION EN IRAN
CONTEMPORAIN
Naissance d'une institution
Préface de Farhad Khosrokhavar
L'Harmattan L'Harmattan Inc. L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia5-7, rue de l'École-Polytechnique 55, rue Saint-Jacques Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris Montréal (Qc) CANADA 1026 Budapest 10214 TorinoFRANCE H2Y lK9 HONGRIE ITALLECollection Comprendre le Moyen-Orient
dirigée par Jean-Paul Chagnollaud
Dernières parutions
Joseph KHOURY, Le désordre libanais, 1998.
Jacques BENDELAC, L'économie palestinienne, 1998
Ephrem-Isa YOUSIF, L'épopée du Tigre et de l'Euphrate, 1999.
Sabri CIGERLI, Les Kurdes et leur histoire, 1999.
Jean-Jacques LUTHI, Regard sur l'Égypte au temps de Bonaparte, 1999.
Fabiola AZAR, Construction identitaire et appartenance confessionnelle
au Liban, 1999.
Akbar MOLAJANI, Sociologie politique de la révolution iranienne de
1979,1999.
Hassane MAKHLOUF, Cannabis et pavot au Liban, 2000.
David MENDELSON, Jérusalem, ombre et mirage, 2000.
Elias ABOU-HAIDAR, Libéralisme et capitalisme d'État en Égypte,
2000.
Gérald ARBOIT, Aux sources de la politique arabe de la France, 2000.
Jean-Pierre TOUZANNE, L'islamisme turc, 2001.
Jamal AL-SHALABI, Mohamed Heikal entre le socialisme de Nasser et
l'Yntifah de Sadate (1952-1981), 2001.
@L'Hannatian,2001
ISBN: 2-7475-0740-8Remerciements
Avant tout, je tiens à remercier Farhad Khosrokhavar, qui
m'a conseillé et aidé tout au long de cette entreprise. Mes amis
Jacques, Alain, Justine, Eric et madame Movassaghi, qui ont
attentivement lu, commenté et corrigé le texte. Qu'ils en soient
vivement remerciés. Je tiens à exprimer également ma gratitude
envers ma famille et d'autres amis, plus particulièrement Afsaneh,
qui m'ont encouragé à poursuivre mes recherches.
Dessin de couverture: Maryam Pir
Photo: Kaveh Kazemià NimaPréface
Le livre de Monsieur Nikpey est le condensé d'une thèse
soutenue à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales en 1998.
Ce travail innove sur plusieurs plans. D'une part, en allant à la
racine de la pensée islamiste, il détecte deux tendances majeures,
les religiosités théologico-politique et idéologique. Même si sur de
nombreux plans ces deux sensibilités religieuses se rejoignent,
elles n'en demeurent pas moins distinctes quant à leurs
conséquences au niveau social, politique, culturel, voire
économique. La première tendance que représentent bien l'Imam
Khomeyni et nombre de ses prédécesseurs comme Navab Safavi
des Fédaïyan Islam dans les années cinquante et une partie
minoritaire du clergé iranien à la veille de la révolution présente le
projet d'un Etat islamique, englobant la totalité de la vie du croyant
et instaurant un système totalisant qui refuse toute séparation entre
l'individu et de la communauté musulmane. Sur la base de cette
identité (qui est loin de la réalité effective des sociétés
musulmanes) se bâtit ce qui deviendra le Vélayat Faghih
(Souveraineté du Docteur de la loi islamique), avec la
concentration du pouvoir politique entre les mains du Guide de la
révolution. A cette tendance fait pendant celle que l'auteur appelle
idéologique et qui trouve son incarnation dans Shariati. Ce dernier
sécularise la religion, refuse de l'identifier au clergé, l'affranchit de
la tutelle des interprétations traditionnelles qui la cantonnaient dans
le dolorisme et l'inactivité, voire la passivité et mobilise les
nouvelles couches modernisées pour la réalisation d'un nouvel
islam, le seul" authentique", qui postule l'engagement politique,
social et mental de l'homo islamicus pour l'accomplissement de
l'idéal islamique de la Cité céleste sur terre (ghest). Si la première
tendance postule la prise du pouvoir au niveau de l'Etat sans avoir
de projet économique précis ou sans envisager un bouleversement
global de la société, la seconde suppose la lutte contre l'injustice
sociale et les disparités économiques de manière autrement
radicale. Elle brise l'emprise du clergé sur la société en lui déniant
une légitimité quelconque (alors que la première a pour présupposé
la délégation du pouvoir à un clergé revivifié et devenu conscient
de sa vocation hiératique). La seconde tendance part de l'individu
mais revient, par le biais de la révolution, à une nouvellecommunauté, "la société sans classe et unitaire" de Shariati. La
première met d'emblée l'individu au service d'une communauté
régie par une théocratie islamique. Dans un cas, on appelle de ses
vœux la révolution islamique (une révolution pour l'instauration de
l'islam), dans l'autre, on vise l'instauration d'un islam
révolutionnaire (la religion est mise au service de la révolution, du
peuple qui devient ainsi authentiquement musulman en luttant
contre l'injustice et l'oppression de classes).
