Une jeunesse perdue dans un abattoir d hommes
208 pages
Français

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Une jeunesse perdue dans un abattoir d'hommes , livre ebook

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208 pages
Français

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Description

Dans la nuit du 6 au 7 avril 1994 commençait, au Rwanda, le dernier génocide du XXè siècle et le plus rapide de l'histoire qui, en une centaine de jours, a emporté plus d'un million de vies. Cédric Ngoga attendait son tour parmi une foule de Tutsis en train de se faire tuer par les génocidaires lorsqu'il vit ses assassins se sauver. A 16 ans, il rejoint alors l'armée rebelle qui venait de lui sauver la vie... Dix ans après, désormais installé en Belgique, il décide alors de s'asseoir et d'écrire son histoire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2009
Nombre de lectures 267
EAN13 9782336262437
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une jeunesse perdue dans un abattoir d'hommes

Ephrem Inganji
© L’Harmattan, 2008
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan 1 @wanadoo. fr
9782296068643
EAN : 9782296068643
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace Pourquoi ce livre? PARTIE I - AINSI DEBUTE L’HISTOIRE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
PARTIE II - AVANT
14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
PARTIE III - PENDANT
24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62
PARTIE IV - APRES
63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93
PARTIE V - AINSI FINIT L’HISTOIRE
94 95 96
EPILOGUE
97 98 99 100
A tous la miens perdus là bas , A tais les rescapés de œ génocide, A tous œux qui ont souffert pour œ qu’ils étaient , A œux qui souffrent encore pour œ qu’ils sont, sans pourtant avoir choisi de l’être...

Et puis, Parœ qu‘il y a des rencontres qui ne s’oublient jamais, Parce qu’il y a des regards qui changent tout d’une vie, Parce qu’il y a des larmes qui diluent la douleur : A mon amie Paméla Malempré, sans qui œ livre ne serait jamais écrit.
Pourquoi ce livre?
C’est devenu le principal sujet de désaccord entre le Rwanda, petit pays pauvre d’Afrique centrale, et la France, l’une des grandes puissances mondiales ; les autorités onusiennes, américaines et belges ont pris leur temps pour demander pardon aux concernés ; la communauté internationale s’est cotisée pour créer un tribunal international rien que pour ça ; beaucoup de pays comme la Belgique, la Suisse et le Canada ont déboursé des millions pour juger les présumés coupables séjournant sur leur territoire... mais que s’est-il donc passé au Rwanda en 1994 ?
Cest presque en train de devenir un genre cinématographique : en l’espace de trois ans, six films de fiction ont été réalisés pour le grand écran avec, comme sujet central, le génocide des Tutsis au Rwanda. Et d’autres projets sont en cours ou annoncés. Il faut ajouter à cela des dizaines de documentaires, des centaines de livres et autres écrits déjà publiés dont certains usent de la désinformation et nient l’existence de ce crime contre l’humanité. Pourtant, malgré cette abondance, tout est toujours loin d’avoir été dit, et toute la réalité loin d’avoir été entièrement révélée.
J’étais encore jeune lorsque j’ai compris que l’homme tend à agir par intérêt avant toutes autres considérations. Je sais aussi qu’aujourd’hui l’intérêt du monde extérieur pour le Rwanda est minime. Pire encore, les préoccupations sociopolitiques des Rwandais eux-mêmes s’opposent selon les cas :
-Il y a ce million d’innocents tués qui méritent de ne pas être oubliés.
-Il y a presque autant, si non plus, de présumés coupables qui préféreraient que cela soit oublié.
-Il y a des rescapés qui ont parfois trop souffert et sont profondément affectés par ce qu’ils ont vécu et par le fait d’avoir assisté à l’assassinat des leurs.
-Il y a ceux qui n’ont pas participé au génocide mais qui sont gênés par le fait d’avoir un proche qui s’y est trop impliqué et qui se sentent parfois mal aimés par ceux qui ont perdu les leurs.
-Il y a ces autres Rwandais que j’appellerais indirectement concernés, puisque ayant été chassés du pays depuis les années 1959, ils ne sont rentrés de l’exil qu’après le génocide.
-Il y a la communauté internationale qui se sent mal à l’aise suite à son attitude d’abandon d’un peuple voué à l’extermination.
-Il y a le gouvernement actuel au Rwanda qui, en plus d’autres intérêts, doit préserver l’unité du peuple rwandais, ce qui n’est pas gagné d’avance vu que le bourreau doit parfois cohabiter avec ses victimes...
En bref, on subit le désordre causé par cette union peu harmonieuse d’idées et de points de vue. Et rares sont ceux qui s’écartent de ces différentes positions en racontant notre histoire.
J’étais lâ. J’étais jeune mais j’ai vu et entendu. J’ai vécu cette barbarie humaine que l’on appelle le « génocide », qui a emporté pas mal de membres de ma famille, de collègues de classe, de connaissances et d’amis.
J’ai trop souffert dans cette partie de ma vie. J’ai tellement souffert que je me crois en droit de dire que j’ai assez vu, parce que j’ai tout vu. J’ai vu la mort en face plus d’une fois, et même si je suis encore en vie, le mot bonheur ne fait que rarement partie de mon vocabulaire. Pour dire vrai, la mort n’a fait que rôder autour de moi, m’infligeant les spectacles horribles de ses exploits, et faisant de ma vie un calvaire épouvantable.
J’ai vu des humains tuer d’autres humains comme des bêtes sauvages. J’ai vu des hommes couper les têtes des enfants et des femmes comme des poulets atteints d’une épizootie. J’ai vu, vécu et survécu à ce génocide dont tout le monde a maintenant peur de nommer les victimes, les Tutsis, se contentant de parler du « génocide rwandais » !
Révolté par tant d’injustice, choqué par les visions et les cris que j’endurais malgré moi, je suis passé dans les rangs du FPR 1 , le mouvement rebelle qui combattait le gouvernement des extrémistes génocidaires, et qui venait de me sauver la vie in extremis. Ses opérations ont fini par mettre un terme au génocide, enfin. J’ai alors pu sillonner presque tout le pays ... comme pour mieux voir.
J’ai vu des milliers de cadavres joncher les rues et les sentiers du Rwanda. J’ai vu les chiens et les rats dévorer la chair humaine. J’ai vu les cadavres se décomposer à ciel ouvert. J’ai vu la mort avec son plus laid visage, sous forme humaine. J’ai vu l’horreur sans nom. Elle s’est enfouie en moi. Elle s’est collée à ma peau. Elle m’a asphyxié. Elle a coulé dans mes veines. Elle a noyé mon esprit et mon corps, comme un oiseau dans du pétrole. J’en ai tellement souffert que d’avril à décembre 1994, j’ai quasi perdu l’usage de la parole.
Mon principal moyen d’expression est alors progressivement devenu l’écriture, principalement, la poésie. Au départ, c’était uniquement pour me soulager. Je me sentais plus calme après avoir mis sur papier ce qui me rongeait le cœur. Mais, au fil du temps, j’ai ressenti un sentiment de révolte s’éveiller en moi. Il a grandi rapidement, comme un gosse qui mange ses croûtes... Et puis, il a fait ses recommandations : je veux que le monde découvre notre histoire à nous, rescapés du génocide. L’humanité a été injuste envers nous, Tutsis. Nous devons en avertir les autres.
Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous (Châteaubriand ).
Tous les survivants partagent aujourd’hui le même sort : ils se battent pour vivre -ou survivre- dans la dignité, si épuisant que soit ce combat. Nous sommes confrontés à la position stagnante des génocidaires en liberté et au courant négationniste qui soutient leur cause, ou pire, rend leurs crimes légitimes. Ces idées fausses parcourent le monde et sont pour nous et pour le reste de l’humanité une véritable menace. Voilà pourquoi j’ai décidé de m’exprimer autrement qu’à travers la poésie, et dans un autre idiome que ma langue maternelle, afin d’atteindre un public beaucoup plus étendu.
J’ai décidé d’écrire pour raconter au monde ce à quoi j’ai assisté, à mes dépends. Ce que NOUS avons vécu. Je le fais dans l’espoir que cela serve de leçon aux générations futures. Afin que plus jamais personne n’endure ce que nous avons dû subir, uniquement à cause de son identité.
J’ai réalisé que cette lutte n’est pas, pour nous rescapés, qu’un droit mais aussi un devoir. Que loin de nous être un choix, cela est une sorte d’obligation, la seule raison étant que la vie en a décidé ainsi.
... et quoi de mieux qu’une fiction pour raconter l’indicible ?...

PS : Les 100 chapitres symbolisent les 100 jours qu’a duré ce génocide.
PARTIE I
AINSI DEBUTE L’HISTOIRE
J’aurais tout fait pour être ailleurs Mais malgré moi j’étais bien là A regarder l

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