Socialisme collectiviste et socialisme libéral
106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Socialisme collectiviste et socialisme libéral , livre ebook

-

106 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

La première objection que l’on puisse élever contre la critique de Karl Marx repose sur sa théorie de la valeur, qui est totalement antiscientifique.Suivant Marx, nous l’avons dit, un objet vaut rigoureusement ce qu’il a coûté à produire et ne vaut rien de plus. Cette conception est absolument erronée. L’élément coût de production, s’il intervient dans la fixation de la valeur, n’y intervient que subsidiairement, par voie de conséquence, et laisse la première place, la place fondamentale, à l’utilité.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782346053506
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Alfred Naquet
Socialisme collectiviste et socialisme libéral
INTRODUCTION
Les collectivistes, par l’organe de leurs divers auteurs, en tête desquels il convient de placer Karl Marx, à cause de la vigueur, de la netteté, de la précision de sa critique, se sont livrés à une attaque violente de la société actuelle, attaque qui, malgré les nombreuses et fondamentales erreurs dont elle fourmille, n’en est pas moins très puissante et n’en mérite pas moins un sérieux examen.
Leur doctrine se compose naturellement d’une partie critique et d’une partie organique, d’un plan de réorganisation. Relativement à cette dernière, les pères du collectivisme, Lassalle, Marx, sont sobres de détails. Ils se bornent à faire le procès du capitalisme moderne, et ce n’est que par échappées qu’ils laissent percer leurs sentiments sur l’avenir de la société. C’est à leurs commentateurs, à Deville, à Schæffle, qu’il faut recourir pour connaître l’ensemble des pensées de l’école.
Partie critique et partie organique prêtent le flanc à la réfutation scientifique, et il faut nécessairement qu’il en soit ainsi, car ces deux parties s’étayent et l’une d’elles ne peut être fausse qu’à la condition que l’autre le soit. Ajoutons toutefois que c’est le plan de reconstruction qui soulève, de beaucoup, les plus fortes objections.
Un des principaux torts du socialisme collectiviste est, en effet, sans qu’il s’en doute, et malgré ses constantes affirmations matérialistes, de faire œuvre de religiosité ; et si cela est logique de la part des socialistes chrétiens, c’est absolument illogique de la part des autres.
Il est clair que si l’on part de l’idée qu’il existe une justice immanente ; si l’on croit que, de par une loi universelle, tout doit finalement aboutir au bien, il suffit de démontrer le mal pour que l’on soit en droit de conclure à l’existence d’un remède efficace.
Mais lorsqu’on n’admet ni providence ni justice immanente, rien ne prouve plus qu’il soit possible de remédier aux imperfections que l’on découvre dans la nature ; rien ne permet plus d’affirmer que celles-ci ne sont pas inhérentes aux choses, qu’elles ne sont pas conformes aux lois universelles ; rien n’autorise à conclure qu’à l’état social que l’on dénonce à juste titre, il soit possible de substituer un état meilleur.
Il est incontestable que la loi générale de l’univers blesse ce sentiment de justice qui, avec les progrès de la civilisation, s’est lentement emparé de l’esprit de l’homme, et qui ne paraît répondre à rien de réel en dehors de l’humanité.
Cette loi universelle, elle peut se résumer en cette règle terrible autant que fatale : Mangez-vous les uns les autres.
Dans la nature, les forts détruisent les faibles, les gros mangent les petits.
Cela est vrai dans tous les règnes, même dans le règne minéral. Enfermez dans un récipient en verre une solution saturée d’un sel quelconque dans laquelle vous aurez placé un grand nombre de cristaux non dissous du même sel, en ayant soin que ces cristaux soient de grosseurs variées. Fermez le récipient, exposez-le pendant plusieurs années aux intempéries des. saisons, et vous vous apercevrez, au bout de ce laps de temps, que, par un mécanisme dont il est d’ailleurs facile de se rendre compte, les gros cristaux se seront accrus, tandis que les petits auront diminué de volume ou se seront évanouis.
Les plantes se font une concurrence terrible et s’évincent les unes les autres. Les animaux dévorent les plantes et se dévorent entre eux. L’homme lui-même, après des siècles d’anthropophagie, dévore encore et dévorera probablement toujours les animaux. Où donc va-t-on chercher le principe du droit à la vie ? Assurément ailleurs que dans la nature, qui n’en renferme pas la trace.