Monsieur Nikpey montre dans ses analyses les différences et
les divergences entre ces deux courants en remontant à leur
origine, en s'appesantissant sur des penseurs tels que Motahari ou
des écrivains comme Al Ahmad, insistant au passage sur leurs
filiations avec les courants chiites du 18° siècle.
Un autre trait original de cette recherche est de dégager les
péripéties de la sécularisation et de montrer comment les deux
tendances ont pour point de départ l'emprise d'une conception
nondémocratique (voire antidémocratique dans les cas extrêmes) sur
les modalités de sécularisation dans la société iranienne. Même si
les tenants de la religiosité idéologique contribuent à séculariser
l'islam et les seconds, à le déséculariser, les deux sont marqués par
la méfiance vis-à-vis de la démocratie que l'un et l'autre rejettent
pour des raisons différentes. Les uns suspectent la démocratie
d'être le cheval de bataille d'un Occident corrupteur et
antiislamique, les autres, d'être une couverture à la domination de
classe et à l'impérialisme. Dans un cas comme dans l'autre, l'islam
politique est identifié à la recherche d'une autre voie, pouvant
s'inspirer indirectement (et sans le dire) de la démocratie, sans y
converger explicitement. Dans les deux cas, la révolution au nom
de l'islam s'inscrit en rupture avec l'hégémonie du démos. C'est dire
la rupture qu'introduisent les nouveaux penseurs musulmans tels
que Modjtahed Shabestari, Soroush, Kadivar, Eshkavari, et bien
d'autres dans la pensée chiite sécularisée pour la rendre compatible
avec la démocratie. Mais cela relève d'une autre histoire et le
travail de Monsieur Nikpey montre, par-delà les divergences, les
convergences troublantes entre les deux conceptions religieuses qui
ont été à l'origine de la révolution iranienne et les raisons
profondes de leur lutte intestine après le renversement du régime
du chah.
Farhad ](bosrokhavar
8Introduction
La complexité des problèmes que connaît actuellement la
société iranienne du fait des transformations sociales et de
l'émergence des idéologies modernes, radicalement opposées à la
mentalité traditionnelle, a contribué à la réactualisation de l'islam
dans ses dimensions politiques. Avec l'apparition de nouvelles
religiosités séculières pendant les années soixante et soixante-dix,
et la révolution qui s'en est suivie au nom de l'islam, s'ouvre un
nouveau débat sur les rapports entre modernité et religion en Iran.
Peut-on penser que le développement de ces religiosités va à
l'encontre du processus de modernisation de la société ou qu'il est
au contraire la conséquence logique de cette modernisation? En
d'autres termes, doit-on considérer qu'il y a une incompatibilité
entre modernité et religion? Ou bien peut-on parler d'une
modernité religieuse en Iran?
Il y a confusion autour de la notion de modernité. Faut-il
l'appréhender comme processus d'intégration ou de rupture?
Intégration des périodes antérieures; rupture parce que les
barrières religieuses, entre autres, malgré les résistances parfois
violentes, accusent un effritement du traditionnel par l'introduction
des techniques nouvelles qui renouvellent les modes de vie et de
pensée. Mais cette fragilité des crit

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