Rwanda le mythe des mots
249 pages
Français

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Rwanda le mythe des mots , livre ebook

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Description

Jusqu'à son assassinat , le 6 avril 1994, le président Juvénal Habyarimana a dû faire face à la guerre et, sur le plan intérieur, à la gestion de la démocratie. Des mots chargés négativement furent inventés de toutes pièces par ses opposants politiques, du concept "Akazu" à "Réseau Zéro", "Escadrons de la mort" ou "Hutu Power". Ce livre revisite ces termes et montre qu'ils ont tous été construits sur le même modèle et font partie d'un seul registre, celui du marketing politique et de la propagande de guerre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2008
Nombre de lectures 378
EAN13 9782336279619
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Points de vue
Collection dirigée par Denis Pryen
Déjà parus
Pierre MANTOT, Le projet de société des Matsouanistes, 2008.
Juste Joris TINDY-POATY, À propos de l’œuvre de Pierre Claver Akendengué , 2008.
Jean-Alexis MFOUTOU, La langue française et le fait divers au Congo-Brazzaville , 2008.
Edna DIOM, Côte d’Ivoire . Un héritage empoisonné , 2008.
Askandari ALLAOUI, Mise en place de politiques éducatives locales dans la postcolonie de Mayotte , 2007.
Pierre MANTOT, Les Matsouanistes et le développement , 2007.
Jean-Loup VIVIER, L’Affaire Gasparin, 2007.
Véronique Michèle METANGMO, Le Zimbabwe, Aux sources du Zambèze , 2007.
Ghislaine Nelly Huguette SATHOUD, Le Combat des femmes au Congo-Brazzaville , 2007.
Maxime Anicet DJEHOURY, La guerre en Côte d’Ivoire, 2007.
Louis Naud PIERRE, Haïti , les recherches en sciences sociales et les mutations sociopolitiques et économiques , 2007.
Mbog BASSONG, Esthétique de l’art africain, symbolique et complexité , 2007.
Mosamete SEKOLA, L’Afrique et la perestroïka : l’évolution de la pensée soviétique sous Gorbatchev , 2007.
Ali SALEH, Zanzibar 1870-1972 : le drame de l’indépendance , 2007.
Christian G. MABIALA-GASCHY, La France et son immigration. Tabous, mensonges, amalgames et enjeux , 2007.
Badara Alou TRAORE, Politiques et mouvements de jeunesse en Afrique noire francophone, le cas du Mali , 2007.
Pierre MANTOT, Matsoua et le mouvement d’éveil de la conscience noire , 2007.
Pierre CAPPELAERE, Ghana : les chemins de la démocratie , 2007.
Pierre NDOUMAÏ, On ne naît pas noir, on le devient , 2007.
Rwanda le mythe des mots

Gaspard Musabyimana
© L’HARMATTAN, 2008
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296052666
EAN : 9782296052666
Sommaire
Points de vue - Collection dirigée par Denis Pryen Page de titre Page de Copyright Introduction Akazu Réseau Zéro Escadrons de la mort Amasasu Hutu Power Interahamwe Guerre Conclusion Index Abréviations Curriculum vitæ de l’auteur
Introduction
Bien avant le déclenchement des hostilités en octobre 1990 au Rwanda, les sponsors du FPR avaient mis en place une machine de propagande bien huilée et des études prospectives des grandes agences de sécurité avaient prévu une guerre éclair avec la destitution du président Juvénal Habyarimana.
À l’intérieur du pays, pour accabler le régime du général Habyarimana et l’affaiblir sur la scène politique et diplomatique, un concept, l’ akazu , fut inventé de toutes pièces et introduit dans le discours politique par ses détracteurs. Selon ces derniers, le président et ses proches collaborateurs constitueraient cette nébuleuse « Akazu » et celle-ci aurait géré le pays d’une main de fer et planifié le génocide survenu en 1994. Mais l’« Akazu », comme elle est définie par ses inventeurs, comprenait aussi des personnalités de toutes les tendances et dont les plus influentes étaient plutôt proches du FPR.
À force de tapage médiatique, une version a fini, à l’usure, par s’imposer, selon laquelle des “massacres planifiés”, visant les Hutu modérés et surtout la minorité tutsi, furent commis par des milices extrémistes Interahamwe, les nervis de la présidence, encouragés par l’« Akazu », surnom donné aux proches du défunt chef de l’État. Jusqu’au bout, ces « Escadrons de la mort » auraient discrètement été soutenus par la France, liée au Rwanda depuis 1975 par un accord de défense 1 .
Dans le même registre, on y trouve d’autres termes construits sur le même modèle et avec la même connotation. Le plus illustre est le « Réseau Zéro », une sorte de “maffia” autour du président Habyarimana et « amasasu », un groupe de militaires agacés par les complices du FPR à l’intérieur du pays.
Après la mort de Habyarimana en avril 1994, le gouvernement de Jean Kambanda fut mis en place. Il ne sera pas épargné par cette campagne et l’on reprocha à ses membres d’appartenir au « Hutu Power », un terme inventé de toutes pièces. La tendance pointée comme « Power » était pourtant celle qui s’opposait à la prise du pouvoir par les armes et prônait la démocratie issue des urnes.
De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer cette manipulation lourde de conséquences, et fustiger les idées préconçues sur la thèse de la planification du génocide par ces groupes occultes.
Le génocide rwandais s’inscrit dans le cadre d’un cycle de violences politiques et structurelles qui trouvent leurs racines dans l’histoire du Rwanda. Ces violences sont au rendez-vous à chaque changement de régime politique. Elles sont donc associées à la lutte pour le pouvoir.
La violence politique accompagne le pouvoir au Rwanda depuis des temps immémoriaux. À l’époque féodo-monarchique par exemple, tout était mis en œuvre pour envoyer l’adversaire politique à l’échafaud. La délation, les coups bas, les complots, bref la violence était mise à l’honneur à la Cour pour mettre hors d’état de nuire tout adversaire politique ou supposé l’être. Rien n’était épargné y compris l’élimination physique. Des massacres se succédaient, suivis de vengeances : « À l’occasion de chaque succession, même la plus simple, le royaume entrait en période, de crise » 2 . Une série d’éliminations des prétendants au pouvoir était opérée pour n’en laisser qu’un seul, désigné par les « Abiru ». Ensuite, il fallait désigner une famille-victime dont les membres devaient servir de victimes expiatoires pour venger le défunt. Ceux-ci étaient mis à mort. Pendant plusieurs jours, voire des semaines, se déroulait donc la lutte féroce pour le pouvoir, et l’élimination physique des candidats concurrents et des opposants potentiels était organisée 3 .
Les années précédant la proclamation de la république du Rwanda et son accession à l’indépendance ont été émaillées d’événements sanglants, provoqués par des monarchistes irréductibles et qui ont culminé dans la révolution sociale de 1959.
Ce virus de violences politiques a continué. Ni la Première République de Grégoire Kayibanda ni la Deuxième de Juvénal Habyarimana, aucune ne s’en est prémunie. Des éliminations physiques ont eu lieu notamment lors des attaques des Inyenzi entre 1960 et 1967. Grégoire Kayibanda et certains de ses proches collaborateurs furent mis à mort par la Deuxième République qui en portera les stigmates jusqu’à la crise de 1994.
Juvénal Habyarimana fut assassiné en avril 1994 et le FPR a pris le pouvoir par la force en juillet 1994. Depuis lors, le FPR consacre comme arme politique la violence physique (assassinat d’opposants, arrestations...), la violence verbale et psychologique (harcèlement politique des opposants, justice du vainqueur), le matraquage médiatique et diplomatique de tout opposant hors portée des griffes de ses Escadrons de la mort.
Pour mieux comprendre la portée des événements survenus au Rwanda, il importe de considérer le fait de la guerre, son caractère international, et mettre la lumière sur ses différents acteurs.
En présentant la guerre qui a été déclenchée en octobre 1990 comme une guerre civile interne, rejetant par là son caractère international, le TPIR ne veut pas se mouiller en invoquant notamment le rôle de l’Ouganda dans cette tragédie.
Cet ouvrage se propose de lever le voile sur certains concepts pris pour des dogmes, non conformes à la réalité. Il tente de replacer dans leur contexte les clichés véhiculés par des termes dont on n’a jamais défini les contours et cela sur fond de guerre. Exploités abusivement, ces « mots » risquent, si l’on n’y prend pas garde, d’aggraver et de perpétuer les « maux » dont souffre la société rwandaise et de compromettre toute chance de faire éclore la vérité, préalable à l’avènement d’une paix durable au Rwanda.
Akazu
Le terme « akazu » est un terme peu usité en kinyarwanda, la langue du Rwanda. Il a été adopté dans le langage courant des politiciens au cours de leurs meetings politiques à partir de fin 1991. Le Rwanda était alors à la Une de la presse internationale à cause de la guerre. Il le ser

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