Vergès père, frères et fils
291 pages
Français

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Vergès père, frères et fils , livre ebook

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Description

Raymond, Jacques, Paul, Laurent et Pierre Vergès ont eu ou ont des vies déterminées, en partie, par leur origine réunionnaise et eux-mêmes, à des titres divers, ont joué des rôles importants dans la vie politique, sociale et culturelle de l'île. Ce livre retrace l'existence et le parcours de ces hommes sans chercher à soulever des polémiques mais en s'en tenant strictement à la vérité des faits.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2007
Nombre de lectures 126
EAN13 9782336251394
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Vergès père, frères et fils
Une saga réunionnaise

Robert Chaudenson
© L’Harmattan 2007
5-7 rue de l’École Polytechnique ; Paris 5 e www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296036901
EAN : 9782296036901
Sommaire
Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION AVANT-PROPOS Chapitre premier - Raymond Vergès : « Le roman d’un jeune homme pauvre » Chapitre deuxième - Jacques et Paul. Frères siamois ou faux jumeaux ? Chapitre troisième - Francisque et/ou Croix de Lorraine ? Chapitre quatrième - Qui a créé le Parti Communiste à la Réunion ? Chapitre cinquième - Mais qui a donc tué Alexis de Villeneuve ? Chapitre sixième - Du PCF au PCR : l’émergence de la dynastie Vergès Chapitre septième - Et la culture créole dans tout cela ? Chapitre huitième - L’argent Chapitre neuvième - Le « marronnage » Chapitre dixième - Complots et attentats Chapitre onzième - « Les liaisons dangereuses » et/ou « Petits arrangements entre amis » Chapitre douzième - En forme de conclusion ? REFERENCES
INTRODUCTION
La sagesse populaire affirme qu’on ne prête qu’aux riches. La famille Vergès paraît largement confirmer ce point de vue. Ses principaux membres, Raymond le père, Jacques et Paul ses deux fils (sans parler de Laurent et Pierre, les deux fils de Paul) ont fait l’objet de multiples rumeurs de toute nature, dont l’apparition est, il est vrai, favorisée par le caractère aventureux, voire mystérieux de certaines périodes de « leurs vies ». Personnages complexes, dans leurs attitudes comme dans leurs existences, tous trois ont suscité les attachements les plus passionnés comme les haines les plus violentes ; leurs « légendes » se sont largement nourries des événements de leurs vies, comme leurs vies se sont nourries de leurs origines.

Les cinquante premières années de la vie de Raymond Vergès sont un véritable roman : roman social d’abord ; roman d’aventures ensuite ; « success story » enfin. Comment tous ces épisodes ne susciteraient-ils pas des rumeurs, surtout quand ils se déroulent en terre lointaine (La France métropolitaine pour les Réunionnais puis l’Indochine) et qu’ils présentent des épisodes dramatiques (la mort prématurée de ses deux premières épouses conduira à l’imaginer en Barbe Bleue tropical !) ou rocambolesques (l’affaire des jumeaux, vrais ou faux) ? Si l’on y ajoute un certain parfum de secret (la franc-maçonnerie) et un zeste de mystère (agent secret du Parti Communiste Français à la Réunion depuis une date indéterminée ?), on comprend facilement que les langues soient allées et aillent encore bon train.

Ce qui fascine le plus dans cette saga Vergès tient toutefois à un aspect qui semble totalement méconnu des biographes classiques qui n’ont pas manqué pour les uns et les autres. En effet, la plupart des biographies ne concernent qu’un seul membre de la famille (Raymond, Jacques ou Paul) ou au maximum deux (Jacques et Paul). Or, l’aspect le plus original et le plus étrange consiste dans les effets d’échos qu’on note d’une génération et/ou d’une figure à l’autre, comme si certains comportements ou types de situations étaient, en quelque sorte, inscrits dans le patrimoine génétique familial.

Tous les Vergès ont été victimes, dans leur enfance, d’un racisme, social ou ethnique, qui a engendré, chez eux, des comportements divers, mais aux origines communes. Raymond Vergès est un enfant pauvre, quoique fils de pharmacien. A la fin du XIXe siècle (il naît en 1882), la Réunion ne se caractérise pas encore, comme la définira dans les années 70 un homme politique local, par ses deux industries, « l’industrie sucrière et l’industrie médicale ». On ne connaît alors, ni l’AMG (Assistance Médicale Gratuite), ni la CMU (Couverture Médicale Universelle) qui feront d’abord, puis assureront ensuite la fortune de cette industrie médicale. A son entrée au Lycée, que ne fréquentent guère alors que les enfants des classes les plus aisées, Raymond Vergès, boursier et interne, est donc l’objet d’un racisme social qu’exaspèrent encore sans doute ses remarquables succès scolaires. J’ai eu souvent l’occasion, entre 1965 et 1972 (date de sa mort), de converser avec Léonce Salez, homme politique et journaliste réunionnais, contemporain de R. Vergès (qui avait quatre ans de plus que lui). Il me disait qu’il avait été l’un des premiers hommes de couleur à entrer au Lycée de Saint-Denis. Dans les premiers mois de cette scolarité, me racontait-il, il était chaque matin attendu par un groupe d’élèves blancs qui crachaient sur lui quand il franchissait le porche de l’établissement ! Sans qu’il en soit de même, Jacques et Paul Vergès, eurasiens donc « batar sinoi » (« bâtards chinois » dans le créole local), ont probablement, sous des formes un peu différentes, souffert des mêmes préjugés. Ces traumatismes de l’enfance expliquent bien des aspects de leurs comportements respectifs ultérieurs, si différents qu’ils puissent paraître.

Un autre thème commun de la saga Vergès est celui du « marronnage ». Dans le monde créole, les « marrons » sont les esclaves noirs qui fuient les plantations et se réfugient dans les bois. Quoiqu’on ne le sache guère, les premiers marrons de la Réunion (en 1674) furent, en fait, des Blancs, qui cherchaient à échapper à l’autorité de la Compagnie des Indes en faisant «les quivis dans les montagnes » (le mot kivi paraît d’origine malgache). Jacques, Paul et Pierre Vergès auront tous, pour des raisons, dans des circonstances et dans des lieux différents, leur période de marronnage, pendant laquelle ils disparaissent mystérieusement, sans qu’on puisse savoir où ils sont allés et ce qu’ils ont fait.

Autre lieu d’une rencontre extraordinaire que nul n’a jamais signalée me semble-t-il : le Palais de Justice de Lyon (les « Vingt-Quatre Colonnes » comme on dit dans l’idiome local, car sa façade s’orne en effet de 24 colonnes !). En juillet et août 1947, pour le meurtre d’Alexis de Villeneuve, un homme politique réunionnais assassiné en pleine rue, lors d’une réunion électorale, on y juge Paul Vergès, fils de Raymond. Exactement 40 ans plus tard, dans ce même palais de justice, l’avocat Jacques Vergès, frère jumeau de Paul, qui avait assisté au procès de son frère en 1947, y défend Klaus Barbie, « le boucher de Lyon », accusé de crime contre l’humanité. Se succèdent ainsi, dans la même salle, dans la même ville où, logiquement, rien ne les appelle ni l’un ni l’autre, les « jumeaux » Vergès, le premier en accusé dans un procès qui prend un tour politique et dont la figure dominante est assurément son père Raymond, le second, quarante ans plus tard, en avocat d’une cause que tout le monde juge indéfendable !

Complots et attentats sont aussi un des lots communs de la famille, avec des « dosages » différents pour chacun d’entre eux. Ils se situeront dans tous les cas sauf un, du côté des victimes. Toutefois, le nombre même des machinations dont ils se déclarent l’objet conduit parfois à se demander s’il n’y a pas là un principe d’explication bien commode de certaines situations difficiles dans lesquelles ils ont pu se trouver engagés.
Les « liaisons dangereuses » constituent un autre thème, constant quoique souterrain, de cette saga. Raymond Vergès qui, en Indochine, à l’extrême fin des années 20, repère et fait pourchasser tout individu soupçonné de « bolchevisme », était-il, peut-être dès le début des années 30 et son retour à la Réunion, l’agent secret du Parti Communiste Français ? Certaines de ses amitiés réunionnaises sont, de toute façon, un peu étonnantes, en particulier, avec des hommes comme Léonus Bénard ou, plus tard, Roger Payet, l’un et l’autre éminents représentants de la grande propriété et de l’oligarchie sucrière comme de la droite la plus classique. Roger Payet, Président du Conseil général des décennies durant, sera remplacé dans cette fonction, à sa mort, par son gendre, Pierre Lagourgue, issu du même milieu et relevant de la même mouvance politique. Les relations de P. Lagourgue avec Paul Vergès sont aussi étonnantes que celles de son beau-père avec R. Vergès. Toutefois, pour ce qui est des « liaisons dangereuses », aucun membre de la famille n’approche, même de très loin, Jacques Vergès dont l’éventail des relations va largement au delà des extrêmes. Il ne s’agit pas ici de ses activités proprement professionnelles ; logiquement, un « mercenaire du droit » loue ses services à tous ceux qui ont les moyens de se les of

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