Desseins narratifs de l architecture
108 pages
Français

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Desseins narratifs de l'architecture , livre ebook

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Français

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Description

Cet ouvrage questionne la manière dont l'architecture approche la narration pour constituer son objet et "dire le monde". En considérant le livre de pierres de l'architecture gothique, l'architecture parlante du siècle des Lumières, l'espace indicible de l'architecture moderne, jusqu'aux récits programmatiques de l'architecture contemporaine, on voit se construire une trame narrative marquée par les idéaux de chaque époque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2009
Nombre de lectures 282
EAN13 9782296929340
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DESSEINS NARRATIFS
DE L’ARCHITECTURE
Collection Esthétiques
Dirigée par Jean-Louis Déotte

Comité de lecture : Jacques Boulet, Alain Brossat ( Culture & politique ), Pierre Durieu, Véronique Fabbri, Daniel Payot, André Rouillé, Peter Szendy, Humbertus Von Hameluxen (Al.), Anne Gossot (Jp), Carsten Juhl (Scand.), Germain Rœsz (Ars), Georges Teyssot (USA), René Vinçon (It.), Suzanne Liandrat-Guigues

Pour situer notre collection, nous pouvons reprendre les termes de Benjamin annonçant son projet de revue : Angelus Novus : « En justifiant sa propre forme, la revue dont voici le projet voudrait faire en sorte qu’on ait confiance en son contenu. Sa forme est née de la réflexion sur ce qui fait l’essence de la revue et elle peut, non pas rendre le programme inutile, mais éviter qu’il suscite une productivité illusoire. Les programmes ne valent que pour l’activité que quelques individus ou quelques personnes étroitement liées entre elles déploient en direction d’un but précis ; une revue, qui expression vitale d’un certain esprit, est toujours bien plus imprévisible et plus inconsciente, mais aussi plus riche d’avenir et de développement que ne peut l’être toute manifestation de la volonté, une telle revue se méprendrait sur elle-même si elle voulait se reconnaître dans des principes, quels qu’ils soient. Par conséquent, pour autant que l’on puisse en attendre une réflexion – et, bien comprise, une telle attente est légitimement sans limites –, la réflexion que voici devra porter, moins sur ses pensées et ses opinions que sur les fondements et ses lois ; d’ailleurs, on ne doit plus attendre de l’être humain qu’il ait toujours conscience de ses tendances les plus intimes, mais bien qu’il ait conscience de sa destination.
La véritable destination d’une revue est de témoigner de l’esprit de son époque. L’actualité de cet esprit importe plus à mes yeux, que son unité ou sa clarté elles-mêmes ; voilà ce qui la condamnerait – tel un quotidien-à l’inconsistance si ne prenait forme en elle une vie assez puissante pour sauver encore ce qui est problématique, pour la simple raison qu’elle l’admet. En effet, l’existence d’une revue dont l’actualité est dépourvue de toute prétention historique est justifiée… »


Série « Ars »
coordonnée par Germain Rœsz

La collection Ars donne la parole aux créateurs. Du faire au dire, Ars implique les acteurs de la création (les fabricants ainsi que les observateurs de la fabrique) à formuler – sur un terrain qui semble parfois étranger – leurs projets, leurs ambitions, leurs inquiétudes, leurs découvertes. Sur les modes analytiques, critiques, politiques, polémiques, esthétiques et dans les formes du journal, de l’essai, de l’entretien, du collage, il s’agit d’énoncer une parole du faire-créateur.
Rendre manifeste, de la revendication à l’adhésion, ce qui tisse les contradictions et les débats de la création contemporaine. Une complémentarité nécessaire en quelque sorte de la collection « Esthétiques ».


Dernières parutions

Martine Braun-Stanesco, Émergences – effacement, errance du regard sur les pierres, Ars, 2006

Vincent Lowy, Guère à la guerre ! Ars, 2006

Anthropologie, art contemporain et musée : quels liens ? sous la direction de Roger Somé et Carine Schutz, 2007

Le réel à l’épreuve des arts, l’écran, la rue, la scène, sous la direction de Geneviève Jolly, 2007

Essais sur l’archéologie du signe d’Henri Maccheroni , textes de Michel Butor, Jean-François Lyotard, Raphaël Monticelli, Jean Petitot, Germain Rœsz, Michel Vachey, 2008

Jean Legros, Carnet d’un peintre , textes réunis par Micheline Legros, 2008

Daphné Le Sergent, L’Image charnière , 2009
COLLECTION ESTHÉTIQUES SÉRIE ARS


PIERRE LITZLER


DESSEINS NARRATIFS
DE L’ARCHITECTURE


L’Harmattan

2009
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09824-4
EAN : 9782296098244

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Olga
Remerciements

Yves Ayrault, Michel Demange, Germain Rœsz
INTRODUCTION
A RCHITECTURE, LANGAGE ET NARRATION
Le langage est au cœur même de toute activité humaine. C’est une fonction symbolique par laquelle nous négocions avec le réel et façonnons nos représentations. Si nous admettons que les signes linguistiques ne sont pas les seuls symboles mis en œuvre dans l’activité langagière, et si nous reconnaissons dans l’outil ou l’image d’autres symptômes de cette activité (Leroi-Gourhan) alors, l’architecture semble difficilement pouvoir échapper à ce registre.

Mais si l’architecture est bien acte de langage, serait-elle pour autant apte à relater ? Nous pouvons en effet admettre que l’architecture procède par signes et par anticipation ou représentation, mais nous sommes en droit de douter que ses manifestations soient capables d’articuler un récit et d’énoncer d’autres faits que ce qui résulte de sa poïétique fonctionnelle. En d’autres termes, l’architecture serait-elle susceptible d’avoir d’autres fins hors d’elle-même ? L’architecture serait-elle capable d’énoncer d’autres discours que celui qui la constitue comme art de bâtir ?

Si l’on se réfère à une définition stricte de la narration, « acte de langage, discours par lequel on raconte une histoire de manière orale ou écrite » {1} , l’architecture se retrouve en effet dans un habit bien étroit. Parmi les mots qui déterminent l’essence du récit littéraire, aucun d’eux ne renvoie précisément à l’édification de nos maisons. De ce fait, il semblerait donc vain d’envisager que l’architecture puisse revendiquer un processus discursif qui contribuerait, comme les écrits, à l’édification de la mémoire, à l’institution de l’histoire, à la construction de nos histoires.

Nul récit donc à attendre de pierres inertes, sinon peut-être des histoires de demeures ? Sinon des témoignages de cette manière toute particulière qu’a l’homme d’être là, de « séjourner » et de manifester sa présence, ses aspirations, ses croyances, par la construction de son abri ?

Et pourtant, au-delà de la protection qu’elle procure, l’architecture ne se définit jamais seulement comme entité autonome. Incapable de relater elle n’est pas dépourvue de relations. Dépourvue de paroles, elle n’est pas enclose dans l’hermétisme de ses matériaux. De par son identité spatiale, l’architecture nous dit déjà que l’habiter est une manière très particulière qu’a l’homme de se mettre en médiation avec le monde, de s’inscrire dans un lieu, de s’entretenir singulièrement avec le sol, le ciel, le paysage, et tout ce qui l’environne.
A RCHITECTURE : DEMEURER, SÉJOURNER, S’ATTARDER
Déclarant son propre espace, l’architecture engage avec son environnement une modalité de dialogue. Ce faisant, elle exprime aussi notre réalité et notre imaginaire par l’organisation et la gestion des lieux. Si ces préliminaires ne suffisent pas à réaliser une narration à proprement parler, ils n’en déterminent pas moins l’un de ses aspects : celui de l’exposition. {2}

Dans la définition du verbe narrer, on relève en effet ce principe du « faire connaître » {3} , et que l’architecture exprime dès lors qu’elle tend à dépasser sa fonction d’abri pour manifester une idée. Nous retiendrons donc surtout ce « faire connaître », cette mise en œuvre d’une relation, ce quelque chose qui relate une pensée : son exposition à défaut de son exposé.

L’architecture expose, donne à voir et à penser, non pas un récit, une histoire, mais une idée. À défaut de capter et de narrer explicitement le récit mouvementé de nos vies, elle en capte les arrêts, ces manières singulières par lesquelles les hommes s’attardent en habitant afin de retenir, de tenir, une certaine manière d’être au monde par l’inscrip

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