Pourquoi cet ordre de choses ?
Tuer un mouton pour le manger blesse le sentiment que nous nous faisons de la justice et renverse le principe du droit à la vie, au moins en ce qui concerne les animaux. Et cependant, nous ne pouvons pas renoncer, sans périr, à nous alimenter, et nous ne pouvons nous alimenter qu’avec des cadavres. Notre vie est inséparable de la destruction de milliers d’êtres vivants, bêtes ou plantes, et rien ne dit que, de même, dans les sociétés humaines, des imperfections qui nous froissent ne soient pas inévitables.
L’homme, par cela seul qu’il est l’être supérieur, s’élève à des conceptions qui, dans leur absolu, n’ont aucune réalisation objective nulle part, et la justice peut bien être une de ces conceptions subjectives. Il est bien possible que ce soit là une de ces idées qui ne peuvent jamais sortir du domaine de l’imagination pour entrer dans celui des faits. Certes ! il n’est point démontré qu’il en soit ainsi ; mais la démonstration contraire n’est pas faite davantage, et l’impossibilité où nous sommes certainement de réaliser notre idéal dans bien des cas, dans la question notamment de l’alimentation, laisse le champ libre à ceux qui prétendent que la même impuissance limite également nos efforts en bien d’autres matières.
Il ne suffit donc pas aux collectivistes d’établir que la société actuelle est mauvaise. Il faudrait qu’ils fissent en outre la preuve qu’une société meilleure est susceptible d’être établie sur les ruines de la première, et que cette société nouvelle serait moins grosse d’abus et d’injustices que celle à laquelle on l’aurait substituée.
S’ils ne font pas cette preuve, toutes leurs critiques deviennent, par cela même, déclamatoires et demeurent lettre morte.
Il y a donc lieu, pour quiconque entend ne pas se prononcer à la légère, non seulement de peser les objections élevées par l’école collectiviste contre ce que cette école appelle la société capitaliste, mais encore de rechercher ce qu’il y a de fondé dans ses espérances de réorganisation.
C’est ce que nous nous efforcerons de faire. Notre opuscule sera, par suite, divisé en quatre parties ou quatre livres.
Dans la première partie nous exposerons en résumé la doctrine de Karl Marx et de ses disciples.
La seconde partie sera consacrée à la réfutation de l’argumentation critique des collectivistes.
La troisième le sera à la recherche des avantages et des inconvénients que présenterait le système collectiviste, s’il parvenait jamais à se réaliser et à durer.
Dans la quatrième, enfin, nous examinerons l’avenir de la société selon les vues du socialisme libéral.
LIVRE PREMIER
EXPOSITION RAISONNÉE DE LA DOCTRINE COLLECTIVISTE
CHAPITRE UNIQUE
Critique par Karl Marx et par son école de la société capitaliste
L’œuvre fondamentale de Karl Marx est développée d’une manière fort longue et fort méthodique. Elle peut cependant être assez brièvement résumée. Si, en effet, l’auteur a jugé utile d’entrer dans une foule de développements presque algébriques pour démontrer l’exactitude de ses propositions, ceux-ci sont inutiles à qui veut se borner à exposer le système dans ses grandes lignes.
Marx, d’accord en cela avec l’économie politique classique, admet que les objets, fruit du travail humain, ont deux sortes de valeur, leur valeur d’usage, autrement dit l’utilité qu’ils tirent de leurs qualités propres et des services qu’ils peuvent rendre, et leur valeur d’échange, en vertu de laquelle des objets dont l’usage est différent — et par cela même que leur usage est différent — peuvent s’équivaloir et s’échanger les uns contre les autres.
Un habit, une paire de souliers, un chapeau, une livre de viande sont des valeurs d’usage qui servent à l’homme de vêtements ou d’aliments. A ce point de vue, ils ne peuvent pas se substituer les uns aux autres. Un habit ne peut pas remplacer une livre de viande, pas plus qu’une paire de bottes ne peut remplacer un chapeau.
Mais si j’ai deux habits, l’un m’est inutile. Si l’un de mes semblables possède deux livres de viande, il y en a une dont il n’a pas l’emploi. A l’un de nous il manque une valeur d’usage, la viande ; à l’autre il manque une autre valeur d’usage, l’habit. C’est à ce moment qu’intervient

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents