Arts, politiques et pouvoirs
177 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Arts, politiques et pouvoirs , livre ebook

-

177 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les articles réunis dans cet ouvrage abordent divers aspects du royaume du Dahomey sous l'angle des conséquences de sa confrontation avec la France et de la colonisation, à travers les diverses formes d'expression plastique. La circulation des objets dahoméens hors de leurs lieux de production, en poursuivant en Occident d'une certaine manière la voie ouverte par les cabinets de curiosité, va être à l'origine de leur intégration dans une conception universaliste (et figée) de la culture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 59
EAN13 9782296698109
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Arts, politiques et pouvoirs

Les productions artistiques
du Dahomey (Bénin) :
fonctions et devenirs
Collection « Ethnoesthétique »
Dirigée par Nadine Martinez

Cette collection s’adresse à tous ceux qui souhaitent approcher les œuvres d’art selon une double lecture : la philosophie de l’art enrichie par les données de l’ethnologie (dans son sens large d’étude d’un contexte de production et d’utilisation). Les écrits , de différents formats, dynamisent une jeune science : l’ethnoesthétique . Auteurs et lecteurs se rencontrent autour de la recherche du sens de l’oeuvre d’art.

Contact : site de l’Harmattan

Déjà publié

Nadine Martinez, Art contemporain/ art traditionnel. Aller-retour Mali-Mali , 2009.
Nadine Martinez, La réception des arts dits premiers ou archaïques en France , 2010.
Nadine Martinez, Ecritures africaines , 2010.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris


http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11744-0
EAN : 9782296117440

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Marlène-Michèle BITON


Arts, politiques et pouvoirs


Les productions artistiques
du Dahomey (Bénin) :
fonctions et devenirs


Réflexions


L’Harmattan
* Renvoi vers la bibliographie


Couverture : Portrait photographique de Béhanzin (droits réservés).
Avant-propos
L’ensemble des articles réunis dans cet ouvrage abordent divers aspects du royaume du Dahomey sous l’angle des conséquences de sa confrontation avec la France puis de sa colonisation, à travers plusieurs formes d’expression plastique en terre d’Afrique et en terre d’exil.
Les catastrophes que constituent pour une société les défaites militaires venant d’un conquérant nouvellement apparu dans le champ géopolitique, que celles-ci soient suivies d’un asservissement durable ou non, modifient en effet fondamentalement l’ensemble de ses structures. Le caractère spécifique de ces dernières, qui intégrait à la fois le dynamisme propre de la société considérée et les interactions historiquement établies avec ses voisins habituels, s’efface plus ou moins rapidement pour être remplacé par la vision des vainqueurs.
L’histoire des conquêtes coloniales occidentales, que ce soit en Amérique, en Afrique ou en Asie, est un exemple de ces situations où les sociétés conquises sont amenées à se penser à travers « la vision des vaincus ». À cet égard, le rôle, le changement de statut, de fonction des représentations qui sont associées aux artefacts pour lesquels une intention, un savoir-faire, une partie de la fonction excèdent ou sont détachés d’une destination purement utilitaire - ce qui dans la culture occidentale recouvre très grossièrement les catégories de l’art, (sous les diverses locutions par lesquelles il se décline : art, objet d’art, art décoratif, ornementation, art religieux, etc.) - sont particulièrement représentatifs de la violence de la confrontation. Le butin, qui dans les conflits entre sociétés proches se résout par un changement de propriétaire, aboutit dans ce contexte historique à une redistribution des artefacts. Les fonctions de ces derniers s’effaçant en grande partie du fait de la perte d’autonomie et de l’acculturation, leur perpétuation se modifie en assimilant involontairement (par l’appropriation) ou consciemment les représentations que le vainqueur y associe. En retour, comme à la fois l’histoire de l’art et des institutions muséales l’ont montré, cette confrontation va aussi rénover, avec le temps, la vision des vainqueurs.
La chute du royaume et ses conséquences immédiates en terme de destination du butin indique, cette fois du côté des vainqueurs, un infléchissement dans la fonction attribuée aux produits de l’appropriation guerrière, généralement dévolue à l’enrichissement, vers la constitution de collections muséales publiques. Infléchissement illustré ici par le travail « de copie » et de conservation de Waterlot, méticuleuse fourmi accumulant les collections en provenance de sociétés qui lui semblent en danger.
Les articles sur les bas-reliefs d’Abomey et sur le vodoun Legba montrent que la production artistique, liée soit au domaine religieux soit à la mise en scène du pouvoir royal, intègre leur fonction à leur réalisation plastique. C’est ainsi que la disparition du royaume modifie la fonction des bas-reliefs : ceux-ci deviennent une part du patrimoine historique perdant désormais leur actualité, ne subsistant que comme témoignage d’un passé sans relation au caractère sacré du pouvoir et abandonnant la partie liée à la cosmogonie de leur décor. En ce qui concerne le vodoun Legba, si ses fonctions religieuses résistent mieux, il est significatif d’observer la vision dépréciative qu’ont pu en avoir les premiers visiteurs occidentaux et même les auteurs africains.
La circulation de ces objets en poursuivant d’une certaine manière la voie ouverte par les cabinets de curiosité, spécificité européenne, va être à l’origine d’une intégration de ces sociétés dans une conception universaliste et figée de la culture.


P.R.-R./M.-M. B., Vanves, mars 2010.
De la chute du roi Béhanzin et de ce qu’il advint du butin
DE LA CHUTE DU ROI BEHANZIN
ET DE CE QU’IL ADVINT DU BUTIN


Quand on s’intéresse à l’histoire de la conquête du Dahomey par les troupes coloniales françaises, l’impression qui domine est celle que l’on ressent devant les désastres qui transforment inévitablement les acteurs d’un drame en personnages tragiques. De ce fait l’appréciation de leur rôle, compris trop vite comme un destin, n’évite pas toujours les simplifications et occulte généralement les interrogations. En particulier la vie du roi Béhanzin {1} laisse le sentiment d’inachevé et de tristesse que donne toujours le destin d’un homme dont on sait qu’il se réduira au bannissement et à l’exil.
Ces impressions proviennent essentiellement du fait que le rôle joué par Béhanzin dans cette tragédie reste en grande partie méconnu et les questions inhérentes à ce point, sans réponses certaines. En effet, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la possibilité pour Béhanzin d’agir autrement au cours de cette guerre qui allait le déposséder de son pouvoir, et en supposant qu’il l’eût pu, de se demander en corollaire : « Est-ce que l’histoire du royaume en eût été infléchie » ?
Il ne s’agit pas bien sûr, de se livrer à un exercice vain de réécriture de l’Histoire à partir des enseignements acquis au cours de la période de plus d’un siècle qui nous sépare de ce conflit, mais peut-être d’essayer de mieux appréhender sa propre implication au long de ces événements déterminants et ses conséquences.
Ces questions - dans une certaine mesure, toujours d’actualité, puisque ces circonstances historiques eurent des effets qui se perpétuent de nos jours - sont posées ici et qu’il y soit répondu ou non, elles méritent d’être traitées par tous, historiens classiques ou historiens traditionnels familiaux ou royaux ou par toute personne posant comme préalable l’humilité devant les faits et la prise en considération de multiples angles de vue. Et ce, à partir du moment où il n’y a pas essai d’utilisation et de manipulation de la figure devenue maintenant quasiment légendaire du roi Béhanzin - au fur et à mesure qu’elle disparaît dans l’épaisseur que le temps crée entre elle et nous. En effet, Béhanzin ne mérite pas d’être utilisé, dans un sens ou un autre, comme un héros positif ou négatif, ni d’être tardivement et miraculeusement trouvé nouvel adepte d’une religion révélée contre une autre, d’un clan contre un autre, d’une région contre une autre. Le respect demande que l’on se mette à son service et non pas que l’on s’en serve.
1 : Préparation du Centenaire de Béhanzin à Djimé, décembre 2005.
Aujourd’hui les cendres de Béhanzin se sont refroidies et le temps passé a permis de cicatriser quelques douloureuses blessures. Les organisateurs du colloque « Centenaire de la Mort du roi Béhanzin, 1

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents