Regards géopolitiques sur les frontières
233 pages
Français

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Regards géopolitiques sur les frontières , livre ebook

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Description

Née de l'esprit des hommes et de leur volonté de catégoriser le monde pour mieux le comprendre et le contrôler, la frontière inspire toutes les représentations liées à la contrainte, à la protection, au rêve ou à la transgression. Ces contributions montrent en quoi les frontières peuvent être mouvantes, étudient ces frontières impossibles à dessiner, soit parce qu'elles n'existent que dans les esprits soit par ce qu'elles n'existent pas dans les esprits. Ce volume fait suite à Tropismes des frontières.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 245
EAN13 9782336265698
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Géographie et Cultures
Publication du Laboratoire “Espace et Culture”

Fondateur : Paul CLAVAL
Comité de lecture et d’édition : Jean-Louis CHALEARD, Colette FONTANEL, Thierry SANJUAN, Jean-François STASZAK, Jean-René TROCHET
Série “Culture et politique”
Yann RICHARD, André-Louis SANGUIN (dir.), L’Europe de l’Est quinze ans après la chute du mur. Des Etats baltes à l’ex-Yougoslavie, 2003.
André-Louis SANGUIN (dir.), Mare Nostrum, dynamiques et mutations géopolitiques de la Méditerranée, 2000.
Jérôme MONNET (dir.), Ville et pouvoir en Amérique : les formes de l’autorité, 1999.
Thomas LOTHAR WEISS, Migrants nigérians. La diaspora dans le Sud-Ouest du Cameroun, 1998.
André-Louis SANGUIN (dir.), Vivre dans une île. Une géopolitique des insularités, 1997.
Paul CLAVAL, André-Louis SANGUIN (dir.), Métropolisation et politique , 1997.
Anne GAUGUE, Les Etats africains et leurs musées. La Mise en scène de la nation, 1997.
Emmanuel SAADIA, Systèmes électoraux et territorialité en Israël , 1997.
Georges PREVELAKIS (dir.) , La Géographie des diasporas, 1996.
Henri GOETSCHY, André-Louis SANGUIN (dir.), Langues régionales et relations transfrontalières en Europe, 1995.
André-Louis SANGUIN (dir.), Les Minorités ethniques en Europe, 1993.
Hors série
Jean-Robert PITTE, André-Louis SANGUIN (dir.), Géographie et liberté. Mélanges en hommage à Paul Claval, 1999.
Regards géopolitiques sur les frontières

Christian Bouquet
Photo de couverture : © Thierry HULLIN
Révision du texte et mise en page : Colette FONTANEL
Cartographie : Florence BONNAUD
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296028852
EAN : 9782296028852
Sommaire
Géographie et Cultures - Publication du Laboratoire “Espace et Culture” Page de titre Page de Copyright PRÉFACE - De Riga à Bordeaux ou le jeu du réseau et de la frontière INTRODUCTION Chapitre 1 - LA FRONTIÈRE MOUVANTE Chapitre 2 - FRONTIÈRES IMPOSSIBLES Chapitre 3 - FRONTIÈRES IMAGINÉES CONCLUSION
PRÉFACE
De Riga à Bordeaux ou le jeu du réseau et de la frontière
J’écris cette introduction aux textes du colloque de Bordeaux sur les frontières depuis Riga, où me retiennent mes fonctions de représentant de la France en Lettonie. Les deux villes sont liées par un accord de jumelage relancé lors de la visite à Bordeaux le 9 novembre 2005 de la Présidente de Lettonie Madame Vaira Vike-Freiberga, à l’occasion du festival Étonnante Lettonie. Lien ancré dans une histoire qui n’est pas sans rapport avec le sujet des frontières puisque c’est l’histoire d’un réseau commercial extrêmement actif entre le XII e et le XVI e siècle, la ligue hanséatique, forte de soixante-dix villes qui, à partir de Lubeck, allait de Bergen à Novgorod, de Bruges, Londres et Cologne à Cracovie. Cette association de marchands veillait à la sécurité maritime contre la piraterie, au recrutement d’équipages et de pilotes, à la formation des jeunes marchands et à la sécurité économique et financière des échanges. Bordeaux ne participait pas directement de ce système globalisé, mais y exportait ses produits, notamment les vins mais aussi le sucre de canne et l’indigo importés des Antilles, comme on le voit sur les registres de commerce du XVIII e siècle, via des comptoirs relais comme Amsterdam ou en direct vers Riga qui fournissait en échange du bois de la forêt boréale pour la construction navale et pour les fûts. Sans armée permanente, sans trésor mais avec une diète se réunissant tous les trois ans à Lubeck, ce réseau n’a jamais constitué une unité politique. Le plus notable pour notre réflexion géopolitique est qu’il a commencé à décliner lorsque les États modernes se sont formés, à la suite de la Guerre de Trente ans et des fameux traités de Westphalie de 1648, fondant la mise en place de l’État moderne et les principes d’équilibre de la géopolitique européenne. La logique de réseau laisse pas à pas la place à un système d’État cherchant à combiner, sur un même territoire, une monnaie, une langue officielle, un marché, un système politique et un système de sécurité, le tout protégé par des frontières linéaires.
Un mot encore sur la Lettonie de 2006 : voici un pays de confins, depuis des siècles : entre christianisme et paganisme, ce qui a donné lieu à une assez violente croisade des Chevaliers teutoniques et permit l’installation de colons allemands pendant près de huit siècles, les fameux barons baltes ; entre les empires danois, suédois, allemand, polonolituanien et enfin russe, successivement sous sa forme tsariste puis soviétique. Cette logique de confins et de rivalités d’empires a-t-elle pris fin depuis le recouvrement de l’indépendance en 1991 ? L’attention que l’on porte ici à la relation avec les États-Unis, garant ultime de sécurité, et à l’intégration dans l’Union européenne, témoigne de cette quête de souveraineté : l’adhésion en mai 2004 doit être confirmée en quelque sorte vers 2007-2008 par l’entrée dans les aires de l’euro et de l’espace Schengen, signe que l’acquis de la souveraineté doit être cultivé avec vigilance. Sortant de la sphère russo-soviétique, s’ancrant dans l’Union européenne, la Lettonie a changé d’ensemble d’appartenance. Avec Schengen, elle participe à une logique de construction de frontières extérieures de l’Union, ouvertes mais contrôlées. J’avais indiqué dans des travaux antérieurs que, depuis 1989, environ 14 000 kilomètres de frontières étatiques nouvelles avaient été créés ou plutôt ré-instituées en Europe. À cet égard, le “vieux” continent est encore bien neuf. Rappelons d’ailleurs que cinq à six des nouveaux États membres ayant adhéré en 2004 n’avaient pas d’existence étatique treize années plus tôt (Slovénie, les trois baltes, la Slovaquie et la République tchèque dans sa forme actuelle). D’où l’importance des liens intra-européens, entre États mais aussi entre villes et régions, entre sociétés civiles qui visent, du côté des nouveaux venus, à renforcer leur sentiment de sécurité en se faisant mieux connaître. En quoi la remise en réseau peut, ici, conforter la souveraineté, à l’abri de frontières mieux reconnues.
Le paradoxe est en effet que la problématique est toujours ouverte sur le continent européen. Toujours pas d’accord frontalier dûment agréé entre la Russie d’une part et deux de ses voisins baltes d’autre part, pas plus qu’avec la Norvège, en mer de Barents. Les Baltes voudraient assortir ces signatures d’une déclaration interprétative sur le passé, qui est récusée par l’autre partie. Ensuite, les configurations sont, dans certaines régions, jugées encore provisoires : voir le cas du Kosovo, qui est d’actualité de nouveau en 2006, voire du Monténégro.
La compréhension par des géographes — et pas seulement par des historiens — de la logique de l’élargissement de l’Union européenne devient un élément important dans le débat politique. Il y a là une dynamique géopolitique fonctionnant comme un effet frontière, vecteur d’une fuite en avant. L’intérêt national français était d’inclure l’Allemagne dans une communauté d’intérêts et de valeurs. Ce fut fait en 1957. L’intérêt national allemand, après la réunification qui a vu d’ailleurs s’effacer une frontière inter-étatique à l’intérieur de l’Allemagne, était d’inclure le voisin polonais partie prenante finalement du même système. Aujourd’hui, les Polonais jugent que leur intérêt national est d’encourager l’Ukraine à se rapprocher de la Pologne et donc de l’Union européenne. Pourquoi pas un jour la Biélorussie ? Plus au sud, les Roumains ou les Grecs tiennent le même discours à l’égard de la Géorgie en transition, et, pour Bucarest, de la Moldavie (puisque les “roumains” ne peuvent pas être séparés par une frontière externe de l’Union). La plus belle illustration de mon propos sur le rôle des effets-frontières dans la dyna

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