Une Passion Roumaine
240 pages
Français

Une Passion Roumaine , livre ebook

-

240 pages
Français

Description

Né en 1924, l'Institut Français de Hautes Études en Roumanie connut son apogée sous le visionnaire et régalien Alphonse Dupront, puis, après une difficile navigation sous la direction de Jean Mouton durant la Seconde Guerre mondiale, acheva sa course avec Philippe Rebeyrol. Cet ouvrage est l'occasion pour l'auteur de croquer avec art des portraits passionnants et passionnés, mais aussi de faire de l'Institut un observatoire sur la France culturelle et politique de Briand à de Gaulle, et sur ses relations avec la Roumanie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1997
Nombre de lectures 80
EAN13 9782296364332
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNE PASSION ROUMAINECulture et diplomatie française
Collection dirigée
par Norbert Dodille
La présence culturelle de la France à l'étranger s'appuie sur un
dispositif impressionnant, composé d'établissements et de services souvent
ignorés du grand public, et qui cependant fait partie de notre Histoire,
au même titre que nos batailles et nos traités. Cette collection se
propose de raconter la vie souvent prestigieuse, toujours passionnante et
difficile, de nos Instituts et Services culturels qui ont joué et jouent
encore un rôle capital dans la défense et l'illustration de nos valeurs dans
le Monde.
Déjà parus:
Londres sur Seine
Une histoire de l'Institut français du Royaume-Uni (1910-1980)
Textes réunis par Virginie Dupray, René Lacombe et Olivier Poivre d'Arvor, 1996.
L'action artistique de la France dans le monde
Histoire de l'associationfrançaise d'action artistique de 1922 à nos jours,
par Bernard Piniau, 1998.
@ L'Harmattan, 1998
ISBN: 2-7384-6654-0INSTITUT FRANÇAIS DE BUCAREST
André Godin
UNE PASSION ROUMAINE
Histoire de l'Institut français de hautes études en Roumanie
(1924-1948)
Éditions L'Harmattan L' Harmattan INC
5-7, rue de l'École Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris Montréal- Québec H2Y lK9DU MÊME AUTEUR
Spiritualité franciscaine en Flandre au XVIesiècle
L'Homéliaire de Jean Vitrier
Préface d'Alphonse Dupront,
Genève, Droz, 1971.
Érasme, lecteur d'Origène
Genève,Droz, 1982.
« Humanisme et arts visuels»
in Encyclopœdia universalis,
Paris, 1989.
Érasme, [...] Édition de textes
En collaboration avec C. Blum, J.-C. Margolin et D. Ménager,
collection Bouquins, Paris, 1992
«La Correspondance d'Alphonse Dupront et de Jean Marx,
9 avril 1932 - 9 mars 1940 »
in Mélanges de l'Écolejrançaise de Rome / Italie et Méditerranée,
t.l07,1995/1,p.207-411.MISSION UNIVERSITAIRE EN ROUMANIE (1919-1950)
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Frontières actuelles de la Roumanie\
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~ Faculté avec lecteur français
Lycée avec professeur français*
V Cercle franco-roumain (à durée de vie variable)ABRÉVIATIONS
AFAA, Association française d'action artistique
ARLUS, pour le renforcement des liens entre la Roumanie et l'URSS.
CNRS, Centre national de la recherche scientifique (Paris).
DGRC, Direction générale des relations culturelles.
GPRF, Gouvernement provisoire de la République française.
IEB, Institut d'études byzantines (Bucarest).
IFHER, Institut français de hautes études en Roumanie.
LFB, Lycée français de Bucarest.
MAER, Ministère des Affaires étrangères de Roumanie.
MENR, de l'Éducation nationale de Roumanie, appelé aussi:
MIP, Ministère de l'Instruction publique.
MPC, Mathématiques-Physique-Chimie (sigle en usage dans l'Université française).
MRAI, Ministère roumain de l'Art et de l'information.
MU ou MUFR, Mission universitaire française en Roumanie.
ONUEF, Office national des universités et écoles françaises.
RPR, République populaire de Roumanie.
SOFE, Service des œuvres françaises à l'étranger.
SPCN, Sciences physiques, chimiques, naturelles (cf. MPC).
TP, Travaux pratiques.
UFAR, Union des femmes antifascistes roumaines.
Faute de pouvoir reproduire les signes diacritiques de la langue
roumaine, et plutôt que d'en faire une transcription approximative, nous
laissons aux lecteurs roumains le soin de les rétablir.
REMERCIEMENTS
J'ai plaisir à nommer Hélène Baltrusaitis-Focillon qui m'a autorisé à consulter les
archives privées d'Henri Focillon avant leur dépôt, le personnel des divers fonds
d'archives cités en référence, particulièrement Gabriela Dumitrescu à Bucarest
(Académie Roumaine; IFB) et Élisabeth Caude à Paris (MAE), mais aussi Gheorghe
Doca, Monique Dupront, Catherine Durandin, Charles-Louis Foulon, Annie Guénard,
Anca Manolescu, Andrei Pippidi, André Scrima, Martine Simon, Danielle Thébault,
Marcel Trebitsch, enfin Norbert Dodille, qui m'a incité à écrire ce livre, et l'Institut
français en la personne de Gilles Maarek, son directeur.CHAPITRE PREMIER
La création de l'Institut
Afin de mettre dans sa plus juste perspective la fondation du nouvel établissement, il
ne sera pas inutile de rappeler en tout premier lieu dans quel contexte historique elle se situe.
Enjeux culturels d'une politique
Dans l'ambiance euphorique qui accompagna, au cours des années vingt, la
formation de la grande Roumanie, l'idée de renforcer les liens franco-roumains dans les anciennes
provinces du royaume et d'en établir de nouveaux dans les terres transylvaines ne pouvait que
trouver un large écho auprès de l'intelligentsia et des gouvernements des deux pays tradition~
nellement amis. Des universitaires français jouèrent ici un rôle important.
Assez emblématique à ce point de vue était la figure du professeur Mario Roques.
Diplômé de roumain en 1900 à l'École Nationale des langues Orientales, il y enseigna cette
langue plus de trente ans et fut, de 1911 à 1938, le directeur de l'Institut de philologie
roumaine à la Sorbonne. Il était membre correspondant de l'Académie roumaine depuis 1914.
« Ayant aidé les Roumains à faire la guerre, écrit B. Munteanu, il va les aider à gagner la
paix », notamment en conseillant la délégation roumaine à la Conférence de la Paix.
Au plus fort des tractations diplomatiques ouvertes àVersailIes en janvier 1919,
diverses missions dans le pays jetaient les bases des futurs organismes culturels français. Le
temps fort de l'une d'entre elles fut, le 15juin 1919, la signature d'une« Convention relative
au recrutement, au statut et au traitement du personnel universitaire mis par Ie gouvernement
français à la disposition du gouvernement roumain ».
Grâce à une enveloppe globale d'un million quatre-cent mille francs, avancés par la
France et remboursable en 1923 par le gouvernement roumain, il fut possible de mettre en
9place dès la rentrée scolaire de 1919 la Mission universitaire française que dirigeait Charles
Le Téo, inspecteur d'Académie. Composée en majorité à ses débuts par des enseignants
français que la Révolution bolchevique avait chassés de Russie, la Mission devait porter ses
efforts sur « la rapide diffusion du français dans les régions nouvellement acquises à la
Roumanie ».
Le 22 novembre de cette même année, de Martonne était officiellement invité par
l'Université de Cluj à enseigner un semestre de son choix à l'Institut de géographie.
Spécialiste reconnu de la géographie physique des Carpates méridionales, de Martonne vint dès lors
régulièrement donner ses leçons à Cluj et emmener, pour des travaux de terrain, de jeunes
géographes français et roumains. En ces années enflammées d'exaltation patriotique que
renforça la victoire de 1918, ses rapports de mission disent et redisent sa fierté française d'être
associé au grand projet politico-culturel du gouvernement roumain. Comparant Cluj à
Strasbourg, il estime que « toutes les conditions sont réunies pour faire de Cluj ce qu'elle doit être
dans la nouvelle Roumanie; un foyer de haute culture rayonnant sur les provinces arrachées
au joug étranger. »
La rencontre, avec Henri Focillon, d'un groupe deprofesseurs et étudiants de
l'Université de Cluj - qui, en 1921, sous la direction de Georges Opresco, visitant la
France, s'arrêtaient à Lyon - marque le moment où une main forte et amicale fut
tendue vers la Roumanie.
Cette appréciation de Radu Ionesco souligne le rôle moteur joué par la ville
universitaire de Transylvanie - dont le doyen était un autre francophile, Emil Racovita - dans le
renforcement des liens d'homme à homme qui ne contribuèrent pas peu à la création de
l'Institut français. La chance de ce réseau amical fut de pouvoir donner une assise institutionnelle
à son projet grâce à l'appui du Quai d'Orsay.
Dans l'immédiate après-guerre en effet, la France exprime son désir d'organiser
méthodiquement sa politique culturelle. Au sein du Service des œuvres françaises à l'étranger
(SOFE), créé en 1920, la section universitaire et

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