Etalements urbains
191 pages
Français

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Etalements urbains , livre ebook

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Description

Les villes peuvent-elles véritablement s'étaler comme une tache d'huile ? Les constructions et les évolutions des espaces urbains obéissent à des processus indépendants. Les "étalements urbains" deviennent alors les effets, et non plus les causes, des transformations de nos villes. Pourtant articulées entre les univers politique, économique, social et technique, la maîtrise et la compréhension de ces "étalements" semblent échapper aux compétences locales mobilisées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 150
EAN13 9782296711662
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

É TALEMENTS URBAINS
Emmanuel AMOUGOU


ÉTALEMENTS URBAINS


Critique sociale d’une fatalité spatiale


Préface de Benedicht Weber
Pour mon épouse Marie-Noëlle A MBANA D ANG , qui a assuré la relecture minutieuse et intégrale de ce texte, et nos enfants : Daphné Thérèse N YASSALA M ENDOMO et Julien Nicolas A MOUGOU M BALLA


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13349-5
EAN : 9782296133495

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
R EMERCIEMENTS
L’idée de porter un regard sociologique sur le phénomène caractérisé d’étalement urbain n’aurait pas eu la chance de se réaliser, si je n’avais pas bénéficié, au cours de mon séjour professionnel à Bordeaux, et plus particulièrement à L ’É COLE N ATIONALE S UPÉRIEURE D ’A RCHITECTURE ET DE P AYSAGE en tant qu’ enseignant-chercheur en sociologie, de l’implication dans les études et réflexions que mène l’Agence d’Urbanisme sur le territoire aquitain.
Je tiens tout d’abord à remercier M. Francis C UILLIER – Directeur - et Jean-Baptiste R IGAUDY – Directeur adjoint – de L ’A GENCE D ’U RBANISME M ÉTROPOLE A QUITAIN , pour la confiance qu’ils m’ont faite, en m’autorisant à publier les données issues de l’étude sur les "étalements urbains" en Gironde qu’ils m’avaient confiée.
Aussi, pour leur coopération et leur autorisation à publier les contenus de nos entretiens, je remercie :
Mme. Agnès B ERLAND -B ERTHON , Architecte et Maître de Conférences en Aménagement de l’Espace et Urbanisme à L ’I NSTITUT D ’A MENAGEMENT , DE T OURISME ET D ’U RBANISME de l’Université Michel De Montaigne – Bordeaux III ; M. Etienne Parin, Architecte-Urbaniste , Directeur du G RAND P ROJET DE V ILLE (G.P.V.) des Hauts de Garonne en Gironde ; Jean-Marie B ILLA , Architecte et Enseignant à L ’É COLE N ATIONALE S UPÉRIEURE D ’A RCHITECTURE ET DE P AYSAGE de Bordeaux, il a été maire de la commune de Saint-Macaire et conseiller général en Gironde ; Bruno F AYOLLE L USSAC , Historien de l’Architecture et Archéologue , Chercheur associé à L’UMR-CNRS-5185-ADES/TEMPOS, M AISON DES S CIENCES DE L ’H OMME , Bordeaux ; Jean-Claude M ARGUERITE , Architecte-Urbaniste, Directeur des S ERVICES T ECHNIQUES ET D ’U RBANISME de la commune de Lormont en Gironde ; Alain U RSULLET , Architecte en libéral et enseignant à L ’É COLE N ATIONALE S UPÉRIEURE D ’A RCHITECTURE ET DE P AYSAGE de Bordeaux ; enfin Philippe C OUGRAND , Romancier et scénariste , habitant de la commune de Saint-Macaire en Gironde.
P RÉFACE
Entre 2000 et 2030, les terres urbanisées devraient doubler {1} , une extension massive et rapide due à un exode rural désormais mondialisé, mais également à au moins deux autres facteurs d’importance. À l’échelle mondiale, une part grandissante des populations adopte des exigences élevées de confort de vie auxquelles est associée également l’option de l’évasion résidentielle vers des territoires à l’écart des nuisances des villes et métropoles industrialisées. De leur côté, les populations pauvres sont reléguées majoritairement vers des périphéries de plus en plus éloignées des espaces urbains sous de fortes pressions foncières et financières.
De nombreuses critiques des modèles de développement urbain dominants ont récemment fait apparaître l’extension massive de l’espace urbanisé comme origine d’organisations spatiales et de modes de vie difficilement compatibles avec un développement urbain soutenable. Avec les migrations dues au changement climatique, ce phénomène d’extension de l’espace urbanisé se trouve au cœur d’une réflexion sur le devenir de l’habitat à l’échelle mondiale, et fait actuellement l’objet de nombreux programmes d’études et d’actions, pour le comprendre davantage afin de mieux agir.
Emmanuel A MOUGOU parvient à montrer, dans cet ouvrage, à quel point cette urgence mondiale de comprendre et d’agir contraste sur le terrain avec des grandes difficultés de s’entendre, à commencer sur les termes mêmes, circulant trop souvent comme des mots-valises qui contribuent dans ce cas à voiler les réalités, et en premier lieu celle, précisément, d’un important déficit de compréhension à l’égard des mutations en cours. L’expression française d’ étalement urbain n’en fait pas exception.
Les notions qui circulent sont loin d’être stables, ce que montre de manière exemplaire le terme américain urban sprawl . Celui-ci trouve ses prémisses en 1937, lors d’une conférence d’Earl Draper, collaborateur de la Tennesse Valley Authority. {2} Draper fait alors la critique de développements urbains qu’il juge inesthétique, et surtout catastrophique au plan économique. Il utilise l’adjectif sprawling (informe, tentaculaire) pour nommer un phénomène nouveau d’urbanisation, débordant les limites et les structures des villes existantes. Sans développer une critique approfondie, Draper dénonce globalement les urbanisations favorisées par la diffusion rapide de l’automobile comme moyen de transport {3} . Cette diffusion offre un élargissement de la liberté de mouvement, mais place selon Draper dans un contexte bouleversé et problématique un autre principe : celui de s’installer librement.
Après la deuxième guerre mondiale, le terme urban sprawl intègre, toujours aux États-Unis, le vocabulaire de la planification urbaine et des économistes de la ville {4} , principalement pour désigner, dans une approche plus descriptive que compréhensive et critique, l’extension spatiale des urbanisations, et la constitution rapide de vastes régions suburbaines par lesquelles s’accélère une séparation entre lieux de travail et lieux de résidence. Peu à peu, la notion – avec d’autres telles que : scatter, leapfrogging, strip development, ribbon development, puis edge city, edgeless city – sert à nommer et à décrire des modes de croissance urbaine différents des schémas connus, concentriques ou linéaires. Ces essais analytiques s’intéressent prioritairement à la dimension morphologique, et n’engagent qu’en second plan un décryptage des processus socio-économiques qui sont à l’œuvre.
Au lendemain du premier "choc pétrolier", l’étude The Cost of Sprawt {5} porte un jugement sévère sur cette urbanisation de plus en plus étalée, désignée comme irrationnelle pour l’impensé des coûts induits par la dépendance d’énergies fossiles dont le prix s’élève alors très brutalement. Cette étude déclenche aux États-Unis une vive polémique qui, à son tour, conduit à une série de travaux empiriques dont certains confirment les résultats de la première étude réellement critique portant sur l’ urban sprawl, alors que d’autres s’emploient, au nom d’une certaine conception du progrès social et économique, à conduire la démonstration inverse.
Dans cet univers nord américain, l’analyse critique de l’ urban sprawl s’associe, dès cette période, à une critique antérieure centrée sur le déclin des villes comme production culturelle, sociale, et politique. Une approche qui doit beaucoup aux travaux, entre autres, de Jane Jacobs et de Kevin Lynch, mais aussi à une sociologie urbaine qui prend sa naissance dans l’étude des crises urbaines de l’entre-deux guerre à Chicago.
Cette critique élargie de l’ urban sprawl s’est intégrée, depuis plus d’une vingtaine d’années, dans une nouvelle production théorique en urbanisme dont la manifestation la plus connue est le mouvement du New Urbanism. {6} Mais les retombées de cette production intellectuelle en termes d’actions concrètes restent modestes voir marginales.
Le débat sur un développement urbain soutenable a contribué à accentuer la confrontation entre deux postures. Le New Urbanism se trouve opposé à une posture dominante, fondée sur une perception de l’ urban sprawl comme l’expression de la vitalité d’une société considérée dans cette approche comme la plus développée, et donc comme visée et aboutissement d’un progrès social et économique qui conduirait "naturellement" vers un modèle de vie s’appuyant sur un nombre d’éléments qui se sont désormais diffusés à l’échelle mondiale : maison individuelle ; automobile ; autoroute ; supermarché, hypermarché puis centre commercial ; réfrigérateur et congélateur ; télévision et NTC ; parcs de loisir ; etc.
L’inventaire des acteurs économiques qui se sont mis en place pour produire, diffuser et entretenir ces éléments, permet de comprendre la pérennité d’un système fondé sur des complicités fortes. L’histoire outre-atlantique de la notion urban

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